Villa d'Este Wine Symposium
Édition 2017
Verticale Domaine Armand Rousseau
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques et Chambertin
Gevrey-Chambertin 1er cru Lavaux Saint Jacques 2012
Robe grenat clair.
Nez délicat et pur, totalement pinot, sur les fruits des bois (fraise des bois, myrtille) lovés dans un élevage intelligent discrètement fumé et qui porte le fruit sans l'abîmer.
Bouche délicieusement équilibrée, d'une propulsion acide parfaitement mûre et qui lance une matière douce et pulpeuse d'une grande délicatesse.
Le vin déroule de jolis goûts de petits fruits rouges dans une élégance classique totalement bourguignonne, sans atours superflus mais d'une précision délicieuse.
La finale se resserre un peu autour de petits tannins agréables et qui donnent immédiatement envie de passer à table.
Un vin pas énorme de concentration (et qui souffrira terriblement de la marche arrière après ses pairs) mais d'un grand classicisme d'expression.
Très bien.
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques 2012
Robe grenat pourpre claire sur le disque.
Nez somptueux, similaire au Lavaux par son fruit pur (mara des bois) mais d'une concentration et expression plus profonde, quand les fruits rouges noircissent et expriment la mûre, la ronce, de superbes notes de pamplemousse rose et de menthe fraiche.
La bouche est magnifique, offrant un soyeux de texture qui pose une chair suave et douce sans une once de lourdeur, d'une fraîcheur parfaite sans que pour autant l'acidité semble s'exprimer, comme si le point de maturité était idéalement trouvée.
Le milieu de bouche voit quelques tanins de bois resserrer un peu l'ensemble qui accélère jusque dans une finale délicieuse de présence, d'allonge et de fraîcheur, à la fois douce de jus et pleine de potentiel, sur de délicieux goûts croquants de petits fruits rouges épicés.
Superbe !
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques 2009
Robe globalement plus dense que le 2012 tout en restant assez claire.
Nez assez serré, presque fermé, sur des notes qui m'évoquent la vendange entière par un côté cendre froide et quelques notes de fruits noirs.
Bouche structurée, puissante à cœur, marquée d'une certaine densité mais sans aucune lourdeur ni confit.
Le vin semble assez renfrogné, en particulier par son aromatique fermée qui livrent des notes de peau de poulet grillé puis, à la seconde passe, des senteurs plus libérées, sur un végétal brillant qui s'exprime sur la ronce et la mûre.
La tenue de bouche est droite et juteuse, sur une concentration, une forme de puissance à cœur et des tanins présents qui vont nécessiter la garde pour exprimer tout ce beau potentiel.
Très bien mais à revoir dans dix ans.
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques 2010
Robe pourpre claire très homogène.
Nez somptueux, sur l'hibiscus, la pivoine, la rose, les petits fruits rouges et une toute petite pointe de volatile qui égratignerait presque cet ensemble somptueux.
Bouche à l'attaque juteuse et fraîche toute en rythme et en tonus, construite autour d'une acidité septentrionale d'une parfaite maturité et qui mobilise une matière à la fois concentrée et filante, avec une capacité de relance remarquable.
Le vin déroule une magnifique énergie toute en scansions, quand la richesse de corps est parfaitement équilibrée par une trame acide dans un équilibre digne d'une cathédrale gothique, d'une apparente fragilité mais d'une tenue sans faiblesse !
La finale se resserre autour de tanins magnifiques issus d'un élevage parfaitement maîtrisé et s'ouvre sur des goûts délicieux de framboise et de fraise des bois.
Magnifique potentiel !
Gevrey-Chambertin 1er cru Clos Saint Jacques 2006
Robe assez dense à cœur mais très claire, presque dépigmentée sur l'extérieur du disque.
Nez au fruit ouvert, très parlant, sur la myrtille, des notes d'épices douces, de résine, offrant une impression de douceur, presque de chaleur typée grenache.
Bouche veloutée, plus posée que les vins précédents sur un moelleux de texture agréable quoique pas très intense après l'énorme densité du 2010, de beaux goûts de pâte de fruits rouges et un côté légèrement solaire à l'acidité légère presque gommée.
Le milieu de bouche se resserre autour de tanins un peu fermes et surtout une certaine amertume qui chahute cet ensemble jusque là si facile en créant un point de dureté.
Si la finale n'est pas parfaite en dégustation seule, sa franchise de goûts, son joli volume et sa lisibilité me laissent à penser que ce vin est à point et se serait exprimé parfaitement à table.
Très bien.
Chambertin Grand Cru 2012
Robe rubis pourpre bien brillante.
Nez riche et frais à la fois, sur de belles senteurs de coulis de fruits rouges enrobées dans un élevage épicé classieux qui porte le vin sans l'épuiser ni l'abîmer.
Attaque volumineuse, ample et glycérinée, d'une épaisseur et concentration supérieure au Clos St Jacques, d'un volume évident à la fois intense en puissance et profond, rythmé grâce à une trame acide et une qualité de tanins bien présents mais géniale de tenue sans agressivité.
