"LE" Schlossberg: Le sommet du Grand Cru? (partie 2)
3. La Dégustation
Les critères de sélection de ce premier terroir commun ont été énoncés dans l’introduction de ce document. Un terroir de noble origine, dont les bouteilles ont plutôt bonne réputation, se trouvant assez facilement et ce, pour un coût raisonnable, sont les premières caractéristiques du Grand Cru Schlossberg. Mais qu’en est-il dans le verre ? Pour ce faire une idée la plus précise possible, il fallait essayer de réunir un panel le plus grand possible, tant en nombre de participants, que de bouteilles ouvertes et de millésimes explorés, afin de lisser au plus possible les impressions et de pouvoir dégager de façon la plus précise et objective possible les grandes tendances des vins issus de ce terroir.
3.1. Le « Cahier des charges » de cette dégustation
Tout d’abord, il fallait simplement goûter des cuvées issues de ce Grand Cru, dans un laps de temps imparti (du 16 Mars 2016 au 08 Mai 2016) et me faire parvenir le compte-rendu de dégustation. Celui-ci devait être complété de toute information utile (aération préalable éventuelle et durée de celle-ci, bouteille bue à l’aveugle ou non…).
Il n’y avait, par ailleurs, aucune condition de millésime, de producteur ou de cépage, pour participer. Chaque dégustateur, inscrit sur LPV, n’était aucunement limité dans le nombre de bouteilles à déguster.
Enfin, à ceci, il était demandé de noter le vin dégusté selon cette grille :
- Médiocre (<10)
- Moyen (10)
- Passable (11)
- Assez Correct (12)
- Correct (13)
- Assez Bien (14)
- Bien (15)
- Très Bien (16)
- Excellent (17)
- Exceptionnel (18)
- Grand (19)
- Mythique (20)
3.2. Les chiffres
Ce premier thème du terroir commun aura été, de mon point de vue, une franche réussite. Jugez en par vous-même
(tableau 1 et tableau 4):
* 6 domaines testés (Jean Marc Bernhard, Audrey & Christian Binner, André Blanck & ses fils, Bott Geyl, Albert Mann et Weinbach).
* 19 bouteilles goûtées.
* 10 millésimes, couvrant une quinzaine d’années: de 2014 à 1999
* 34 Comptes rendus
* 22 dégustateurs auront participé à cette thématique du Grand Cru Schlossberg (Icetayer, Tomy63, Kalmah, Psylo, Luc Javaux, Flolevben, Vinozzy, Vaudésir, Lbb contact, Martinez, A spurs fan, Louis_, Nico co, David Chapot, Jean-Bernard, Dandy, Cédric42120, Whogshrog43, Hopla67, Stéphane M, BoiPaKeDeLo, et moi-même Frisette)
Par ailleurs, j’ai reçu de nombreux mails d’encouragements dans cette démarche, et cela aura été une source de motivation supplémentaire.
3.3. Les biais
Un des premiers biais de cette enquête aura concerné la durée. En effet, je n’aurai recueilli que les commentaires de dégustation ayant été déposé, ou m’ayant été communiqué, dans un intervalle de 2 mois, de mi-mars à début mai 2016. Je remercie néanmoins les personnes (Vaudésir et Tomy63) m’ayant envoyé des comptes rendus de dégustation plus anciens, qui n’auront au final, pas été inclus.
Un autre biais concerne les millésimes étudiés. Il en ressort que la majorité des vins (58%) ont été bus sur la jeunesse (moins de 5 ans), et seules 4 bouteilles dégustées ont plus de 10 ans (21%).
De même, sur la quarantaine de producteurs proposant une cuvée du Grand Cru Schlossberg, seuls 6 différents auront été goûté. Bien que l’échantillonnage soit varié et prenne en compte des domaines « stars » (Weinbach, Mann), des « valeurs sûres » (Bernhard, Bott Geyl), ou des vignerons de moindre notoriété (Binner, Blanck), une exhaustivité ne pourra être proclamée.
Par ailleurs, seul un compte-rendu traite d’un cépage différent du riesling, et concerne un gewurztraminer. Tous les vins goûtés ont la connotation d’être des vins blancs tranquilles secs (même si certains ont présenté quelques sucres résiduels). Il n’y a pas eu de dégustation de vendanges tardives ni de sélections de grains nobles, comme cela aurait pu être autorisé.
Enfin, la relative faiblesse du panel rend les différents résultats et moyennes obtenus, de faible significativité. Plus qu’une généralité, il faudra interpréter ces différents chiffres avec prudence car, par manque de puissance, ils sont plutôt le reflet de tendances à un instant T, et pour lesquels il faudra toujours avoir en tête les différents biais que je viens de présenter.
3.4. Les Comptes Rendus
Pour plus de lisibilité, les Comptes Rendus sont classés par millésime, du plus récent au plus ancien.
2014 :
Frisette : Domaine André Blanck & ses Fils, Alsace Grand Cru Schlossberg (Gewurztraminer) 2014
Ouverture immédiate, Bouchon RAS.
