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Un anniversaire tout en délices et en feu d’artifice autour de divins calices des millésimes en six

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le Brézé a t il de l avenir?

Oui !!!!!!!!!!! A boire entre maintenant et 2025 ou plus...
Sa minéralité, son acidité et sa matière sont gages d'un grand avenir.
Pour l'accord, je dirais poissons ou volailles en sauce ; bon, c'est du classique !

Jean-Loup
13 Oct 2016 20:18 #61

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C'est vrai que j'enchaîne les rencontres en ce moment, mais je ne vais pas m'en plaindre. Huit jours après Toulouse, j'étais à Bourges pour fêter les 60 ans de Jean-Loup en compagnie d'une dizaine de LPViens (que je connaissais déjà, sauf Paul). Comme le veut la coutume, cela se passe dans la cave, les vins étant accompagnés de mini-plats concoctés par Nicole.

Cette fois-ci, il y a un thème : que des millésimes se terminant par 6 (parce que Jean-Loup est né en 1956 et qu'il a 6 X 10 ans)
Avec les incontournables galettes de pomme de terre, nous commençons évidemment par un vin effervescent. Sa robe est dorée, avec de fines bulles en cordon. Le nez est intense et complexe, démarrant sur des notes grillées, puis sur les fruits secs, les agrumes confits, le safran... La bouche est tendue par une acidité fine mais inflexible – signature du millésime 1996 – heureusement enrobée par une matière dense, vineuse, et égayée par des bulles ultra-fines mais toniques. La longue finale est d'une puissance aromatique impressionnante, majestueuse, oserai-je dire, avec tout le panel des notes perçues au nez. On n'est pas loin de la quasi-mythique queue de paon. Un superbe champagne qui s'avère être Cristal 1996 de Roederer. De loin le meilleur que j'aie jamais bu, car les autres "Cristaux" ne m'avaient pas laissé un souvenir impérissable...
Nous démarrons alors une série de quatre vins blancs secs. Le premier est servi avec une tranche de foie gras poêlé rehaussé de vinaigre balsamique. La robe est plutôt pâle, sans signe d'évolution. Le nez est d'abord à fond sur le cassis (bourgeon, fruit, bonbon) au point d'en être dérangeant, avant de partir ensuite sur les fruits exotiques et des notes florales (rose). Dès l'attaque, on est happé par une acidité ciselée très intense, contrebalancée par une matière ronde et riche, limite onctueuse. Cette émouvante opposition se poursuit en finale, à la fois tendre et exotique (avec quelques sucres résiduels) et tranchante/tonique. Un vin magnifique qui laisse sans voix. À peu près tout le monde part sur une cuvée spéciale de Cotat ... et sur le millésime 1996. Bingo pour les deux : c'est bien un Sancerre Les Culs de Beaujeu Cuvée Spéciale 1996 de François Cotat.

À noter que l'accord avec le foie gras fonctionne superbement. C'est tellement plus enthousiasmant que l'éternel Sauternes...
Le second vin blanc est servi avec du homard rôti au beurre vanillé. La robe est couleur paille. Le nez est expressif, sur le raisin bien mûr, l'abricot confit, et des notes fumées/grillées. Le vin ayant été servi bien frais, il parait d'abord très dense, plutôt monolitique, mais l'on sent en arrière-plan une belle énergie qui ne demande qu'à émerger. Avec le réchauffement, il prend de l'ampleur, du gras, élargit sa palette aromatique. La finale puissante est peu chaude (alcool) et encore marquée par l'élevage (beurre, vanille, pain toasté). On sent que le vin n'a pas encore délivré tout son potentiel. Mais on peut se demander si cette légère surmaturation sera digérée un jour. Avant que l'on sache ce que c'était, le vin divisait les convives. Une fois que nous l'avons su, ça ne s'est pas arrangé : c'est un Bâtard-Montrachet Grand Cru 2006 du domaine Leflaive.

L'accord avec le homard vanillé était tip-top !
Le clafouti aux morilles a accompagné les deux derniers blancs. Le premier a un robe d'un or dense. Le nez est fin et profond, sur les agrumes, les fruits blancs (poire), avec une pointe d'encaustique et de grillé. La bouche est d'abord tendue, précise, minérale, très "eau de roche", puis en se réchauffant gagne en ampleur et en densité sans perdre de sa tension. La finale est longue et intense, avec une belle mâche crayeuse soulignée par des notes grillées. Un vin superbe qui en a encore sous la pédale : c'est un Saumur Brézé 2006 du Clos Rougeard.

