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LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

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[size=medium][/size]LPV Paris-Est " Catherine et les garçons" en Alsace. 3 Février.

Nous voilà réunis à nouveau at home, au coin du feu, sans Benjamin ni Philippe mais avec Rosa, pour d' autres aventures entre mets et vins, consacrées hier soir à quelques vins d ' Alsace qui, à l' exception d' un, bouchonné, ne faillirent pas à leur réputation. Vraiment canon !!! X(
.

[size=medium] 1) Muscat GC Goldert Clos St Imer 2004. Ernest Burn. 13°[/size]
asperges en vinaigrette et coquillages.

[size=medium] 2) Riesling GC Muenchberg 2007. Ostertag. 13,5°[/size]
chaud froid de langoustines à l' abricot, garam massala et fleurs de capucine.

[size=medium]3) Riesling GC Bruederthal 2000. Bernard Weber. 13,5°[/size]
roulade de saumon fumé au raifort.

[size=medium]4) Riesling GC Schlossberg Sainte Catherine 2007. Weimbach. 14°.[/size]
mousseline de grenouille et de sandre.

[size=medium] 5) Tokay Pinot gris GC Rangen de Thann. Clos St Urbain 1991. Zind Humbrecht. 13,5°[/size]
sainte-maure rôti sur pain au levain et gelée de rose.

[size=medium] 6) Pinot noir Burlenberg 1er cru 2004. Marcel Deiss. 13,5°[/size]
terrrine de joue de boeuf de Gilles Vérot, poelée de cèpes à l' ail et au persil.

[size=medium]7) Grasberg 1er cru Bergheim 2004. Marcel Deiss. 12,5°.[/size]

[size=medium] 8) Altenberg de bergheim GC 2005. Marcel Deiss. 12°[/size]

[size=medium]9) Riesling VT Altenberg de Bergheim GC 1994 Marcel Deiss. 12,5°.[/size]
blanquette de veau à l' ancienne.

[size=medium] 10) Gewurztraminer GC Mambourg cuvée Laurence 2004. Weimbach.13,5°[/size]
munster fermier affiné.

[size=medium] 11) Pinot Gris Altenbourg 2002 SGN Weimbach 50cl. 10,5°[/size]
tarte au citron vert et pistils de chocolat blanc.

cr à venir, [size=x-small]dans quelques jours, en raison de travaux, en ce qui me concerne[/size]. ;)

Daniel
04 Fév 2012 18:20 #1

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Belle serie(tu)
05 Fév 2012 19:22 #2

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Allez, je me lance :

1) Muscat GC Goldert Clos St Imer 2004. Ernest Burn. 13°
Robe d’or moyen. Le nez est tout d’abord très surprenant, j’y distingue surtout des notes caramélisées, est assez fermé. Les verres sont sans doute trop froids. A mesure qu’ils se réchauffent, le vin dévoile une vraie petite salade de fruits : mangue, écorce de citron, litchi, et bien entendu raisin muscat. La bouche est croquante, avec une bonne tenue face à la vinaigrette.

2) Riesling GC Muenchberg 2007. Ostertag. 13,5°
Robe très claire. Le nez est tranché, tranchant même. Les agrumes (citron essentiellement) et surtout l’ananas frais dominent. La bouche est très droite, avec une trame minérale très présente. Une structure bienvenue face au mélange abricot - massala, avec lequel le vin dialogue à armes égales ! Un accord bien choisi.

3) Riesling GC Bruederthal 2000. Bernard Weber. 13,5°
Robe tirant vers le vieil or. Là aussi, nous démarrons avec un nez d’abord très discret. Il s’ouvre progressivement sur des notes de fruits exotiques (ananas…) et de fleurs blanches (aubépines, roses blanches…) sur un fond minéral. En bouche, le vin se révèle très complexe, avec une touche résinée, ou plutôt de terpène que je trouve caractéristique aux rieslings un peu vieillis. Accord réussi, grâce à ne suggestion de Daniel et un coup de main efficace de Dominique.

4) Riesling GC Schlossberg Sainte Catherine 2007. Weinbach. 14°.
Robe très claire. le nez part sur les fleurs blanches, puis arrive un joli cocktail de fruits : agrumes (citron, kumquats, pamplemousse…) et mangue. En bouche, c’est sa vivacité et sa puissance qui surprennent. La vin apparait encore très jeune et sa fougue bouscule les cuisses des grenouilles qui s’endormaient dans leur (superbe !) mousseline).

5) Tokay Pinot gris GC Rangen de Thann. Clos St Urbain 1991. Zind Humbrecht. 13,5°
Bouchonné. Avec des aromes que je qualifie de « fond de tonneau ». Dommage :(

6) Pinot noir Burlenberg 1er cru 2004. Marcel Deiss. 13,5°
Robe rouge vif et très dense. Le nez est d’une très grande richesse. Un creuset où se mêlent la terre (roche volcanique), le feu (notes torréfiées, fumées), l’animal (sang), le végétal (poignée d’herbes coupées). Une alchimie d’arômes qui se développent fortement avec la montée en température. Les tannins sont serrés et le vin d’une jeunesse et d’une puissance épatantes, sans lourdeur ni agressivité.

7) Grasberg 1er cru Bergheim 2004. Marcel Deiss. 12,5°.
8) Altenberg de Bergheim GC 2005. Marcel Deiss. 12°
9) Riesling VT Altenberg de Bergheim GC 1994 Marcel Deiss. 12,5°.

Exercice toujours intéressant, de comparer ainsi trois vins, si proches et pourtant assez éloignés, qui plus est sur un même plat.
Grasberg entre très discrètement en scène, mais trouve très vite son équilibre entre fruits et fleurs, avec une minéralité discrète. Altenberg fait preuve de beaucoup de tendresse, avec une sensation de sucrosité plus forte que chez son comparse VT. Ce denier présente un étonnant nez « poudreux » qui évolue vers la confiture d’agrume, la bouche est puissante, mais avec une retenue très élégante.
Si les trois vins sont également superbes, pour l’accord, j’hésite entre Grasberg et Riesling Altenberg VT.

10) Gewurztraminer GC Mambourg cuvée Laurence 2004. Weinbach. 13,5°
Un nez d’une très grande finesse, mais avec beaucoup de présence aromatique, de densité. S’y mêlent des roses anciennes, du litchi bien mûr et des notes de cuir. La bouche est parfaitement équilibrée entre puissance et finesse, sans sucrosité inutile. Le vin magnifie le fromage qui le lui rend bien !

