Dégustation éclectique sur les années en 6
Un anniversaire comme le 60ème, cela vaut le coup de le fêter deux fois !
Pour cette occasion ce sont mes amis berruyers qui sont invités, mais toujours sur le même thème : les étiquettes en « 6 » !
Le CR était prêt depuis longtemps mais avec l'attaque insidieuse de LPV et mon retard à l'allumage après le redémarrage...
Malheureusement pas de photographe parmi les présents...
Champagne – Salon – 1996
Quand on choisit un Champagne en « 6 », c’est forcément 1996, et quand en plus on a Salon en cave, une bouteille offerte autrefois par mes convives du jour, c’est l’occasion de la leur servir !
Bouteille ouverte une petite heure avant carafage et service immédiatement après.
La robe est claire, parsemée de bulles d’une finesse extrême.
Pas puissant mais d’une superbe fraîcheur et d’une extrême élégance, le nez impressionne par sa grande complexité d’arômes allant de la vanille et du grillé aux agrumes, particulièrement le citron, en passant par les fruits secs.
D’une certaine vinosité, la bouche possède une magnifique énergie vibrante, les micro-bulles se font caressantes, le tout d’une extrême finesse. La persistance est prodigieuse, la finale saline et iodée, avec même de beaux amers pour certains convives.
Un vin extrême, à boire pour lui tout seul !
Excellent +(+)
Sancerre – François Cotat – La Grande Côte – 1996
Bouteille ouverte pendant une heure puis carafée pendant deux petites heures.
La robe oscille entre paille et or.
Puissant et complexe, le nez embaume d’arômes exotiques, notamment le litchi, bien complétés par de belles notes de bourgeon de cassis et d’autres crayeuses ou encore citronnées.
D’une superbe harmonie, par sa chair fruitée aux notes toujours crayeuses, son amplitude, sa finesse et sa fraîcheur, la bouche est aussi dotée de quelques sucres résiduels (12 à 15 g ?) qui étonnent car il ne s’agit as d’une « cuvée spéciale ».
Un vin classieux sans esbroufe que l’on place facilement en Alsace, sur un riesling ou un pinot gris.
Excellent (+)
Il marche côte à côte avec des rougets au citron, sans que ni l’un ni les autres ne se dérangent. C’est cependant sans doute l’accord le moins réussi de la dégustation, peut-être en raison des sucres résiduels inattendus.
Batard Montrachet – Louis Jadot – 1996
Bouteille ouverte pendant deux petites heures puis carafée pendant une bonne heure.
La robe présente un or bien marqué.
Le nez très intense est d’un grand classicisme : brioche, vanille, grillé, miel, fruits blancs ; l’’élevage est sensible mais noble et intégré.
La bouche a beaucoup de fond, elle est d’un beau volume et possède une superbe matière. L’élevage est enrobant, la grande concentration ne se dépare pas dans la longueur, soutenue par une très belle acidité, avant une finale salivante.
Le vin se retend un peu plus sur un magnifique homard au beurre vanillé, dans un accord fort réussi.
Très Bien +
Hermitage blanc – Domaine Chapoutier – Chante Alouette – 2006
Bouteille ouverte pendant une petite heure puis carafée pendant presque trois heures.
La robe est bien ambrée mais très claire.
Puissant et complexe, le nez est dominé par des notes oxydatives, dont la pomme, mais pas uniquement : la figue s’invite et apporte une bonne sensation sucrée.
L’attaque est grasse, dotée d’une belle concentration puis la tension prend le dessus, et pour longtemps.
Un 100 % marsanne qui a dû avoir la même mésaventure que certains Beaucastel Vieilles Vignes 100 % roussanne…
Bien ++ / Très Bien et un superbe accord avec un foie gras poélé.
Cahors – Le Cèdre – GC – 2006
Bouteille ouverte pendant une petite heure puis carafée pendant trois bonnes heures.
La robe est très sombre, aux pourtours encore quelque peu violines.
Le nez possède une belle intensité et une grande variété d’arômes : des fruits noirs, du camphre, du cuir, du balsamique, une touche mentholée, une autre vanillée…
La bouche est dense et d’une austérité classieuse, mais la chair est quand même fruitée ! Un grain serré, des tanins fournis et complètement fondus et une belle persistance sur le graphite complètent le tableau.
