Voyant le mini-débat concernant la qualité du millésime du 2013 sur la cuvée Clos des Lambrays, ni une ni deux, le "bureau exécutif" Forézien décide d'aller vérifier par lui-même et de porter son avis!!! JB, Cédric et moi-même nous rendons donc sur les lieux. Ceci, c'est pour la version officielle. Pour la version officieuse, une grosse rencontre entre Foréziens et quelques Burgondes le soir aura lieu, près de Beaune, et Simon aura eu la gentillesse de nous dégôter un rendez vous dans un des plus réputés domaines de la Côte de Nuits!
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(Merci encore!!!)
Nous arrivons avec quelques minutes de retard au domaine, le temps est couvert.
Nous nous excusons immédiatement auprès de Thierry Brouin qui nous accueille. Très vite, il nous met à l'aise et nous partons rapidement au chaud au cuvier.
Il nous explique le domaine, sa superficie, la position du Clos des Lambrays et sa situation de "quasi-monopole", empêché seulement par quelques ares possédé et vinifié par le domaine Taupenot-Merme. On aborde aussi les différentes parcelles du domaine sur Morey Saint Denis, et de Puligny (pour les blancs). Il aborde également quelques histoires de la vie du village et son point de vue très personnel concernant plein de sujets: biodynamie, ou approche biologique, les voisins, le rachat par LVMH, sa vision à moyen et long terme du domaine... Tout celà avec une grande franchise et beaucoup d'humour. J'ai adoré!
Les vins, globalement, sont vinifiés en vendange entière, les élevages se font à 50% en fût de chêne neufs, et 50% en fûts plus âgés.
Nous ressortons et passons quelques instants dans le jardin et la cour du domaine, qui est simplement magnifique. Les bâtiments sont superbes...
Nous apercevons un chêne(?) pluricentenaire (350 ans), un séquoia (?) que l'on croit agé de 80 ans au moins...et qui n'en a que 27!!!
Puis, nous descendons en cave...
Nous commençons par humer un fût, en fond de cave. Il s'agit de la Fine de Bourgogne. Je ne suis pas un adepte de ce type d'alcool, mais force est de reconnaître que son odeur est d'un charme diabolique. On y sent des flaveurs de prune et de petits fruits rouges, de façon très pure. Superbe.
Thierry Brouin prend ensuite la pipette, prélève sur différents fûts et procède à un petit assemblage du Morey Saint Denis village 2014.
Le nez est très joli, sur le grillé, la cacahuète, le pop corn...En bouche, on a des fruits rouges, c'est délié et souple. Très Bon, celà devrait être embouteillé prochainement.
Nous revenons en arrière, dans la première cave, pour goûter le Clos des Lambrays 2014, sur fût. Celui-ci est gourmand, rond, gras, et semble déjà prêt à boire!!! Il possède une belle longueur, avec juste un trait de vert en finale qui lui procure de la fraîcheur. Il me semble féminin, d'une grande accessibilité. J'aime beaucoup beaucoup!!!
Le Clos des Lambrays 2013, qui fait tant débat, arrive: La bouche est différente. Elle est plus droite et rigide, presque un peu austère. Il semble bien bâti, et possède une plus grande allonge. Il est tendu, avec des tanins plus serrés, et une empreinte minérale, sur le graphite plus marquée. Thierry Brouin nous dit "qu'il fait plus Clos des Lambrays que le précédent.". Il s'agit à mon sens d'un Très beau vin également, dans un style différent du précédent, c'est vrai. Plus viril, et qui nécessitera une plus grande attente. Mais pour moi, même si la rafle marque un peu plus le vin, le fruité est beau, il n'y a pas de sous-maturité.
Arrive ensuite le Clos des Lambrays 2012, en demi-bouteille, débouché devant nous. On retrouve un vin plus gourmand, avec un pinot magnifique. On retrouve une grosse matière, très facile à boire, un fruité très pur. Très joli, 2012 est pour moi vraiment un très beau millésime sur ce cépage et la côte de nuits, même s'il masque peut être un peu le terroir pour l'instant.
Nous continuons à discuter...tout en nous dirigeant vers l'oenothèque...
ou sont conservés quelques exemplaires de vieux millésimes, dont des 1918...
Thierry Brouin nous parle de la stabilité thermohygrométrique de la cave, tout en nous disant que même dans celle-ci, il y a des "micro-climats"! Il en veut pour preuve que sur les bouteilles, les niveaux de poussière et d'humidité sont différents d'un endroit à l'autre...Des mystères de la nature...Nous regardons, les étoiles plein les yeux...et on parle des différents millésimes qu'il a eu l'occasion de vinifier, et on tombe sur un casier avec quelques bouteilles et magnums de 1981
(voir ici)
Il nous dit que c'est un millésime
"de merde!!!"(sic)...et que
"j'ai pas eu de chance!!!" (re-sic).
"Tenez, je vais vous montrer qu'on peut aussi faire pas bon ici!!!" (rere-sic!!!)...et il en prend une!:
Nous redescendons, et il l'ouvre, non sans avoir cassé le bouchon. Il pense qu'il s'agit d'un Aloxe Corton 1er Cru, qu'il vinifiait à l'époque pour un autre domaine
(Il s'agira en fait d'un Corton Grand Cru Les Maréchaudes du Domaine Saier). La robe est étonnament jeune, d'un beau rubis, avec un disque légèrement acajou. En tout cas, beaucoup plus jeune que son âge. Le nez est un peu poussiéreux, avec un peu de pruneau, pas mal d'orange amère, et un peu de rancio. Thierry Brouin est
"déçu en bien!!!" Il possède encore de la matière, il n'est pas décharné, la finale est courte et un peu plate. Avec une grande gentillesse, il nous offre cette bouteille afin que nous la regoutions (il sait que nous avons une soirée).
Nous avinons les verres et on peut passer aux deux blancs 2013 en bouteille du domaine, ouverts du matin.
Le Puligny Montrachet 1er Cru Les Folatières 2013: Quel nez! On ressent du gras, du beurré, du tilleul, de la verveine, du floral, mais aussi des fruits à chair jaune. On est en présence d'une grosse matière, ample, enveloppante et longue. Un très joli Grand Blanc!!! J'adore.
Le Puligny Montrachet 1er Cru Clos du Cailleret 2013 se présente totalement différement: Le nez est austère et fermé, un peu réduit. La bouche est à l'opposé du précédent. Le vin est plus long, mais surtout beaucoup plus traçant et tendu. On ressent de la pierre, du gravier...quelle minéralité! La finale est plus saline, salivante et citronnée et également plus longue et impactante. Le Clos du Cailleret porte bien son nom. C'est également un grand vin, dans un registre différent...
Cette visite se conclue, nous remercions infiniment le régisseur Thierry Brouin, qui nous parle de sa future retraite dans quelques mois. La visite a été superbe, dans un cadre somptueux, nous avons goûté de grands vins, et nous repartons avec la banane et une quille surprise de 1981 pour ceux qui n'aurons pas eu la chance de nous accompagner!!!
Merci infiniment, et également à toi, Simon, de nous avoir permis de pousser les grilles de ce superbe domaine!