Voici le récit de mon séjour dans cette belle région qu'est la champagne, les commentaires sur les vins que j'ai dégusté sont souvent courts, mais j'ai préféré le plaisir de l'échange et savourer l'instant que de noter de façon analytique chaque champagne que j'ai été amené de boire.





Ici, quand on reçoit on fait les choses bien, mais toujours dans la simplicité. Comme j'aime. Nous sommes reçu dans un salon par une jeune demoiselle qui nous offre un verre de Grande Cuvée, histoire de nous transporter dans l'univers de cette magnifique maison. Joignant le geste à la parole, nous avons droit à l'histoire de Krug, la genèse à travers son fondateur, Johan-Joseph Krug. Il n'est pas question ici de tomber sur une stagiaire ou une étudiante qui débite un texte mal appris, tout ici n'est que passion, simplicité, modestie. Mademoiselle est fière de faire partie de l'équipe, est incollable sur l'histoire de la maison, comme des vins. Cette présentation terminée, place à la balade dans les chais.

La cuverie, propre à y manger sur le sol. Particularité de la maison: les vins de chaque vignerons sous contrat sont vinifiés séparément, c'est à dire qu'ici on ne rassemble pas tous les raisins de Bouzy dans la cuve Bouzy sans distinction de producteur, chaque cuve est réservée à une année d'un producteur, ce qui donne cuve X pour le vigneron Y, récolte de l'année Z, commune W, et ainsi de suite... C'est un peu la bibliothèque de la maison qui donne matière à ré-inventer chaque année la Grande Cuvée...



Le moment de la dégustation est arrivée. Olivier Krug se joint à nous pour recueillir nos impressions et partager la vision Krug. La visite en elle même est déjà un bonheur... Olivier est quelqu'un de vraiment passionné, modeste, simple et dynamique, nous l'avons monopolisé 3h durant, discutant des relations avec les vignerons, de la méthode de vinification, de sa vision du champagne, de son histoire... Passionnant!

Krug 1998

Robe de couleur or, cordon de bulles très fin. Le nez est sur l'amande grillée. La bouche est toastée, avec une belle tension, un coté vineux et cette onctuosité que l'on retrouve chez Krug. La finale est sur les arômes grillés. C'est beau, bien qu'un peu bourru, il demande de vieillir un peu. Le millésime parle selon Olivier

Krug 2000

Avant de gouter ce millésime, j'ai fait part de mon impression à Olivier concernant 2000: Ouais, 2000 c'est moyen, ça ne m'a pas laissé un souvenir impérissable même sur les grandes signatures... Et ben prends toi ça dans ta gueule Benoit! Ce 2000 est sublime, avec ses arômes floraux, d'une délicatesse extrême, onctueux en attaque, l'acidité est cousue main avec une matière noble, un équilibre parfait... Finale brillante... Du grand art! Mais c'est excellent dites moi! Encore une fois, Olivier a su tirer la quintessence du millésime.

Comme m'a dit Pierre Yves, c'est à ces moments là que l'on revoit toutes nos certitudes, car je lui ai fait part de mon scepticisme...

Maintenant vous allez me dire qu'il y a plus de Chardonnay dans le 2000, n'est ce pas?

Euh ben oui, je crois bien

Faux!

Tagueule Benoit, tagueule, la prochaine fois tu la fermes.

Krug Grande Cuvée

Le fleuron de la gamme. J'ai pu lire ici ou là que la GC c'est moyen, bof bof... Et bien pas pour moi! Une robe évoluée, un nez d'une complexité folle, une bulle suggérée, une bouche délicate tout en étant puissante, cette impression d'avoir une main de fer dans un gant de velours, grande finale... Grand champagne... Le meilleur de la série selon ma femme... Bingo! Elle a une touche avec Olivier dont la flamme dans les yeux s'allume, c'est sa fierté!

