A mon tour de faire un petit retour succint sur ce
Salon des Vignerons Indépendants 2014 de Lyon, dont je me retrouve un peu dans les CR précédents. Entré à 10 heures pétantes samedi matin, il m'aura fallu près de 5 heures pour faire le tour que je m'étais programmé (et encore pas tout à fait), pour un total de 88 cuvées goûtées (39 blancs et effervescents, 31 rouges & 18 moëlleux /liquoreux/ VT) et toutes recrachées. Les conditions de dégustation étaient globalement bonnes jusqu'à 11h30-11h45, puis après il commençait à y avoir de plus en plus de monde. J'étais pas mécontent de partir de là à 15 heures. Contrairement aux soirées LPV, je n'ai pas pris de notes organoleptiques, j'ai juste référencé ce que je goûtais et donné des notes très générales, veuillez pardonner mon imprécision et le caractère très personnel des notes retranscrites ci après.
D'un point de vue global, l'ensemble de ce que j'ai goûté était plutôt bon, voire très bons, mais très peu de cuvées m'ont véritablement
enthousiasmé. Commençons par celles là: La cuvée
Léa 2012 du
Domaine Lafage, en Côtes du Roussillon, ainsi que le
Chambolle Musigny Village Derrière le Four 2012 du
Domaine Sigaut m'ont beaucoup plu, mêlant fruité, finesse et longueur en bouche. Deux vins très gourmands.
Ensuite, un ensemble de
très bons vins parmi lesquels en blanc: le
millésimé 2004 de Pierre Moncuit (Champagne) présente de fines notes terreuses, mêlée à une arômatique citronnée du plus bel effet, le
Muscadet Amphibolite de Jo Landron, citronné et salin. Au passage, un réel plaisir d'avoir pu discuter 5 minutes avec ce Monsieur. J'ai bien aimé le
Marestel 2010 de Dupasquier, qui sera apte à la (longue) garde.
L'Altesse, moins exhubérante, est néanmoins aussi intéressante. Chez
Cauhapé, j'apprécie toujours autant le
Chant des Vignes, vif, sec, et explosif en bouche sur une arômatique exotique du plus bel effet, et
la Canopée, grasse, complexe et ample, plus destinée à la gastronomie. Le
blanc du Clos Signadore est une belle découverte, quoiqu'un poil cher, mais j'ai trouvé un style très intéressant, sur la violette, relativement tendu mais comportant du gras amené par le bâtonnage des lies. Aussi, un (court) moment sympa à discuter avec Christophe Ferrandis. Chez
Lafage, encore eux, j'ai trouvé un excellent rapport/qualité prix avec la cuvée
Côté Floral, la plus complexe et la plus arômatique de toutes leurs cuvées en blanc. C'est un peu court, c'est vrai, mais pour un muscat sec, c'est d'une gourmandise rare. Encore une fois, j'ai apprécié le
Graves Blanc 2011 du Château Tour de Calens, finement fruité, plutôt typé floral, tilleul...et possédant une belle allonge, le tout enrobé par un joli gras. En bourgogne, cette année, les cuvées les plus intéressantes ont été à mon goût, les entrées de gamme chez
Chevalier (aligoté) et
Jacob (Hautes Côtes de Beaune). Leurs Ladoix m'ont paru bon mais manquant de longueur, et leurs Cortons Charlemagne étaient fermés, plus large que longs, et n'ayant pas la vivacité des 2011. Enfin, je termine par ma
valeure sûre, d'année en année et sur les
3 principaux cépages, chez
Jean Marc Bernhard, en alsace. Le Riesling VV est très vif et arômatique, sur l'orange et son écorce, les agrûmes...Le Schlossberg, un peu plus en retrait pour l'instant, possède de solides bases pour avancer dans le temps. Les Pinot Gris (cuvée Particulière et GC Kaefferkopf) sont équilibrés, fins, élancés avec des SR peu envahissants. Enfin, les gewurztraminer (Vieilles Vignes et GC Mambourg) sont des modèles du genre, de vrais archétypes de ce cépage, sur la rose, les épices, l'exotisme (litchi...), avec un supplément de raffinement et une empreinte minérale un peu plus saillante pour le GC.