Le second a une robe beaucoup plus évoluée, presque cuivrée. Le nez fait lui aussi évolué, sur des notes d'encaustique, de noix, de champignon, et même de curry. La bouche est ample tout en étant très intrusive, vous immergeant totalement dans son aromatique oxydative. La finale est savoureuse, très marquée par la noix et les épices. Perso, je suis habitué à boire des vins oxydatifs de toutes régions et cépages. Il m'a donc plutôt bien plu. Mais il a laissé d'autres perplexes. Nous l'avons ensuite regoûté avec le comté sur lequel il était plus à l'aise (et un peu plus chaud et aéré). C'est Oro 1996 du domaine Peyre-Rose (Marlène Soria).
Nous passons ensuite aux vins rouges

avec d'abord une terrine de sanglier

Le premier a une robe grenat translucide, très peu marquée par l'évolution. Le nez est frais, tonique, sur des notes de fruits rouges et noirs (framboise, cerise, cassis), avec une touche de sous-bois automnal. La bouche est ronde, soyeuse, avec une tension et une énergie enthousiasmantes, et plus encore un fruit frais et gourmand (cassis, surtout). Le tout réussissant à avoir la classe d'un beau Bourgogne même s'il semble venir d'ailleurs. La finale légèrement boisée poursuit dans l'élégance. Un excellent vin que pas mal situent en Loire, et ils ont raison : Saumur Champigny Poyeux 2006 du Clos Rougeard.

Il y a eu un échange assez soutenu sur le rapport qualité/prix de cette cuvée. Au prix propriété (environ 35 €), il est irréprochable, voire très bon. A près de 200 € dans des millésimes récents, ça frôle le délire...
Nous buvons le second vin rouge avec des tartelettes aux champignons, jambon cru et aubergine truffée. Sa robe est beaucoup plus sombre. Le nez fait très médocain dans un premier temps – cassis, cèdre, tabac – puis prend des accents plus sudistes avec du cuir et de la tapenade. La bouche, fraîche et classieuse, est presque trop fine et soyeuse pour un Médoc, souvent plus denses et virils. La finale est très belle, avec une mâche fine et intense sur les notes perçues au nez. Excellent vin ! Après avoir tourné pas mal, certains finissent par atterrir en Provence : c'est un Bandol 1996 du Château de Pibarnon.

L'accord avec la tartelette est absolument délicieux !
Le troisième vin est accompagné par du lapin à la tapenade et tomates confites. Sa robe est très sombre. Le nez est absolument magnifique, sur la liqueur de fruits noirs, la violette, avec pointe de lard fumé, de musc,... On passerait des heures à le respirer. La bouche est tout aussi envoûtante, par sa texture sensuelle, son énergie, sa profondeur, son aromatique puissante et complexe... La jouissive finale ne met non seulement pas en péril le magnifique édifice, mais au contraire le renforce. Très grand vin, assurément. Plusieurs partent sur une "La La La"*, certainement de 2006. C'est est bien une : Côte Rôtie La Turque 2006 de E. Guigal. Au niveau du mythe !

L'accord avec le lapin est extra
J'avoue m'être demandé ce que pouvaient être ces petits poivrons en forme de goutelettes qui acompagnaient ce wok de boeuf. C'est quasi tout nouveau. On appelle cela des gouttes de poivron. Cette variété dénichée en Amazonie a le goût et la douceur du poivron, et n'a pas besoin d'être épluchée ou épépinée. On ne le trouve apparemment qu'en conserve. Mais venons au vin qui accompagne le plat : la robe est encore jeune. Le nez fait très médocain, avec ses notes de cèdre et de Havane. Il y aussi du cassis, et un peu de sous-bois. La bouche trace droit avec une grande vigueur et une belle sensation de fraîcheur. La matière est dense, fruitée, polie par le temps. L'ensemble est harmonieux, très réussi, mais le vin aurait clairement gagné à être servi avant la Turque, car il paraît pour le moins austère. Il n'empêche que ce Château Margaux 1986 semble beaucoup plus jeune et harmonieux que celui que j'ai bu l'été dernier en Belgique. Mais cela peut être aussi une question de contexte.