Il faut 20ans pour faire une Grande Cuvée. 20ans? Oui, 15 millésimes différents, 6ans de repos en cave, ré-inventée chaque année après moult et moult dégustations... On rigole pas avec la Grande Cuvée!

Les millésimes? C'est la nature qui fait tout, nous on ne fait pas grand chose au final.

L'élevage? la pâte Krug? Les assemblages? On s'en balance de tout çà, c'est comme les accords mets/vins, ça fait ch... l'essentiel n'est pas là, si des gens prennent leur pied avec un hamburger, des chips, et un Krug c'est bien là l'important non? D'ailleurs tout le monde dit que Krug est élevé en fût neuf, c'est archi-faux! Nos vins connaissent un passage en fût, vieux de 25ans en moyenne

Les Clos? C'est facile. On prend les raisins d'une parcelle, point. C'est bon on le montre, c'est pas bon, ça dégage. D'ailleurs, pas de Clos en 2011, car nous avons fait les mauvais choix...

Mais la Grande Cuvée, The Grande Cuvée, c'est là où tout le monde s'arrache La Grande Cuvée c'est un tableau, les Clos, les millésimes, ce ne sont que des étoiles dans le tableau

C'est le souhait du fondateur.

Un mot pour résumer cette visite: Génial! Il y a de la passion ici, de l'exigence, de la modestie, tout ce que j'aime... Krug n'est pas du champagne, c'est de l'art...

Vous revenez quand vous voulez Ah bon? Si je fais le tour du quartier, c'est bon? Je vais pouvoir revenir tout de suite après?



Voici un autre producteur dont j'apprécie beaucoup les vins. Rdv a été pris 15 jours auparavant. Nous arrivons à l'heure à Oeuilly puis nous attendons au caveau. Une demi-heure. Soudain la porte du secrétariat s'ouvre et une employée montre le bout de son nez. Excusez moi je vous avez pas vu Ah bon? C'est vrai que la porte vitrée du secrétariat ne donne pas sur le caveau, c'est vrai que je ne fais pas les 100 pas, c'est vrai que je me pointe sans rendez vous...

Bref... Passons, on commence? C'est 15€ pour une dégustation Hein? You're talking to me? Tu sais d'où je viens là? Tu crois que je monte jusqu'ici pour me pochtronner à l'oeil alors que j'annonce ma visite 15 jours avant? You're talking to me? C'est 15€ pour une dégustation...

Bon allez au revoir... NUL! ZERO! C'est franchement pathétique!



Retour aux fondamentaux. Avec Cyril, vous êtes reçus chaleureusement, avec sourire et simplicité, et à l'heure en plus! Comme d'hab quoi. Un verre de Tue Boeuf 2005 nous tend les bras, avant de débuter la visite. C'est un champagne frais, un poil vineux, avec une très belle matière, et surtout une belle acidité qui fait défaut, tout du moins je trouve, sur pas mal de 2005.

Ici, ça bouge, on investit dans un nouveau pressoir, les chais n'ont rien à envier aux grandes maisons, c'est nickel chrome, super équipé pour tendre vers la qualité. Cyril est ambitieux, et il se donne les moyens de cette ambition. M'est avis que cette maison va gravir les échelons dans la hiérarchie champenoise. La cave recèle quelques trésors ici aussi... Puis vient la curiosité maison: le ratafia vieillit en bonbonne de verre sur la terrasse.

Et en avant première, une cuvée qui va sortir bientôt: Le chemin de Conge 2006 100% pinot meunier ( j'ai bien répondu cette fois ci ), c'est un beau champagne à la bulle fine, avec une matière qui enrobe ce zeste d'acidité qui pourtant n'est pas la force de ce cépage endémique. A suivre!

Ma femme a beaucoup apprécié le ratafia, tu marques un point Cyril! Car Madame est très exigeante...