La robe est jaune d’or. Le nez est typique du cépage : rose, litchi, senteurs de parfumerie (dans un sens plutôt noble). En bouche, on retrouve un vin rond, gras, ample, plutôt élégant. La matière est riche et confortable, portée sur les fruits à chair jaune : pêche notamment. En seconde partie de bouche arrive un vrai côté épicé sur le gingembre, un léger poivré. La finale est fraîche, sur la menthe et la chlorophylle, de moyenne longueur, mais surtout un peu déséquilibrée à l’ouverture, par des amers un peu imposants et pas très nets. On notera que bue sur 4 jours, cette bouteille deviendra de plus en plus précise. Une impression de sucrosité (je ne connais pas la teneur en sucres résiduels, mais est connoté comme doux/médium sur la contre étiquette) est présente et contribue à ce côté confortable, sans toutefois tomber dans la lourdeur. Ce vin est au total
Bon (15/20).
Kalmah : Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2014 (dégustation au domaine)
Nez complexe sur la mangue, les fleurs. La bouche est moins sexy que le Wineck Schlossberg, mais c’est toujours magnifique. Finale d’abord légèrement citronnée et minérale. Grande longueur. J’ai été moins convaincu que l’autre (le Wineck Schlossberg). Les deux sont de magnifiques vins de gastronomie.
(16/20)
Vaudésir: Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2014
Robe d'un jaune éclatant, nez intense de citron mur et de fraîcheur mais assez monolithique pour l'instant, bouche dense, belle matière et énergique toujours sur ce citron, quelques notes fumées, belle tension finale épicée sur le poivre et le gingembre, la meilleure bue (aucune au même stade) de ce domaine.
TB+(16,5), à regoûter avec un peu plus de bouteille pour avoir un avis plus complet.
2013 :
Icetayer : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2013
Robe assez claire. Au nez il n'y a pas de doute, c'est du riesling! Avec ce côté pétroleux/terpénique sans que ça soit outrancier à mon goût. Au contraire ici c'est classe et frais avec des notes d'agrumes, mais aussi de fruit de la passion. C'est gourmand et élégant à défaut d'être encore très complexe. En bouche j'adore, la matière est ample, gourmande grâce aux 20g de sucre, ça rempli bien la bouche tout en étant parfaitement équilibré. En fin de bouche, la tension amène un coup de peps pour nettoyer le palais. Finale correcte sans être fantastique. Je trouve ça absolument
excellent (17/20), ça se boit comme du petit lait. Un vin évident! De là à savoir si le terroir parle sur cette bouteille, j'en suis bien incapable. Mais surement le vigneron oui, tellement c'est bien fait !
tomy63 : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2013
Couleur paille, nez expressif, très légèrement marqué pétrole et résine, mais surtout beaucoup de fruits, agrumes, pêche, quelques fruits exotiques dans le fond. La bouche est très « facile » avec ses 20 grammes de résiduel, c’est plein de fruits comme au nez, il manque un peu de tension et de longueur pour en faire un grand vin (effet 2013 ?) mais on se régale.
TB (16/20)
2012 :
Frisette : Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2012
Ouverture immédiate. Bouchon liège RAS.
La robe est jaune pâle. Le nez est puissant, très légèrement soufré et amère, avec d’évidentes notes terpéniques, d’écorce et de zests d’agrumes (notamment de citron vert). En bouche, on retrouve une attaque tranchante, vive, avec une bouche élancée. L’aromatique est portée sur les zests d’agrumes, le citron, le citron vert, avec de subtiles notes florales (lys). On retrouve une matière riche (quelques sucres résiduels ?), sur les fruits à chair jaune. La finale saline, est longue, traçante, droite, sèche et salivante, soutenue par de très beaux amers. Il s’agit d’un
Très Bon à Excellent vin (16,5/20), encore jeune, mais dont l’accord avec le tartare de saumon est très réussi.
Frisette : Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2012 (LPV Lyon 2)
La robe est jaune dorée, plus évoluée que le Wineck Schlossberg du même producteur et du même millésime, bu en parallèle. Le nez est puissant, sur le rhum, le raisin. La bouche est puissante, assez enveloppante et concentrée. On retrouve un côté miellé, épicé avec un peu de coing. La longueur est grande. Il accompagne très bien le barbu et son fenouil cru/cuit. Un vin de gastronomie que je goute complètement différemment de la fois précédente.
Bon à Très Bon (15,5/20)
Lbb.contact: Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon2)
Couleur paille claire un peu dorée. Le nez est différent des précédents, beaucoup plus sur le fruit (raisin), le miel et les fleurs. En bouche la matière est belle, là c’est complexe avec un tout petit peu de terpènes, des fruits blancs et jaunes, du citron quand même et des épices douces. C’est plus rond et assez concentré (que le Wineck). Très Bien, un beau vin même si je lui préfère la tension du Wineck.
17,5/20
A spurs fan: Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon2)
Au nez et en bouche, je retrouve des notes de noisette et de fruits jaunes. De la matière mais contrebalancée par une fraîcheur bienvenue. Manque un peu de tension à mon goût.
(14/20)
Louis_: Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon2)
Le nez est délicat, plus sur la finesse que sur l'intensité, évolué et complexe. Ça semble plus vieux qu'un 2012. Derrière la peau de citron, du doux et du rond: miel, fruits secs. Un peu de pétrole, peu de minéralité. La bouche est ample et délicate, équilibrée, de la longueur. Très Bien (16/20)
Nico co : Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon2)
Nez miélé, on retrouve de légères notes boisés. La bouche est ronde, avec une belle trame acide qui vient équilibrer la rondeur. Finale sur l’amertume. Un joli vin.
16/20.