L'accord avec le boeuf aux poivrons est impeccable !
Avec des comtés de trois âges différents (7, 12 et 20 mois), nous repassons au vin blanc. Enfin blanc, pas vraiment. La robe est d'un jaune doré très intense. Le nez est juste magnifique, ne ressemblant en rien à ce que j'ai déjà senti. Nous ne sommes pas sur la noix habituelles des vins jaunes, mais sur la liqueur de noix, complétée par moultes épices, des notes pâtissières (crème brûlée) et même de fleurs séchées. La bouche n'est pas aussi moelleuse que le nez pourrait laisser imaginer, mais elle est hors norme par sa douceur (en terme de toucher) et son intensité. Le "goût de jaune" est quasiment absent, remplacé par des notes de caramel au beurre, de gâteaux aux fruits secs. La finale est d'une rare intensité, sans la moindre dureté/agressivité, sur des notes de noix confites, avec une légère sensation de sucres résiduels. Magique ! Mon plus beau jaune jamais bu : c'est un Château Chalon "vigne aux dames" 1976 de Marius Peyron.

Nous avons alors regoûté l'Oro. Il était mieux que précédemment, mais après cette merveille, c'était tout de même un peur dur...
À un moment, il faut bien arriver au dessert même si cela sonne la fin du repas. C'est une poire gratinée au pralin, accompagnée de macarons aux amandes (des vrais, pas les machins colorés aux parfums improbables). Avec évidemment un liquoreux : sa robe est d'un doré intense. Le nez est très expressif, sur la mandarine confite, le fruit de lapassion, l'ananas rôti légèrement vanillé. La bouche est ample, soyeuse, d'une grande harmonie, avec une liqueur bien présente mais pas lourde, le tout étiré par une fine acidité. La finale est généreuse, avec un retour de la mandarine et de notes rôties, avec un sucre plutôt discret. Cela peut encore vieillir, mais c'est déjà très très bon. Il s'agit du de Château Climens (Barsac) 2006.

L'accord me semble plus réussi sur les macarons que sur la poire, plus discrète aromatiquement.

Merci à Nicole et Jean-Loup pour ce grand moment de gastronomie !

Eric
Mon blog
15 Oct 2016 15:13 #62

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Merci Eric pour ces notes et je constate que le Batard n'est finalement pas si médiocre que ça et que tu partages avec Jean-Loip une appréciation pas si negative.

Je me permets juste une remarque et constate à quel point les prix des vins du clos Rougeard peuvent faire causer. C'est marrant de voir que le Margaux 86, la Turque ou le Batard ne semblent pas entraîner de telles digressions alors que leurs prix sont aussi élevés sinon plus. Y aurait il une sorte d'acceptation tacite que ces vins mériteraient plus que d'autres de voir leurs prix déraper ? :S

J'enrage de voir les vins devenus si chers et inaccessibles mais il faut savoir mettre tout le monde dans le même panier et ne pas simplement focaliser sur quelques uns. Les prix sont devenus fous pour beaucoup de grands vins. Malheureusement !!

Denis

Denis
15 Oct 2016 15:47 #63

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Denis,
La discussion sur les prix c'est surtout eu égard aux prix domaines.
Les Batard ou Chateau Margaux sortent à des prix déjà prohibitifs.

Bien cordialement,
Guillaume
15 Oct 2016 16:13 #64

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J'ai bien compris mais le résultat est le même. Roumier, Rousseau et les autres sont malheureusement trop chers, quel que soit le prix départ. Si maintenant il faut considérer qu'un Montrachet qui sort 1000€ d'un domaine est en à prix acceptable juste parce que la spéculation à la sortie du domaine est moindre, je ne comprends plus....

Qui parle avec autant d'ardeur des prix délirants en seconde main des GC de Ramonet ou des vins de Coche Dury ?

Denis

Denis
15 Oct 2016 16:40 #65

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Merci à Eric pour ce magnifique CR assorti de très belles photos des petits plats, et pour avoir souligné que les accords étaient quasiment tous réussis : c'est ce que nous recherchons à deux avec ma chère et tendre et nous faisons manifestement des progrès !
Il est vrai que l'expérience aide ... ;)

Pour le Batard, il a vraiment divisé car nous étions au moins quatre à l'apprécier, à différents niveaux (Vivien, Eric, Didier et moi), mais comme le dit Eric c'est en découvrant l'étiquette que les avis contraires ont été exacerbés.
Car au regard de l'étiquette (je ne parle pas du prix qui est un autre sujet), pour ceux qui n'ont pas aimé, c'était assez scandaleux et pour ceux qui ont apprécié, c'était simplement pas au niveau.

Mais juste un mot sur un prix puisque la discussion est aussi partie sur ce sujet lors de la dégustation du Poyeux 2006, comme l'a écrit Eric. J'avais acquis cette bouteille à un prix raisonnable (50 €) chez un bon caviste. Pour moi, elle les valait.

