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CR:LPV-BW: Sept Saint-Julien, cinq Margaux et un intrus...

  • jean-luc javaux
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Philippe tenant à sa confrontation médocaine, on se retrouve finalement pour déguster face à face Saint-Julien et Margaux.
Comme on est que six ( plus Patricia qui nous tient compagnie) la série sera assez raisonnable.
Comme d'habitude, chacun apporte ce qu'il veut, le plus souvent dans les faits une bouteille de chacune des appellations.
La dégustation est bien évidemment "à l'aveugle", et on demande à la main innocente de Patricia de nous amener les vins deux par deux tout à fait au hasard.

Petites mises en bouche, histoire d'attaquer le menu en étant fit and well:
CR:
-- Champagne Veuve Fourny et Fils, Blanc de Blancs Brut 1er Cru Vertus 2008 Une façon sympathique de faire la transition avec le w-e précédent en Champagne .
Un petit côté sur la pomme, de belle vivacité et terminant sur les agrumes.
Un Champagne assez profond, fruité et plein de fraîcheur malgré la petite pointe de sucre relevée par certains amateurs de brut nature... 5gr/l

-- Riesling "Herrenreben" 2007 Domaine Schoenheitz ( "vigne des seigneurs" ) Robe jaune pâle brillante, nez minéral (hydrocarbures, très typé riesling).
C'est bien sec, pur, sur les agrumes confits (citron). Ce n'est pas très long, pas très puissant, voire plutôt léger mais correctement fait.

-- Château Sigognac Médoc 2011 pour être sur la route du Médoc ... et avec fx en arrière plan....
En avant pour la dégustation Saint Julien/Margaux.
Les vins sont donc servis deux par deux, sauf la dernière série qui comptera trois vins.

1- Château Lagrange 1995 Saint-Julien
Nez assez classique, graphite, traces d'élevage, grillé, sur les fruits noirs.
Si les tanins sont bien présents, ils ne sont pas asséchants, assez mûrs; c'est riche, pointe d'alcool perceptible.

2- Château Ducru-Beaucaillou 1998, Saint-Julien Son concurrent direct joue déjà dans une autre cour.
Le nez est vraiment superbe, complexe et charmeur: un beau fruité,des fruits noirs, mais surtout de la truffe noire qui revient sans cesse.
C'est pur, en finesse; si les tanins semblent fondus dans un premier temps, ils apparaissent par contre un rien verts en milieu et fin de bouche.
Seul ce reproche, marquant peut-être un petit manque de maturité, amène quelques réserves car le vin est fin, tout en subtilité, avec un boisé bien intégré et une expression assez étonnante sur la truffe revenant sans cesse à la charge. Beau vin.

3- Château Moulin Riche 2009, Saint-Julien Il s'agit d'un vin qui était anciennement le 2ème de Léoville Poyferré mais produit de façon autonome aujourd'hui.
Ici la robe est plus foncée, rubis profond, indiquant un millésime plus jeune.
Nez sur le caramel (prononcé) les fruits noirs compotés, surmûris. Des arômes de torréfaction et également des fruits rouges.
La bouche est très mûre, jeune, avec une matière impressionnante; c'est charnu; un petit manque d'acidité qui a du mal à équilibrer le vin.
Très intéressant vin dans un registre assez opulent; à attendre et voir.

4- Croix de Beaucaillou 2008, Saint-Julien Face à ce Moulin (vraiment) Riche, ce second vin oppose un côté plus rafraîchissant.
Un très beau nez, sur les fruits noirs, cassis, et le graphite.
Un bel équilibre en bouche, avec des tanins se manifestant bien en milieu de bouche mais sans déranger la dégustation.

5- Château Deyrem Valentin 2005 Margaux Nez plus discret, un peu fermé, cependant sur le cassis et le boisé.
Pas de verdeur, c'est riche (mais sans alcool) .
Finale assez longue mais un petit côté "aqueux" par rapport à son compère qui suit...