11) Pinot Gris Altenbourg 2002 SGN Weinbach 50cl. 10,5°
Or soutenu. Les fruits compotés emplissent le nez : abricot, mangue, agrumes... ainsi que du miel. Le sucre résiduel se montre très discret, porté par une structure très puissante, avec une acidité marquée. L’accord avec la tarte au citron fonctionne parfaitement grâce à cette structure du vin.

A nouveau une belle soirée, qui n’aurait pas eu la même saveur sans la gentillesse et le travail de Daniel et Dominique. (tu)(tu)(tu)

Notons que, contrairement aux soirées précédentes, les crachoirs ont été peu utilisés. « Un petit verre de vin d'Alsace, c'est comme une robe légère, une fleur de printemps, c'est le rayon de soleil qui vient égayer la vie » disait Christian Dior. Qui aurait envie de cracher cela… ??? :)o

Hub
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11 Fév 2012 11:52 #3

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Réponse de unefemmedesvins sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Hubert, merci de ton CR, je me sentirai moins seule... A mon tour de me prêter à l'exercice.

1)Muscat GC Goldert Clos Saint Imer "La Chapelle" 2004, Ernest Burn : le nez est discret, floral et minéral, la bouche est florale avec des notes de loukhoum à la rose et d'autres d'agrumes, personne ne devine que c'est un muscat. Joli vin, avec du gras et une finale sur la fraîcheur. La croquante salade d'asperges vertes et palourdes avec sa vinaigrette au vinaigre balsamique du Moulin de Gassac (délicieux vinaigre produit par le Mas Amiel !) apporte le contrepoint frais, salin et acide au muscat.

2) Riesling GC Muenchberg 2007, Domaine Ostertag : dans nos verres, un nez de tilleul, de mirabelle, d'ananas frais comme disent Hubert et Daniel, une bouche minérale, du gras, une évolution vers l'abricot, une finale saline. C'est enveloppant, assez capiteux sans être lourd. Après en avoir lu moults commentaires élogieux sur les blogs, je m'attendais à un vin explosif, plus tranchant, j'ai été surprise du sucre résiduel. Beau mariage avec les langoustines et les abricots assaisonnés au garam massala. J'avais reçu comme consigne de marier les langoustines à l'ananas, mais j'ai désobéi, ayant senti davantage les mirabelles et l'abricot que l'ananas...
..
3) Riesling GC Bruderthal 2000, Bernard Weber : tout le monde admire sa superbe robe d'ambre, le nez est expansif sur la cire, le miel, la bouche est résinée, évoluant vers des notes mentholées, il y a de la minéralité, c'est un superbe riesling, complexe et singulier, mon coup de coeur de la soirée pour les blancs.

4) Nous continuons sur le même cépage avec le Riesling GC Schlossberg, cuvée Sainte-Catherine 2007 du Domaine Weinbach : l'une des grandes cuvées du domaine tenu par les soeurs Faller et leur mère. Finesse et élégance, rondeur, notes florales, bel accord avec les cuisses de grenouille et la mousseline de brochet.

5) Tokay Pinot Gris GC Clos Saint-Urbain, Rangen de Thann 1991, domaine Zind-Humbrecht : défectueux, quel dommage ! Persiste néanmoins une très belle fraîcheur.

6) Enfin un vin rouge ! C'est le Pinot noir premier cru Burlenberg 2004 du Domaine Marcel Deiss : je l'avais déjà bu et beaucoup aimé au cours d'un Deiss diner il y a deux ans, je l'apprécie toujours autant. Jean-Michel Deiss le qualifie de volcanique, c'est tout à fait ça, un nez et des notes animales, sanguines, brûlées, des épices, des fruits noirs, c'est délicieux !

7) Grasberg premier cru Bergheim 2004 / Altenberg de Bergheim GC 2005 / Riesling GC Altenberg de Bergheim Vendanges Tardives 1994 - Domaine Marcel Deiss
Hubert en a parlé mieux que je ne saurais le faire, les trois vins répondent chacun à leur façon à la belle blanquette de veau, j'ai bien aimé l'accord avec les vins.

8) Gewurztraminer GC Mambourg, cuvée Laurence 2004 du Domaine Weinbach : le moelleux du vin, ses épices, son fruité et sa richesse s'accordent magnifiquement au munster fermier, un accord plus que parfait !

9) Pinot Gris Altenbourg SGN 2002, Domaine Weinbach : le vin est crémeux et très bien équilibré entre sucres et acidité, l'accord avec la tarte au citron fonctionne parfaitement, nous terminons en beauté !

Merci à nos hôtes pour la soirée et le travail fourni, comme d'hab. Catherine et les garçons en Alsace, "dos ech guet", comme on dit du côté de Mulhouse !

Catherine
Une femme, des vins

Catherine
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11 Fév 2012 13:35 #4

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Catherine, quelle synchro ! J'attends avec impatience les avis de nos camarades (hep, les gars, où êtes vous ???).

Catherine écrit: J'avais reçu comme consigne de marier les langoustines à l'ananas, mais j'ai désobéi, ayant senti davantage les mirabelles et l'abricot que l'ananas...

C'était bigrement bien vu ! (tu)

Mais... si je peux permettre... les Mulhousiens ne savent pas parler l'alsacien, ce sont des Paexer ! (vielle rivalité bas- vs/ haut-rhinois... ;) )

Il faudrait plutôt dire : "S'Kätel un de Buewe, dess ech goet !" :)-D

Hub
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11 Fév 2012 13:51 #5

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Réponse de unefemmedesvins sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Hubert, je tiens la traduction d'une amie dont la mère parle le dialecte. Voici texto ce qu'elle m'a écrit : "Nous (région de Mulhouse) dirions plutot : "s'smeckt guet" pour "ça sent drôlement bon" ou "dos ech guet" pour "c'est drôlement bon". Après, vos rivalités régionales... :P

Amie dont le cousin est viticulteur, j'avais d'ailleurs proposé à Daniel un très bon pinot noir qu'il produit. Mais ma proposition n'a pas été retenue, comme tu le sais. La prochaine dégust Alsace, je vous préviens, vous y aurez droit ! :)

Catherine
Une femme, des vins
11 Fév 2012 17:37 #6

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Choisir c'est renoncer :)
Et nous avons tellement renoncé... qu'il nous reste de quoi faire une autre dégust Alsace avec toutes les propositions non retenues :)-D

Hub
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11 Fév 2012 19:36 #7

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Réponse de daniel popp sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Dégustation Alsace LPV Catherine et les garçons. 3 Février 2012.