Jean-Loup
15 Oct 2016 21:48 #66

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Qui parle avec autant d'ardeur des prix délirants en seconde main des GC de Ramonet ou des vins de Coche Dury ?

C'est la même chose sauf que les vins du clos Rougeard atteignent les summums des prix débiles depuis quelques mois.

Michel
15 Oct 2016 21:57 #67

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Michel,

Il faut positiver.
J'ai des Poyeux 2006 qui dorment en cave et on sait que Clos Rougeard n'est pas mon style de vin.
C'était l'époque où Daniel me proposait chaque année les cuvées de ce Domaine, puis après dégustation, je lui ai dit qu'il pouvait plutôt faire plaisir aux amateurs avec ces flacons que de m'en réserver.
Je me demandais que faire de ces bouteilles, je pourrai les offrir (et non les vendre) à des amis qui aiment ça, lorsqu'ils m'invitent chez eux.
Ils auront l'impression d'avoir un beau cadeau, vu le prix actuel ;)
16 Oct 2016 09:25 #68

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Magique ! Mon plus beau jaune jamais bu : c'est un Château Chalon "vigne aux dames" 1976 de Marius Peyron.

je partage ton enthousiasme en faible amateur que je suis de ce style de vin, j'avais adoré l'équivalent en 1978 avant de succomber à encore au dessus à mon goût .
merci pour les belles photos.
17 Oct 2016 10:05 #69

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Quel beau moment vous avez dû passer et que de belles bouteilles !! :P
27 Oct 2016 08:48 #70

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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Un anniversaire tel que celui-ci, cela se fête deux fois !

CR: Dégustation éclectique sur les années en 6

Un anniversaire comme le 60ème, cela vaut le coup de le fêter deux fois !
Pour cette occasion ce sont mes amis berruyers qui sont invités, mais toujours sur le même thème : les étiquettes en « 6 » !

Le CR était prêt depuis longtemps mais avec l'attaque insidieuse de LPV et mon retard à l'allumage après le redémarrage...

Malheureusement pas de photographe parmi les présents...

Champagne – Salon – 1996

Quand on choisit un Champagne en « 6 », c’est forcément 1996, et quand en plus on a Salon en cave, une bouteille offerte autrefois par mes convives du jour, c’est l’occasion de la leur servir !

Bouteille ouverte une petite heure avant carafage et service immédiatement après.
La robe est claire, parsemée de bulles d’une finesse extrême.
Pas puissant mais d’une superbe fraîcheur et d’une extrême élégance, le nez impressionne par sa grande complexité d’arômes allant de la vanille et du grillé aux agrumes, particulièrement le citron, en passant par les fruits secs.
D’une certaine vinosité, la bouche possède une magnifique énergie vibrante, les micro-bulles se font caressantes, le tout d’une extrême finesse. La persistance est prodigieuse, la finale saline et iodée, avec même de beaux amers pour certains convives.
Un vin extrême, à boire pour lui tout seul ! Excellent +(+)

Sancerre – François Cotat – La Grande Côte – 1996

Bouteille ouverte pendant une heure puis carafée pendant deux petites heures.
La robe oscille entre paille et or.
Puissant et complexe, le nez embaume d’arômes exotiques, notamment le litchi, bien complétés par de belles notes de bourgeon de cassis et d’autres crayeuses ou encore citronnées.
D’une superbe harmonie, par sa chair fruitée aux notes toujours crayeuses, son amplitude, sa finesse et sa fraîcheur, la bouche est aussi dotée de quelques sucres résiduels (12 à 15 g ?) qui étonnent car il ne s’agit as d’une « cuvée spéciale ».
Un vin classieux sans esbroufe que l’on place facilement en Alsace, sur un riesling ou un pinot gris.
Excellent (+)
Il marche côte à côte avec des rougets au citron, sans que ni l’un ni les autres ne se dérangent. C’est cependant sans doute l’accord le moins réussi de la dégustation, peut-être en raison des sucres résiduels inattendus.