Pour clôturer cette belle journée, 2 très beaux champagnes sont ouverts pour le plaisir des papilles:

Francis Boulard millésime 1997

Ah l'ami Francis, qui, avec son sourire en coin lorsqu'il m'a vendu le couple de comète me disait "tu verras, tu m'en redemanderas, c'est excellent!" Ah oui?
Robe or paille, bulles très fines. Nez explosif sur la noix et les fruits à coques. L'attaque est une vive caresse, ça fait palpiter la langue, avec très bon équilibre, l'amande douce envahit le palais, la finale est d'une fraîcheur exquise... C'est excellent, un champagne d'auteur! Il a tenu la corde sans jamais faiblir par rapport à son "concurrent" jouant dans un registre fort différent.

Krug 1990

14ans de maturation en cave ont été nécessaire à Krug avant de présenter ce millésime. Des arômes torréfiés se dégagent du verre, la bulle est comme taillée au laser, et il n'y a pas que la bulle qui est de précision... Car en bouche, c'est monumental. Les saveurs de moka emportent tout sur leur passage, avec une acidité qui apporte ce supplément de fraîcheur. C'est généreux avec ces arômes de grillés et fruits séchés avec une pointe de miel. Grande finale qui tapisse le palais et la gorge. Un champagne sérieux, mais encore une fois, le génie Krug évite l'écueil du millésime, avec ce coté too much que je retrouve parfois dans les champagnes de cette année.

La dégustation se déroule avec Erick, qui est de ces vignerons taiseux, mais qui savent de quoi ils parlent.

Brut Réserve Grand Cru 100% chardonnay, assemblage de différentes années (2 à 3) ayant au moins 25% de vin de réserve dans l'assemblage. Belle vivacité dans cette cuvée, avec de la maturité, de la droiture et une pointe de vinosité, sans pour autant oublier les notes mentholés et mielleuses. Bel équilibre et fraîcheur, complet que je trouve supérieur par rapport à beaucoup de cuvées similaires dans d'autres domaines, avec ce supplément de personnalité.

3A: de l'aveu même d'Erick, c'est une cuvée qui se cherche encore un peu. 50% Avize, 25% Aÿ et 25% Ambonnay. La proportion de vins de réserve qui sont dédiés à cette cuvée augmentent d'année en année, ce qui l'étoffe un peu. Eric a cherché à lui apporté un peu de gras en procédant à un passage en fût. Nez fruité avec des agrumes et un coté beurré du fait de l'élevage. La bouche apporte la touche vineuse avec les fruits noirs. L'association suave du pinot noir avec la fraîcheur du chardonnay opère. Pour moi c'est un beau vin, et l'exercice est délicat.

Cuvée des Caudalies blancs de blancs: mon chouchou, j'adore cette cuvée, élevée en solera depuis 1995 et composée uniquement de vieilles vignes. Élevage 100% fûts avec 15% de chêne neuf. Champagne élégant et à la structure harmonieuse avec une touche de vanille bien intégrée. C'est racé et complexe à souhait, j'aime vraiment beaucoup.

A noter que la première bouteille soumise à la dégustation, de l'avis d'Erick, était bouchonnée. Point de vulgaire goût de bouchon ici, mais un mutisme complet qui m'a fait penser à Salon 1995 qui devait être touché du même fléau...

Cuvée des Caudalies rosé l'ajout de 10% de pinot noir vinifié en an en barrique confère à cette cuvée beaucoup de finesse aromatique. Le pinot lui donne de la charpente, avec ses petits fruits rouges et un léger gout de noisette, alors que le chardonnay lui offre son évidente finesse, le tout dans une robe saumonée. Pour moi c'est très bon

Cuvée des Caudalies 2006 petit nouveau des millésimés, c'est un exercice difficile que de donner une impression, tant il a paru engoncé dans son costume, timide, mais prometteur avec cette matière et cette acidité ciselée. A noter que le tarif commence sérieusement à faire réfléchir voir à décourager, à 106€ départ cave...

Une belle dégustation, très agréable, avec beaucoup d'infos glanées sur le domaine.