Les lignes qui suivent ne ressemblent pas à un cr ordinaire, plutôt une succession de "méditations" inspirées par ces grands vins d' Alsace en écho au sujet lancé par Jérôme "le vin est-il une affaire de goût" sous forme d' un petit essai modeste, d'inspiration métaphysique, résolument profane dont le titre serait :

[size=medium]Quand le ciel s'ouvre dans quelques vins d' Alsace....[/size]

[size=medium]1) Muscat GC Golbert Clos St Imer 2004. Ernest Burn. 13°[/size]
asperges en vinaigrette et coquillages.

Le nez parait discret tout d'abord ; la mémoire du padawan dégustateur conditionné par son expérience des muscats méridionaux, plus expansifs, plus alcoolisés, voudrait retrouver un goût plus à son goût parce que connu, identifié, répertorié ; un plaisir lié à la répétition du passé, en quelque sorte. Le padawan à demi-sot, n' étant qu'à moitié hémiplégique du goût finit par se taire et réaliser que la discrétion présumée n'était qu' une image, un voile de pensée masquant la délicate finesse d'un nez tout en dentelle. Dentelle d' arômes jouant au kaléidoscope, dont le grain du raisin de muscat, ultimement précis, singulier, serait l'axe autour duquel graviterait par séquences, des senteurs de rose, de litchi, de verveine, de citronnelle, s'unissant en une caresse résolument exotique.
La bouche explose de saveurs, ordonnées à nouveau autour de celle du raisin, sur une trame toujours très fine, délicate, avec une subtilité d'une précision presque diaphane, reposant sur une texture qui a du corps, une vraie présence qui s'allonge longtemps en finale. Cette alliance d'assise qui fait corps et de finesse toute aérienne, toute en précision d' arômes et de saveurs, semble faire décoller le vin de ses bases ; comme si la grandeur, la transcendance évoquées par Jérôme, était avant tout une affaire d'immanence ouvrant en son sein un paysage plus grand que le paysage, contenu totalement dans la singularité du paysage étendu dans notre bouche. Curieux paradoxe : vu de là où nous nous sentons être, notre bouche, disposant par ailleurs d' une réalité organique indiscutable, n'est qu' un tissu d' images, un réceptacle bruissant d' impressions qualitatives où l'esprit, curieusement absent des 31 pages de débat, ne déguste pas moins que la bouche qui l'incarne. N'est-ce pas un peu présomptueux de vouloir résoudre le mystère de la grandeur du vin que l'on boit, en occultant la part immatérielle du réceptacle qui lui donne vie ?
Du qu'est-ce que je déguste au qui déguste, le qui suis-je n' est pas loin ! :S

[size=medium]2) Riesling GC Muenchberg 2007. Ostertag. 13,5°[/size]
chaud froid de langoustines à l' abricot, garam massala et fleurs de capucine.

Le nez respire l'harmonie, la fraicheur : des senteurs florales entrecroisées sur une douce trame acide citronnée tirant sur l'orange. Alors le nez du padawan se surprend à extraire de cette masse aromatique, des essences de lilas, de chèvrefeuille, de muguet ; simultanément, des senteurs de bergamote, de pêche blanche, d'abricot, accompagnées de fines notes pétrolées, apparaissent déjà sur la palette complexe si délicate. Sur un nez si riche d'impressions, extraire ne signifie pas aller vers, forcer, brusquer, mais plutôt laisser venir, laisser faire, se laisser surprendre.L'intention est passive, l'attention est active comme une flamme dressée. Alors le vin parle dans notre écoute, se révèle dans notre absence.

Sentir couler ce vin en bouche procure une impression de fraicheur, d'ouverture, presque de joie ; ce qui s'œuvre au niveau de son contact, a les qualités d'une belle œuvre, comme on dit, toutes proportions gardées - ce n'est qu' une image - de certains humains qu'ils sont de belles personnes. Beau par son harmonie parfaite, l'évidence de son équilibre, sa justesse d'arômes et de saveurs qui par l' énergie et le supplément de vie qui les anime, accèdent à une dimension qui ouvre le cœur. Je ressens le vin, comme tout objet de perception qui m'entoure, comme une page d'écriture dont le dégustateur est le lecteur. Apprendre à déguster de façon intime, c'est apprendre à "lire" le vin existentiellement. L' Everest de la dégustation serait d'être "lu" parce qu' il y' a lire. Une affaire d'aperception où points de vue, goûts et concepts s'effondrent dans une vision instantanée, globale qui les coiffe tous où l' écouté est son écoute.
Dans une optique plus démocratique, on peut explorer passionnément, follement, ces moments où le vin, peu à peu, au fil de l' instant, se révèle dans notre écoute, notre silence ; accueillir ces instants où le sentiment de grandeur, de perfection, de beauté que certains vins éveillent, déclenche une forme d' ouverture, d'expansion, de suspension du temps et de la pensée, accompagnées d' une joie profonde, toute simple, parfois incommensurable où l'on n' a plus besoin de rien, où l'on attend plus rien, tant ce qui se présente au cœur de cette immanence du vin, a valeur de présent absolu.

[size=medium]3) Riesling GC Bruederthal 2000. Bernard Weber. 13,5°[/size]
roulade de saumon fumé au raifort.

Ce vin raconte vraiment une autre histoire. Après la générosité délicate, toute en nuances subtiles et complexes du vin précédent si enchanteur, ce Riesling d'âge mûr parait plus effacé de prime abord, beaucoup moins fleuri, plus marqué par sa trame minérale aux senteurs épicées, presque verticale, où le citron, la pêche et le zeste d'orange finissent par éclore discrètement. Face une telle succession de vins, notre écoute se dégage des images tissées d' impressions du vin goûté précédemment ; elle accueille le vin comme il est, tel qu'il se présente. La psychologie s'efface ; la mémoire organique, libérée des comparaisons, des hiérarchies, joue pleinement son rôle, révélant ici l' alchimie subtile de l'acidité du citron uni à l' empreinte du caillou, mêlé à l'arôme magnifié du pétrole. Des synthèses s' opèrent qui n' existent pas sur terre, mais que l' esprit rend bien tangibles quand l' impression de nature spirituelle s'incarne dans la réalité sensible. Tiens, un citron-pierre ! Un jeu ludique se met en place. Pas besoin de joueur. La dégustation devient art quand la poésie tente de rendre compte de ce qui s'œuvre. Poésie vécue, vivante, infiniment créatrice. Nul besoin de poète pour cela, c'est le poème qui crée le poète ; le poème s'écrit dans la chair du vin fait écoute ; l'émotion du dégustateur n'est qu' un reflet du vin fait poème.
La bouche révèle ce que le nez laissait discrètement pressentir, une architecture structurée par l'acidité où la puissante minéralité révèlant toute sa noblesse, fait rouler ses saveurs bordées de beaux amers jusqu'au fond de la gorge débordant d'esprit de caillou au goût de citronnelle.
C'est l' ego qui compare. Comme tout objet de perception, chaque vin est un absolu quand on sait l'écouter, l'écoute reposant avant tout sur le fait de réaliser que l'on n'écoute jamais ou si peu ! L'écouté apparait dans notre écoute sans personne qui écoute. L'écoute déhiérarchise totalement ce que l'ego transforme en affaire de goût. Quand l'écoute devient nue et vide comme le désert, ce n'est plus tant une affaire de goût personnel, qu'une affaire de résonnance, de correspondance d' échos aux jeux de la vie, qui se présente sans choix possible.

[size=medium]4)Riesling GC Schlossberg Sainte Catherine 2007. Weimbach[/size]
mousseline de grenouille et de sandre.

Le vin est décidemment un voyage d'aventure perceptive, renouvelée à chaque inspir, chaque gorgée. Ici, le paysage aromatique se mesure en terme de puissance, de prégnance d' arômes qui semble donner du corps à l'horizon d' odeurs plus que de senteurs. L'image semble un peu vulgaire et saugrenue pour moi qui ne conduis pas, ce nez m' évoque un nez de belle cylindrée dont les formes élancées, parfaites, ont un charme fou, envoûtant ; l'empreinte franchement hydro carburée, intimement mêlée aux fleurs et aux agrumes, se transcende en parfum délectable. Un nez dont la superbe inspire l'addiction et attise l' intention de comparer. Grosse structure, fruit superbe, fil acide un peu tendu...Hé, cela me rappelle le Montus blanc ou le Canopée du Domaine Cauhapé de notre longue série de dégust' consacrées au SO ! Des vins que j'adore, car ils m'impressionnent, mais dont je dirais qu' ils mettent moins mon cœur à nu. Pourquoi ? Je pourrais tenter de répondre, d'argumenter ou de me rendre à l' évidence que dans le fond, je n'en sais rien. Ou suggérer l' hypothèse que la différence entre le goût et la résonnance, est que la seconde s'impose d'elle-même, dans l' instant, sans histoire, sans mémoire autre qu'organique, sans hiérarchie ni commentaire, à commencer par celui que je suis en train de faire.
La bouche est merveilleusement équilibrée, toute en tension acide amère ; un jus généreux, gorgé de saveurs portant leur fougue et leur jeunesse aux quatre coins de la bouche avant de se clore dans un nuage au parfum d' oranger. C'est très bon, mais, là, maintenant, en le regoûtant, cela reste un objet de perception, une superbe expérience, pour le coup une affaire de goût ! Dans sa dimension sacrée résolument profane, un vin est grand quand il me dénude de moi même. Quand le vin se transforme en ange, son battement d' aile est silence....

[size=medium]5) Tokay Pinot gris GC Rangen de Thann. Clos St Urbain 1991. Zind Humbrecht.[/size]
sainte-maure rôti sur pain au levain et gelée de rose.

Philippe, décidemment généreux, retenu professionnellement au dernier moment, a tenu absolument à confier à André, le vin qu'il avait prévu, pour nous le faire goûter en son absence. Un Rangen 91 ! Irrémédiablement bouchonné, hélas...C'est vraiment dommage, parce que derrière ce foutu liège, on devine un fruit merveilleux, assis sur une structure de pyramide, qui se dresse, s'élargit, explose littéralement en bouche, avant d'étendre loin, longtemps, son Mississipi de saveurs blessées au feu du bouchon ! Sur la longue finale, un court instant, on a l' impression que le fruit renait, bouscule l'intrus apocryphe...Hélas, sur la rémanence superbe, le fruit finit par s'éteindre, englouti par une mer de bouchons déchainés hurlant leur Rangen !! [size=x-small]pas pu m' en empêcher[/size] (:D

[size=medium]6) Pinot noir Burlenberg 1er cru 2004. Marcel Deiss.[/size]
terrine de joue de bœuf de Gilles Vérot, poêlée de cèpes à l' ail et au persil.

Ce nez ne ressemble à aucun nez catalogué dans ma mémoire ! C' est en ce sens, au risque de choquer Luc qui en a vu d' autres, que je dirais qu'il est racé. Cela signifie pour moi, si singulier qu'il en parait unique, un animal tellurique surgi de nulle part.
La bouche conserve ce coté sauvage, râpeux, au fruit insolent, aux amers charbon ; un vin volcan aux tannins de feu dont le coté brut de décoffrage de prime abord, se révèle sacrément émouvant au fil de l'aération. Unique ! Indescriptible ! Bienvenue sur la planète Deiss !
Enzo ( Laurent), brillant entomologiste du vin, bien plus poète et sensible qu' il n'y parait, pourrait me reprocher que le cr précédent ne raconte rien du Burlenberg (à l' inverse de celui d' Hubert d'une précision limpide), ou du moins que ce que je raconte ne lui dit rien. Mais comment parler de Deiss, autrement que par métaphores, bousculades de mots et d'univers ? Derrière son allure d'humaniste incroyablement sympathique, pas toujours commode, parfois intransigeant, Deiss, pour moi, est un moine guerrier, un alchimiste. Un inventeur de vins absolus, affranchis du connu. On ne sait jamais ce qui va sortir de son creuset ! Son grand œuvre opére par synthèse, transmutation des goûts, refondation de l'identité du vin, souvent neuf, étonnant, bouleversant parfois. Comme il est alchimiste, il ne se prend pas pour un artiste, mais pour moi, nombre de ses créations sont des œuvres d' or.
Leur tonicité souvent moelleuse sur les vins complantés me semblait un parfait compagnon pour une blanquette de veau à l'ancienne, dégustée sur trois de ses vins.