Lbb.contact: Domaine André Blanck & ses Fils, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon 2)
Couleur citron claire avec des reflets saumonés. Le nez ne trompe pas pour le cépage : c’est terpénique, fin et appétent. En bouche ça attaque sur le caoutchouc au citron. On trouve aussi des fruits exotiques verts et légers. La finale est assez longue et plutôt fumée. Belle acidité qui lui va bien.
Bien+ (15,5/20), simple mais efficace !
Louis_: Domaine André Blanck & ses Fils, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2012 (LPV Lyon 2)
Le nez est gras et extrêmement pétrolé avec déjà des touches d'évolution. Il évoque le citron et le pamplemousse. La bouche est extrêmement vive, ce vin est structuré par l'acidité ; belle longueur sur le fruit. La bouche est cependant pour moi trop acide et déséquilibre ce vin.
Assez Bien (14/20).
Frisette : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2012
La robe est jaune claire. Le nez est immédiatement pétrolé, sur le plastique, puis les agrumes (citron, citron vert) et leurs zests. En bouche, on retrouve une grosse attaque acide, avec une matière droite et tendue, assez pure. L’aromatique fait ressortir les zests de citron vert, et un peu de poudre à canon/mèche. La finale est longue, sèche et salivante, sur le gravier humide, avec une amertume assez puissante, légèrement grillée, faisant encore une fois évoquer les zests d’agrumes.
Très Bon à Excellent (16,5/20) pour l’instant. Il faut veiller à être prudent quant à la température de service (< 12°C), qui détend le vin et le ramolli à température supérieure (problème qui s’était posé sur cette cuvée en 2009, servie lors d’une session avec LPV Lyon2).
2011 :
Frisette : Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011 (LPV Forez)
Carafage 2 heures.
La robe est jaune claire. Le nez est citronné avec un léger côté terpénique. La bouche est puissante avec une belle acidité. Il présente une grosse matière, très fluide et déliée. On retrouve les zests d’agrumes, puis un peu d’exotisme (ananas). L’équilibre est bon, avec une belle amertume sur la longue finale citronnée, qui lui apporte de la fraîcheur. Au total, il s’agit d’un
Bon à Très Bon vin (15,5/20), bien propre sur lui mais peut-être un peu simple actuellement (marqueur du millésime ?). Il est en tout cas facilement accessible, mais manque un peu de folie. Bel accord avec le tartare de Saint Jacques au citron vert et baies roses.
Jean-Bernard : Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011 (LPV Forez)
Bue à l’aveugle.
Le nez me fait partir immédiatement sur un riesling avec sa note minérale, terpénique.
La bouche est grasse, l’acidité haute mais très enrobée, ce qui donne un équilibre assez pépère. La finale est portée par l’acidité et un peu d’amertume (zest, citron vert). Un vin sympa, bien fait, qui manque un peu de personnalité de mon point de vue.
Cédric42120 : Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011 (LPV Forez)
Bu à l'aveugle. Nez séduisant, fruité sur un panier de fruits (pomme verte, citron, pêche) agrémenté de notes de plantes médicinales et d'une touche florale Bouche ronde, fruitée, juteuse et légèrement acidulée. Persistance sur une pointe citronnée. J'ai trouvé ce vin agréable, d'une belle rondeur aromatique. Pas vu venir le riesling, et encore moins un riesling de terroir. J'étais plus sur un chardonnay type St Aubin, Montagny. Bien aimé tout de même mais déçu au final à la découverte de l'étiquette.
Bien + (15,5/20)
Dandy : Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011 (LPV Forez)
J'ai trouvé le nez assez curieux. Au nez: des notes d'agrumes (citron vert) et assez minéral. Bouche moyennement complexe mais sensation d'un vin bien fait, très accessible avec une persistance saline agréable en finale.
Bien (15/20)
Whogshrog43: Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011 (LPV Forez)
Un nez expressif mais "lourd", chaleureux, qui me donne un sentiment de boisé peu noble où percent de belles notes de citron vert et de zeste d'agrume. En bouche la matière est belle, cylindrique, huileuse mais dès la seconde partie de bouche des amers presque dissociés peu nobles (faisant penser au bois vert) interviennent avec des notes réglissées, presque brulées qui me font penser encore une fois à la chauffe de la barrique. Bref au diapason du nez, lourd, manquant de finesse...je suis clairement passé à côté.
Passable (11/20).
Stephane M: Domaine Bott Geyl, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), 2011
Ouverte et servie immédiatement.
Œil : Robe jaune pale, limpide et brillante. Nez : Premier nez intense, moyennement complexe. On perçoit des notes de fruits mûrs (pêche blanche, coing) dominantes, laissant tout de même place à des nuances florales (acacia).
Le nez évolue vers plus de finesse et d’élégance, gardant toutefois toujours ces notes fruitées.
Bouche : L’attaque est franche, large, et lance le vin sur la puissance. Si l’on retrouve en début de bouche le coté fruits très mûrs et de la largeur, l’acidité se déploie dès l’entame et structure remarquablement la dégustation. Cette acidité est accompagnée de notes de minéral (pierre à fusil) qui contrebalancent le coté fruité et donne au vin beaucoup d’élégance. La finale est marquée par un bel équilibre entre cette acidité vibrante et un petit peu de sucres résiduels. Salivante, cette fin de bouche est longue, parfaitement calibrée et aussi intense et plus complexe que le reste de la dégustation.
