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Catherine et les garçons jouent au saute-mouton de Bordeaux.

  • daniel popp
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CR: Catherine et les garçons jouent au saute-mouton de Bordeaux : de la prime jeunesse à l’adolescence jusqu’à la maturité.

Le compte-rendu aurait pu s’appeler malicieusement : Catherine et les garçons réalisent à quel point Philippe Barret n’aime pas les Bordeaux...blancs. Au risque de troubler nos esprits, seul un Y d’Yquem ”enfin du vin !!!” s'écria t'il, remua l'opinion fermement établie de notre camarade, que les BB ne pouvaient être que “serrés, pas épanouis, blindés de souffre”. Mais laissons le plutôt en témoigner, il n’y’eut pas tant de blancs que çà et de bien beaux rouges ont suivi.
Et puis on aime bien les avis parfois tranchés de Philippe !!

La vrai difficulté pour l’organisateur tint plutôt à la diversité des apports : un paquet de belles bouteilles souvent bien jeunes ou oldies pour les uns, face au désert absolu ou presque, de Bordeaux dans la cave des autres. A défaut d’un thème central, je décidai d’un saute-mouton d’âges avec la finalité ludique de découvrir deux blancs secs du terroir de Sauternes, d’apprécier comment trois grands 2005 se gouteraient encore bien jeunes, ou encore l’évolution des années en 6 : 86, 96, 2006 en glissant un cru roturier au milieu des grands crus classés ; ou voir l’évolution entre un Sauternes bébé et deux d’âge mûr, séparés par 20 ans d’âge. A l’aveugle, çà promettait d’être assez fun, mais c’était sans compter que d’une cave ne dépassant jamais 12°, à une cave normale, pas totalement à l’abri des canicules estivales récentes, il pouvait y avoir un sacré changement dans l’évolution des vins ! Mais globalement, ce fut une belle soirée avec des accords vraiment tip top grâce à nos chefs cuisiniers !

Je précise avoir regouté tous les vins protégés sous vacuum, dans les jours qui ont suivi, peut être un plus épanouis pour les vins les plus jeunes.

au programme :

1 Barsac. Château Coutet 2014.

2 Bordeaux blanc IGP Atlantique "Définition" 2015 du Domaine de l'Alliance.

3 Pessac Léognan Latour Martillac 2010.

4 Pessac Léognan Carbonnieux 2005.

5 Bordeaux blanc Y d' Yquem 2012.

6 Saint Emilion Château Beauséjour Duffeau-Lagarosse 2005.

7 Pessac Léognan ChâteauMalartic Lagravières 2005.

8 Pauillac Château Pontet-Canet 2005.

9 Pauillac Château Lynch Bages 2006.

10 Margaux Château Margaux 1996.

11 Haut Medoc Château Sociando Mallet 1986.

12 Sauternes Château Suduiraud 1996.

13 Sauternes Château Gilette Crème de Tête 1976.


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1 Barsac. Château Coutet 2014.
Raviole de Langoustines et Asperges, Jus au Sauternes.

Démarrer la dégustation par un liquoreux, fleuron de Barsac, repose sur le constat doublé d'une certaine frustration dont les producteurs témoignent, que ces vins sucrés se goutent rarement très jeunes, à l'apéritif ; l'usage fait qu'on les réserve nettement plus âgés, au dessert, au roquefort, au foie gras ou au canard à l'orange. Comme il semblait un peu hasardeux de le gouter à la fin des blancs, juste avant les rouges, je l'ai placé au début des agapes.

Le nez plein, généreux semble avoir les bras grands ouverts. Comme s'il disait oui au fruit tendu qui déferle, gorgé de fraicheur. Une impression de franchise assez incroyable, presque lumineuse, absolument identique à ce que j'avais ressenti lors de la soirée de dégustation Primeurs 2014 chez Lavinia, qui m'avait convaincu d'en réserver 6 bouteilles.
En bouche, toujours cette fraicheur qui fait tanguer le volume, aérer la puissance, que la finesse du fil acide décline pour atteindre l'équilibre d'une ultime tension antagoniste entre le fruit, l'alcool et le sucre déployant de longs amers savoureux. Si jeune encore que l'équilibre idéal évoqué, déjà bien présent, ne s'actualisera totalement que lorsque le sucre s'assagira, totalement reposé dans cette tension revigorante qui semble faire voguer le vin.

