Inscrit depuis quelques temps maintenant, je n'ai jamais vraiment osé pondre des CR à chaque bouteille ouverte, n'étant pas sur de coller les bons mots, s'il en existent, sur ce que je pouvais ressentir.

Mais pour ce weekend de pont qui vient de s'écouler, je vais faire une exception car je recevais à la maison et je m'étais fixé comme objectif de tout préparer de A à Z en terme de mets et d'accords pour les vins. J'avoue que j'avais un peu de pression car je voulais me livrer à quelques petites expérimentations. Mais s'étant plutôt bien déroulés, ces quatre jours resteront d'autant plus un très bon souvenir.

Bref, je ne vais pas m'étaler plus longtemps et passer à mon -premier- compte rendu:

Jeudi:

Nos invités arrivent en milieu d'après midi. Après une petite visite du centre de Bourges, nous passons aux choses sérieuses pour le diner.

Condrieu 2015 - Domaine Boissonnet:

Servi à l'apéro sur des rillettes de thon et des toasts de tapenade d'olive verte. Au nez, le vin s'ouvre à l'agitation sur les fruits jaunes. La bouche est sur l'abricot et le gras présent, est assez fin, jamais écrasant. Une touche de violette et une pointe légère d'alcool ressortent en finale, mais pour un millésime comme 2015 en Rhône nord, c'est un blanc qui a une certaine fraicheur comparé à d'autres cuvées goutées cette année.


Hermitage 2004 - E. Guigal:

Le fait d'avoir récemment reparlé de cette cuvée sur le topic Guigal m'a conforté dans mon choix d'ouvrir cette bouteille pour la revoir. De souvenir, le premier nez n'est pas forcément très avenant, sauvage. Puis après aération, ça sent la Syrah à plein nez. En bouche, je retrouve ce côté Syrah, mais aussi ce petit côté évolué/complexe ressenti sur les deux autres bouteilles bues l'année dernière. Par dessus ça, il y a une certaine puissance qui se dégage. J'ai l'impression de déceler des notes réglissées/mentholées sur la finale qui rafraichissent le palais.
Au final, cette bouteille aurait pu patienter bien encore avant d'être ouverte quand les 2 premières bues un an avant me semblaient à point.


VdP du Vaucluse Domaine des Tours 2013 - Chateau des Tours

Ouverte 24h à l'avance. Découverte pour moi de ce domaine depuis cette année. Un vin fidèle à ce qui est rapporté sur tous les comptes rendus en parlant. Juste je dirais, que pour avoir bu ou gouté 2010, 2011 et 2012, il me parait être le plus équilibré, car sur les 3 autres, j'avais plus ou moins une impression d'alcool qui ressortait.


Vin de France Ti Doux - Delphine Aquadro:

Un blanc perlant à base de Rolle qui nous vient de Bandol. Je le trouvais plus exotique l'année dernière, plus gourmand. Mais avec son côté léger, sucré et rafraichissant, il fait bien son job pour accompagner le dessert. Un convive lui trouvera des notes de poire, et c'est vrai qu'après l'avoir dit, ça m'évoque bien ça. Petite bouteille de plaisir à descendre d'un trait, car lorsque le côté perlant s'estompe, il perd grandement en vivacité.



Vendredi:

Petit apéro dinatoire en guise de repas du soir. A cet effet, j'avais prévu light.

On commence donc par:

Côtes-du-Rhône 2015 - E. Guigal:

Il me semble bien deviner ce côté violette du Viognier, ça se boit très facilement, la bouche est relativement courte mais pour le reste, il n'y a rien à dire. Un bon petit RQP pour un apéro à l'improviste par exemple.


Cahors 2014 - Domaine de la Paganie:

Acheté au Salon des Vins et de la Gastronomie à Bourges, j'avais été déçu par les 2012 qui tiraient fortement sur du cuir de vache, voir l'étable. Le 2014 rejoint un peu ce profil avec des notes prononcées de cuir (mais pas "d'odeurs de vache") contrebalancées par un fruité très présent. Un vin qui s'est bu facilement avec les restes du BBQ de la veille.



Samedi:

Véritable journée marathon rythmée par la visite de deux domaines sancerrois entrecoupée d'un repas copieux au Petit Gouter de Chavignol (arrosé d'une quille du Mas de Libian), le repas du soir ne s'annonçait pas moins généreux.