Aucun doute, là, c'est bonjour monsieur ! Le vin offre un déroulé intense, tout en présence et en puissance maîtrisée, sur un volume classe à l'aromatique encore limitée d'expressivité mais d'un potentiel qui lui, ne l'est pas. Ce vin est une vraie leçon du miracle du pinot bourguignon, quand un volume plein ne sacrifie rien à la fraîcheur et à la tension par une intégration parfaite de l'acidité à une matière dense sans lourdeur.
Finale impactante, toute en relance, avec des tanins encore présents qui imposent la garde pour se fondre.
Magnifique vin !
Chambertin Grand Cru 2009
Robe plus sombre, sur un grenat foncé.
Nez renfrogné, plus mat et noir, assez rentré en lui même, où le fruit semble s'être refermé et où l'élevage épicé toujours aussi classieux s'exprime.
Bouche sérieuse et séveuse, sur un volume plein à la petite sucrosité délicieuse qui porte une attaque sans lourdeur grâce à une belle acidité.
Le vin pose une puissance certaine, sur un déroulé intense tout en présence et en puissance maîtrisée auquel il ne manque vraiment que plus d'expression aromatique.
Ajoutée à des tanins très présents qui resserrent la finale, cette phase de fermeture évidente vis à vis de
ce vin fantastique
dans sa prime jeunesse impose maintenant la garde afin que le vin retrouve son potentiel de plaisir.
Attente impérative.
Chambertin Grand Cru 2010
Robe grenat dense, toute en profondeur.
Beau nez sérieux et droit, très jeune, sur un boisé épicé qui prend le pas sur un fruit un peu en retrait, sur des notes balsamiques. Repris plus tard dans la dégustation, il libère alors de belles senteurs florales, sur la pivoine, le bouton de rose et des notes poivrées très agréables.
La bouche est monumentale de présence et de puissance maîtrisée, d'une noblesse de corps d'une immédiate évidence, parfaitement carénée par une acidité géniale qui étire le vin dans une trame fantastique autour de goûts de fruits noirs parfaitement frais !
Le vin déroule une profondeur glorieuse, toute en rythme et en panache, avec une capacité de relance phénoménale, à la fois puissant et d'une infinie longueur, sur des tanins géniaux qui étirent la finale en ajoutant encore de l'énergie à cet ensemble exceptionnel.
Heureux les possesseurs de ce vin qui auront la chance de le revoir à son point de maturité.
Grandiose !
Chambertin Grand Cru 2006
Robe assez sombre, sur un grenat profond sans réelle évolution.
L'aromatique est très similaire au Clos St Jacques 2006, sur la myrtille, la rose, une petite pointe épicée, des notes de thé noir.
Bouche un peu ferme, sur une matière assez large et riche mais moins intense, comme un peu ralentie après l'incroyable force motrice du 2010.
Le vin se perd un peu autour d'une forme d'ampleur lente, légèrement alanguie et comme égratignée par une amertume qui perturbe la finale.
Le retour aux vins précédents confirment que ce vin est celui dont la qualité de tanins est peut-être la moins noble, comme marquée d'une très fine pointe de sécheresse.
La finale n'en reste pas moins très longue et je pense que ce vin aurait trouvé sa pleine place de plaisirs offerts à table.
Mais en séquence comme ça, c'est celui qui m'a le moins plu.
Très bien quand même.
Une passionnante dégustation dont on aurait rêvé qu'elle pousse plus loin en âge pour en apprendre encore un peu plus.
Mais la culture du domaine n'était pas de thésauriser et la constitution d'une oenothèque à même de couvrir dans quelques décennies des dégustations de ce genre n'est qu'une initiative récente.
Car force est de constater que la puissance de ces vins, surtout celle des Chambertin, exige la garde pour fondre des éléments qui, en jeunesse ou en dégustation, peuvent paraître plus dissociés, Clos St Jacques se présentant de manière plus immédiate et accessible.
Pour avoir eu la chance de croiser les vins du domaine à leur apogée, c'est à dire après une vingtaine d'années de garde, ils gagnent alors en fondu en intégrant parfaitement leur élevage pour atteindre des sommets d'équilibre, de ceux auxquels les plus grands pinots prétendent, quand ils parviennent à concilier dans une économie de moyens remarquables puissance et équilibre, délicatesse et profondeur.
Un très beau moment.
Un de plus... Alors que je quitte la salle de dégustation avec mes deux verres de 2010 que je souhaite partager avec ceux qui n'ont pas eu ma chance, difficile pour moi de ne pas penser à Alain, lui qui connaissait si bien les vins du domaine.
Du temps de Charles Rousseau.
Du temps des grandes heures...
Allez, vade retro triloulou, il est temps de libérer la salle aux équipes de Villa d'Este pour la soirée de gala qui s'annonce.
A suivre...
Oliv
Crédit photo:
www.borlant.fr/