Catherine et les garçons jouent au saute-mouton de Bordeaux : de la prime jeunesse à l’adolescence jusqu’à la maturité.
Le compte-rendu aurait pu s’appeler malicieusement :
Catherine et les garçons réalisent à quel point Philippe Barret n’aime pas les Bordeaux...blancs. Au risque de troubler nos esprits, seul un Y d’Yquem
”enfin du vin !!!” s'écria t'il, remua l'opinion fermement établie de notre camarade, que les BB ne pouvaient être que
“serrés, pas épanouis, blindés de souffre”. Mais laissons le plutôt en témoigner, il n’y’eut pas tant de blancs que çà et de bien beaux rouges ont suivi.
Et puis on aime bien les avis parfois tranchés de Philippe !!
La vrai difficulté pour l’organisateur tint plutôt à la diversité des apports : un paquet de belles bouteilles souvent bien jeunes ou
oldies pour les uns, face au désert absolu ou presque, de Bordeaux dans la cave des autres. A défaut d’un thème central, je décidai d’un saute-mouton d’âges avec la finalité ludique de découvrir deux blancs secs du terroir de Sauternes, d’apprécier comment trois grands 2005 se gouteraient encore bien jeunes, ou encore l’évolution des années en 6 : 86, 96, 2006 en glissant un cru roturier au milieu des grands crus classés ; ou voir l’évolution entre un Sauternes bébé et deux d’âge mûr, séparés par 20 ans d’âge. A l’aveugle, çà promettait d’être assez fun, mais c’était sans compter que d’une cave ne dépassant jamais 12°, à une cave normale, pas totalement à l’abri des canicules estivales récentes, il pouvait y avoir un sacré changement dans l’évolution des vins ! Mais globalement, ce fut une belle soirée avec des accords vraiment tip top grâce à nos chefs cuisiniers !
Je précise avoir regouté tous les vins protégés sous vacuum, dans les jours qui ont suivi, peut être un plus épanouis pour les vins les plus jeunes.
au programme :
1 Barsac. Château Coutet 2014.
2 Bordeaux blanc IGP Atlantique "Définition" 2015 du Domaine de l'Alliance.
3 Pessac Léognan Latour Martillac 2010.
4 Pessac Léognan Carbonnieux 2005.
5 Bordeaux blanc Y d' Yquem 2012.
6 Saint Emilion Château Beauséjour Duffeau-Lagarosse 2005.
7 Pessac Léognan ChâteauMalartic Lagravières 2005.
8 Pauillac Château Pontet-Canet 2005.
9 Pauillac Château Lynch Bages 2006.
10 Margaux Château Margaux 1996.
11 Haut Medoc Château Sociando Mallet 1986.
12 Sauternes Château Suduiraud 1996.
13 Sauternes Château Gilette Crème de Tête 1976.
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1 Barsac. Château Coutet 2014.
Raviole de Langoustines et Asperges, Jus au Sauternes.
Démarrer la dégustation par un liquoreux, fleuron de Barsac, repose sur le constat doublé d'une certaine frustration dont les producteurs témoignent, que ces vins sucrés se goutent rarement très jeunes, à l'apéritif ; l'usage fait qu'on les réserve nettement plus âgés, au dessert, au roquefort, au foie gras ou au canard à l'orange. Comme il semblait un peu hasardeux de le gouter à la fin des blancs, juste avant les rouges, je l'ai placé au début des agapes.
Le nez plein, généreux semble avoir les bras grands ouverts. Comme s'il disait oui au fruit tendu qui déferle, gorgé de fraicheur. Une impression de franchise assez incroyable, presque lumineuse, absolument identique à ce que j'avais ressenti lors de la soirée de dégustation Primeurs 2014 chez Lavinia, qui m'avait convaincu d'en réserver 6 bouteilles.
En bouche, toujours cette fraicheur qui fait tanguer le volume, aérer la puissance, que la finesse du fil acide décline pour atteindre l'équilibre d'une ultime tension antagoniste entre le fruit, l'alcool et le sucre déployant de longs amers savoureux. Si jeune encore que l'équilibre idéal évoqué, déjà bien présent, ne s'actualisera totalement que lorsque le sucre s'assagira, totalement reposé dans cette tension revigorante qui semble faire voguer le vin.
La recette proposée par le domaine, parmi beaucoup d'autres, est assez savoureuse, mais peut être trop fine et délicate pour s'accorder avec un vin si jeune.