La recette proposée par le domaine, parmi beaucoup d'autres, est assez savoureuse, mais peut être trop fine et délicate pour s'accorder avec un vin si jeune.

2 Bordeaux blanc "Définition" 2015 du Domaine de l'Alliance.
Rillettes aériennes au saumon et à la roquette.

Le nez tendu, au fruit prégnant, dégage de la fraicheur ; son coté généreux , un peu solaire, qui "sauvignonne" au point de nous faire croire en Centre Loire, s'est un peu desserré.
La bouche concentrée, délivre un jus tendu, riche en saveurs (pêche blanche, citron un peu confit), nettement plus exubérant et causant que le soir de l'ouverture où il semblait tout retenu, presque fluet. Jeune, ce vin semble avoir besoin d'une longue aération pour s'exprimer : aujourd'hui, la persistance témoigne d'un bel équilibre entre puissance, finesse et élégance que l'on ne ressentait pas ou moins à l'ouverture. Une découverte pour nous tous, grâce à Catherine, que ce domaine de Sauternes qui a eu l'honneur de la RVF en Septembre, dans un article qui lui était consacré en commun avec le Château Vieux Taillefer : Deux blancs secs bordelais qui évoluent brillamment hors des sentiers battus.(p168 à 171)

La recette empruntée pour la deuxième fois à Eric B, favorise un accord simple mais assez redoutable de justesse.

3 Pessac Léognan Latour Martillac 2010
Filets de loup poêlés, spaghetti de courgettes à l'huile d'olive vanillée.

Le nez dégage une impression fumée assez élégante, une finesse d'allure sensuelle, presque capiteuse par son fonds d'arômes de fruits et de fleurs exotiques parfumés à la guimauve. Philippe, ne serait-ce pas ce coté grillé, fumé, empyreumatique - ici, joliment enrobé de fruit, à mon gout - qui te dérange ?
La bouche charnue, très parfumée, prolonge ce coté pulpeux, plein, expressif ; ses beaux amers tendus s'allongent tant et plus dans une finale fraiche, sapide et saline. C'est bon et bien fait, mais , à mon gout, manque un peu d'émotion, de vibration, de cette transparence diamantine que j'apprécie tant dans le Clos Floridène pourtant de moins noble origine. Mais il parait que ce n'est qu'à 15 ou 20 ans d'âge que ce Pessac se révèle vraiment. Comment allait se gouter le second Pessac de 5 ans plus âgé ?

4 Pessac Léognan Carbonnieux 2005
id

Hélas, le vin probablement mal conservé dans le Leclerc où je l'avais acheté à un prix trop bas pour être honnête, est passé de l'autre coté. Dommage car son coté virant vers l'oxydatif, témoigne des qualités dont ce vin est habituellement porteur.
Coup de chapeau à André, notre maitre poissonnier pour la justesse de ses cuissons, sur un accord emprunté à Idealwine, où l'huile d'olive vanillée peu commune, est un must.

5 Bordeaux blanc Y d' Yquem 2012
Crème belle aurore aux petits dés de poulet et duxelle de champignons.

Le nez fin, délicat, tout en fruits et fleurs subtiles, pose comme une atmosphère de printemps ; de la dentelle d'arômes adossée à un corps qui ne fait pas dans l'étape, mais dont la précision, la justesse, l'impression de fraicheur qu'Il exhale, sont la parfaite assise d'une impressionnante déclinaison de parfums qui ne cesse d'évoluer, d'opérer des synthèses touchantes. Est-lié au millésime (Yquem n'a pas sorti son liquoreux en 2012), on est loin ici de la puissance et du volume que le Y 2004 gouté précédemment, nous avait fait ressentir ?
En bouche, on retrouve le coté corsé, assez riche, superbement équilibré par la finesse du coulant et le déploiement précis des saveurs. La fine pointe miellée d'une caresse d'ananas et tant d'autres prenant figure d'arabesques, apparait comme l'écho sec, teinté d'un fin moelleux, du grand liquoreux. Le parfum qui me reste en bouche en écrivant ces lignes, est résolument exquis !