Batard Montrachet – Louis Jadot – 1996

Bouteille ouverte pendant deux petites heures puis carafée pendant une bonne heure.
La robe présente un or bien marqué.
Le nez très intense est d’un grand classicisme : brioche, vanille, grillé, miel, fruits blancs ; l’’élevage est sensible mais noble et intégré.
La bouche a beaucoup de fond, elle est d’un beau volume et possède une superbe matière. L’élevage est enrobant, la grande concentration ne se dépare pas dans la longueur, soutenue par une très belle acidité, avant une finale salivante.
Le vin se retend un peu plus sur un magnifique homard au beurre vanillé, dans un accord fort réussi.
Très Bien +

Hermitage blanc – Domaine Chapoutier – Chante Alouette – 2006

Bouteille ouverte pendant une petite heure puis carafée pendant presque trois heures.
La robe est bien ambrée mais très claire.
Puissant et complexe, le nez est dominé par des notes oxydatives, dont la pomme, mais pas uniquement : la figue s’invite et apporte une bonne sensation sucrée.
L’attaque est grasse, dotée d’une belle concentration puis la tension prend le dessus, et pour longtemps.
Un 100 % marsanne qui a dû avoir la même mésaventure que certains Beaucastel Vieilles Vignes 100 % roussanne…
Bien ++ / Très Bien et un superbe accord avec un foie gras poélé.

Cahors – Le Cèdre – GC – 2006

Bouteille ouverte pendant une petite heure puis carafée pendant trois bonnes heures.
La robe est très sombre, aux pourtours encore quelque peu violines.
Le nez possède une belle intensité et une grande variété d’arômes : des fruits noirs, du camphre, du cuir, du balsamique, une touche mentholée, une autre vanillée…
La bouche est dense et d’une austérité classieuse, mais la chair est quand même fruitée ! Un grain serré, des tanins fournis et complètement fondus et une belle persistance sur le graphite complètent le tableau.
La belle alliance avec une terrine de chevreuil ne gâche rien.
Très Bien ++

Pauillac – Château Latour – 1966

Niveau entre bas goulot et haut épaule, bien pour une bouteille de 50 ans ! Le bouchon est totalement imbibé et un tout petit morceau du bas reste collé au goulot.

Bouteille ouverte pendant trois petites heures, puis carafée juste avant service.
La robe est encore très sombre et dénote des traces indéniables d’évolution, mais moins qu’attendu.
Le nez est très intense, sur de beaux arômes tertiaires tels que le sous-bois, le graphite, le cuir et les champignons.
Toute en finesse, d’une matière épurée, sur des arômes tertiaires semblables au nez, la bouche est d’une suprême élégance.
Un vin au style éthéré, que l’on adore si on apprécie les vins anciens.
Un salmis de pintade aux champignons sauvages (superbe par sa finesse !) redonne un peu de densité au vin. Très bien ++ / Excellent

Côte-Rôtie – Domaine Jamet – 2006

Bouteille ouverte pendant trois bonnes heures, puis carafée juste avant service.
La robe est sombre sans plus, et encore jeune.
Le nez s’ouvre généreusement en développant des senteurs fruitées (fruits noirs) et florales (violette) somptueuses.
L’austérité classieuse de la bouche est sa signature, avec une grande acidité structurante, une chair au fruit équilibré, des tanins soyeux et une persistance XXL.
Le râble de lapin à la tapenade se marie admirablement avec le vin en faisant ressortir son fruité.
Excellent

Chapelle Chambertin – Domaine Trapet – 2006

Bouteille ouverte pendant trois bonnes heures, puis carafée une petite demi-heure avant service.
La robe se révèle assez sombre, surtout pour un Bourgogne, avec des reflets tuilés dénotant une évolution certaine.
Le nez est bien ouvert mais pas d’une intensité formidable. C’est son élégance que l’on apprécie, avec ses accents floraux sur la rose et fruités sur la cerise et les petits fruits rouges, avec des nuances de ronce complexifiantes.
La bouche est marquée par une superbe acidité enrobée par un beau fruit. Le toucher velouté et la finale élancée participent à la très belle élégance qui se dégage de ce beau vin.
Bon accord avec des brochettes de bœuf, sauce Taryaki et poivre de Séchuan.
Très bien ++ / Excellent

Sauternes – Château d’Yquem – 1986

Bouteille ouverte pendant cinq bonnes heures et carafée juste avant service.
La robe est très ambrée.
Le nez, quel nez !, dévoile un botrytis très pur, les arômes virevoltant de la confiture d’orange à l’abricot mûr, du miel au coing, avec même des notes de cire.
La bouche est somptueuse, sur un rôti magnifique, enrobée d’une belle liqueur, structurée par une acidité énorme, l’ensemble étant complètement fondu et abouti. Abouti ? Oui, mais pourra tenir encore 30 ans … et plus.
Un grand vin tout simplement. Excellent +(+)
Et en plus l’accord s’est révélé très bon avec une terrine de poires au roquefort.