2 Bordeaux blanc "Définition" 2015 du Domaine de l'Alliance.
Rillettes aériennes au saumon et à la roquette.
Le nez tendu, au fruit prégnant, dégage de la fraicheur ; son coté généreux , un peu solaire, qui "sauvignonne" au point de nous faire croire en Centre Loire, s'est un peu desserré.
La bouche concentrée, délivre un jus tendu, riche en saveurs (pêche blanche, citron un peu confit), nettement plus exubérant et causant que le soir de l'ouverture où il semblait tout retenu, presque fluet. Jeune, ce vin semble avoir besoin d'une longue aération pour s'exprimer : aujourd'hui, la persistance témoigne d'un bel équilibre entre puissance, finesse et élégance que l'on ne ressentait pas ou moins à l'ouverture. Une découverte pour nous tous, grâce à Catherine, que ce domaine de Sauternes qui a eu l'honneur de la RVF en Septembre, dans un article qui lui était consacré en commun avec le Château Vieux Taillefer :
Deux blancs secs bordelais qui évoluent brillamment hors des sentiers battus.(p168 à 171)
La recette empruntée pour la deuxième fois à Eric B, favorise un accord simple mais assez redoutable de justesse.
3 Pessac Léognan Latour Martillac 2010
Filets de loup poêlés, spaghetti de courgettes à l'huile d'olive vanillée.
Le nez dégage une impression fumée assez élégante, une finesse d'allure sensuelle, presque capiteuse par son fonds d'arômes de fruits et de fleurs exotiques parfumés à la guimauve. Philippe, ne serait-ce pas ce coté grillé, fumé, empyreumatique - ici, joliment enrobé de fruit, à mon gout - qui te dérange ?
La bouche charnue, très parfumée, prolonge ce coté pulpeux, plein, expressif ; ses beaux amers tendus s'allongent tant et plus dans une finale fraiche, sapide et saline. C'est bon et bien fait, mais , à mon gout, manque un peu d'émotion, de vibration, de cette transparence diamantine que j'apprécie tant dans le Clos Floridène pourtant de moins noble origine. Mais il parait que ce n'est qu'à 15 ou 20 ans d'âge que ce Pessac se révèle vraiment. Comment allait se gouter le second Pessac de 5 ans plus âgé ?
4 Pessac Léognan Carbonnieux 2005
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Hélas, le vin probablement mal conservé dans le Leclerc où je l'avais acheté à un prix trop bas pour être honnête, est passé de l'autre coté. Dommage car son coté virant vers l'oxydatif, témoigne des qualités dont ce vin est habituellement porteur.
Coup de chapeau à André, notre maitre poissonnier pour la justesse de ses cuissons, sur un accord emprunté à Idealwine, où l'huile d'olive vanillée peu commune, est un must.
5 Bordeaux blanc Y d' Yquem 2012
Crème belle aurore aux petits dés de poulet et duxelle de champignons.
Le nez fin, délicat, tout en fruits et fleurs subtiles, pose comme une atmosphère de printemps ; de la dentelle d'arômes adossée à un corps qui ne fait pas dans l'étape, mais dont la précision, la justesse, l'impression de fraicheur qu'Il exhale, sont la parfaite assise d'une impressionnante déclinaison de parfums qui ne cesse d'évoluer, d'opérer des synthèses touchantes. Est-lié au millésime (Yquem n'a pas sorti son liquoreux en 2012), on est loin ici de la puissance et du volume que le Y 2004 gouté précédemment, nous avait fait ressentir ?
En bouche, on retrouve le coté corsé, assez riche, superbement équilibré par la finesse du coulant et le déploiement précis des saveurs. La fine pointe miellée d'une caresse d'ananas et tant d'autres prenant figure d'arabesques, apparait comme l'écho sec, teinté d'un fin moelleux, du grand liquoreux. Le parfum qui me reste en bouche en écrivant ces lignes, est résolument exquis !
Tu as raison Philippe, il faut se lever de bonne heure pour trouver trace sur Google de ce potage riche, savoureux et parfumé ! Même dans le Curnonsky !! En fait, c'est Pierre Casamayor qui le suggère dans
l'Ecole des Alliances (Hachette). Nous avions tenté le même accord sur le Y d'Yquem gouté il y'a 5 ans déjà. Son coté velouté, crémeux s'accorde vraiment bien avec ce vin aussi fin que riche.