Tu as raison Philippe, il faut se lever de bonne heure pour trouver trace sur Google de ce potage riche, savoureux et parfumé ! Même dans le Curnonsky !! En fait, c'est Pierre Casamayor qui le suggère dans l'Ecole des Alliances (Hachette). Nous avions tenté le même accord sur le Y d'Yquem gouté il y'a 5 ans déjà. Son coté velouté, crémeux s'accorde vraiment bien avec ce vin aussi fin que riche.

6 Saint Emilion Château Beauséjour Duffeau-Lagarosse 2005.
Terrines de lièvre au foie gras et chocolat, et de chevreuil au chou, de Gilles Vérot.

Le nez m'apparait comme une superbe esquisse de fresque. Contenu à l'ouverture, à la mesure du trop plein d'arômes qui se pressaient dans le goulot, son dessin se précise aujourd'hui : profondeur du fruit mur concentré, un peu compact, mais déjà si plein, si porteur d'harmonie ; chaque caresse d'arômes qui s'en dégage, donne déjà un plaisir fou, presque sensuel.
En bouche, le toucher soyeux, le coulant parfumé savoureux, l'impression de pureté qui en découle, régalent tout autant. On est résolument sur le coté primaire du fruit, les tannins sont en cours de polissage, l'élevage si fin, si bien intégré fait que l'on y pense pas : un futur grand vin en passe de devenir adulte, que je découvrais pour ma part.

7 Pessac Léognan Château Malartic Lagravière 2005
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Le nez bien épanoui, a un charme fou ; la caresse de la violette se mêle harmonieusement aux fruits rouges, sur fond d'empreinte un peu fumée avec une touche de résine ; une impression sensuelle assez attachante s'en dégage.
Bouche coulante, savoureuse, au boisé fondu et élégant ; quelques années de plus libéreront ses tannins encore un peu serrés accompagnés d' une très légère amertume. Le grain concentré exprime une belle intensité ; le fruit bien mûr, comme piqueté de touches empyreumatiques et de résine, révèle une vraie complexité. C'est bon, bien jeune encore, mais mérite d'être ouvert aujourd'hui après un long carafage.

8 Pauillac Château Pontet-Canet 2005
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Au nez, une forme d'évidence immédiate ; les mots qui en témoignent le mieux comme s'ils en affleuraient : harmonie, finesse, subtilité ; une présentation d'arômes où le ressenti et la reconnaissance ou pas de ce que l'on sent, prennent figure d'émotion. Une émotion liée ici à la singularité de tel fruit rouge (cassis, griotte), de telle épice (vanille), de telle touche fumée ou balsamique (santal, bois exotique) ; toutes idéales de précision, de définition, de justesse, rentrent en unité parfaite. D'où vient la beauté s'œuvrant tout autant dans un merveilleux paysage géographique, que sur la scène de notre esprit, de notre nez, de notre bouche ? Ou du coin de notre œil quand l'émotion se transforme en larme. Ce n'est pas le vin qui est une œuvre d'art, c'est ce qui est à l'œuvre quand le vin semble vous dire : "goute moi et tu gouteras à toi même "... C'est de la poésie, mais c'est le vin qui nous goute en de tels instants... Trouver le vin excellent est amplement suffisant ! Je pressens déjà les ricanements de mes camarades qui ne manqueront pas, en ouvrant une nouvelle bouteille de Pontet Canet, de me servir à l'aveugle un verre d'émotion fondamentale !
En bouche, le premier mot que l'alliance des saveurs exprime, c'est fraicheur : la même impression d'évidence totale. Comme si tous les éléments rentrant en unité, merveilleusement parfumés, animés d'une tension idéale, dessinés avec une précision d'orfèvre, n'avaient pour seule finalité que cette buvabilité idéale liée à une excellence rare.

Au sujet de cette excellence, Philippe Barret a livré un bien beau témoignage dans le Rouge et le Blanc, de ses quelques jours passés au domaine, assorti de dégustations, avec Jean Michel Comme.