6-Château Malescot Saint Exupéry 2000, Margaux La main innocente qui nous avait servi deux duos de Saint-Julien enchaîne avec un duo de Margaux; "aux innocents les mains pleines" dit-on chez nous... :P
Nez un rien sanguin, sensuel, animal, sur le cuir, puis les fruits noirs et même un côté floral.
C'est encore boisé, puissant, de grande matière et terminant sur une belle longueur.
Un très beau vin plein d'avenir, devant encore se fondre.

7- Château Léoville Barton 1982, Saint Julien. La robe est assez claire, marquant un vin plus âgé mais malheureusement, dès que je mets le nez dans le verre, surgissent des arômes prégnants de "bouchon" d'autant plus regrettables que le toucher de bouche est somptueux.
Heureusement, le "bouchon" est très nettement moins perceptible en bouche qu'au nez et on peut malgré tout apprécier un vin bien équilibré, de beau fruit encore, sur le tabac.
C'est soyeux, mûr mais très frais. Pas monstrueux de puissance, mi-corps et très belle longueur.
Quel jus pour ce vin qui avait tout pour être la star de la soirée... :(

8- Château Grand Mayne 1995 GCC Saint Emilion. La robe marque des signes d''évolution; nez sensuel, cuir noble et fruits noirs.
La bouche est nette, droite; tout est bien intégré, "rien qui dépasse" ; c'est rond , bien équilibré, manquant toutefois d'un peu de longueur.
Je souligne benoîtement que l'on n'a pas encore vu passer l'intrus annoncé... et le mal intentionné du fond de la salle de rajouter "aux innocents les mains pleines"... :D

9- Château Léoville Barton 1999, Saint-Julien Robe assez évoluée.
Cuir, tabac, épices et des tanins (du fût?) assez dérangeants par leur côté assééchants.
Un vin par ailleurs plus sur la finesse.

10- Château Labégorce 2009, Margaux. Robe très jeune.
Nez sur les fruits noirs et les épices; pointe d'alcool.
C'est mûr, rond, dense, riche.
Le vin est déjà agréable aujourd'hui et a sûrement pas mal d'avenir devant lui.

11- Château Kirwan 1995, Margaux. Très beau nez, avec un côté fruité et de l'évolution; cuir, tabac, fourrure.
En bouche, cuir, réglisse mais tanins très présents, un rien durs...
Plus agréable par le nez que par la bouche finalement un rien austère.

12- Château Malescot Saint Exupéry 1999, Margaux. Le nez est assez discret, sur le caramel, et assez vite un rien fatigant.
La bouche est bien équilibrée; c'est mûr, ample, gourmand, superbe.
Un vin très séduisant, pas d'une matière énorme mais très équilibré.
Sur ces deux vins, il faudrait en fait le nez du 11 et la bouche du 12...

13- Château Lagrange 2002, Saint Julien. Ce vin souffre en fait de passer dernier et principalement après le Malescot Saint Exupéry 99 car il apparaît très discret.
Pas de défaut, c'est souple, les tanins sont bien intégrés mais cela manque de complexité.
Par contre , à la découverte de l'étiquette et du millésime, cela surprend tant le vin semble encore très jeune.
On discute d'arrache pied sur la qualité des vins de la soirée...

Une belle série de Bordeaux, avec finalement rien à jeter, vraiment.
Sans ce problème de bouchon, le Léoville Barton 1982 eût emporté la palme sans trop de discussion.
J'aimais beaucoup les deux Malescot avec une petite préférence malgré tout pour le 2000.
Le Ducru Beaucaillou 98 était aussi un des très beaux vins de la soirée.
Les deux vins de 2009 devraient faire des heureux dans la génération suivante.
Et sans oublier l'intrus, Grand Mayne 95, bien agréable lui aussi.
Tout en gardant en tête que la majorité de ces vins auraient probablement encore révélé une personnalité plus intéressante à table.

