Ça y est, je suis presqu’un ancien de ce groupe ! Deuxième manche en quinze jours, un joli rythme qui va être ralenti par les vacances avant de reprendre de plus belle à la rentrée. Moi, avec un tel groupe, ça me va !
Après l’Italie, place aux bulles. Soirée dans un lieu un peu magique à quelques centaines de mètres de Paris (Porte de la Villette), mais on est complètement ailleurs…
Ignorant les règles très strictes du groupe, j’ai amené un pirate. Tout le monde m’a regardé d’un air navré, attendant le carton jaune ou rouge de Daniel qu’il n’a finalement pas sorti, puisqu’il avait lui même pris ce Vouvray pour un (bon) champagne !
Au progarmme :
1- Foreau - Vouvray Réserve 2007 (pirate)
Je ne suis pas mécontent d’avoir bravé (sans le savoir !) les interdits. Car tout le monde a pris ce vouvray pour un joli champagne. Matière vineuse, du caractère, peu de dosage, finale dynamique, bulles fines. C’est très bon et pour 15 € (prix payé au domaine), ça enfonce quantité de champagnes, même corrects.
2- Agrapart - Mineral 2006 (100% chardonnay, 4 ans de vieillissement, Extra Brut avec 5g de sucre/litre.
J’adore le style d’Agrapart. Attention, si on n’y prête pas un peu d’attention les champagnes de ce producteur de la Côte des Blancs peuvent sembler un peu anodins. Tout ici est dans la finesse, la délicatesse et la discrétion. Il faut l’attendre un peu dans le verre (ou le passer en carafe juste avant le service comme on l’a fait dans un deuxième temps) pour que ses arômes se développent un peu plus mais toujours avec une belle élégance sur la réserve. Un style cristallin que j’apprécie particulièrement et que l’on retrouve sur toutes les cuvées.
3- Duval Leroy - Clos des Bouveries 2005 (100% chardonnay peu dosé)
On bascule dans autre univers avec d’emblée des notes oxydatives et lactées. Un champagne plus ample, plus large (sans excès), plus classique aussi sans doute aux yeux d’un consommateur intermittent de bulles. Pour moi c’est un style que j’aime moins, un peu plus saturant, moins facile à boire, même si la finale reste assez agréablement saline et plutôt persistante.
4- Larmandier Bernier Terre de Vertus 2007 (Blanc de Blancs)
Une déception. J’aime beaucoup d’habitude le style de Larmandier-Bernier, pas si éloigné à mon sens de celui d’Agrapart dont ils sont un peu voisins. Je goûte assez régulièrement leurs vins et j’ai le souvenir de vins également cristallins, très frais et tendus. Là j’ai pensé à un champagne de pinot noir un large bien que dynamique, mais avec des notes de vase pas très agréables. Un problème de bouteille ? J’ai la même à la maison en version 2008, je vais bientôt voir ce qu’il en est…
5- Gimonnet Special Club 2005 (100% chardonnay)
A l’inverse une des révélations de la soirée pour moi car si je connaissais la marque, je ne crois pas avoir jamais goûté un de leurs champagnes. Celui-ci est leur haut de gamme. Un très joli nez fruité et expressif, très net, une superbe énergie en bouche, une matière à la fois cristalline et riche, d’un équilibre magistral. Superbe buvabilité et un prix remarquable pour un champagne de ce niveau (moins de 40 euros).
6- Dom Pérignon 2002
Quand on se prétend amateur un peu pointu, il y a des vins qu’on adore détester. Dom Pérignon par exemple, cette cuvée soit disant élitiste produite à des millions d’exemplaires. Mais à l’aveugle… j’ai plutôt aimé. Joli nez expressif sur des notes de champignons (rose des prés, champignon de Paris) et des touches un peu lactées. En bouche la matière est assez marquée mais reste fine et possède une belle énergie. Elle est sans doute bien servie par le millésime 2002 qui est grand en Champagne. Si on cherche la petite bête on peu lui trouver un côté un peu trop classique, convenu, sans le côté surprenant qui entraine l’émotion. Le petit problème c’est qu’à trois fois le prix du Gimonnet, il n’y a pas photo et je passe mon tour ! Ouf, il n’y aura pas de Dom Pérignon dans ma cave…
7- Francis Boulard - Grand Cru Grande Montagne (ex Mailly Champagne, Extra Brut, 30% 2010 + réserve 2008 et 2009, 60% pinot noir, 40% chardonnay).
Un très joli champagne d’un équilibre quasi parfait entre son côté vif sa part d’onctuosité (sans doute grâce à son encépagement et l’apport des différents millésimes de l’assemblage). Du coup c’est un champagne qui se boit facilement, très agréable, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable. Mais si tout pouvait au moins être de ce niveau, le monde serait parfait !
8- Egly-Ouriet Brut VP Grand Cru (pinot noir d'Ambonnay)
J’imaginais ce vin (en provenance de ma cave) assez différent. Un pinot noir sur les coteaux d’Ambonnay, j’imaginais ça un peu joufflu, puissant, très vineux. Et là finalement on est face à un vin certes sérieux, d’une belle densité, assez ample, mais sans aucune lourdeur, très dynamique en bouche, très facile à boire. Un champagne plus “tout-terrain” que je l’imaginais, c’est à dire qu’on peut le servir à l’apéritif mais il se tiendra très bien aussi à table. Son nez un peu iodé et sur des notes de champignon, s’est bien ouvert après quelques minutes passées en carafe. Un beau champagne qui peut faire penser que le classicisme a parfois du bon !
9- Laurent Perrier - Coteau Champenois (supposé de 1969)
C’est rouge et ça n’a pas de bulles. Les Champenois avent aussi faire du vrai vin !
Pour ma part j’ai trouvé ce vin un peu fatigué par les ans, même s’il n’a rien de véritablement fané ou passé. Mais j’imagine qu’il était quand même plus fringant vingt ans plus tôt. Là ça lui fait quand même 45 ans et ça se sent un peu même s’il reste pas mal de choses dans le verre. On est surtout sur des notes de vieux vins, type rose fanée, c’est agréable mais un peu monolithique.
10- Egly-Ouriet - Coteaux Champenois d'Ambonnay “Cuvée des Grands Côtés” 2009
Alors là j’annonce un truc qui sort de l’ordinaire… J’avais déjà goûté ce vin il y a deux ans et j’en gardais un bon souvenir. Mais c’était lors d’une journée professionnelle très chargée en dégustations et peu propice malheureusement pour s’attarder sur un vin. Là ce n’était pas le cas et j’ai pu me vautrer longuement dans la matière pulpeuse et juteuse de cet immense pinot noir. Un nez envoûtant, très épicé, m’évoquant, si, si, les grands vins de Lalou Bize-Leroy. Moi qui suis moins “nez” que “bouche”, là j’avoue que je m’attarde, que je flâne en route, découvrant à chaque fois de nouvelles pistes aromatiques. En bouche, quelle matière ! Une superbe maturité exacte des raisins et un jus d’une densité pulpeuse absolument renversante. On goûte rarement des vins aussi denses et aussi frais et faciles à boire en même temps (j’ai eu exactement la même sensation sur les cinq bouteilles du Domaine Leroy que j’ai eu l’occasion de boire dans ma vie d’amateur chanceux). Au niveau des plus grands Côtes de Nuits, évidemment, mais dans un style légèrement plus crayeux me semble-t-il. Malheureusement le prix est presqu’au même niveau aussi ! (j’ai vu le 2010 à 70 euros je crois)…
11- Vincent Couche - Sensation 1997
Difficile de passer après un tel rouge… Mais j’avais déjà goûté à l’aveugle ce vin et je ne l’avais pas tellement apprécié non plus. Pas mal de volatile au nez, la matière part un peu dans tous les sens entre sensations sucrées et acides, peu d’harmonie et avec une matière un peu rustique et sans charme. Tout le contraire d’un Agrapart ou d’un Gimonet.
12- Fleury - 1996
J’aime bien Fleury d’habitude, mais là petite déception sur ce vin d’un grand millésime pourtant. Le style habituel de la maison, un peu “vieux style”, légèrement oxydatif, mais il n’y a pas la finesse de vinification que je trouve dans les vins plus récents. C’est un peu la caractéristique de la Champagne, ce décalage dans le temps à cause de leurs longues vinifications sur lattes. Et cela confirme que Fleury a beaucoup progressé sur ce plan depuis une dizaine d’année avec l’arrivée de la nouvelle génération. Depuis 2004 on est sur une expression bien plus libre et moins contrainte.
Philippe