Alors ces trois 2005 si jeunes encore, mais déjà si bons ? Ce qui est étonnant, c'est de voir le Pontet Canet bien plus ouvert, plus épanoui que le Beauséjour Duffau, tous deux venant de l'une cave de Philippe B (entre Barret et Modat, on ne sait plus à quel Philippe se vouer ! ) qui ne dépasse guère 12°ce qui laisse supposer que le second est plus long à s'ouvrir ; la cave d'André d'où vient le Malartic comme la mienne, flirterait plutôt du coté des 18, voire 20° en été chaud, ce qui n'est pas sans incidence.

Gilles Vérot s'affirme à nouveau comme le charcutier parisien préféré de Benjamin et de notre groupe, mais il faut des vins sacrément structurés pour s'allier à l'intensité des terrines de gibier ; la réunion astucieuse lièvre, foie gras, chocolat lançait un appel fort au St Emilion, quand le chevreuil et le chou un peu plus tendre en gout, révélait la part féminine, un peu fumée du Pessac.

9 Pauillac Château Lynch Bages 2006
Carré d'agneau, pommes de terre, cèpes sautés.

Le nez profond, large procure une impression veloutée ; un tapis de fruits mûrs semble s'étendre comme une caresse, toujours et plus. Le grain aromatique donne un bel exemple de la façon dont le fruit recouvert d'un fin voile de santal, de vanille, est magnifié par son boisé. Peut être pas encore tout à fait fondu à mon gout ; fait pour séduire ? peut être, mais vraiment pas au détriment du fruit profond, moelleux.
En bouche, le vin parait un peu moins épanoui ; son grain concentré, puissant, semble se retrancher un peu derrière ses tannins que l'on a envie de mâcher pour les fondre ; mais la finesse de son coulant, le moelleux de la texture, le festival de saveurs que la longue finale déploie sur la persistance, laisse vraiment augurer d'un vin superbe.
Pour ceux qui auraient une ou deux bouteilles du 2006, je suggèrerais de les laisser murir encore quelques années ; pour ceux qui en auraient un peu plus, n'hésitez pas à en ouvrir une, c'est déjà très bon après carafage.

10 Margaux Château Margaux 1996
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Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, en comparaison du vin précédent, il est passionnant de constater comment dix ans de plus, affine, approfondit, élargit le spectre aromatique. Constatation inopportune, car à millésime égal, la comparaison risquerait d'être identique...Lynch Bages que je n'ai pas gouté si souvent que çà, mais bien plus que Margaux, est un vin superbe (je garde précieusement la dernière bouteille de 90 qui me reste, vraiment somptueuse, un peu hors thème sur ce coup), mais qui ne joue pas tout à fait dans la même cour, quand on passe de l'un à l'autre, du moins sur ces deux bouteilles, me semble t'il.
Ici, ce qui ressort au nez, c'est vraiment la classe, l'élégance folle, une impression d'harmonie souveraine ; les mots semblent s'échouer face à tant de transparence, de présence dont on ne peut plus rien dire, sinon écouter. Plus de mots, c'est le vin qui devient langage : un bouquet merveilleux où le fruit, la violette, le santal ne sont autres que l'émotion qui les porte, qui les célèbre, qui s'y incarne parfaitement.
En bouche, c'est la finesse et le grain des tannins lissant le coulant si soyeux, qui vous touche ; l'extraordinaire qualité de parfums, leur volume aérien, leur souplesse, leur subtilité vous élèvent du fond de leur profondeur. Seule une très légère amertume en finale demanderait à se fondre, mais cela fait cinq jours que le vin est ouvert, même protégé ! Assurément, un vin d'exception, épanoui aujourd'hui (20 ans...), mais si jeune, à peine sur un début d'arômes tertiaires.