[size=medium]7)Grasberg 1er cru Bergheim 2004. Marcel Deiss. 12,5°[/size]
blanquette de veau à l' ancienne.

L'orange est le fil d'or de ce Grasberg : sanguine au nez caressé par la fine acidité du citron, navel mêlée d'agrumes en bouche dont l' équilibre semble trouver ses fondations au plus profond du grain singulier de l'orange. Cette singularité ouvre à l'universel, comme si le vin ne pouvait accéder à son identité profonde qu'en débordant de son identité, en s'incarnant totalement dans sa propre singularité qui s'ouvre alors à l' infini en coïncidant avec elle-même. Comme Klein révèle la bleuité du bleu dans ses tableaux, comme Soulages peint l'âme du noir, comme Ravel transforme ses jeux harmoniques en beauté absolue. Comme si le vin devait atterrir pour se mettre à décoller et son supplément d'âme potentiel, totalement s' incarner pour se révéler. Quand le ciel s' ouvre dans votre bouche, la profondeur du vin a des ailes....

[size=medium]8) Altenberg de bergheim GC 2005. Marcel Deiss. 12°[/size]
id

En gardant en toile de fond, l'hypothèse que c'est par leur singularité portée à l'ultime, que chaque arôme, chaque saveur, combiné ou non, peut s' ouvrir à l'universel, on peut suggérer que l'actualisation de l'évidence du grand vin, peut vraiment s' incarner de mille façons. Là où le Grasberg, ordonné autour d'un arôme racine, l'orange en simplifiant, apparait tout d' une pièce érigée en absolu, l'Altenberg présente une arborescence complexe et délicate d'arômes entrecroisés. Il en résulte une impression d'harmonie, d'équilibre, reposant autant sur la précision de chaque arôme que sur leur combinaison, leur ordonnancement parfait formant au final la singularité, l'identité du paysage aromatique. Combinaison d' impressions qualitatives où l' arôme devient couleur et la saveur devient musique par le biais des synthèses de l' esprit, transmutant les parties en totalité, en unité comme dans toute composition artistique. N'avez-vous jamais ressenti que face à un très grand vin, l'esprit ne ressent plus ou bien moins, le désir de décrire ce qu'il ressent en terme de jardinier, de géologue ou de cuisinier, mais plutôt en terme d'architecte, de peintre, de musicien, de poète ? Ce qui est merveilleux, c'est de sentir l' abstraction des concepts géniaux et si puissants, de grandeur, de profondeur, d' harmonie etc.devenir concrète, vivante, prendre corps, s' incarner totalement dans le vin à même la nudité de notre écoute. Décidemment, la grandeur du vin est vraiment une affaire d' immanence.

[size=medium]9)Riesling VT Altenberg de Bergheim GC 1994 Marcel Deiss. 12,5°[/size]
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Est-ce l' âge qui a mangé son sucre ? Ce Riesling VT de 18 ans, parait nettement moins sucré que les deux vins précédents, son sucre n'est plus que caresse fondue au fruit ; une douceur sublime que le bouquet décline en fines senteurs de zestes d'agrumes, de citron confit, d'abricot sec, de pain d'épices, si mêlées à l'empreinte minérale, qu'ils se fondent en une seule effluve aux physionomies multiples.
En bouche, on sent combien le fil acide citronné qui donne une telle fraicheur, une telle jeunesse au nez, structure pareillement la bouche comme s'il la dessinait ; la tension ordonne la texture aux saveurs pleines et généreuses mais sans aucune mollesse, libère une mâche délicieusement appétante que l'on aimerait ne jamais voir s' arrêter ; souhait que le fil acide citronné, allongé indéfiniment en finale, satisfait par sa persistance. Quel beau vin, moins complexe, moins fou que le Gewurzt Altenberg SGN de la même année, pas vraiment comparable, mais le plus adapté des trois, à mon goût, sur la blanquette, par son fil citronné prédominant.

Ce qui m'émeut dans ce vin, c'est sa noblesse, sa quintessence d'arômes et de saveurs comme recouverts d'un manteau minéral qui les imprègne ; le tout exprime une jeunesse fringante et dynamique dont l' impression qui la caractérise et lui donne vie, a comme un goût. Dans le sens où le goût serait poétiquement comme l' "être" du vin, bien sûr que le vin est une affaire de goût et non d' ego et de préférence. Une impression singulière, ultimement précise à nouveau qui s'incarne dans les mots qui s'écrivent d'eux-même sous mon stylo. Au moment où ce que je ressens s'écrit, une image mentale apparait, doublée d'une impression qualitative qui lui donne vie et permet à la pensée qui les fonde, de nouer avec elle-même. Pensée, image, impression qualitative : outils, supports des signes avec lesquels la conscience noue avec l' objet de conscience par la fonction symbolique. Objet, sujet, objectivité, subjectivité, que de croyances toutes faites sur ce que recouvre ces mots en réalité. Imaginez un instant que l' objectivité à laquelle nous croyons dur comme fer [size=x-small] "qualité de ce qui existe indépendamment de l' esprit" selon le Petit Robert ou d'en[/size] [size=x-small]d'autres termes: qui est doué d' une réalité autonome, séparée, existant par elle même[/size] perde toute réalité objective, la révolution qui s'en suivrait !! N'est-ce pas ce que l'on pressent dans ces instants rares, magiques où le vin confondu à notre écoute semble perdre toute objectivité pour se retrouver grandeur, perfection, émotion, évidence totalement incarnée dans ce que je nomme goût, impression, musique, poésie. D'où vient alors la joie ressentie marquant le pressentiment d' être au seuil de qui, de quoi... C'est une lecture, rien de plus, que seule l'expérience directe peut valider
.

[size=medium]10) Gewurztraminer GC Mambourg cuvée Laurence 2004. Weimbach.13,5°[/size]
Munster fermier affiné.