Conclusion : Bouteille intéressante, clairement de niveau Grand Cru. Beaucoup de plaisir pris aujourd’hui avec ce vin, même s’il n’est pas forcément aussi sec et minéral (voire tendu) que ce que l’on peut attendre d’un Schlossberg. Néanmoins, la matière et l’équilibre lui confère un grand potentiel de garde, et je ne doute pas qu’il acquière en vieillissant les caractères typiques du terroir. C’est pour moi un
Très Bon vin (16/20) aujourd’hui, qui donne beaucoup de plaisir, et qui a la capacité à devenir grand, si tant est qu’on lui laisse une dizaine d’années.
FloLevBen : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2011 (LPV Champagne)
Bouteille bouchée liège. Ouvert simplement quelques minutes avant le service (une longue aération aurait sans doute été judicieuse). Robe légèrement plus soutenue que 2010. Le nez pétrole nettement, on sait tout de suite où l'on est. Derrière ce côté pétrole, quelques agrumes et fruits murs. On sent une certaine richesse. On retrouve cette richesse dans une bouche large, grasse, avec une matière assez imposante. On perçoit les quelques sucres résiduels, mais ça reste très bien équilibré. L'aromatique pétrole et fruits murs est toujours là. Quelques amers en fin de bouche également. Bonne longueur. Bouteille très différente du 2010 en capsule à vis. Je n'ai pas retrouvé dans ce 2011 la minéralité que possédait le 2010.
Très Bien (16/20
Vinozzy : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2011 (LPV Champagne)
Le vin est l’archétype du Riesling : fin pétrolé au nez, agrumes et citron confit en rétro olfaction. Mais celui ci possède une mâche, une matière et un équilibre sur la puissance. On sent que dans 5 ans il sera plus grand. Possède t-il 4/5 gr de sucre résiduel ? En tous cas il me parait gras, très large. J’en repris en fin de repas, alors à 16/17°, juste pour le plaisir, car avec les fromages comme la cassolette de saint jacques...c’est
Très Bon (16,5/20).
2010 :
FloLevBen : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2010
Bouteille à capsule à vis et non à bouchon comme généralement sur les grands crus du Domaine. Robe or claire, d'une très belle limpidité. Nez d'une grande finesse et d'une belle pureté. Ça pétrole un peu mais ça reste léger. Ce qui domine au nez c'est un florilège d'agrumes (citron, pamplemousse), de pêche blanche. Je ne perçois pas vraiment de minéralité au nez. En tout cas le nez possède encore une très belle fraîcheur, et aucun marqueur d'évolution (effet capsule à vis?). La bouche est dans la lignée du nez, très nette, très pure, beaucoup de fraîcheur, de fruit, on ne sent pas le sucre grâce à une très belle acidité parfaitement intégrée. A l'aération un très léger gras fait son apparition. En tout cas l'équilibre est parfait, et j'en boirai des litres tellement c'est bon et digeste. En tout cas là encore aucune évolution ça parait vraiment jeune et frais (effet capsule à vis?). La finale, de très belle longueur, est légèrement minérale et salivante, avec un léger picotement sur la langue (rien de désagréable au contraire). C'est peut être ça la marque du terroir "Schlossberg"?
Très Bien/Excellent (16,5/20)
Psylo : Domaine Albert Mann, Alsace Grand cru Schlossberg (Riesling), 2010
(Bue à l'aveugle, même bouteille que FloLevBen)
Nez très agréable qui pétrole légèrement avec en fond de beaux agrumes. La bouche est parfaite, sans fausses notes. Tout est maitrisé, rien ne dépasse. C'est rond, fruité avec de la tension en finale. Très belle longueur. La bouteille ne fait pas un pli. Très beau vin (16/20)
David Chapot : Domaine Jean Marc Bernhard, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2010
Robe : jaune paille intense, assez foncée.
Nez : fruits jaunes mûrs, pêche jaune charnue, crêmeux, ensoleillé, avec une pointe citronnée. Mûr, plein, très bon.
Bouche : entrée de bouche très ample, une touche sucrée (>5g/L?) relevée par l'acidité (mûre) mordante (pointe de CO2?), les amers, les fruits jaunes, un parfait équilibre entre matière et relief. Un petit caractère salin/amer signe la finale, moins marqué que le citron cependant.
Conclusion : Très bien/excellent (16,5/20) à ce jour, étonnamment prêt à boire pour un riesling d'un millésime strict comme 2010. Alors que je préfère souvent le Wineck au Schlossberg que je trouve parfois un peu trop facile, je dois avouer que ce vin me surprend agréablement car la tension du millésime équilibre le caractère généreux du terroir. C'est Très Bon (16/20), très bien fait, et ça coûtait 13,50€ il y a 4 ans, même si le vin est d'un abord naturellement plus facile et possède sans doute moins de potentiel que l'austère Clos Windsbuhl d'Olivier Humbrecht 2010 - d'une rectitude calcaire irréprochable mais pas drôle en l'état (de par son odeur de pluie...)
Hopla67 : Domaine Albert Mann, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2010
Nez intense sur le citron, fleurs blanches, fruits jaunes et les notes terpéniques. Bouche de très grande amplitude, du gras, des agrumes, un peu de sucre résiduel avec une acidité incroyable qui tient le tout. On se ressert sans y penser. Énorme longueur. Vin qui donne beaucoup de plaisir et qui n'est pourtant encore qu'un bébé.