11 Haut Medoc Château Sociando Mallet 1986
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Sacré challenge que de servir à l'aveugle un Sociando de 31 ans d'âge, en compagnie de si illustres étiquettes, plus jeunes de dix ou vingt ans. Mais c'est le seul 86 qui m'était proposé ou qui me restait en cave pour rester dans mon thème. Et puis la petite expérience que j'ai de ce vin et ce que semble en penser la totalité des "experts" (note moyenne 90/100 sur ce millésime), me laissait supposer qu'il pourrait "rivaliser sans difficultés avec de nombreux crus classés" (Parker).
Tant que l'identité du vin ne fut pas dévoilée, chacun s'accordait à dire que ce vin était plus épanoui, sur le tertiaire, que l'ampleur et l'harmonie du Margaux carafé, laissait entrevoir un vin hors du commun, quand le Lynch Bages était bien jeune encore. Sans qu'une réelle hiérarchie soit posée, tant chaque vin se goute pour lui même ; et que le jeu, outre l'accord traditionnel, mais toujours délicieux, avec le carré d'agneau, est de deviner l'ancienneté du vin qui plus vieux, qui plus jeune, oui mais de combien d'années : 5, 10, 20 ans entre le plus vieux et le plus jeune en l'occurrence.
Et vla t'y pas, une fois l'identité des vins dévoilée, que notre ami Philippe, décidément très en forme ce soir là, visiblement pas remis de sa soirée Bordeaux Léoville dans le Far Ouest parisien (coucou du neuf quat':)) , nous affirme suggère que "Sociando Mallet voulant se faire passer pour un grand cru alors qu'il n'en a pas les qualités, est la plus grande imposture de Bordeaux ". Devant ce préjugé cette opinion tranchée, de nature à brouiller nos esprits, il ne me restait plus qu'à regouter ce vin, seul, quelques jours plus tard, avec mes seuls critères d'évaluation bien modestes.

Le nez a une sacrée tenue pour son âge, les arômes se sont parés d'une couleur automnale, tout en restant précis, portés par une structure sans aucun signe de mollesse ; le bouquet comme poudré a beaucoup de charme, à mon gout : la violette joue avec le cassis, l'union des deux se transforme en framboise délicate ; sa fine tension le fait évoluer vers la fraise ; son empreinte boisée (cèdre) se pare de notes de cuir.
La bouche animée du même fil acide, est tout aussi tenue, mais comme apaisée ; la structure en demi corps confirmant le coté poudré du vin, n'a pas ou plus , la même ampleur, la même allonge, la même finesse que les vins précédents regoutés ; le vin débouché il y'a une semaine, chemine lentement vers son déclin, non sans une certaine superbe soulignée par la persistance témoignant de son histoire.

Philippe, pour le coup, même si la différence de nos avis, parfois, rarement, fait la richesse de nos rencontres et si je te reconnais une expérience bien plus grande que la mienne, je te trouve bien sévère !

12 Sauternes Château Suduiraud 1996
Roquefort Société bio et poires williams.

Le nez évolué, profond, complètement fondu, donne une première impression de cire d'abeille, de miel ; puis l'abricot affleure, comme éclairé par la tension qui l'anime et le fait évoluer vers les agrumes ; la fraicheur ressentie dévoile des notes de verveine citronnelle.
La bouche assez vive, révèle la même tension bordée d'amers persistants ; mais c'est comme si la texture manquait un peu de matière, de volume, sans apparaitre affaissée ou donnant une impression de mollesse. En fait son coté complètement fondu, tout en restant tenu, parait se fondre en lui même, gardant ses qualités dont la lumière diminuerait peu à peu. Le vin a mangé ses sucres mais un vrai charme en découle sur la persistance parfumée gorgée de saveurs de fruit s'accordant superbement avec l'accord traditionnel avec le Roquefort et les poires Williams.
Le vin, bon au demeurant, parait avoir évolué plus vite que son âge : 21 ans, c'est l'âge de l'adolescence pour un Sauternes 1er cru.

13 Sauternes Château Gilette Crème de Tête 1976
Calisson de Philippe Conticini (La Pâtisserie des Rêves).

C'est un exercice passionnant de regouter en parallèle le Coutet 14 servi en premier et le Gilette CdT 76, séparés par presque 40 ans de différence. Séparés par les ans, mais reliés par la même tension lumineuse, évoquée plus haut.
Le nez de ce Crème de Tête s'ordonne autour du même fil acide qui semble défier le temps : ce vin 20 ans plus vieux que le Suduiraud 96 ferait presque figure d'adolescent à coté, j'exagère un peu...
Paradoxalement, bien que totalement fondu, le nez parait luxuriant, tant il est gorgée de fruit, comme si ses arômes s'étaient transmutés en une seule fragrance concentrée, complexe, puissante, que l'âge aurait rendu posée, tranquille mais si dynamique encore.
En bouche, derrière l'opulence contenue au service de la finesse, l'énergie vibrante évoquant un vrai concentré de vie, on ressent plus l'âge du vin. Comme si le même profil d'équilibre tendu atteignait une rive tranquille où cette bien belle danse de saveurs fondues s'éteindrait doucement, très lentement, dans un halo d'orange amère.