Le nez est merveilleux, doux et puissant à la fois ; ses arômes déferlent comme une vague dont la plage s' étend au creux de nos narines. Vague à l' écume de rose, de litchi et d' agrumes, ample, généreuse, profonde que l'alcool fondu au fruit, transforme en houle qui respire. Le dégustateur, emporté par la vague indicible d' harmonie, de beauté, seul témoin de son absence, n'a jamais été aussi présent ! Le vin est devenu chair de son écoute.....
La bouche incroyablement grasse, évoque un liquoreux. Sa profondeur parfumée, intense, prend à nouveau des allures de puissante houle dont les creux et les bosses, entre langue et palais, atteignent un équilibre parfait, absolu. Le reflux d'amers moelleux en finale en est l' écho glorieux, déposant ses moutons bien plus loin, bien plus profond que l' horizon de notre gorge. Il y'a des vins qui inspirent le merci. Prier, c'est remercier, suggèrent certains.....

[size=medium]11) Pinot Gris Altenbourg 2002 SGN Weimbach 50cl. 10,5°[/size]
tarte au citron vert

Face au vin précédent, incroyablement accueillant, presque avenant, ce vin a un profil plus discret, un nez plus serré, plus secret, bien plus concentré en sucre. Là, plus que jamais, il faut se taire et écouter, cette écoute active passive au sein de laquelle le vin se raconte, s'écrit à même notre absence-présence. Un nez presque souterrain comme empilé par couches ; chaque strate figure une déclinaison du sucre fait orange confite, fait caramel, fait miel et mille autres paliers de senteurs sucrées, superbement tendues par ce fil acide citronné magique qui signe la fraicheur des grands liquoreux. Déguster demande du temps, de l'attention. Plus l'intention de vouloir sentir se vide, plus l'attention se remplit du ressenti du vin. Ce nez au final se révèle follement complexe, sous son apparence peu expansive !
En bouche, le gras de la texture semble épouser les joues, la gorge et le palais ; la fraicheur insolemment fruitée qui s'en dégage transforme la langue en piste de décollage. Là, le vin se révèle pleinement, généreusement, gorgé d' agrumes, de fruits confits, de sucre candy, qu'un fil au goût de citron vert bordé de caramel, étire indéfiniment sous la langue qui n'en finit plus d'en dérouler les amers goûteux jusqu' à en laper ce qu'il en reste quand il n'en reste plus rien qu' un nuage au goût très subtilement brûlé.

Voila, en quelques mots inaboutis, forcément maladroits, mon écho au sujet lancé par Jérôme. Il ne faudrait pas rester au pied de la lettre de certaines formulations, certaines images, mais sentir plutôt le courant qui les anime où une chose et son contraire ne sont plus contradictoires, séparés....

Dans l' hypothèse minuscule où ces mots, au meilleur de leur forme, couleraient de source, c' est par la rencontre de Jean Klein, Stephen Jourdain, Eric Baret, comme celle de la musique, de la marche et du désert, que les mêmes mots, en de trop courts instants, pourraient prendre, l' aspect d' un filet d' eau vive......

Hé les garçons, après ce long bavardage, faudrait voir à faire des vrais cr ;) sur ces vins d' Alsace, décidemment grands. Hubert et Catherine, heureusement que vous êtes là, vous faites grève les autres ou quoi !!!

Daniel
16 Fév 2012 20:56 #8

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Réponse de unefemmedesvins sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Daniel, on t'aime, ne change rien ! (:D
Vivement la prochaine soirée, et Olivier, André, Jérémy, Cyril, réveillez-vous ! (allez, on vous aime aussi (:P))

Catherine
Une femme, des vins

Catherine
Une femme, des vins
16 Fév 2012 21:32 #9

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Réponse de Jean-Bernard sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Content de relire des Cr positifs sur le Burlenberg de Deiss (tu)

En revanche quand je lis vos impressions sur ce vin, comme celles du cercle forézien sur le 2002, je me demande , et sans remettre en cause nos et vos ressentis et appréciations sur ce vin, si on est tout de même pas fortement influencés par la contre-étiquette de ce vin au moment où on rédige les CR à en juger par le vocabulaire employé ici, et dans nos CR foréziens...?

Bravo pour cette superbe soirée en tout cas!

:)-D

JB
16 Fév 2012 21:35 #10

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Réponse de daniel popp sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Jean Bernard, ta question est vraiment intéressante. En ce qui me concerne, c' est le mot volcanisme, sur l' étiquette, qui en fait a révélé ou plutot confirmé ce que nous avons tous ressenti de totalement sauvage, totalement martien, totalement hors norme dans ce vin dont le parfum et le goût ne ressemble à rien de ce que j' ai pu boire auparavant ! Quand Jérémie l' a apporté vers 19h30, il l' avait carafé toute la journée avant de le remettre en bouteille ! Le vin nous est apparu si...brut que nous l' avons remis en carafe trois bonnes heures de plus. C' est à ce moment là qu' il s' est ouvert et commencé à devenir vraiment émouvant. Influencé par l' étiquette ? Je dirais plutôt informé, information confirmant que nous étions plutôt en résonnance avec ce que Deiss en dit sur le papier. Mais tu sais, Hubert dont je trouve le cr magnifique de précision, n' avait plus l' étiquette sous les yeux quand il l' a rédigé, ce qui prouve que ses notes collaient bien avec ce qu' en dit Deiss, dont l' étiquette est quand même plus informative, moins hors-norme que ce qu' il y' a dans la bouteille. Bien que son expression "disparition des arômes variétaux simples" ouvre toutes les perpectives.....Mais il est vrai qu' un seul mot, volcan en l' occurence, ouvre ce que l' on ressentait déjà à toute une déclinaison possible : "tellurique", "tannins de feu" qui ne sont pas tant descriptifs que suggestifs d' une énergie, d' une ambiance totalement descriptive au final. J' ai très peu d' expérience des Pinots noir alsaciens, mais alors celui là !!!

Daniel
16 Fév 2012 23:27 #11

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Réponse de Jean-Bernard sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Merci Daniel pour cette réponse.

Mais il est vrai qu' un seul mot, volcan en l' occurence, ouvre ce que l' on ressentait déjà à toute une déclinaison possible

(tu)

J' ai très peu d' expérience des Pinots noir alsaciens, mais alors celui là !!!

Idem!