(17,5/20)
2009 :
Frisette : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2009 (LPV Lyon 2)
Goûté et noté à l’ouverture :
La robe est jaune claire. Le nez est très pétrolé, sur les hydrocarbures, les terpènes d’agrumes (citron, citron vert), avec un léger fumé. La bouche est puissante, sur le silex, élancée, avec une tension remarquable. L’aromatique retrouve l’ananas, le citron vert. Il se conclue sur une amertume noble, apporté par des notes de zestes. La finale est longue, sèche et salivante.
Excellent (17/20). Quelques heures plus tard, il devient légèrement plus chaleureux et moins tendu, sans doute causé par la température de service. Regoûté le lendemain, servi un peu plus frais, il s’était de nouveau retendu.
Lbb.contact: Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2009 (LPV Lyon 2)
Couleur citron aux légers reflets verts. Le nez est assez terpénique avec de la fumée, de l’ananas. Un élevage que je trouve présent (mais peut-être est-ce autre chose ?) En bouche c’est sérieux, puissant avec de la matière. Terpène et citron prédominent, on retrouve un peu d’ananas et de cumin. La finale est longue sur le caramel avec une amertume assez marquée. Peut-être servi un peu chaud et desservi par son millésime, l’alcool était assez sensible.
Bien+, moins mon style que les précédents, un peu moins d’équilibre, peut-être à attendre encore quelques années.
15/20
Louis_: Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2009 (LPV Lyon 2)
Nez très beurré, exotique, ananas sur des fleurs qui apparaissent à l'aération. Notes terpéniques légères. Les arômes semblent pourtant effacés et c'est un petit peu alcooleux. La bouche est un peu plate, on a l'impression de passer à côté de quelque chose, il y a pourtant une belle amertume qui soutient le vin et une belle longueur. C'est
Correct, sans plus.
13/20
Nico co : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2009 (LPV Lyon 2)
Le nez est tout en finesse, sur le bonbon acidulé. En bouche on trouve du coin mais la finale est très amer et marquée par le caramel. La bouche manque clairement d’acidité pour moi.
12/20
2006 :
BoiPaKeDeLo : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2006
A l'occasion de cette bouteille commune, j'ouvre ma première et seule bouteille de ce domaine. Et je dois dire que j'en attends tout de même beaucoup, même si je connais la qualité moyenne de ce millésime. Mais nous avons affaire à un grand domaine, un grand terroir, une grande cuvée.
Cependant le meilleur des vignerons ne peut sans doute offrir plus que ce que lui donne la nature, et donc mon attendre fut quelque peu déçue par ce vin que j'ai perçu comme juste
Bon (15/20), sans plus.
Il a tout de même des qualités : un nez riche, miellé, assez enjôleur; bouche riche également, proche d'une VT, avec une attaque un peu mole, mais plus équilibrée en finale avec une pointe saline. Pourtant cela manque vraiment de longueur et de complexité. Le retour d'acidité et la touche saline en finale ne parviennent pas faire oublier le manque de fraicheur global de ce vin. Le plaisir n'y est pas. Décevant vu le pédigrée mais sans doute bien vu le millésime.
2005 :
Martinez : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins 2005
Robe jaune paille. Un nez intense et de bonne complexité: pêche mûre, pomme, coing, épice orientale, safran, citron confit, verveine, menthe, léger pétrole…chacun de ces arômes se déploie sans pousser des coudes ce qui donne une belle finesse au vin. En bouche, le vin présente un joli volume sur une structure sphérique, l’équilibre est parfait avec une belle et juste acidité qui balance une légère impression de sucre. Belle longueur qui laisse apparaître des notes d’agrumes : pamplemousse mais aussi poire. Cette belle longueur est en grande partie dûe à une présence tannique, une matière conséquente et non à une acidité mordante qui étire le vin. Au final, un très beau vin, plein, dense qui s’impose sereinement au dégustateur.
(17,5/20)
2004 :
Frisette : Domaine Christian et Audrey Binner, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling) 2004
Ouverture immédiate, bouchon imbibé sur les 2/3 de façon irrégulière
Robe jaune d'or. Nez puissant sur le pétrole, l'alcool, le marc de raisin, le raisin de corinthe, un très léger coing et champignon. La bouche est puissante, droite, sèche, sans sucrosité. On retrouve ces notes de raisin de Corinthe, de coing et de fruits à chair jaune, ainsi que quelques fines effluves de zestes de citron vert. La texture est presque grasse. La finale est un peu chaleureuse et déséquilibrée sur un couple alcool (alcool à brûler, baba au rhum) et amer assez prononcé. Au final, il s'agit d'un vin massif, un peu déséquilibré et qui montre certains signes d'évolution. Pas désagréable en l'état, il manque tout de même de finesse et de classe pour cet
Assez Bon à Bon vin (14,5/20).
