Début novembre, c’est la traditionnelle soirée autour de mon tonneau, avec des vignerons triés sur le volet du salon des vins et de la gastronomie de Bourges.
Cette année deux petits nouveaux venant du Sud et un caviste sur le net qui a la bonne idée d’être LPVien : j’ai ainsi la chance de rencontrer Laurent (BJL) en chair et en os, lui dont j’apprécie les informations et commentaires très pointus sur LPV.
Je vais parsemer ce CR de quelques-unes des perles ou interventions ayant provoqué quelques fous rires…
- Laurent se présentant à Karine : « Bonjour, Laurent, caviste… »
- Karine : « Bonjour, Karine, euh… »
- Une âme charitable : « … consommatrice »
Domaine Robert-Allait – Champagne – Cuvée Prestige
Robe claire au train de bulles très abondant.
Le nez est plutôt discret, laissant toutefois échapper des notes de fruits blancs et de noisette.
La bulle est très présente également en bouche mais n’agresse pas grâce à sa finesse. Le milieu de bouche est relativement mou en raison d’un dosage sans doute assez important (12 g ?). La finale est relancée par de légers amers.
Assez Bien + / Bien
Un Champagne classique qui passe bien à l’apéritif, notamment avec les traditionnelles galettes de pomme de terre (accord 3+ / 5). Je lui préfère néanmoins la cuvée « Plaisir Nature », un Extra-Brut, mais madame aime ben cette cuvée. Nous nous rejoignons sur le Blanc de Blancs millésimé (cuvée Stéphanie).
- Nicole : « Je vais dire une lapalissade mais ceux qui sont partis en WE, vous ne les verrez pas au salon ! »
Domaine Jacques et Pierre Vincent – Reuilly blanc – 2017
Robe vraiment très pale.
Le nez exhale de façon intense des arômes d’agrumes et de fruits blancs ainsi que quelques notes de buis. L’attaque est assez ronde puis la bouche se montre incisive, d’une longueur très honnête, avec une finale sur le pamplemousse.
Bien +, même si je l’avais encore plus apprécié en juillet.
Le mariage avec un cake aux crevettes, basilic et citron est très réussi (4 / 5) : vin et citron font notamment un duo d’agrumes très intéressant, sans que les gencives ne soient agressées.
- Jean-Loup : « Tu ne reconnais pas ton vin ? »
- Réponse : « C’est que j’en fais boire plus que j’en bois : »
Château des Rochers – Bordeaux blanc sec – 2017
Il s’agit d’un assemblage de 60 % de sémillon et de 40 % de sauvignon.
Robe d’un or clair.
Le premier nez est intense et grillé, puis ce sont des senteurs de fruits jaunes bien mûrs, comme l’abricot, qui apparaissent, complétées par une touche miellée.
La bouche concilie une impression de richesse, par son gras et son aromatique, à une absence totale de sucre. On croît à un liquoreux sec et c’est exactement cela puisque ce vin provient de raisins sur l’appellation Sauternes !
Bien ++
Le même cake aux crevettes, basilic et citron fait ressortir des arômes citronnés que l’on n’avait pas perçu dans le vin seul. C’est un accord de contraste plus intéressant qu’attendu (3,5 / 5).
Clos de la Roilette – Fleurie – 2006
Robe moyennement sombre dévoilant des reflets légèrement tuilés.
Très ouvert, le nez associe de beaux fruits noirs à du cuir noble. J’ai moins été ressenti que d’autres des arômes encore plus animaux.
La bouche est d’une austérité raffinée : c’est frais, droit, long, et même plutôt racé ! C’est dans la finale que le fruité ressort pour apporter une touche plus gaie.
Je pense à un très beau cabernet franc de Loire et c’est un très beau cru du Beaujolais qui a remarquablement tenu douze ans et qui peut encore aller plus loin, même s’il n’y gagnera sans doute pas.
Très Bien
Avec des crozets aux girolles l’accord (3,5 / 5) se fait sur l’aromatique.
Domaine Gilbert et Christine Felletig – Chambolle-Musigny 1er cru – Les Fuées – 2009
Robe assez sombre, brillante, ni jeune ni évoluée.
Le nez étincelant exprime un fruité très pur de cerise, et se mâtine d’une belle touche florale.
La bouche est toute en finesse et en tension, dotée d’un toucher de velours et d’une belle allonge jusqu’à une finale vibrante. On retrouve le côté aérien des Chambolle-Musigny mais je suis quand même étonné par cette incroyable fraîcheur pour ce millésime (fermentation en vendange entière ?).
Très Bien +(+)
Le vin domine un peu une terrine de lapin par sa tension (3 / 5).
Je m’aperçois à ce stade que mes notes vont crescendo. Cette tendance va-t-elle se poursuivre ?
Château Pichon Longueville Baron – Pauillac – 1990
Robe sombre et incroyablement jeune, peut-être pas par des reflets violacés mais sans trace d’évolution.
Le nez très intense est celui d’un grand Pauillac : empyreumatique (fumé, café), mine de crayon, cassis. Il se montre assez complexe mais surtout classieux.
La bouche possède une belle charpente, habillée par une chair dense. Une superbe élégance, aristocratique, participe à l’harmonie et au caractère hédoniste du vin. La finale savoureuse en finesse prolonge le plaisir.