Reçu par Mme Egly, la dégustation se fera rapidement mais dans la bonne humeur car le planning est chargé pour chacun.

2 champagnes à la dégustation:

Blancs de Noirs vieilles vignes Grand Cru: Je ne cache pas mon admiration pour cette cuvée, pour moi, c'est LA référence en blancs de noirs. Et encore une fois, elle est à la hauteur, avec cette sensation de petites baies de fruits rouges, c'est pur, éclatant avec une allonge rare. Excellent!

Brut VP: beaucoup plus tendre que le premier, il en reste complexe et tendu, avec un boisé parfaitement intégré (72 mois d'élevage) et des notes de craies typiques. C'est très bon.

Ce producteur, de moins en moins accessible, confirme son statut de référence

Reçu avec beaucoup de simplicité, on a droit à l'ensemble de la gamme. Étant gêné par tant d'égards (la gamme compte pas loin de 10 cuvées et puis bon, après nous avions prévus d'aller à Reims...), je m'attarde sur les cuvées que je n'ai pas encore eu la chance de découvrir.

Blancs de Blancs Brut Pierre de Justice: j'avoue ne pas avoir accroché à cette cuvée, un peu trop passe partout à mon goût. Le dosage?

Blancs de Blancs Brut Nature: ben voilà, là on retourne à l'essentiel, salin, pur, droit, minéral, une belle cuvée et pour 16€, une bonne pioche. Certainement le dosage donc...

Millésime 2005: nouveau né, il est bien trop boisé à mon goût à l'heure actuelle, à revoir donc.

Pour moi, les 7, les Beaudiers et le Blancs de blancs nature sont vraiment au dessus du lot, et à noter également la sagesse tarifaire par rapport à ses confrères...

Nous avons terminé ce séjour par 2 champagnes, chacun ayant ses particularités:

Roses de Jeanne La Bolorée récolte 2007

100% pinot blanc, c'est une champagne à l'effervescence fine, très gourmand, agréable, fruité à foison, mais avec un déficit en acidité. Certains diront même mou. Millésime? Je ne sais guère, en tout cas à l'heure actuelle ça se boit avec beaucoup de gourmandise, mais il est clair que je ne garderai pas cette cuvée des décennies.

Cristal Rosé 1989

Robe saumon, bulle discrète et caressante, arômes torréfiés avec un mélange de fruits rouges bien mûrs. La bouche est d'une tendresse superlative, tout n'est que finesse, délicatesse, avec un fruit pur. Généreux dans sa douceur, c'est un véritable délice, de la haute couture avec une profondeur et un équilibre sans faille. Un des plus beaux champagnes que j'ai dégusté, et je me rends compte qu'il y a quelques 89 dans le lots. C'est absolument magnifique!

Ma conclusion? Ben je vais revenir!

Hé bien une belle petite virée Benoit!

Accès au saint des saints chez Krug, bravo!
El l'accueil chez Egly, pas si mal...

Superbe !

Luc

Magnifique reportage Benoît!

On sent le passionné de la Champagne.Belle sélection en plus! (à part Tarlant peut-être )

jlj

Merci. Ce fut vraiment un beau séjour, parsemé de beaux vins avec surtout de belles rencontres.

Pour Tarlant, tant pis, il y a tant de producteurs, si c'est comme ça qu'ils considèrent leurs clients qui prennent le temps de faire le déplacement, c'est bien dommage!

Impressionnant, bravo ! Etre reçu de cette façon chez Krug...

Triste pour Tarlant, dont l'acceuil n'est pas à la hauteur des vins (ce n'est pas la première fois que je l'entends...). Pourtant leur cuvée "Zéro" (nature) et surtout leur "Vigne d'Antan" ( Chardonnay non greffé) valent vraiment la peine, à un prix tout à fait raisonnable.
Je te rejoins aussi sur le Blanc de Blanc nature de Laherte - j'adore, assez simple, mais un vrai plaisir ! Chez eux, il faut aussi absolument essayer la cuvée "Les Beaudriers" (un rosé de saignée élaborée à partir de pinots meuniers VV).

