une dernière remarque : quand le vin est d'excellente qualité, ce n'est pas difficile du tout de le reconnaître.
Le Pauillac d'excellence vous prend à la gorge, le Saint Estèphe du même acabit s'impose, un grand Chablis se discerne aisément, un magnifique Vouvray 2002 ne supporte pas l'équivoque. Ce n'est pas le dégustateur qui est bon, dès lors, c'est le vin ...

Suite à des discussions récentes et afin de ne pas polluer le reste du forum, je déterre ce vieux topic dans le but de débattre, entre gentlemen (*); de la définition du bon dégustateur.

Alors pour moi, un bon dégustateur c'est quelqu'un qui :

1) Parvient à mettre de côté les éléments extérieurs au vin, ou au moins en minimiser les effets,
2) Sait voir les défauts évidents (oxydation, brett, réduction,...)
3) Tend à mettre ses convictions en retrait (ça rejoint un peu le 1, je vous l'accorde (dzoiiiiiiiiiiiiiiiiiing))
4) Evite les noeuds lunaires mais surtout les têtes de noeud (**)

(*) Un Américain et un Anglais font le concours de la blague la plus drôle.
L'Américain commence :
- Il était une fois un gentleman Américain
L'Anglais
- Ca suffit, vous avez gagné !

(**) La paternité de ce jeu de mots revient à Emmanuel Sala, maître de chai au château de Pommard.

Ah oui, les Deschiens !!

La paternité de ce jeu de mots revient à Emmanuel Sala, maître de chai au château de Pommatd.

T'es enrhubé aussi?

[size=x-small]ps: ta boîte est pleine...[/size]

jlj

2) Sait voir les défauts évidents (oxydation, brett, réduction,...)

La réduction est-elle forcément un défaut ?

Arnould.

T'es enrhubé aussi?

You didn't hear it, you didn't see it!
You won't say nothin' to no one,
Ever in your life.
You never heard it.
How absurd it all seems, without any proof!

La réduction est-elle forcément un défaut ?

Un peu mon neveu !

Si tu le dis...

Arnould.

La réduction est-elle forcément un défaut ?

Un peu mon neveu !

pas rédhibitoire, tonton.

jlj

Pas toujours en effet, mais c'est un défaut quand même

Qu'est-ce qu'un bon dégustateur?

Michel ??? J'ai bon ?

Arnould.

la réduction, pour moi, n'est pas un défaut : c'est un signe.
le signe d'une phase du vin, souvent provisoire et plutôt encourageante. synonyme de potentiel d'évolution, à l'inverse de son exact opposé, l'oxydation.

Jérôme
Une réduction tenace qui ne disparaît pas après plusieurs heures voire plusieurs jours une fois la bouteille débouchée me semble un défaut pas moins qu'un autre défaut comme ceux signalés par Michel! J'ai quelques exemples en tête et le vin après deux ou trois jours a fini à l' évier!

Bonne journée

R

est ce reellement de la reduction ?

Bonne question! Qu'est ce à votre avis? Ces arômes fortement grillés plus ou moins marqués et persistants m' ont toujours été présentés comme de la réduction. Personnellement je les fuis de plus en plus et c'est pour moi un défaut!

R

Une réduction tenace qui ne disparaît pas après plusieurs heures voire plusieurs jours une fois la bouteille débouchée me semble un défaut pas moins qu'un autre défaut comme ceux signalés par Michel! écrit:

donc à ce titre de près ou de loin, un vin fermé donc pas ouvert au bon moment est aussi un défaut ? j'aurais plus tendance à dire une erreur de "'l'ouvreur"
le vin n'est pas prêt car on a décidé de l'ouvrir même si beaucoup ont l'air de l'oublier.
quand on entend défaut, on parle de ce qui abîme réellement le vin, le fait que le vin ne soit pas prêt le lour "j" est plus une phase d'éviolution plus ou moins normale si on tient compte que le vin "vit" et évolue différemment d'un flacon à l'autre...

Non, je ne crois pas qu'une réduction tenace soit une phase d'évolution du vin. Pour l'oxydation des Beaucastel VV, le château parle également d'ouverture prématurée...

La réduction "normale" disparait normalement peu de temps après l'ouverture.

Fred,

Avec ton raisonnement, l'oxydation n'est pas un défaut non plus, mais une erreur de l'ouvreur qui devait boire son vin plus tôt...
Une fine réduction qui s'améliore rapidement avec un peu d'aération ne pose bien entendu aucun problème, mais il y a aussi des réductions tenaces, irrémédiables, qui sont bien entendu un défaut.
Maintenant, les goûts étant ce qu'ils sont, chacun pourra ou pas apprécier, certains ne sont pas gênés par là présences de notes d'oxydation, d'autres ne le seront pas par des notes réduites.

Luc

l'oxydation est un défaut car il ne fait pas partie de l'évolution normale d'un vin.
mais si tu ouvres un bordeaux supérieur à 30 ans et que tu estimes que c'est le vin qui a un pet, on va difficilement être d'accord...
vu le nombre de bordeaux ouverts très/trop tot, je pense perso que c'est très souvent de la "faute" du dégustateur, faute dans le sens ou il n'ouvre pas le vin au moment ou celui-ci serait prêt.
j'ai mis faute car d'un flacon à l'autre l'évolution peut-être différente, en cause surtout le bouchon, on en a déja parlé en long et en large
j'ai ouvert récemment un pibarnon 2001 que je pensais prêt, il ne l'était pas du tout alors que d'autres se sont régalés avec d'autres flacons, réduction ? oui certainement, mais dans 10 ans cette réduction aurait peut-être disparu
c'est frustrant mais nous ne sommes pas maîtres des vins que nous ouvrons
un bouchon est un défaut (avec tout ce que cela englobe) une oxydation (ce terme est négatif, l'évolution ne l'est pas) non plus, le reste fait partie de la vie du vin même si nous en sommes les premiers déçus...