Bon, il fallait bien terminer la série, et même les deux séries, avec un 1956 ! Très difficile millésime, partout en France… Mais deux compères invités ont déniché cette petite merveille :

Rivesates – Domaine de la Cresse – 1956
Bouteille ouverte pendant cinq heures et demie et carafée juste avant service.
La robe est hyper ambrée et fait penser à un vieux rhum ou à un cognac, mais en tout cas plus à un Rivesaltes ambré qu’à un Rivesaltes tout court. La fiche annonce bien une large majorité de grenache noir et un peu de grenache gris, de grenache blanc et de maccabeu : c’est sans doute l’âge qui a donné cette couleur claire au vin.
Le nez est assez puissant, chatoyant, sur des fruits secs, de la vanille, du caramel, du miel, de l’orange : il nous fait voyager et bien voyager !
En bouche, la liqueur est encore très dense, bien équilibrée par une superbe acidité qui apporte une belle fraîcheur ; les arômes sont les mêmes qu’au nez, ce qui est fort agréable et se poursuivent jusqu’à une grande finale salivante, à la persistance remarquable.
Très Bien ++ et un superbe accord avec un fondant au chocolat.



Et voilà, that’s all folks ! De grands souvenirs en perspective…

Jean-Loup
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02 Jan 2017 11:01 #71

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Magnifique Jean-Loup!

Tu fais encore une fois preuve d'une générosité exceptionnelle! (tu)

julien
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02 Jan 2017 11:09 #72

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Belle série Jean Loup.
Toujours cet éclectisme dans les choix avec des outsiders qui tiennent leur rang.

Didier
02 Jan 2017 11:16 #73

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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Un anniversaire tel que celui-ci, cela se fête deux fois !

Tu fais encore une fois preuve d'une générosité exceptionnelle !

Dans ce cas, quatre bouteilles m'avaient été offertes par certains des protagonistes, quelques année auparavant : Salon, Cotat, l'Hermitage blanc et le Rivesaltes... :woohoo:

Je ne suis donc pas le seul à être généreux !

Jean-Loup
02 Jan 2017 12:36 #74

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Outsider...Y a quand même que du beau monde !

'Le nez est bien ouvert mais pas d’une intensité formidable. C’est son élégance que l’on apprécie, avec ses accents floraux sur la rose et fruités sur la cerise et les petits fruits rouges, avec des nuances de ronce complexifiantes.
La bouche est marquée par une superbe acidité enrobée par un beau fruit. Le toucher velouté et la finale élancée participent à la très belle élégance qui se dégage de ce beau vin.'

J'ai bu le Chambertin de ce même millésime il y a une dizaine de mois et je retrouve parfaitement la description faite ici où le mot élégance est la clé.
02 Jan 2017 14:39 #75

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JMM,

J'entendais par outsiders les vins suivants:
Le Cèdre même s'il s'agit du GC, le Chante Alouette,la "simple" Cote Rotie de Jamet (je rappelle qu'on avait bu La Turque en session d'automne, et le Rivesaltes glorieux inconnu.
Mais connaissant un peu les gouts de Jean Loup, je me dis que s'il a sorti ces bouteilles c'est qu'il les jugeait dignes de figurer au coté des autres belles bouteilles.

Didier
02 Jan 2017 15:06 #76

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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Un anniversaire tel que celui-ci, cela se fête deux fois !

Mais connaissant un peu les gouts de Jean Loup, je me dis que s'il a sorti ces bouteilles c'est qu'il les jugeait dignes de figurer au coté des autres belles bouteilles.

Disons que le thème étant très sélectif, je ne pouvais tout acheter sur Internet (même si pour certaines bouteilles je l'ai fait il y a trois ans en vue de cette dégustation). Sur ces quatre bouteilles "outsiders" deux étaient des cadeaux, et pour les autres j'ai pris parmi ce que j'avais en cave. Pour les quatre j'espérais qu'elles seraient à la hauteur car je ne les avais jamais goûtées auparavant...
Pour les plus prestigieuses j'espérais ne pas avoir de grosse déception, mais là encore il s'agissait de premières... C'était aussi le cas pour la première manche, sauf pour le magnifique Château Chalon 1976 de Pierron (j'en avais dégusté deux mais à un niveau nettement plus bas en bouteille).
C'est donc sur la théorie et la pratique d'autres LPViens qui ont fait des CR que je me suis basé. Encore merci LPV !

Jean-Loup
02 Jan 2017 17:28 #77

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