1999 :
Luc Javaux : Domaine Weinbach, Alsace Grand Cru Schlossberg (Riesling), Clos des Capucins, Cuvée Sainte Catherine, L’Inédit, 1999
Robe or intense aux reflets ambrés. Nez marqué par les agrumes confits, raisin de Corinthe, notes terpéniques, avec un petit côté encaustique et légèrement tourbé. En bouche, attaque ronde marquée par une légère sucrosité, il y a du volume, de la puissance, mais l'acidité est faible, trop faible pour maintenir un équilibre satisfaisant. Le vin finit mou et lourd, avec une longueur moyenne. Décevant. On pourrait croire que c'est parce que le vin a dépassé son apogée, sauf qu'en 2002, il présentait déjà le même type d'équilibre :
lapassionduvin.com
Comme quoi, quand l'équilibre n'est pas là au départ, peu de chances que le vin l'acquière avec l'âge...
13/20
4. L’Analyse
Ces nombreux comptes rendus permettent de dégager plusieurs points, tant en termes généraux qu’en termes spécifiques.
4.1. Vision macroscopique
D’un point de vue global, cette première étude de terroir menée sur ce forum est une réussite. 35 comptes rendus ont été fourni, par 22 dégustateurs différents. Ceux-ci ont goûté 19 bouteilles différentes, qui concernaient 6 domaines. 10 millésimes différents ont pu être explorés, sur une amplitude de 15 ans
(tableaux 1, 4 & 5).
Tableau 1 : Nombre de Dégustateurs, de Comptes Rendus, de bouteilles et de millésimes différents goûtés pour cette thématique du Grand Cru Schlossberg, selon les domaines concernés.
La grille de notation spécifiée au préalable aura permis de montrer que le niveau moyen global aura été Bon à Très Bon, avec une moyenne à 15,45. On peut même se réjouir qu’une bouteille sur deux aura été à minima Très Bonne, puisque la médiane se situe à 16/20
(tableaux 2 & 3).
Tableau 2 : Amplitude de notation (traits noirs) et moyennes des notes obtenues (Carrés verts), pour chaque domaine étudié.
Tableau 3 : Répartition des notes, pour chaque domaine.
4.1.1. Un effet millésime
Ces bons chiffres sont à pondérer de plusieurs façons. Tout d’abord, et même si le panel n’est pas suffisamment imposant, un effet millésime peut se faire ressentir
(tableaux 4 & 5). Comme prévu, le millésime 2010, avec 3 bouteilles et 4 CR (moyenne à 16,6/20), s’annonce le meilleur qualitativement et le plus homogène. Les millésimes 2012 (9 CR, 4 bouteilles) et 2014 (3 CR, 3 bouteilles) s’annoncent également plutôt très bons, avec des moyennes de 15,7 et 15,8.
Les millésimes 2009 et 2011 pourraient paraître clairement hétérogènes. Nous pondèreront évidemment ceci par le fait que seules une et trois bouteilles ont été ouvertes, ce qui est bien sûr trop peu pour juger des qualités et des défauts d’un millésime. Néanmoins, de grosses différences de perceptions apparaissent de façon évidente entre les dégustateurs, avec de grosses amplitudes de notations, d’environ 5 points chacun, et dépendants des 12 dégustateurs.
Pour les 4 millésimes les plus anciens, un échantillon seulement de chaque aura été goûté. On voit toutefois que celui de 2005 s’est particulièrement bien comporté.
Le millésime 2013, pourtant réputé faible, s’est Très Bien goûté, avec une moyenne de 16,5. Nous nuancerons ceci par le fait qu’il s’agisse d’une seule bouteille provenant du meilleur élève de cet exercice
(domaine Albert Mann).
A la lecture de cela, on pourrait classifier en deux groupes les ressentis : les Très Bons (millésimes 2014, 2013, 2010 et dans une moindre mesure 2012), et les millésimes un peu plus compliqués (2011, 2009, et les plus anciens, avec les réserves que l’on a émis auparavant).
Ainsi, on s’aperçoit que le Grand cru Schlossberg peut s’aborder jeune, puisque près de 90% des bouteilles ouvertes avaient au maximum 7 ans, et que les meilleures notations ont concerné des vins ayant de 2 à 6 ans de bouteille. On s’aperçoit également que des variations sont sensibles selon le millésime concerné. Enfin, et même si l’échantillon de 2005 s’est particulièrement bien comporté (meilleure note ex aequo de la série avec 17,5/20), la faiblesse du panel rend ici une vision difficilement lisible à plus long terme concernant l’aptitude à la garde de ces vins issus du Grand Cru Schlossberg.
Tableau 4 : Nombre de Comptes Rendus et nombre de bouteilles goûtées, en fonction des millésimes.
Tableau 5 : Amplitude de notation (traits noirs) et moyennes des notes obtenues (Carrés verts), pour chaque millésime goûté.
4.1.2. Des domaines plus en réussite que d’autres…
Outre le millésime, certains domaines ont été plus à leur avantage que d’autres au cours de cette thématique. Le domaine Binner sera mis de côté, puisqu’une seule bouteille aura été évaluée par un seul dégustateur.
On s’aperçoit que pour les 5 autres domaines, au moins 2 bouteilles ont été goûtées (de 2 à 5, pour Weinbach et Bernhard), et évaluées par au moins 3 dégustateurs (de 3 à 8).
(Tableau 1).
Le domaine Albert Mann (4 bouteilles, 6 dégustateurs, 7 CR) sort brillamment de cette dégustation, et fait l’unanimité : aucune note en dessous de 16/20, partage la meilleure note (17,5/20) et présente l’ensemble le plus homogène, avec la meilleure moyenne (16,5/20) !