Dans le reste, il y a les bretts, l'excès de volatile, le déséquilibre,...

Tu parles de bordeaux fermés pas de bordeaux réduits (je n'en ai personnellement jamais rencontrés d'ailleurs)

la bouteille est un milieu réducteur et tant mieux car elle permet une lente évolution de ce couple redox de la réduction vers l'oxydation irrémédiable.
j'insiste, la réduction n'est pas un defaut mai s au contraire un gage d'évolution, un avenir.
Qu'il y ait des perceptions qui s'apparentent à celles de la réduction et qui sont tenaces, certes. en est-ce pour autant ? je ne sais pas et j'ai du mal à le croire.
autant l'oxydation, est irrémédiable ( j'ai qd même vu des cuves un peu barrées "revenir" avec un bon sulfitage) autant la réduction, avec de l'oxygène doit pouvoir se rééquilibrer.

Un très bon dégustateur déguste forcément à l'aveugle pour ne pas être influencé par le vin qu'il boit.
Un très bon dégustateur doutera toujours, aura l'intelligence de se remettre en question et n'écrasera jamais par sa "science", son savoir ou sa personnalité, ce que pensent les autres.
Il sera en mesure, grâce à la "bibliothèque mentale" qu'il s'est constituée, de lancer des passerelles, trouver des analogies, repérer les différences, d'un cru, d'un millésime, d'une propriété.
Il saura en tout point faire la part des choses, replacera les vins dans leur contexte - notamment le millésime - et aura la capacité de les juger pour ce qu'ils sont.
En l'absence de références, il aura l'honnêteté de dire qu'il ne sait pas.
Il saura s'effacer devant le vin pour le juger sur ses défauts et ses qualités, quelle que soit l'étiquette en essayant de conserver la plus grande impartialité possible.
[size=x-small](ce qui est parfois fort difficile, je l'avoue).[/size]

Vincent

Arnould.

En l'absence de références, il aura l'honnêteté de dire qu'il ne sait pas.

Qu'il ne sait pas quoi ?

Surtout; il aura conscience que ses références ne sont pas exhaustives et il en tiendra compte et ensuite, il fera tout son possible, s'il veut communiquer un CR valable, pour les autres, pour mettre en œuvre une belle concentration afin d'être le plus objectif.
Il saura aussi déguster pour mettre en osmose le plaisir du contexte avec le plaisir du vin sans prise de tête et là, il se posera la question de l'utilité de faire un CR .

Jmm

mgtusi écrivait:

---

En l'absence de références, il aura l'honnêteté de dire qu'il ne sait pas.

"Qu'il ne sait pas quoi" ?

Le très bon dégustateur, plutôt que de jouer les singes savants afin d'épater la galerie, plutôt que de multiplier les hypothèses dans l'espoir secret de tomber au hasard sur la bonne réponse, saura faire preuve de modestie, s'effacer devant le vin et aura le "courage" de reconnaître qu'il ne sait pas ce qui lui est servi.
Dans la dégustation de vin plus qu'ailleurs, l'humilité est mère de toutes les vertus.

Vincent

En l'absence de références, il aura l'honnêteté de dire qu'il ne sait pas.

ça y est! Je suis un bon dégustateur...

jlj

vougeot écrivait:

---

> Un très bon dégustateur déguste forcément à
> l'aveugle pour ne pas être influencé par le vin
> qu'il boit.
> Un très bon dégustateur doutera toujours, aura
> l'intelligence de se remettre en question et
> n'écrasera jamais par sa "science", son savoir ou
> sa personnalité, ce que pensent les autres.
> Il sera en mesure, grâce à la "bibliothèque
> mentale" qu'il s'est constituée, de lancer des
> passerelles, trouver des analogies, repérer les
> différences, d'un cru, d'un millésime, d'une
> propriété.
> Il saura en tout point faire la part des choses,
> replacera les vins dans leur contexte - notamment
> le millésime - et aura la capacité de les juger
> pour ce qu'ils sont.
> En l'absence de références, il aura
> l'honnêteté de dire qu'il ne sait pas.
> Il saura s'effacer devant le vin pour le juger sur
> ses défauts et ses qualités, quelle que soit
> l'étiquette en essayant de conserver la plus
> grande impartialité possible.
> [size=x-small](ce qui est parfois fort difficile,
> je l'avoue).[/size]
>
> Vincent

Je suis plutôt d'accord avec toi, Vincent, sauf sur le premier point. Un très bon dégustateur doit-être justement capable de faire abstraction de l'étiquette pour juger un vin, tu le précises d'ailleurs très justement dans ton dernier point, et là, je te rejoins entièrement.
Norbert

ce point un peu exclusif dans la description que dressait Vincent m'avait un peu provoqué la même réaction que celle de Norbert.
Dégustation à l'aveugle, oui, mais pas forcément.