6 Saint Emilion Château Beauséjour Duffeau-Lagarosse 2005.
Terrines de lièvre au foie gras et chocolat, et de chevreuil au chou, de Gilles Vérot.
Le nez m'apparait comme une superbe esquisse de fresque. Contenu à l'ouverture, à la mesure du trop plein d'arômes qui se pressaient dans le goulot, son dessin se précise aujourd'hui : profondeur du fruit mur concentré, un peu compact, mais déjà si plein, si porteur d'harmonie ; chaque caresse d'arômes qui s'en dégage, donne déjà un plaisir fou, presque sensuel.
En bouche, le toucher soyeux, le coulant parfumé savoureux, l'impression de pureté qui en découle, régalent tout autant. On est résolument sur le coté primaire du fruit, les tannins sont en cours de polissage, l'élevage si fin, si bien intégré fait que l'on y pense pas : un futur grand vin en passe de devenir adulte, que je découvrais pour ma part.
7 Pessac Léognan Château Malartic Lagravière 2005
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Le nez bien épanoui, a un charme fou ; la caresse de la violette se mêle harmonieusement aux fruits rouges, sur fond d'empreinte un peu fumée avec une touche de résine ; une impression sensuelle assez attachante s'en dégage.
Bouche coulante, savoureuse, au boisé fondu et élégant ; quelques années de plus libéreront ses tannins encore un peu serrés accompagnés d' une très légère amertume. Le grain concentré exprime une belle intensité ; le fruit bien mûr, comme piqueté de touches empyreumatiques et de résine, révèle une vraie complexité. C'est bon, bien jeune encore, mais mérite d'être ouvert aujourd'hui après un long carafage.
8 Pauillac Château Pontet-Canet 2005
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Au nez, une forme d'évidence immédiate ; les mots qui en témoignent le mieux comme s'ils en affleuraient : harmonie, finesse, subtilité ; une présentation d'arômes où le ressenti et la reconnaissance ou pas de ce que l'on sent, prennent figure d'émotion. Une émotion liée ici à la singularité de tel fruit rouge (cassis, griotte), de telle épice (vanille), de telle touche fumée ou balsamique (santal, bois exotique) ; toutes idéales de précision, de définition, de justesse, rentrent en unité parfaite. D'où vient la beauté s'œuvrant tout autant dans un merveilleux paysage géographique, que sur la scène de notre esprit, de notre nez, de notre bouche ? Ou du coin de notre œil quand l'émotion se transforme en larme. Ce n'est pas le vin qui est une œuvre d'art, c'est ce qui est à l'œuvre quand le vin semble vous dire : "goute moi et tu gouteras à toi même "... C'est de la poésie, mais c'est le vin qui nous goute en de tels instants... Trouver le vin excellent est amplement suffisant ! Je pressens déjà les ricanements de mes camarades qui ne manqueront pas, en ouvrant une nouvelle bouteille de Pontet Canet, de me servir à l'aveugle un verre d'émotion fondamentale !
En bouche, le premier mot que l'alliance des saveurs exprime, c'est fraicheur : la même impression d'évidence totale. Comme si tous les éléments rentrant en unité, merveilleusement parfumés, animés d'une tension idéale, dessinés avec une précision d'orfèvre, n'avaient pour seule finalité que cette buvabilité idéale liée à une excellence rare.
Au sujet de cette excellence, Philippe Barret a livré un bien beau témoignage dans
le Rouge et le Blanc, de ses quelques jours passés au domaine, assorti de dégustations, avec Jean Michel Comme.
Alors ces trois 2005 si jeunes encore, mais déjà si bons ? Ce qui est étonnant, c'est de voir le Pontet Canet bien plus ouvert, plus épanoui que le Beauséjour Duffau, tous deux venant de l'une cave de Philippe B (entre Barret et Modat, on ne sait plus à quel Philippe se vouer ! ) qui ne dépasse guère 12°ce qui laisse supposer que le second est plus long à s'ouvrir ; la cave d'André d'où vient le Malartic comme la mienne, flirterait plutôt du coté des 18, voire 20° en été chaud, ce qui n'est pas sans incidence.