Le Calisson de la Pâtisserie des Rêves à Paris, confirme tout le bien qu'Olivier et notre groupe, pensent de Philippe Conticini : un vrai régal "associant le croquant du pain de Gène et du croustillant Duja, la fragilité de la meringue, au fondant de la pâte d'amande à la fleur d'oranger et de la crème au beurre parfumée de confit d'orange".

Merci de m'avoir lu, je passe le relais à mes camarades.

Daniel
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25 Oct 2017 17:40 #1

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Concernant le commentaire de ton ami Philippe sur Sociando mallet, peut-être pensait-il parler de Reignac ?!
27 Oct 2017 00:07 #2

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  • milleret
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Daniel , on va s'occuper de ton Philippe !! Je lui prépare quelques petites surprises et je compte bien demander à France 3 d' enregistrer ses sottises , genre annoncer Montrachet Ramonet ( il connait mes faiblesses ) quand on lui présentera une grande cuvée de la maison Cavaillé qui était à l'honneur le 11 octobre à Aix les Bains pour La Grande Soirée de la Gastronomie. Soirée de prestige organisée par l'association Femmes d'AIXception dans le cadre magique du Casino Grand Cercle. ... Le parrain de la Grande Soirée de la Gastronomie 2017 : Marc Veyrat. ....pour les vins , ils auraient pu faire appel aux petits jeunes . Heureusement , ils vont pouvoir compter sur le futur reportage de notre cher ami Philippe ...celui qui n'aime pas les " BB" ...hihihi !!
27 Oct 2017 02:56 #3

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  • daniel popp
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Heu, pas de malaise en ce qui me concerne, j'ai précisé "malicieusement" en début de CR ; juste un peu de surprise avec un sourire à la clé ! Chacun est libre de ne pas apprécier les Bordeaux blancs ou Sociando Mallet, mais un avis aussi tranché, donne envie de connaitre les raisons qui le motivent.
Des sottises, on en dit et on en fait tous, notamment en matière de dégustation à l'aveugle, considérée dans son aspect le plus ludique où personne n'a rien à prouver.%tchin

Daniel
27 Oct 2017 13:48 #4

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Réponse de BARRET Philippe sur le sujet Catherine et les garçons jouent au saute-mouton de Bordeaux.

Contrairement à ce qui est dit ci-dessus, je n'ai absolument aucune idée préconçue sur les vins de Bordeaux ;), mais le moins que l'on puisse exiger d'eux compte tenu de leur réputation médiatique et de leur prix, c'est d'être bons…
Pour la plupart des blancs, franchement, pour goûter de thiols et du sauvignon pas mûr, autant acheter un menetou-salon qui coûtera trois à quatre fois moins cher… J'avoue, je n'ai jamais goûté en blanc Haut-Brion ou Mission Haut-Brion. J'espère que c'est vraiment très, très bon à 500 ou 600 euros la quille ! Je n'ai pas détesté certains Domaine de Chevalier ou Smith Haut-Lafitte, mais à près de 100 euros, il y a mille fois mieux ailleurs. Quand à Pape Clément son style ultra parkérisé me laisse de marbre. Les "intermédiaires", style Carbonieux, Malartic-Lagravière, Olivier, Latour-Martillac, je trouve leur rapport plaisir/prix désastreux. Je préfère m'acheter deux ou trois bouteilles chez Gérard Boulay à Chavignol…
Quant à Sociando-Mallet, comme beaucoup d'amateurs à une époque, je me suis laissé convaincre par la réputation qu'il faisait courir : "la qualité d'un grand cru, quatre fois moins cher qu'un grand cru". Quand j'ai ouvert mes premières bouteilles, je me suis rendu compte que je m'étais fourvoyé. Avec ses rendements "au taquet" et une viticulture bof-bof, j'ai trouvé ces vins sans aucun caractère, évidemment pas nuls, mais sans grand intérêt. Le domaine a peut-être fait des progrès ces dernières années, je ne sais pas, je n'ai pas goûté leurs vins depuis un certain temps, et il vrai que depuis, en achetant des vins comme Clos Puy-Arnaud (Castillon), Château Mirebeau (Pessac) ou Grand Corbin-Despagne (Saint-Émilion) pour ne parler que de vins aux prix très voisins de Sociando, je me suis rendu compte que décidément j'avais vraiment bien fait de revendre tous mes Sociando-Mallet ! Je maintiens et je signe : on a bourré le mou des amateurs sur ce vin qui n'est évidemment pas le plus mauvais de la terre mais qui est loin de tenir les promesses entendues à l'époque…