Concernant les
rouges, j'ai beaucoup aimé le
Clos Signadore 2011, fruité, fin, avec un léger gras, et une minéralité intéressante. En Bordeaux,
Les Gravières 2010 (Saint Emilion GC) possède un fruité noble, un élevage fin et bien intégré, de la race...Bref, les marqueurs du millésime sont là, et font de lui un très bon vin. Le
Graves rouge 2012 du Château Tour de Calens est aussi très fruité et agréable, même s'il n'a pas la classe du précédent vin. En Bourgogne, confirmation si besoin était de la fraîcheur et de l'appétence des 2012, notamment sur le
Corton Clos des Vergennes (Cachat Ocquidant), le
Gevrey Les Platières (Domaine Guyon), le très beau
Gevrey Les Crais (Huguenot), et je ne reviens pas sur le
Chambolle Musigny Village Derrière le Four de chez Sigaut. Pour tous ces vins, du fruit (framboise, groseille...), classieux, fin, avec des élevages maitrisés, juste ce qu'il faut de vivacité...Bref, d'une déjà (très) grande buvabilité. Et pour tous ces domaines, les cuvées se trouvant un peu plus haute sur la hiérarchie des crus bouguignons, ont un fruit en léger retrait actuellement, possèdent des tanins qui ne sont évidemment pas encore polis, et se révèlent toutes plus tendues, avec plus de mâche (Fixin et Gevrey VV et 1er Cru Fontenys chez Huguenot,Chambolle 1er cru Les Fuées et Morey 1er Cru Charrières (mais c'est un 2011), chez Sigaut). Enfin, un très joli
Châteauneuf du Pape chez Charvin, fruité, avec de la matière, des épices...Le seul problème étant qu'il n'en avait (déjà) plus en vente samedi matin...
Pour ce qui est des "sucres",
mention spéciale au Mas Amiel, avec un
Charles Dupuy 2008 fort joli, et des
millésimés (85-80-69) de haut vol, avec chacun une arômatique propre et d'une grande complexité, avec comme traceur commun, la digestibilité des sucres, des arômatiques sur le moka et le caramel. Le 85, faisant le plus oxydatif de tous avec des notes de noix plus prononcées que sur les suivants. Au
Château d'Aydie, le Tannat Vintage 2011 est une petite bombe sur la cerise, et devrait procurer un très bel accord avec tout dessert au chocolat (nous avions goûté le 2010 de la même manière chez Jean Bernard avec LPV Grand Forez en début d'année). Au
domaine des Forges, le Coteau du Layon Saint Aubin 2013 d'entrée de gamme est loin d'en être une, justement: très exotique, fruité, avec une belle liqueur, et le
Quart de Chaume 2011 est évidemment monstrueux de liqueur, de fruité (exotique sur l'ananas, la mangue...mais aussi le coing...), d'une longueur phénoménale...Enfin, chez
Jean Marc Bernhard, les VT et SGN de Pinot Gris et de gewurztraminer sont d'une finesse, d'une pureté et d'une précision redoutable. Les arômatiques sont sensiblement les mêmes déjà évoquées sur les vins secs, avec cette fois une liqueur plus ou moins importante, fonction que se soit une VT ou une SGN, et d'une digestibilité redoutable.
Bon, pour être honnête, si des vins m'ont plu voire même un peu plus pour certains, d'autres m'ont laissé perplexe ou même déçu. Pêle mêle, il s'agit des crémants jurassiens goûté (Grand et Berthet Bondet), les Houx chez Jo Landron, vin dont je n'ai trouvé aucune arômatique, même si le côté minéral est intéressant. Chez Dupasquier, je m'attendais à (nettement) mieux concernant leurs cépages savoyards jacquère et mondeuse, pour lesquels j'ai trouvé des vins plats arômatiquement, sans intérêt. Chez Cauhapé, les vins de milieu de gamme en sec, m'ont un peu laissé sur ma faim, surtout Geyser, et globalement déçu par l'ensemble de leurs liquoreux, pour lesquels il m'a manqué un manque d'acidité, des vins manquant de longueur et d'âme. J'ai trouvé une gamme correcte mais sans plus (et pour le coup homogène...) chez C& P Breton, en Bourgueil. J'en attendais mieux: même s'il y a du fruit, le végétal a tendance à prendre un peu le dessus à mon goût. Pas de gros défauts, mais un manque de profondeur peut être...A la limite, la cuvée qui s'en tirerait le mieux serait les Galichets.
Voilà mon ressenti sur ce grand salon, avec des hauts, pas si hauts, et des bas, finalement pas si bas non plus, même si je n'ai pas trouvé de vigneron ayant fait Très Bon / Exceptionnel / Grand sur l'ensemble d'une gamme. J'avoue me fidéliser chez Jean Marc Bernhard, je pense le devenir chez Sigaut, voire Chevalier pour les blancs.
Je m'excuse pour la longueur du récit, merci d'avoir pris le temps de me lire, et curieux de me confronter au ressenti des autres membres présents à ce salon.