Très Bien ++ / Excellent
Un grand merci à Jean-Albert pour ce superbe cadeau.
La terrine de chevreuil qui est proposée pour l’accompagner est un peu plus puissante que le vin mais les deux sont racés et s’accordent bien (3,5+ / 5).
Château du Mourre du Tendre – Châteauneuf-du-Pape – Cuvée Prestige – 2007
Ce vin est un assemblage de 90 % de grenache et de 10 % de mourvèdre sur sable et safre, vinifié sans égrappage et élevé en cuves : un style très classique !
Bouteille ouverte pendant de nombreuses heures puis carafée pendant deux heures.
Robe grenat assez sombre avec de beaux reflets tuilés.
Le nez puissant et opulent envahit la pièce par ses arômes de fruits compotés teintés de notes animales de type cuir. Seule une touche florale vient l’alléger quelque peu.
La bouche est dans la parfaite continuité, assez démonstrative, concentrée, large, capiteuse, aux tanins gras. Heureusement une acidité salvatrice soutient l’ensemble, lui évite la lourdeur et l’allonge en l’affinant modérément.
Bien ++
Un salmis de pintade, toujours aussi bon, va l’aider nettement améliorer son appréciation : la bouche gagne en harmonie et en finesse. C’est véritablement un vin de gastronomie qui a du mal à exprimer tous ses atouts lorsqu’il est bu seul
Très Bien + et accord 4,5 / 5.
Château du Mourre du Tendre – Châteauneuf-du-Pape – Cuvée Prestige – 2014
Bouteille servie sitôt après ouverture.
Robe sombre qui a déjà perdu ses reflets de jeunesse.
Le nez est très intense déroule une aromatique sur des fruits très noirs, à peine compotés, s’enrichissant d’une touche empyreumatique.
La bouche est plus équilibrée que celle de son aîné, à la fois chaleureuse et confortable, droite et longue, avec une aromatique étonnamment relativement austère.
Très Bien
Domaine de La Cune – Saumur Champigny – Cuvée Hors Série – 2014
C’est le premier millésime de cette cuvée issue d’une sélection de raisins, élevée pour moitié en fûts neufs et pour moitié en cuves.
Bouteille ouverte pendant trois heures et carafée pendant une demi-heure.
Robe sombre aux beaux reflets violacés.
Le nez d’une belle intensité dévoile des fruits noirs expressifs, teintés d’une nuance végétale qui lui apporte fraîcheur et élégance.
La bouche est dotée d’une chair très fruitée lui apportant une certaine rondeur à partir d’un profil rectiligne et frais. Les tanins sont bien fondus (alors qu’ils accrochaient un peu à l’ouverture de la bouteille) et la finale affiche un bel éclat.
Très Bien (+)
Le vin s’accorde avec merveille (4 / 5) avec des champignons au chorizo, la teneur fruitée se mariant bien avec le chorizo et la droiture un peu végétale du vin étant relancée par les champignons.
- Jean-Loup : « Tu vas le mettre quand en bouteilles ? »
- Jean-Albert : « Le 2019 ? »
Domaine Hoenshof – Cuvée Hoenshof – 2015
Il s’agit d’un vin belge, assemblage de merlot et de cabernets aux noms imprononçables cousins du cabernet sauvignon !
Robe assez sombre, encore jeune.
Le nez affiche une gourmandise immédiate, grâce aux petits fruits rouges, en particulier la cerise et la framboise. Tout le monde est d’accord : c’est un pinot !
La bouche est à l’avenant, fraiche et friande, mais pas seulement ! Elle se montre charnue et de bonne tenue, enveloppée de tanins doux et lisses.
Bien ++
Je n’ai pas noté l’accord sur les fromages (comté de 12 mois et Etorki), trop abasourdi par ce vin étonnant, mais je sais qu’il a été au moins bon car ces fromages sont passe-partout et le vin avait suffisamment de corps.
- (anonyme) : « C’est trop bon pour être belge ! »
Domaine des Petits Quarts – Bonnezeaux – Le Malabé – 2003
L’étiquette s’est décollée il y a de nombreuses années déjà …
La robe est vraiment très ambrée.
Le nez puissant montre un grand botrytis, des senteurs de coing, des notes miellées et une touche de raisins secs.
La bouche montre une liqueur (pas loin de 200 g en ressenti) à laquelle mon palais est moins habitué que par le passé car mon goût a évolué et donc mes achats. Certes il y a aussi une bonne sapidité et une grande acidité structurante, notamment en finale, permettant d’accepter cette richesse.
Bien ++
L’acidité ressort mieux sur une tarte aux pommes dont la compote a permis par comparaison de moins ressentir la liqueur du vin. Accord 3,5 / 5.
Nous avons battu le record de l’heure de fermeture (presque deux heures du mat’ !), emportés par les échanges dans la bonne humeur.
Merci à tous pour vos apports et un grand merci à ma chère et tendre qui a dû cumuler la préparation des petits accompagnements, leur service avec une précision à la minute et la garde d’un chic-ouf de presque trois ans qui n’avait pas l’intention de laisser la vedette à d’autres…
A l’an prochain les amis !
Jean-Loup