Quelques afters pour la route: deux blancs et deux rouges:

-- Premier blanc à la robe dorée.
Sur le citron confit, léger sucre résiduel, des fruits mûrs mais une grande fraîcheur derrière.
Minéral aussi au nez (hydrocarbures) mais pas typé Alsace. Des zestes confits avec de beaux amers en fin de bouche.
Certains évoquent le coing et on peut penser Chenin, mais on n'est pas plus convaincu de cette origine.
On voyage pas mal sur ce vin (en restant toutefois dans le "nord" ). Un bon vin, à boire à mon avis.
Domaine Jean Vullien et Fils, Chignin Bergeron "Harmonie" 2008
-- Deuxième vin blanc à la région immédiatement identifiée mais à l'appellation moins évidente.
La robe est jaune doré; encore de l'élevage bien présent, grillé, beurré.
Sur les agrumes et les fruits secs, c'est assez puissant et surtout très tendu.
Domaine Olivier, Santenay, Le Biévaux, L'air de Rien 2008
Je n'avais pas goûté ce vin depuis au moins deux ans, mais il n'a pas changé... Toujours marqué par ce fumé/grillé et par un tranchant assez prononcé.
-- Le premier rouge est immédiatement identifié par Filip.
Robe foncée mais disque montrant des traces d'évolution.
Nez: élevage, étable, notes tertiaires.
C'est agréable, même si des tanins un rien asséchants et une certaine verdeur gâchent un rien le plaisir.
Le vin, frais, semble avoir encore de la réserve, bénéficiant d'une matière encore intéressante et termine sur une légère amertume.
Assez étonnés malgré tout du millésime: Château Sociando-Mallet 1991..
-- Le second rouge: robe brune, évoluée, mais claire (trouble à cause du dépôt en fin de bouteille).
Nez très délicat, évolué, sur la boîte à cigares, avec encore des notes de fruits rouges...
La bouche, sur le tabac brun, est fondue, mûre, tout en ayant conservé une belle acidité.
Le fruit est toujours présent, mais ce n'est pas confit. Superbe fraîcheur.
Cela fait penser à un vieux vin dans l'esprit du thème de la soirée, mais avec un côté à la fois mûr, sans tanins, et frais qui emmène malgré tout ailleurs.
Château Simone rouge 1990, Palette
Plus qu'à renter vers le centre du pays...
Merci de m'avoir lu.
Edit: merci à Thibault pour les photos...

jlj
09 Fév 2015 20:42 #1

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Merci Jean Luc pour ces notes brillantes dans lesquelles je me retrouve également. .. (tu)

Thibault
Un homme qui ne boit que de l'eau a un secret à cacher à ses semblables...
10 Fév 2015 21:27 #2

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Une très belle soirée doublée d'une belle dégustation. Il y a longtemps que je n'avais pas pris du plaisir avec Bordeaux... en plus des afters!!

Merci pour le compte-rendu!

Amicalement
Fr.-Xavier
11 Fév 2015 12:47 #3

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Très belle dégustation !
J'avais trouvé plus de qualité à ce LAGRANGE 2002 dégusté en fin d'année dernière.
Probablement a-t'il un peu pâti de passer après une belle série, comme cela a été annoncé.
Surpris pas le côté tannique de BARTON, qui d'habitude joue plutôt le registre de l'élégance pour ceux que j'ai bu.

Dernière question: pas trop compliqué à déguster une série de vins assez tanniques et puissants ? (je me pose la question de la "saturation de la bouche") Je n'ai jamais goûté autant de Bordeaux à la suite... Vous recrachiez ?
11 Fév 2015 20:45 #4

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  • jean-luc javaux
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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Re: LPV-BW: Sept Saint-Julien, cinq Margaux et un intrus...

Bonjour,

on recrache bien entendu toujours les vins lors de nos dégustations.
Personnellement, je n'ai vraiment eu aucun problème de saturation de bouche, ni avec une quelconque puissance.
D'autant plus que 13 vins dans le thème retenu, c'est assez peu par rapport à ce que l'on fait d'habitude... ;)
Je me souviens avoir été bien plus en difficulté en fin de dégustation de Beaujolais.
Pour ce qui est du Lagrange 2002, c'était un de mes apports et je n'ai donc pas de problème à dire qu'il était en difficulté derrière le Malescot 99 que j'aimais beaucoup.

jlj
11 Fév 2015 21:01 #5

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Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck