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conclusion voyage en Champagne juin 2005 (tentative)

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Conclusion pour la Champagne

Ce fût un grand plaisir que de découvrir pour la première fois l’environnement immédiat de ces grandes maisons champenoises.
Les informations fournies par les domaines ou précisées grâce à la connaissance pointue de Pierre-Yves Cainjo nous ont permis de mieux cerner les enjeux de la production de ce vin de notoriété mondiale.
Nous avons ainsi abordé les meilleurs crus de la Montagne de Reims, de la Côte des Blancs, de la Vallée de la Marne (qui sont les régions essentielles). Il s’agit bien entendu d’une première approche, sachant que l’exploration intensive de la spécificité des crus prendrait une vie.

Nous n’avons dégusté que quelques vins tranquilles (chez Egly-Ouriet seulement) : des vins au taux d’alcool un peu plus bas, normalement très acides. Nous n’avons pas assez d’expérience pour en juger les promesses avec suffisamment d’acuité..

Nous avons trouvé des vins qui expriment bien entendu autre chose que le tout-venant champenois (bulles grossières parfois fulminantes, expression verte et acide). Car en dépit d’un niveau qualitatif parfois dramatiquement bas, le champagne parvient à rester un vin de prestige qui peut impliquer trois chaptalisations successives, ainsi qu’un renoncement à la spécificité de chaque millésime (pour les BsA du moins).

Les styles sont différents, tous de haut niveau et implémentent de la finesse, de la complexité et une persistance enivrante, plus ou moins fougueuse.
Les matières peuvent être crémeuses ou tranchantes et il n’est jamais évident de deviner les proportions de raisins blancs et rouges. La vinosité n’est d’ailleurs pas si facile à définir et elle décrit, selon les endroits, la richesse du vin ou les sensations organoleptiques liées à la proportion de raisins rouges.

Pour une cuvée donnée, le Champagne représente une formidable science pratique de l’assemblage dans l’espace (jusqu’à 40 provenances géographiques de crus), mais aussi dans le temps (plusieurs millésimes mélangés pour une constante gustative), le plus souvent voulu comme signature de la maison. Il faut également ajouter l’apport éventuel limité mais complexe et déterminant du travail de parfumerie concernant les liqueurs de tirage et d’expédition.

Les meilleures (et nombreuses) expressions sont précieuses, notamment grâce à cette effervescence qui ajoute à la griserie et peut provoquer l’enchantement (que ce soit à l’apéritif, au service de la légèreté gaie, ou à table, avec plus de poids). Le Champagne reste bien cette ambroisie magique incomparablement festive, en mesure de procurer un plaisir unique.

Quelques pistes d’appréciation :
- Krug, Bollinger, Salon, avec des vins magnificents, forment l’élite
- Delamotte produit des vins de grande qualité, classieux, sans tapage mais fiables
- Selosse sublime le caractère et la corpulence, pour des raisins blancs travaillés dans un style baroque, oxydatif
- Egly-Ouriet, dans le cadre d’une certaine filiation œnologique avec Selosse, élabore des vins de pinot noir puissants, plus classiques
- Jacquesson constitue une valeur sûre, pour des vins pensés, servis par leur limpidité et leur éclat
- Billecart-Salmon est à revoir car les expressions furent un peu désordonnées et trop furieuses (le Clos St-Hilaire n’a pas été goûté)
- Roederer ne nous a pas mis pas en condition pour juger le meilleur de sa production (pourquoi insistent-ils tant sur leur volonté de faire des vins d’apéritif (festifs) – et non des vins de repas ?)

Pour chaque maison, la hiérarchie est respectée : vins non millésimés, cuvées prestige …
Côté millésimes, 1996 est une année mémorable (sans équivalent sur plusieurs décennies), richement dotée, aux fortes mensurations (mais parfaitement équilibrée). 1995 et 1997 sont nettement plus accessibles.
26 Aoû 2005 12:06 #1

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août 2005, à table :

Champagne – Moët et Chandon – Dom Pérignon 1993 :

VM17,5 – JP17 - PP17,5 – LG18
- Le fruit est généreux et les fleurs aguichantes. Le grillé est subtil et la minéralité expressive. De la profondeur.
- La bouche convainc avec ses sensations crayeuses et sa tension. Le fruit est blanc (pêche) et rouge (fraise des bois). Assez classieuse, elle reste toutefois freinée par un léger déficit de densité, de profondeur. Belle mousse fine et finale conséquente.

Champagne – Krug – Vintage 1989 :
VM17 – JP17,5 - PP17 – LG18
- Olfaction riche et originale (froment, curry léger, orange, pain grillé), quoiqu’un peu trop oxydative (noix, pomme blette).
- Le corps, ample et puissant, est tendu par une acidité vibrante qui prend malheureusement le dessus en finale et durcit cette dernière. L’oxydation avancée des arômes gêne aussi la majeure partie de l’assemblée. Au-delà de ces distorsions, bulle et minéralité sont magnifiques, ainsi que la délicate marmelade de pêche et d’abricot. Dans l’ensemble un beau vin mais déroutant et frustrant aussi.

Champagne – Salon 1985 :
VM18 – JP18,5/19 - PP18 – LG18,5
- Effluves capiteux, très fleuris et épicés. La coquille d’huître rend compte de la minéralité. Un soupçon de volatile.
- L’harmonie est complète. La matière est drue, vineuse, bien soutenue par une vivacité inflexible. L’oxydation mesurée participe de la complexité, apportant son contrepoint aux épices douces et aux fruits bien mûrs. Bulle parcimonieuse, élégance et persistance complètent magnifiquement le tableau. Un grand classique à son apogée.
02 Sep 2005 13:00 #2

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Je trouve les notes du Krug assez élevées par rapport aux commentaires

qu'en penses-tu ?
02 Sep 2005 13:12 #3

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Vin100,

Je pense que tu as en partie raison, en particulier vs ma note (c'est moi qui proposait ce vin).

D'autres convives l'ont d'ailleurs trouvé encore moins méritant (oxydation, vieillissement précoce - reste à savoir le lie avec le millésime 89, sachant effectivement les 88 et 90 bus ici ou là dans un style différent).

Il me reste tout de même, en lien avec notre voyage et le plaisir à reboire cette cuvée dans un tel contexte, un souvenir ému de finesse et de saveurs.
02 Sep 2005 13:17 #4

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Réponse de Frédéric sur le sujet Re: conclusion voyage en Champagne juin 2005 (tentative)

Je me suis fait la même réflexion, sans te lire Vincent, à la fois sur le Krug et sur le Dom Pérignon...
Une grande dégustation à l'aveugle aurait peut-être donné des surprises...
02 Sep 2005 13:55 #5

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Ok.

Voir aussi la possible (necessaire ?) influence de la sensibilité du donc du style du rédacteur (même si le cr est validé à 2 plusieurs mains).
Encore une fois, ce type de partage est hédoniste, le cr est une mémoire solide, à ne pas prendre au pied de la lettre.

Pour les vins bus dans les domaines, l'exercice est encore différent.

Goûté aussi à l'aveugle cet été un remarquable Dom Pérignon 95.

D'autres biais dans le cr global ? (GdC41 dans dégustations éclectiques)
02 Sep 2005 14:00 #6

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Réponse de Frédéric sur le sujet Re: conclusion voyage en Champagne juin 2005 (tentative)

Non, seulement pour ces trois champagnes: pour des notes moyennes qui se tiennent en un point (17,38 / 17,50 / 18,31), je trouvais les CR très différents.

Concernant Krug, goûté par Ganesh, notamment sur le millésime 1988, j'ai souvent lu entre les lignes qu'il n'était pas forcément à la hauteur des espérances, mais qu'on comptait sur son potentiel.

Ma seule expérience sur Krug grande cuvée a été très décevante. Ce champagne ne m'a apporté aucune émotion particulière, je lui ai même préféré Bollinger en BSA, pour un prix divisé par 3.

Pour un champagne qui se situe autour de 140 euros la bouteille (en millésimé), on attend l'excellence, et ça ne semble pas être ce que tu as ressenti avec Krug 88 et 89. Peut-être le 90, dont on dit le plus grand bien?
02 Sep 2005 14:15 #7

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Frédéric,

J'ai bu Krug 90 2 fois cette année.
La 2ème fois, c'était au domaine en juin (cf le post associé).
2 très grandes impressions.

J'ai beaucoup aimé Krug Grande Cuvée et Bollinger BSA, de haut vol également.
Bollinger BSA est quasiment une affaire en terme de rapport Q/P.

J'ai bu un superbe Krug 88 au dernier réveillon et le Krug 88 bu en janvier fût décevant, méconnaissable ?!

Pourrait-on dire que de l'avis général, Krug 89 est en dessous de 88 et 90 (pas sûr qu'Oliveir Krug, au domaine, ne nous aurait pas immédiatement démentis).

Bollinger VVF 96 est immense, vaut 450 euros et nous l'avons payé 200 euros sur table en Espagne (juste pour l'anecdote).
02 Sep 2005 14:22 #8

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: conclusion voyage en Champagne juin 2005 (tentative)

Dom Pérignon 1993 (12/2002)
Nous avons dégusté le millésime 1993. Deux bouteilles ont été ouvertes et nous avons trouvé des différences sur les deux: minimes mais réelles. Le nez est curieux, assez minéral, mais il s'arrange à l'aération pour devenir plus aimable, crayeux. C'est en bouche que l'on prend la mesure de ce vin, la bulle est très fine, le vin se fait onctueux, parfaite symbiose entre la puissance et la légèreté. Très grande persistance: la classe.

Jérôme Pérez
02 Sep 2005 19:55 #9

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Ce vin est produit je crois à plusieurs millions de bouteilles : il parait inévitablee qu'il y ait des différences !
02 Sep 2005 21:00 #10

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Frédéric,
Je suis de ton avis sur le Krug 90 ; un champagne exceptionnel qui marie vinosité et finesse (ce qui n'est pas toujours le cas chez Krug), avec aucune note d'oxydation parfois trop présente sur certaines cuvées. Dégusté à l'aveugle je ne l'ai pas reconnu du fait de cette finesse superlative inhabituelle .

"Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur ". O.Wilde
03 Sep 2005 07:52 #11

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Vin100,

Ce qui ne me laisse pas de me surprendre avec Dom Pérignon, c'est la régularité à haut niveau pour une cuvée loin d'être rare !
05 Sep 2005 12:18 #12

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Oui mais on sait bien qu'à ce niveau il n'y a pas qu'une mise et donc forcément des irrégularités (ou au moins différences) même très minimes.
05 Sep 2005 12:39 #13

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Vin100,

Pour aller vite, je dirais que l'irrégularité me gêne plus quand Latour 90 défaille !
05 Sep 2005 12:51 #14

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Bonjour à tous et en particulier à Laurent,

concernant Krug, les choses étant ce qu'elles sont, j'ai un petit peu de recul. La Grande Cuvée, que j'ai goûtée au moins 150 fois ne m'a jamais déçue. J'adore le Bollinger Brut Special Cuvée mais on n'est pas dans la même division. La Grande Cuvée qui est un assemblage de cépages, crus et vendanges soit au total une centaine de vins différents est l'archétype du style Krug et allie à merveille finesse, complexité, puissance, longueur, texture si spécifique dans un style légèrement oxydatif et toujours très racé. Un vin qui par ailleurs peut ne pas plaire à tout le monde contrairement à Dom Pérignon ou Cristal plus consensuels et dans des styles plus classiques. Le principe même de la Grande Cuvée est une constance dans le temps.
Les millésimés sont élaborés dans une optique différente, les caractéristiques spécifiques d'une vendange dans le style Krug d'où des différences parfois très importantes d'un millésime à l'autre. Pour les plus récents, 1989, 1988 et 1990 (dans leur ordre de commercialisation), c'est tout à fait manifeste.
Globalement, les millésimes Krug peuvent se "trier" en 3 catégories :
- millésimes très droits, purs, stricts, tirant sur la minéralité, avec beaucoup de fraîcheur, de pureté, par exemple 1988, 1981, 1980, 1975, 1966, 1961
- à l'opposé, des millésimes beaucoup plus opulents, charmeurs, sensuels, extravertis, chaleureux, par exemples 1989, 1982, 1976, 1964, 1947
- enfin, synthèse (et pas mélange) de ces deux styles, des millésimes très classiques qui jouent sur l'harmonie, le parfait équilibre entre opulence et fraîcheur, un immense classicisme, par exemple l'actuel 1990 mais aussi 1985, 1979, 1969 et parmi ces classiques certains s'expriment fortement, 1985 ou 1990 par exemple, d'autre plus sereinement, la force tranquille, 1979 ou 1969 par exemples.

Le millésime 1990 actuellement commercialisé et a succédé au 1988. Pour les avoir goûtés ainsi que 1989 au moins une dizaine de fois chacuns, ils s'expriment de manière très différente. 1990 est un monument, gigantesque, parfait, irrésistible. Une dégustation l'an dernier aux Etats-Unis lui a donné la note de... 101/100... Une matière très dense, une très belle fraîcheur, une rondeur déjà perceptible, un équilibre merveilleux, un moment de pur bonheur... 1988 reste lui le "sérieux de la bande" mais sait se dévoiler à qui aura l'envie, la patience et l'intelligence de dépasser cette apparence austère et un peu rude. Un vin d'une droiture, d'une pureté merveilleuses. 1989 totalement à l'opposé est aussi sensuel, opulent, charmeur, que 1988 est austère (dans un acception positive), sérieux, pur et droit. 1988 est le prodige, timide, qui préfère ne rien dire, observe, l'"expert". 1989 est plus turbulent, pas forcément moins doué mais on l'entend plus, trop parfois, il demande à être encadré, le "tribun". 1990 enfin fait l'unanimité, il est sans doute le plus doué, sait se faire discret quand il faut, se faire entendre quand cela devient nécessaire mais jamais de manière tapageuse mais toujours subtilement, avec finesse et tact, le "gentleman"...

Alors chacun dans ces styles, peut préférer tel ou tel et chacun aura raison dans son classement personnel de ce magnifique trio... Quant aux différences entre bouteilles, elles existent mais ne m'ont jamais paru suffisamment marquées pour perturber les grandes lignes de leur style respectif.

Amicalement à tous.
07 Sep 2005 19:02 #15

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