Philippe
29 Oct 2017 07:02 #5

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Il faut remettre Sociando-Mallet dans le contexte de l'époque (fin des années 80/début des années 90 ) où beaucoup de GCC bossaient mal dans les vignes et au chai. Donc, oui, dans leurs jeunesse, les vins de Sociando-Mallet ont pu faire illusion face à ceux des GCC, pas très convaincants. Ces derniers se sont depuis réveillés, Sociando-Mallet persiste à faire des rendements 50 % plus élevés qu'eux. Ca se ressent dans ses vins, avec des maturités pas truès abouties.

Eric
Mon blog
29 Oct 2017 07:12 #6

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Une fois de plus je partage beaucoup de choses dites par Philippe.
Haut Brion blanc bu 3 ou 4 fois peut être grand et même très grand mais il ne faut même pas envisager de discuter de son prix . Et à ce niveau je préfère largement Montrachet !
J’ai eu au moins une fois une formidable surprise avec un Carbonnieux blanc de plus de 20 ans , grand vin qui lui valait plus que son prix !
Quant à Sociando-Mallet , il n’y en a jamais eu dans ma cave.
29 Oct 2017 09:15 #7

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Bonjour
Comme Raymond je veux bien abonder dans le sens de Philippe Barret avec quelques réserves. Evidemment les prix sont très élevés et même débiles (Haut Brion par exemple), toutefois il me semble que ces vins ont vraiment besoin de beaucoup de temps pour s'épanouir et bus dans leurs premières années ils donnent raison à Philippe de mon point de vue et un joli sauvignon de la Loire leur damera le pion au quart du prix voire encore moins cher. Après 20-25 ans il m'est arrivé à plusieurs reprises d'être surpris et même impressionné par Pape Clément, Chevalier ou même Carbonnieux. Pour les rouges j'en bois tellement peu que mon avis ne vaut rien!

Bonne journée

R
29 Oct 2017 14:52 #8

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Concernant les bordeaux blancs sec, j'en suis un ardent défenseur. Un vieux Laville Haut Brion ne dépasse de beaucoup les 100 € et dame le pion à nombre de grands cru bourguignons ; plusieurs LPViens peuvent en témoigner !

Pape Clément et Domaine de Chevalier 94 sont des grands vins à environ 50 €.
Un vieux Carbonnieux c'est souvent superbe et ça coûte 20-30 €. En revanche, je suis d'accord qu'en jeunesse, ces vins n'ont pas grand intérêt.
Enfin, le taux de Pessac oxydés me semble nettement inférieur à celui des bourgognes.
Pour ce qui concerne Sociando-Mallet je suis tout à fait d'accord avec Phiippe Barret ; j'avais d'ailleurs exprimé cette opinion sur un presque forum et j'avais reçu une volée de bois aussi vert que les raisins d'un Sociando raté !

Michel
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29 Oct 2017 15:29 #9

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Bonsoir,
Pour ce qui concerne Sociando-Mallet, je ne partage pas votre opinion. En effet, j'ai bu de très belle chose.
Cordialement
Gaëtan
02 Nov 2017 21:01 #10

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Quand je lis le CR de daniel, je lis surtout que le sociando 86 bu à l'aveugle a été très bien considéré par les participants, que ceux ci l'ont trouvé le "plus épanoui" des 3.. Ou alors je lis mal...