Le domaine Jean Marc Bernhard présente la seconde meilleure moyenne avec 16,05/20, en ayant été le domaine le plus goûté (5 bouteilles, 8 dégustateurs, 9CR). Une amplitude de notation un peu plus large le défavorise légèrement, mais le résultat est très bon, surtout quand on sait que les cuvées de Schlossberg au domaine s’échangent pour 15 euros environ !
Le domaine André Blanck semble proposer une gamme homogène de bonne qualité. Pas de « carton », mais pas de coup d’éclat non plus, avec des notes serrées autour de 15/20. Une particularité concernant ce domaine aura été que le seul vin n’étant pas un riesling (gewurztraminer) provenait de leur chai.
Enfin, deux domaines ont eu du mal à sortir leur épingle du jeu : il s’agit des domines Bott Geyl et Weinbach. Pour le premier, un seul millésime étudié (compliqué en plus), sur 2 bouteilles, par 6 dégustateurs. Il en ressort une grande hétérogénéité de perception, puisque l’éventail de note va de 11 à 16/20, pour une moyenne finale de 14,7. A revoir pour en tirer de plus amples renseignements. Concernant le domaine Weinbach, le panel était pourtant le plus large : 5 bouteilles de 5 millésimes différents, évalués par 7 dégustateurs. Ce domaine aura soufflé le chaud (meilleure note ex aequo avec 17,5/20 pour un 2005) et le froid (12/20 pour un 2009). Entre, on obtient un peu de tout, ce qui explique la plus grande amplitude de notation (5,5 points) et surtout une moyenne inférieure à 15/20 sur cet exercice…
(tableaux 2 & 3). Il s’agit pourtant d’un des domaines phares et une locomotive dans le secteur, la surprise en est d’autant plus grande. A revoir également.
4.2. Le Grand Cru Schlossberg : quelles particularités ?
Nous venons de voir que la dégustation de ces échantillons était impactée par les notions de millésimes mais également que le ressenti pouvait varier en fonction des domaines goûtés. Ceci permet donc de penser que le terroir, bien que nécessaire, ne suffit pas. Par conséquent, quelles sont malgré tout les caractéristiques qui ont pu apparaitre et qui signeraient ce terroir ?
4.2.1. Le riesling, cépage roi
Planté à 75% sur le Grand Cru Schlossberg, le riesling aura représenté plus de 95% de cette séquence de dégustation. Toujours goûté en version « sec » (même si un peu moins d’un tiers présentais à priori des sucres résiduels),il était fortement caractérisé par des notes d’agrumes (notamment citron, citron vert et leurs zestes), et a été évoqué dans plus de 75% des CR. Les fameuse notes d’hydrocarbures, pétrole et / ou plastique, arrivent en second, et sont apparues dans près de 60%. La présence de l’une ou de l’autre caractéristique se retrouvait dans plus de 80% des cas, et l’association des 2 dans 50% des cas.
On remarquera justement que les CR ou n’apparaissent ni notes pétrolées, ni notes d’agrumes, correspondent soit à des millésimes de plus de 10 ans (2004, 2006), soit à une bouteille paraissant plus évoluée que son âge réel (Jean Marc Bernhard 2012, LPV Lyon2). Sur ces bouteilles-là, l’aromatique était clairement portée sur des notes miellées et/ou épicées. Ces notes d’évolution ont toutes été ressenties sur les bouteilles de millésime antérieur à 2009.
Ces expressions aromatiques pouvaient être complétées, de façon ponctuelle, par des notes de fruits jaunes, de fruits blancs ou de fruits exotiques, sans qu’un lien clair puisse être établi, et dépendra donc à priori de la sensibilité du dégustateur.
Pour ce qui est du seul gewurztraminer goûté, il correspondait à un exemplaire assez stéréotypé de ce cépage floral, épicé et doux.
4.2.2. Une matière riche et massive
La dégustation aura révélé des vins aux matières prononcées. Loin de l’archétype du vin tendu (cité seulement 8 fois, et 4 fois de façon défaillante), cristallin ou tranchant, nous aurons plutôt eu affaire à des vins aux matières riches et enveloppées.
L’amplitude du vin et sa richesse en bouche sont les caractéristiques les plus fréquemment énoncées. On retrouve ceci dans environ 2/3 des comptes rendus. La notion de gras intervient, quant à elle, dans un peu plus d’un tiers des cas, à peu près à égalité avec les notions de minéralité/salinité et ce, sans corrélation réalisable avec l’âge du vins ou son ancienneté. Ceci est complété par une longueur, suffisamment importante pour qu’elle soit stipulée, dans plus de 55% des cas, et manifestement accompagnée par de beaux amers, notamment ceux persévérants sur les zests (plus d’un tiers des cas).
Cette richesse et cette longueur, couplé à une acidité (notée plus d’une fois sur deux), et un sentiment de puissance (40% des comptes rendus) permettent d’obtenir des vins aux équilibres
satisfaisants dans la majorité des cas. Il apparaît que se sont de beaux vins de tables, puisque la notion de gourmandise est stipulée plus de 40% des fois. D’ailleurs, une corrélation avec la présence de sucres résiduels peut être établie, puisqu’ils sont évoqués dans 2/3 des cas ou la gourmandise apparait.