JB
17 Fév 2012 08:31 #12

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Daniel,

je découvre ces Comptes rendus ce matin. Ils collent parfaitement au sujet et c'est vraiment un vrai plaisir de lire ce point de vue, plutôt point de pensée, qui définitivement illustre ton propos : la réponse n'a pas réellement d'importance, ce sont les chemins qui y mènent qui comptent. La question est une mèche qui allume et heureusement qu'on ne maîtrise pas l'incandescence. Ici, c'est un feu d'artifice.
Merci

Jérôme Pérez
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: daniel popp
17 Fév 2012 08:45 #13

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Une belle série de bonnes bouteilles,un essai philosophique qui entraînerait presque les rustres imperméables tel que moi et une déclaration d'amour en direct!
Du super LPV condensé sur une page!

;)

(tu)

jlj
17 Fév 2012 16:26 #14

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Réponse de daniel popp sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

merci à toi Jérôme d' avoir initié par tes questions et réflexions, ce sujet inspirant où, à l' origine, à son terme, la question se dépose dans la réponse qui la pose, comme une rivière remonte à sa source en un éclair ! Transposé au vin et la dégustation, cela ouvre des percées fascinantes, un passionant champs d' exploration à portée de bouche ! ;)

Daniel
17 Fév 2012 16:39 #15

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Désolé pour l'inertie à me décider à mettre un petit mot mais il y avait quelques impératifs ... Mais, je suis enfin "libre" depuis hier soir !

Ayant quand même déjà jeté un oeil aux CRs précédents, je plussoie les participants au sujet et vais dans le sens de Catherine et son coup de coeur sur le Riesling GC Bruderthal 2000, Bernard Weber. Un vigneron que je ne connaissais pas mais qui fut la grande découverte de la soirée !

Autre émotion (et réconciliation) avec les vins d'Ostertag maintes fois gouté en dégustations et un vigneron qui ne m'avait jamais fait vibré. Mais peut-être me manquait-t-il lors de ces précédentes dégustations l'accord parfait pour pouvoir l'apprécier à sa juste valeur. Bien vu Catherine pour l'abricot.

Quand aux Deiss ... moultes questions me viennent. Un vigneron dont j'apprécie grandement les vins aussi bien vieux que jeunes qui prone la mise en valeur des terroirs via la coplantation. Le chopin du vin diront certains ? Mais qui peut décider de quels cépages nous rendent au mieux la spécificité du terroir. C'est tout un débat et il faudrait peut-être prendre mon courage à deux mains pour lire la trentaine de pages sur le domaine. Même si Cyril m'a apporté déjà quelques précisions.

Pour le Burlenberg, comme l'a dit Daniel, nous avons eu quand même pas mal de chance. Ce vin s'est ouvert dans nos verres alors qu'il avait "subit" environ 13/ 14h de carafe. Il était carafé depuis le matin même, mais avait aussi carrément été débouché la veille et laissé tel quel à 14° durant la nuit. Nous lui avons donc peut-être un peu forcé la main, mais finalement, celui-ci a bien cédé on bon moment.

Encore merci aux Popp pour l'accueil et l'organisation. Celà fait vraiment plaisir d'avoir des dégustateurs qui ne font pas qu'amener leur sélection ou leur coup de coeur sur la région mais se creusent aussi profondément la tête sur l'accord parfait qui pourrait mettre en valeur celui-ci. C'est un grand bonheur gustatif à chaque rencontre !
Seul bémol : un seul rouge ! Mais c'est une excuse pour mieux pouvoir lancer un 2nd volet Alsacien. ;)

Vivement la prochaine dégustation qui devrait encore briller par ses accords.

Jérémy
18 Fév 2012 18:21 #16

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Il me semblait que les "Paexer" sont situés plutôt à la frontière avec la Moselle plutôt que dans le Haut-Rhin ?

mapassionduvin.over-...
L'amour des vins !
18 Fév 2012 19:27 #17

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Juste une petite remarque pour repondre a l'invitation de Daniel :

Merci aux vignerons alsaciens de nous permettre d'accéder à ce qui se fait de mieux dans la region sans "se couper un bras".

Mais sans doute cette sélection montre comme nous sommes aussi des "buveurs d'étiquettes" : Ostertag, Deiss, Weinbach, Humbrecht...nous avons encavé les vins des "grands domaines "...manquent notamment A. Mann et Trimbach dans cette liste.

Mais où est le risque ?
J'image comme cela doit etre frustrant pour un vigneron alsacien de voir que ces maisons trustent les esprits oenophiles ... [size=x-small](en même temps, les vins goutés se sont montrés à la hauteur)[/size]
Heureusement Hubert a su mettre un peu de diversité [size=x-small](si chère à JM Deiss)[/size] avec le vin de Weber.

merci pour cette soirée et ces CR
Cyril, blanquette grower ;)
19 Fév 2012 02:30 #18

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Essentiellement de grosses étiquettes oui et des vignerons reconnus. Mais celà ne veut pas forcément dire que chacun n'a que çà en cave Cyril. Je suppose que tout le monde a proposé des choses diverses et variées et moins réputées.

Mais tout comme pour le seul rouge, celà nous laisse donc la place pour un deuxième volet.
Il manque tout de même comme tu dis Trimbach, Albert Mann, mais encore Schueller où j'aurais rêvé de son gewurtz sec au milieu de tous ces GC, mais encore Bott-Geyl, Christian Binner, Julien Meyer, Hugel, Boxler, Zusslin, et toutes les autres découvertes que doit nous faire connaitre Hubert comme Weber ! ;)

Une belle session de repéchage en perspective qui plaira à Benjamin et Philippe.
19 Fév 2012 08:42 #19

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Réponse de Cheesecake sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Bonjour,

Bravo pour les CR tous dans un style différent, et même si les commentaires de Daniel ouvrent la porte à certaines critiques ailleurs. Si le vin accompagne ou stimule la pensée voire éveille la conscience comment pourrait-on y voir du mal?

Par contre, le pinot noir de Deiss est apprécié ici alors qu'ailleurs il est fort critiqué. Philippe Barret adore moi je n'apprécie pas, oliv a eu aussi des perceptions négatives. Aucun de nous trois n'avons dégusté ensemble.

13/14 heure de carafe voire une ouverture 24h avant, cela sera dur de le boire à table sur le tard ou au restaurant.

Outre, cet aspect négatif, la dégustation alsacienne en pinot noir, serait à l'opposé de la dégustation bourguignonne traditionnelle.

C'est vrai qu'avec la réduction protectrice sur certains vins rouges, ces principes sont aussi remis en cause.