Puis qu'à la lecture des étiquettes, on explique que Sociando "pete plus haut que son cul" pour résumer.. On en revient à l'influence de l'étiquette et tous les aprioris qu'on peut avoir sur un vin ou un domaine, en bien ou en mal.. Je ne vais pas débattre sur Sociando , je m'en fous, mais passer d'un vin épanoui, sur des notes tertiaires à "la plus grande imposture de Bordeaux" sur cette bouteille, j'ai un peu de mal à comprendre..

Et je l'ai régulièrement vu ce défaut du dégustateur: changer ou infléchir son opinion voir son CR après découverte du vin, même insconsciemment..

Arnaud
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03 Nov 2017 10:09 #11

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Daniel écrit sur le Sociando-Mallet

Tant que l'identité du vin ne fut pas dévoilée, chacun s'accordait à dire que ce vin était plus épanoui, sur le tertiaire, que l'ampleur et l'harmonie du Margaux carafé, laissait entrevoir un vin hors du commun, quand le Lynch Bages était bien jeune encore. Sans qu'une réelle hiérarchie soit posée, tant chaque vin se goute pour lui même ; et que le jeu, outre l'accord traditionnel, mais toujours délicieux, avec le carré d'agneau, est de deviner l'ancienneté du vin qui plus vieux, qui plus jeune, oui mais de combien d'années : 5, 10, 20 ans entre le plus vieux et le plus jeune en l'occurrence.


Comme quoi, il faut arrêter de dégoiser...car il en reste toujours quelque chose.
Cordialement
Gaëtan
03 Nov 2017 18:32 #12

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Arnaud

"très bien considéré par les participants "...encore faudrait-il que ces derniers témoignent à leur tour de cette soirée et de ce vin précis.:? :dash:
Pour ma part, je pense avoir résumé la situation par le biais de quelques impressions qui ne sont pas gravées dans le marbre. "Epanoui" dans ces circonstances où le jeu sur les 3 bouteilles goutées en parallèle (2006, 1996, 1986) était d'apprécier leur âge, la façon dont elles avaient évolué, signifie mûr en âge, passé sur le tertiaire. Et je ne crois pas me tromper en avançant que personne n'a émis d'avis franchement négatif sur cette bouteille, avant que l'identité des vins ne soit révélée.

Je crois surtout que l'échange récent a largement débordé de cette soirée pour une appréciation plus générale sur Sociando Mallet dont mon expérience et achats il y'a longtemps, se limite, à quelques exceptions près, à des millésimes plutôt âgés (86 à 90). Je n'ai donc aucun avis sur l'évolution récente de ce vin...

Ce que je remarquerais simplement, c'est que si "on a bourré le mou des amateurs" comme le dit Philippe, que penser des nombreux avis positifs (et réservés ou nuancés parfois) correspondant aux 40 pages consacrées au domaine, dont la synthèse réalisée il y'a peu, laisserait supposer qu'il mériterait d'être promu au rang de 4eme cru classé ?
Que penser également des avis des critiques (merci Idealwine), intéressants à comparer sur plusieurs années, en écho à l'appréciation d'Eric B ? Car ce sont les notes plutôt globalement positives qui m'ont convaincu de servir ce 86. Je n'ai pas l'impression qu'elles ont tant changé que çà au fil des ans...Je suis loin d'être inféodé aux avis des "experts" et ne les cite ici que pour souligner qu'en l'espace de 30 ans, ils semblent s'inscrire dans une certaine constance.

Après, des gouts et des couleurs, hein, à chacun de se faire son propre avis !!%tchin

Si cela ne dérange pas les intéressés, je ferai un copié collé de ces échanges sur la rubrique dédiée au domaine.

Bon we à tous,

Daniel

Wine Spectator : 1986 94/100. 2000 91 2005 88 2010 ? 2016 ?
Jancis Robinson : 1986 16/20 2000 16,5 2005 17,5 2010 17 2016 16,5
J.-M. Quarin : 1986 94/100 2000 86 2005 91 2010 90 2016 94
Wine Advocate
(Parker/Martin): 1986 91 2000 92 2005 93+ 2010 91+ 2016 92/94
RVF : 1986 xxxxx 2000 16,5 2005 19,5 2010 17 2016 17,5
Vinous Antonio Galloni : 2000 93 2005 92 2010 92 2016 88/91
Bettane Dessauve : 2005 17,5 2010 16,5 2016 94
04 Nov 2017 17:52 #13

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