Cette notion de sucres résiduels est par ailleurs hautement domaine dépendant. Présents dans 1/3 du total des comptes rendus (12/34, sans influence de millésime), ils apparaissent dans 6 comptes rendus /7 concernant le domaine Albert Mann, soit 50% du total des cas. On remarquera également que les traces de sucres résiduels au domaine Weinbach ne figurent que dans les 3 plus vieilles bouteilles (1999, 2005, 2006). Autrement dit, les millésimes les plus récents apparaissent plus secs, mais sans répercussion particulière sur la qualité globale.
L’élevage n’est jamais perceptible pour les vins antérieurs à 2009. Il est évoqué dans moins de 30% des cas, que ce soit sous forme soufré/fumé ou boisé/caramel, mais toujours sur des vins de 2009 à 2014, et essentiellement aux domaines Bernhard et Weinbach.
4.2.3. Quelques bémols
Outre le fait que les notes sont pour le moins hétérogènes, et dépendantes des millésimes et des domaines, des bémols apparaissent quant à la lecture des différents comptes rendus.
Tout d’abord, la finesse et le côté aérien des vins ne se retrouve que très peu dans les comptes rendus (seulement 6 fois), tout comme le côté tendu et vif (seulement stipulé 8 fois, toujours sur des millésimes de moins de 10 ans).
Pire, des faiblesses de ces côtés-là sont notifiées : manque de finesse (2 fois), manque de tension (4 fois) et même manque d’acidité (2 fois, domaine Weinbach 1999 et 2009). Conjugué à des manques de fraîcheur (3 fois) et de longueur (2 fois) ceci avait comme conséquence de rendre les vins peu équilibrés dans 5 cas (près de 15%). Il n’est pas surprenant que ces critiques apparaissent dans les comptes rendus des vins les moins bien notés.
Par ailleurs, la complexité n’a pas été un critère particulièrement présent. Cité seulement 7 fois (20% des comptes rendus), les vins en manquaient dans 3 cas. Ceci n’est pas forcément très surprenant, dans le sens ou l’essentiel des vins étaient jeunes, et n’ont pas eu forcément le temps de l’acquérir.
Enfin, et ceci découle du panel des vins goûtés plutôt orienté sur la jeunesse, il est impossible de tirer de conclusions quelles qu’elles soient concernant l’aptitude à la garde ou le développement de qualités (notamment l’apparition d’une certaine minéralité) lié à l’âge. Tout au plus, pourrons nous évoquer que des notes d’évolution aromatique (sans doute liées au riesling plus qu’au terroir) apparaissent vraisemblablement aux alentours de 10 ans, sur le raisin sec, le rhum, les épices, le miel…
4.3. Carte d’identité du Grand Cru Schlossberg
A la vue de ces résultats, que penser de ce Grand Cru ?
D’un point de vue aromatique, la typicité du riesling est respectée, et est même dominante sur les caractéristiques spécifiques du sol.
Par ailleurs, on retrouve globalement des vins longs, amples et équilibrés, avec une balance acide/sucre/amer satisfaisante. Assez gourmands et expressifs, leur matière est plutôt riche et enveloppante. Est-ce dû aux arènes granitiques constituant le sol, au final assez meuble, qui serait responsable de cet état de fait sur ces vins en jeunesse ? Quoi qu’il en soit, nous nous trouvons un peu en désaccord sur l’idée que les vins se présenteraient tendus, tranchants ou minéraux, et assez loin également de cette image de finesse, notamment en jeunesse. Peut-être ceci apparaitrait-il au vieillissement, en lien avec le sous-sol de granite, clairement plus dur?
Enfin, nous nous sommes rendu compte également que pour faire de très bons vins, il fallait un bon terroir, mais que ceci n’était pas une condition unique. La qualité du millésime et le talent du vinificateur sont également des impondérables.
Conclusion
Au final, cette dégustation aura permis de mettre en lumière certaines qualités de ce Grand Cru, et d’appréhender un peu plus sa typicité. Fortement marqué par le cépage, et bien que ces caractéristiques soient finalement assez peu spécifiques (richesse, ampleur, gourmandise, expressivité…), il en ressort que le plaisir est largement possible, pour un coût assez modéré, y compris chez les vignerons les plus huppés.
Toutefois, un échantillonnage plus important et comportant une part plus importante de vins ayant plus de 10 ans serait intéressant et permettrait peut-être de confirmer les tendances dégagées lors de cette première session du terroir commun. De même, une autre piste de réflexion serait de comparer ce Grand Cru à d’autres présentant potentiellement des caractéristiques proches (Frankstein, Sommerberg ou des Grands Crus plus proches tels que le Wineck Schlossberg, le Kaefferkopf ou le Furstentum, distant seulement de quelques centaines de mètres).
Pour finir, avec une bouteille sur deux ayant été noté Très Bien (16/20), et la présence de qualités telles que la longueur, la puissance, ou l’équilibre général du vin, on peut raisonnablement penser que le statut de Grand Cru n’est pas usurpé.
En conclusion, je tiens à remercier l’ensemble des dégustateurs s’étant prêté à ce jeu. Cela a été pour moi une très belle opportunité d’approfondir mes connaissances viniques, géographiques, historiques mais également gustatives.
J’espère, à travers ce travail, pouvoir apporter une modeste pierre à l’édifice qu’est ce magnifique forum, et que cela pourra être utile par la suite au plus grand nombre.
Merci aux courageux lecteurs ayant lu l’intégralité de ce document.