Super ce séjour.
Cela confirme les achats que je souhaite faire en champagne.

Merci pour ce partage.

Bonjour Roger;

Autant pour un domaine comme Cyril situé en plein centre d'Épernay ou de Reims, qui voit débarquer des cars de touristes assoiffés, je peux comprendre la volonté de faire payer la dégustation, mais la, à Oeuilly, je doute que ce soit le cas.

Et bien tout cela donne vraiment envie de prendre la route vers cette merveilleuse région !
Merci Benoît !

Olivier

Benoît, merci de ce reportage fort plaisant à lire avant le dîner. Pour peu, ça donnerait envie d'ouvrir un champagne, tiens !

Bonne soirée.
Phil

Top ! on s'y croirait. D'ailleurs j'y suis.

Pour aller chez Krug il faut ses entrées ou une prise de RDV surffit ?

Nickel, dans pas longtemps c'est mon tour

Il faut "tes entrées" chez Krug petit manseng

Amitiés
Julien

C'est vrai qu'on s'y croirait !

Merci pour ce beau reportage.

Merci Benoit pour ce très beau reportage.

Ca donne vraiment envie d'aller passer quelques jour dans cette belle région.:)o

A+

Quentin

Je reviens sur l'épisode Tarlant:

J'ai eu Micheline Tarlant au téléphone ces derniers jours, et elle s'est confondue en excuses. C'était elle qui devait nous recevoir, mais ayant été retenue à la dernière minute par un transporteur, elle n'a pas répercuté l'info à ses employés. D'où l'imbroglio. Elle me propose bien entendu de repasser au domaine ultérieurement pour éffacer l'incident.

Néanmoins, je réitère mon propos sur le fait de faire payer la dégustation, c'est assez léger, car je ne. Lis personne monter jusqu'à Oeuilly histoire de se rincer à l'oeil.

Salut Benoit,

Je relisais avec plaisir ton récit ! Krug 1880, ça fait rêver

J étais passe a travers et n'avait pas vu ce récit. Bravo benoit. Superbe !! Ça donne envie de monter dans ses contrées...

Arnaud.

À vrai dire, je serai contenté sans problème d'un "petit" 1966, qui, paraîtrait-il, ne donnait pas satisfaction à l'époque et qui est éclatant aujourd'hui selon Olivier!

Merci à vous 2!

Très belle ballade, Benoit.
Merci pour ce partage.

Jean-Paul

Au sujet de : Les visites et dégustations gratuites
Je demeure à quelques x centaines de mètres d'un Center Parc de 800 chambres ... + ...,
j'ai régulièrement des demandes de visites de groupes (petits de 5 - 6 personnes et + grands), ...
tous les visiteurs ne sont pas nécessairement des (grands) amateurs ...
certains visiteurs souhaitent juste découvrir la façon de produire le champagne, connaître le quotidien d'un vigneron - d'un vignoble - d'une exploitation,
et goûter un vin, sans obligation d'achat.
La participation à la visite d'un tour de chais, voir de vigne + dégustation ne me semble pas exagérée et les libère de toute contrainte d'achat.
C'est d'ailleurs appliqué dans la plupart des grandes maisons, je ne vois pas pourquoi on reproche cette formule aux petits vignerons (?),

Je peux en parler ici assez ouvertement, pour avoir reçu quelques intervenants de ce forum en visite à notre caveau, ...
aussi je ne pense pas que vous ayiez eu à vous plaindre de mon accueil...
Mais il faut imaginer que tous les visiteurs ne sont pas des LPViens, certains autres visiteurs cultivent l'oenotourisme sans obligation d'achat, juste pour passer un moment avec un vigneron.
J'ai quelques anecdotes croustillantes à ce sujet ...
ce boulanger - pâtissier rémois qui était venu à l'improviste avec toute sa famille le lendemain de la communion du gamin
pour visiter un vigneron et juste goûter ses vins (pour passer l'après-midi) ...