Gilles Vérot s'affirme à nouveau comme le charcutier parisien préféré de Benjamin et de notre groupe, mais il faut des vins sacrément structurés pour s'allier à l'intensité des terrines de gibier ; la réunion astucieuse lièvre, foie gras, chocolat lançait un appel fort au St Emilion, quand le chevreuil et le chou un peu plus tendre en gout, révélait la part féminine, un peu fumée du Pessac.
9 Pauillac Château Lynch Bages 2006
Carré d'agneau, pommes de terre, cèpes sautés.
Le nez profond, large procure une impression veloutée ; un tapis de fruits mûrs semble s'étendre comme une caresse, toujours et plus. Le grain aromatique donne un bel exemple de la façon dont le fruit recouvert d'un fin voile de santal, de vanille, est magnifié par son boisé. Peut être pas encore tout à fait fondu à mon gout ; fait pour séduire ? peut être, mais vraiment pas au détriment du fruit profond, moelleux.
En bouche, le vin parait un peu moins épanoui ; son grain concentré, puissant, semble se retrancher un peu derrière ses tannins que l'on a envie de mâcher pour les fondre ; mais la finesse de son coulant, le moelleux de la texture, le festival de saveurs que la longue finale déploie sur la persistance, laisse vraiment augurer d'un vin superbe.
Pour ceux qui auraient une ou deux bouteilles du 2006, je suggèrerais de les laisser murir encore quelques années ; pour ceux qui en auraient un peu plus, n'hésitez pas à en ouvrir une, c'est déjà très bon après carafage.
10 Margaux Château Margaux 1996
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Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, en comparaison du vin précédent, il est passionnant de constater comment dix ans de plus, affine, approfondit, élargit le spectre aromatique. Constatation inopportune, car à millésime égal, la comparaison risquerait d'être identique...Lynch Bages que je n'ai pas gouté si souvent que çà, mais bien plus que Margaux, est un vin superbe (je garde précieusement la dernière bouteille de 90 qui me reste, vraiment somptueuse, un peu hors thème sur ce coup), mais qui ne joue pas tout à fait dans la même cour, quand on passe de l'un à l'autre, du moins sur ces deux bouteilles, me semble t'il.
Ici, ce qui ressort au nez, c'est vraiment la classe, l'élégance folle, une impression d'harmonie souveraine ; les mots semblent s'échouer face à tant de transparence, de présence dont on ne peut plus rien dire, sinon écouter. Plus de mots, c'est le vin qui devient langage : un bouquet merveilleux où le fruit, la violette, le santal ne sont autres que l'émotion qui les porte, qui les célèbre, qui s'y incarne parfaitement.
En bouche, c'est la finesse et le grain des tannins lissant le coulant si soyeux, qui vous touche ; l'extraordinaire qualité de parfums, leur volume aérien, leur souplesse, leur subtilité vous élèvent du fond de leur profondeur. Seule une très légère amertume en finale demanderait à se fondre, mais cela fait cinq jours que le vin est ouvert, même protégé ! Assurément, un vin d'exception, épanoui aujourd'hui (20 ans...), mais si jeune, à peine sur un début d'arômes tertiaires.
11 Haut Medoc Château Sociando Mallet 1986
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Sacré challenge que de servir à l'aveugle un Sociando de 31 ans d'âge, en compagnie de si illustres étiquettes, plus jeunes de dix ou vingt ans. Mais c'est le seul 86 qui m'était proposé ou qui me restait en cave pour rester dans mon thème. Et puis la petite expérience que j'ai de ce vin et ce que semble en penser la totalité des "experts" (note moyenne 90/100 sur ce millésime), me laissait supposer qu'il pourrait "rivaliser sans difficultés avec de nombreux crus classés" (Parker).
Tant que l'identité du vin ne fut pas dévoilée, chacun s'accordait à dire que ce vin était plus épanoui, sur le tertiaire, que l'ampleur et l'harmonie du Margaux carafé, laissait entrevoir un vin hors du commun, quand le Lynch Bages était bien jeune encore. Sans qu'une réelle hiérarchie soit posée, tant chaque vin se goute pour lui même ; et que le jeu, outre l'accord traditionnel, mais toujours délicieux, avec le carré d'agneau, est de deviner l'ancienneté du vin qui plus vieux, qui plus jeune, oui mais de combien d'années : 5, 10, 20 ans entre le plus vieux et le plus jeune en l'occurrence.