La belle alliance avec une terrine de chevreuil ne gâche rien.
Très Bien ++
Pauillac – Château Latour – 1966
Niveau entre bas goulot et haut épaule, bien pour une bouteille de 50 ans ! Le bouchon est totalement imbibé et un tout petit morceau du bas reste collé au goulot.
Bouteille ouverte pendant trois petites heures, puis carafée juste avant service.
La robe est encore très sombre et dénote des traces indéniables d’évolution, mais moins qu’attendu.
Le nez est très intense, sur de beaux arômes tertiaires tels que le sous-bois, le graphite, le cuir et les champignons.
Toute en finesse, d’une matière épurée, sur des arômes tertiaires semblables au nez, la bouche est d’une suprême élégance.
Un vin au style éthéré, que l’on adore si on apprécie les vins anciens.
Un salmis de pintade aux champignons sauvages (superbe par sa finesse !) redonne un peu de densité au vin.
Très bien ++ / Excellent
Côte-Rôtie – Domaine Jamet – 2006
Bouteille ouverte pendant trois bonnes heures, puis carafée juste avant service.
La robe est sombre sans plus, et encore jeune.
Le nez s’ouvre généreusement en développant des senteurs fruitées (fruits noirs) et florales (violette) somptueuses.
L’austérité classieuse de la bouche est sa signature, avec une grande acidité structurante, une chair au fruit équilibré, des tanins soyeux et une persistance XXL.
Le râble de lapin à la tapenade se marie admirablement avec le vin en faisant ressortir son fruité.
Excellent
Chapelle Chambertin – Domaine Trapet – 2006
Bouteille ouverte pendant trois bonnes heures, puis carafée une petite demi-heure avant service.
La robe se révèle assez sombre, surtout pour un Bourgogne, avec des reflets tuilés dénotant une évolution certaine.
Le nez est bien ouvert mais pas d’une intensité formidable. C’est son élégance que l’on apprécie, avec ses accents floraux sur la rose et fruités sur la cerise et les petits fruits rouges, avec des nuances de ronce complexifiantes.
La bouche est marquée par une superbe acidité enrobée par un beau fruit. Le toucher velouté et la finale élancée participent à la très belle élégance qui se dégage de ce beau vin.
Bon accord avec des brochettes de bœuf, sauce Taryaki et poivre de Séchuan.
Très bien ++ / Excellent
Sauternes – Château d’Yquem – 1986
Bouteille ouverte pendant cinq bonnes heures et carafée juste avant service.
La robe est très ambrée.
Le nez, quel nez !, dévoile un botrytis très pur, les arômes virevoltant de la confiture d’orange à l’abricot mûr, du miel au coing, avec même des notes de cire.
La bouche est somptueuse, sur un rôti magnifique, enrobée d’une belle liqueur, structurée par une acidité énorme, l’ensemble étant complètement fondu et abouti. Abouti ? Oui, mais pourra tenir encore 30 ans … et plus.
Un grand vin tout simplement.
Excellent +(+)
Et en plus l’accord s’est révélé très bon avec une terrine de poires au roquefort.
Bon, il fallait bien terminer la série, et même les deux séries, avec un 1956 ! Très difficile millésime, partout en France… Mais deux compères invités ont déniché cette petite merveille :
Rivesates – Domaine de la Cresse – 1956
Bouteille ouverte pendant cinq heures et demie et carafée juste avant service.
La robe est hyper ambrée et fait penser à un vieux rhum ou à un cognac, mais en tout cas plus à un Rivesaltes ambré qu’à un Rivesaltes tout court. La fiche annonce bien une large majorité de grenache noir et un peu de grenache gris, de grenache blanc et de maccabeu : c’est sans doute l’âge qui a donné cette couleur claire au vin.
Le nez est assez puissant, chatoyant, sur des fruits secs, de la vanille, du caramel, du miel, de l’orange : il nous fait voyager et bien voyager !
En bouche, la liqueur est encore très dense, bien équilibrée par une superbe acidité qui apporte une belle fraîcheur ; les arômes sont les mêmes qu’au nez, ce qui est fort agréable et se poursuivent jusqu’à une grande finale salivante, à la persistance remarquable.
Très Bien ++ et un superbe accord avec un fondant au chocolat.
Et voilà, that’s all folks ! De grands souvenirs en perspective…
Jean-Loup