Comme quoi, ...

J'évoquais juiste ce sujet là,
sujet à x polémiques, je n'ai pas l'intention de m'épancher + sur le sujet.
Je livre là, juste mon témoignage de vigneron, situé à 10 kms du Center Parc de L'Ailette et du parvis de la Cathédrale de Reims.

Amitiés,

Cher Francis,
Votre réponse, loin de lancer une polémique, me parait pleine de bon sens.
A titre personnel, je ne connais pas encore vos produits, et j'envisage de venir vous rendre visite ce mois de juillet. Je ne serai pas choqué, que vous m'annonciez une participation LORS DE LA PRISE DE RENDEZ VOUS, comme cela je suis prévenu. Comme vous le précisez, cette participation permet d'envisager une dégustation variée et non pas seulement avec la cuvée "de base" comme c'est le cas chez certains (on peut d'ailleurs les comprendre, je ne jette la pierre à personne, un vigneron et aussi un chef d'entreprise).
Elle permet également de s'exonérer de la contrainte d'achat, j'ai des souvenirs "embarrassés", lorsque, après dégustation, les vins ne me convenant pas , je n'avais surtout pas envie d'acheter, et j'étais gêné vis à vis du vigneron qui me recevait souvent très gentiment, mais il ne suffit pas d'être gentil pour faire de bons produits. Je suis certain que ce ne sera pas le cas lors de ma visite chez vous...
Dans ce contexte la participation n'est pas choquante, nous ne nous connaissons pas et là les choses sont claires. Ce qu'a voulu certainement exprimer Tarkan, c'est que en tant que client régulier, et connu du vigneron, cette règle parait absurde. Je l'aurai vraiment mauvaise si, par exemple, Jean Baptiste des champagnes René Geoffroy, chez qui j'achète régulièrement depuis de nombreuses années, me demandait une participation lors d'une visite chez lui!!!!
Voilà. L'essentiel, est que nous passions un superbe moment lors de nos visites et que le vigneron "s'y retrouve"
Atrès bientôt
Gbacchus

Bonjour à Tous,

Ayant passé quelques jours en Champagne la semaine passée, je dois avouer que pas un seul domaine que nous avons pu visiter proposent des dégustations gratuites, ce qui me parait normal.
Après, selon le feeling, les achats etc... beaucoup d'entre eux offrent la dégustation. Comme l'un d'entre eux m'a expliqué, il y a quelques temps lorsque les dégustations étaient gratuites, il se sentait plutôt comme un "bar gratuit" plutôt que comme un vigneron qui fait découvrir son produit.

C'est pareil en Bourgogne, les dégustations sont souvent annoncées comme payantes, puis de fil en aiguille, sont offertes (on en a quand même payée certaines ).

Et certaines fois, payer pour une dégustation évite effectivement de se sentir "obligé" d'acheter des vins qui ne nous ont pas plu !

ZenoB.

Je suis stupéfait ! Quel vigneron fait payer la dégustation ? Vous parlez peut être de visite de grandes maisons ?

Non...

Ce qui se fait beaucoup en Bourgogne, c'est de demander une participation a posteriori lorsque la dégustation ne débouche pas sur un achat.

Je ne partage pas ton sentiment Benoît.
C'est mieux d'établir les conventions avant,, lorsque les personnes formulent leur demande de visite.
De même, j'imagine que l'on ne va pas au restaurant, sans avoir pris connaissance des menus avant de réserver une table.

J'étais un peu inquiet de mettre cela en place, il y a 3 mois,
mais finalement, les visiteurs sont satisfaits de la formule ... ce qui les dégage de toute * obligation* (entre guillemets) d'achat.
C'est ce que la grande majorité des visiteurs nous ont confié.