En persévérant, j'arrive à me persuader qu’en tout homme il y a du bon. Il suffit de s’inspirer de la nature et des éléments.
En dernier recours, l’homme peut encore s’élever en levant le coude et sortir ainsi des pires labyrinthes.
19 Fév 2012 08:53 #20

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Arrakis écrit: Il me semblait que les "Paexer" sont situés plutôt à la frontière avec la Moselle plutôt que dans le Haut-Rhin ?


On est toujours le Paexer de quelqu'un ;)

[size=small]Petit clin d’œil en attendant une contribution plus sérieuse, mais je n'ai pas encore pris le temps de lire l'intégralité du (superbe) CR de l'ami Daniel[/size]

Hub
Si tu ne sais pas... demande. Si tu sais... partage. Si tu crois savoir... ferme-la et cherche encore.
19 Fév 2012 17:21 #21

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Je vois...Ainsi ce qualificatif serait simplement adapté à celui qui ne parle pas le même alsacien que soi-même ?

mapassionduvin.over-...
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19 Fév 2012 19:50 #22

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Réponse de daniel popp sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

"même si les commentaires de Daniel ouvrent la porte à certaines critiques ailleurs. Si le vin accompagne ou stimule la pensée voire éveille la conscience comment pourrait-on y voir du mal?"

Cheesecake ( c' est quoi ton prénom ?), je préfererais que mes "commentaires" que je qualifierais plutôt d' exploration descriptive de ce que je vis et ressens, ouvrent la porte plutôt au questionnement, à l' investigation de nos a priori, préjugés et certitudes dont je suis le premier archi blindé... et conscient, c' est mon terrain d' exploration !... mais bienvenue aux "crtiques", à l' éclaircissement et à l' échange ! X(
En quoi, ce que j' ai développé te laisse supposer que je voyais du mal...dans quoi, à quel sujet ? Je l' ai dis à la fin de mon propos "Il ne faudrait pas rester au pied de la lettre de certaines formulations, certaines images, mais sentir plutôt le courant qui les anime où une chose et son contraire ne sont plus contradictoires, séparées...." donc déjà la notion de "fracture" entre le bien et le mal risque d' en prendre un sacré coup ! Si on remplace bien et mal par vrai et faux, je suggérerais pédagogiquement que voir le faux, révèle le vrai. Je formulerais ta phrase autrement : si le vin apparaissant dans mon écoute pouvait faire taire la pensée et se révèler comme expression, miroir de la conscience, il me renverrait immédiatement à moi-même, à la vitesse de l' éclair.

Effectivement, je ne vois pas comment on pourrait y voir du mal ! :)

Daniel
19 Fév 2012 20:41 #23

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Réponse de daniel popp sur le sujet Re: LPV Paris-Est "Catherine et les garçons" en Alsace.

Eh Catherine, tu nous avais caché çà, le reportage en direct avec photos et commentaires ICI (tu)

Daniel
20 Fév 2012 17:29 #24

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Une petite impression de cette très belle dégustation ; à noter le haut niveau des vins présentés certes souvent des producteurs renommés mais qui ont tenu leurs promesses, comme le signalait Hub les crachoirs ont été peu utilisés les vins étant particulièrement digestes peut être a cause des degrés alcoolique moins importants ou a l’acidité des vins qui ne les rendaient jamais « lourds »

Je connais assez peu les vins alsaciens je ne vais pas faire un cr complet je me reconnais dans ce qui a été dit plus haut.
Mais Deiss a été un grand moment avec des vins expressifs, d’une grande finesse et complexité et sans doute les plus complets à mon sens dans la dégustation
Etonnant « muscat » d’abord discret puis se révélant sur des arômes de fruit exotique qu’on aurait mis sur un gewurtz puis enfin ces notes de raisins frais tout en finesse

Bref une grande soirée ou la cuisine et le vin ont encore fait de beaux mariages (mais quand même les asperges avec le muscat reste un mystère pour moi), on ne remerciera jamais assez la logistique de nos hôtes…

André
21 Fév 2012 17:36 #25

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Deiss ne laisse décidément pas indifférent. Intéressante question, autant que remise en cause : ais-je mentionné le caractère "volcanique" du Burlenberg parce que c'est effectivement ce que j'avis ressenti à sa dégustation ? Certes, je n'avais pas la contre étiquette sous les yeux en rédigeant mon cr. Mais je me souviens bien que ce terme a été employé lors de la soirée : par moi ? par un autre ? spontanément ? en lisant la contre étiquette ? ... j'ai la mémoire qui flanche...

Mais je me souviens que, lors d'une précédente rencontre avec un Burlenberg (c'était un 2003), j'étais déjà frappé par la puissance de ce vin, très atypique dans le paysage des pinots noirs alsaciens, avec un dialogue harmonieux entre le minéral (terre, roche) et le végétal (fruits rouges).

Frappé, je l'étais aussi, en "montant" le programme de la soirée avec Daniel, par le nombre de vins de Deiss qui nous étaient proposés. Pour moi, c'est très atypique : de tout temps, en faisant des dégustations de vins avec mes amis alsaciens, Deiss avait toujours été considéré un peu "à part" (je dis bien "à part", ni au-dessus, et surtout pas en-dessous). Or là, il prenait, d'emblée et massivement, une place centrale, et d'autant plus fortement que c'était là notre première (et je crois pas la dernière :)o ) soirée Alsace. Les vins de Deiss sont-il donc devenus l'archétype de l'Alsace, représentatifs de ce qui se fait de mieux dans la région, sa quintessence presque ? Où sont-ils précurseurs, comme M. Deiss semble parfois le croire, de ce que la région sera demain, la propulsant au firmament des très grandes régions viticoles du monde ?
Bon, j'arrête de me, et de vous, prendre la tête, c'est tout simplement un vigneron talentueux, pour lequel j'ai un immense respect, et dont les vins nous ont, chacun dans son style, littéralement enchantés !

@André : l'accord canonique du muscat serait plutôt avec des asperges blanches (les meilleures viendraient de Hoerdt) fraichement cueillies, accompagnées d'une mayonnaise mousseline aux fines herbes et de jambon cuit. Beaucoup de restaus les proposent avec 3 jambons (cuit, fumé, séché) et 3 sauces, mais ça fait, à mon goût, un patchwork dans lequel le muscat se perd un peu...

Hub
Si tu ne sais pas... demande. Si tu sais... partage. Si tu crois savoir... ferme-la et cherche encore.
26 Fév 2012 13:24 #26

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