Et vla t'y pas, une fois l'identité des vins dévoilée, que notre ami Philippe, décidément très en forme ce soir là, visiblement pas remis de sa soirée Bordeaux Léoville dans le Far Ouest parisien (coucou du neuf quat'
) , nous
affirme suggère que
"Sociando Mallet voulant se faire passer pour un grand cru alors qu'il n'en a pas les qualités, est la plus grande imposture de Bordeaux ". Devant
ce préjugé cette opinion tranchée, de nature à brouiller nos esprits, il ne me restait plus qu'à regouter ce vin, seul, quelques jours plus tard, avec mes seuls critères d'évaluation bien modestes.
Le nez a une sacrée tenue pour son âge, les arômes se sont parés d'une couleur automnale, tout en restant précis, portés par une structure sans aucun signe de mollesse ; le bouquet comme poudré a beaucoup de charme, à mon gout : la violette joue avec le cassis, l'union des deux se transforme en framboise délicate ; sa fine tension le fait évoluer vers la fraise ; son empreinte boisée (cèdre) se pare de notes de cuir.
La bouche animée du même fil acide, est tout aussi tenue, mais comme apaisée ; la structure en demi corps confirmant le coté poudré du vin, n'a pas ou plus , la même ampleur, la même allonge, la même finesse que les vins précédents regoutés ; le vin débouché il y'a une semaine, chemine lentement vers son déclin, non sans une certaine superbe soulignée par la persistance témoignant de son histoire.
Philippe, pour le coup, même si la différence de nos avis, parfois, rarement, fait la richesse de nos rencontres et si je te reconnais une expérience bien plus grande que la mienne, je te trouve bien sévère !
12 Sauternes Château Suduiraud 1996
Roquefort Société bio et poires williams.
Le nez évolué, profond, complètement fondu, donne une première impression de cire d'abeille, de miel ; puis l'abricot affleure, comme éclairé par la tension qui l'anime et le fait évoluer vers les agrumes ; la fraicheur ressentie dévoile des notes de verveine citronnelle.
La bouche assez vive, révèle la même tension bordée d'amers persistants ; mais c'est comme si la texture manquait un peu de matière, de volume, sans apparaitre affaissée ou donnant une impression de mollesse. En fait son coté complètement fondu, tout en restant tenu, parait se fondre en lui même, gardant ses qualités dont la lumière diminuerait peu à peu. Le vin a mangé ses sucres mais un vrai charme en découle sur la persistance parfumée gorgée de saveurs de fruit s'accordant superbement avec l'accord traditionnel avec le Roquefort et les poires Williams.
Le vin, bon au demeurant, parait avoir évolué plus vite que son âge : 21 ans, c'est l'âge de l'adolescence pour un Sauternes 1er cru.
13 Sauternes Château Gilette Crème de Tête 1976
Calisson de Philippe Conticini (La Pâtisserie des Rêves).
C'est un exercice passionnant de regouter en parallèle le Coutet 14 servi en premier et le Gilette CdT 76, séparés par presque 40 ans de différence. Séparés par les ans, mais reliés par la même tension lumineuse, évoquée plus haut.
Le nez de ce Crème de Tête s'ordonne autour du même fil acide qui semble défier le temps : ce vin 20 ans plus vieux que le Suduiraud 96 ferait presque figure d'adolescent à coté, j'exagère un peu...
Paradoxalement, bien que totalement fondu, le nez parait luxuriant, tant il est gorgée de fruit, comme si ses arômes s'étaient transmutés en une seule fragrance concentrée, complexe, puissante, que l'âge aurait rendu posée, tranquille mais si dynamique encore.
En bouche, derrière l'opulence contenue au service de la finesse, l'énergie vibrante évoquant un vrai concentré de vie, on ressent plus l'âge du vin. Comme si le même profil d'équilibre tendu atteignait une rive tranquille où cette bien belle danse de saveurs fondues s'éteindrait doucement, très lentement, dans un halo d'orange amère.
Le Calisson de
la Pâtisserie des Rêves à Paris, confirme tout le bien qu'Olivier et notre groupe, pensent de Philippe Conticini : un vrai régal
"associant le croquant du pain de Gène et du croustillant Duja, la fragilité de la meringue, au fondant de la pâte d'amande à la fleur d'oranger et de la crème au beurre parfumée de confit d'orange".
Merci de m'avoir lu, je passe le relais à mes camarades.
Daniel