.Amitiés,

Bonjour,

En tant que simple amateur sillonnant nos vignobles, on ne peut que constater d'importantes disparités : tiens, l'Alsace où même les étoilés Bettanés vous reçoivent et font gouter une -haute- gamme sans coup férir, ou la loire assez similaire...et la Champagne....où je ne visite que très rarement les vignerons si je ne suis pas accompagné ET avec la quasi-certitude de ce que je vais acheter.

N'oublions pas qu'une bouteille à bulles entamée est une bouteille morte le lendemain...donc bizarrement, il n'y a plus qu'en champagne (cad chez moi) que j'achète le champagne plutot en caviste, étonnant, non ?

Sinon, c'est vrai que c'est un métier de savoir conduire une visite en fonction de la personnalité du visiteur, savoir "éconduire" (à prendre au sens poli, mais ferme et courtois) aussi...impatient de nature je ne les envie pas nos bons vignerons...si j'étais eux je rêverai de n'accueillir que des passionnés-acheteurs....

Payer pour déguster, pas dans ma nature car je me sens acheteur à priori car ayant sélectionné avant la prise de rdv, mais le concept est à intégrer : la phrase de F6Boulard sur la liberté de ne pas acheter est à méditer. Pour qu'elle soit comprise, il faudrait qu'elle soit un peu généralisée aussi, au minimum dans le top 100 des récoltants dont il fait partie...cela se saurait vite et serait peut être plus vite compris : n'est ce pas ce que font les négociants aux vins plus chers et si moins bons ?

Frédo

Bonjour Francis;

Je dois dire que, comme Frédo, je sélectionne les domaines où je mets les pieds, et que, mis à part catastrophe, je viens pour acheter. Je ne me tape pas 2h de route pour me rincer à l'oeil, car au vu le prix de l'essence... A ma prise de rdv, au téléphone, on me demande 2 fois sur 3 où j'habite... Ils savent donc, que ce n'est pas qu'une visite de courtoisie vu la distance...

Cela dit, je comprends très bien vos problèmes à vous vignerons. Voir un car entier de wallons assoiffés débarquer pour au final ne vendre que 2 bouteilles de BSA, et rincer une soixantaine de gosiers, ça calme (et c'est du véridique). C'est comme aux dégustations du 520 chez PY le samedi matin, où, plus d'une fois, j'ai vu des gens arriver, se remplir la panse de petits fours, se resservir plusieurs fois auprès du vignerons, ah ma foi, c'est très bon et bien agréable, vous êtes bien brave mon cher monsieur, un bon petit apéro à l'oeil, ça ne se refuse pas... Ca me fout sur le cul... Mais tous, heureusement ne sont pas comme çà...

Maintenant, quand je dis a posteriori, pas tout à fait en fait. C'est affiché et clair dès le départ. Sauf que, sauf que, il y a plusieurs façon de faire. La façon rustre, et la façon commerciale. La façon rustre, serait de demander dès l'arrivée une participation, avant même de remplir le verre. La façon commerciale, c'est de laisser se dérouler la dégustation, et à la fin, si l'affaire ne se fait pas, demander une participation.

Oui, au final, la frontière est ténue. Mais elle fait la différence néanmoins. Car faut se mettre à la place du client (moi en l'occurrence) qui fait sa petite sélection, qui appelle pour prendre rdv 3 semaines avant, qui fait la route, et qui, dès son arrivée, doit mettre la main au portefeuille pour faire une dégustation.

Mais comme je le dis, tous ne font peut être pas comme moi, et j'entends bien que passer du temps à accueillir des visiteurs sans que cela ne débouche sur rien de concret à part l'imprégnation d'alcool de vos hôtes, c'est pas ce qui se fait de mieux, et surtout, c'est du temps perdu pour vous récoltants/manipulants qui n'ont pas de personnel dédié à l'accueil des clients.