Champagne Blanc de Noir 2009 - Philipponnat:

Entre amis de dégustation, nous ne sommes pas vraiment habitués aux Champagne. Ayant cette bouteille en cave, même si peut-être encore un peu jeune, je me dis que ça donnera l'occasion de débuter en matière ce repas et de varier les styles.
Ouverte un peu au dernier moment, le cordon de bulles est pas loin d'être un jacuzzi dans la flute. Malheureusement, entre attendre qu'elles se calment et ne pas trop attendre que la chaleur atteigne le vin, il faudra faire un choix! La robe est légèrement dorée pour ce blanc de noir, le nez est plutôt plaisant mais pas encore très expressif. En bouche, on est vite envahit par la bulle au début, mais malgré cela, les arômes arrivent à se développer un peu. Au fil de l'apéro, je trouve que le vin s'ouvre en même temps que le gaz diminue.


Saint-Aubin 1er Cru Le Charmois 2008 - Domaine du Pimont:

Bouteille achetée il y a quelques mois en GMS. De 22/23 euros, elle avait été "soldée" à 15,60 euros. Pour tenter un vieux Bourgogne blanc, je m'étais dit qu'une perte d'une quinzaine d'euros était acceptable tant le risque de bouteille morte était grand (conditions de stockage,...). Ouverte pour gouter, puis rebouchée, pour accompagner un tartare de saumon, roquette et crème citronnée.
La robe est d'un jaune or. Le nez, lui n'est pas des plus agréables, sur des notes oxydatives (madame me dira qu'elle y sent comme de l'urine), et en y repensant, quelque chose comme du foin (?). Ça part plutôt mal, puis en bouche, c'est totalement différent. On dirait que le gras, avec le temps, s'est estompé pour laisser une trace fine de son passage, le vin se terminant sur des notes de beurres, puis petit à petit sur des notes grillées. J'ai trouvé l'accord relativement bon avec le côté gras du saumon. Dommage pour ce nez, car pour du négoce (je crois) stocké comme de la daube en GMS, le résultat était vraiment satisfaisant. Il m'en restait un fond de bouteille le lendemain midi, et le vin ne s'était toujours pas effondré, mais commençait à vraiment fatiguer.


Cornas Domaine de Saint Pierre 2007 - Paul Jaboulet Aîné:

Pour accompagner des joues de boeuf en daube de sept heures & tagliatelles. Et bien ma foi, je ne m'attendais pas à ça! Ayant récemment dégusté une Petite Chapelle 2009 qui en étant bonne, ne m'avait pas non plus transcendé, je ne pensais pas prendre mon pied avec un vin de Jaboulet (hors Chappelle,...).

A l'ouverture, la robe est sombre avec des reflets orangés. Le nez, lui est sur un profil viril mais appétissant. La bouche, elle, est assez "sauvage". 2-3 heures plus tard à table, le nez a gagné en harmonie, ça sent vraiment bon, mais sans jamais aller sur le terrain du fruit excessif, gourmand. En bouche, il y a de la puissance, mais c'est en même temps "affiné", ça se boit comme du petit lait, aussi bien par ces dames que par nous-mêmes. La bouteille descend décidément bien trop vite! L'accord avec la daube est évidemment, à mon sens, plus que réussi, mais surtout parce que cette Syrah, certainement à son apogée, est succulente.

Pour avoir eu la chance de gouter certains parcellaires de Gerin sur 2001 et plus récemment encore sa Landonne 2000, on atteint pas ce niveau de complexité, de grandeur, de persistance avec ce Cornas. Mais pour une bonne trentaine d'euros au Vineum à Tain, je pense qu'on est très loin d'être volé. Dans le doute (enfin surtout pour en re-boire), on a passé commande d'une caisse de ce Cornas auprès du Vineum. Après tout, peut-être avons-nous surestimé cette bouteille du fait de ce qui avait été bu en amont? Par le fait que nous passions tous un très agréable moment? Bref, hâte de re-déguster cette cuvée.


Saint Joseph Cuvée du Papy 2012 - Domaine du Monteillet:

Apportée par un convive. C'est toujours avec excitation que je retrouve cette bouteille, car c'est en la goutant au domaine en mai 2015 (avec sa cousine Fortis du même millésime) que j'avais eu ma première petite claque quant au vin, et le fait que ça soit devenu une passion.

A l'ouverture, le vin est fermé, j'ai pour ma part, l'impression qu'on est sur le bois. Carafée 3 heures, le vin s'est bien ouvert. Alors attention, l'heure de la saturation est arrivée, et il est possible que la description que je vais en faire soit quelque peu erronée. Le nez explose sur la fleur blanche, la violette. J'entends muguet autour de moi, et c'est fort possible, un peu un mélange de tout ça. La personne qui l'a apportée évoque aussi la vanille, c'est fort probable. C'est élégant et toujours ce côté très expressif. Je pense qu'effectivement on est sur un vin avec un élevage important, mais c'est vraiment bien fait. Après, certains n'accrocheront peut-être pas au style. En tout cas, un vin complètement différent du Cornas. On est plus sur un vin féminin, floral. Le vin continuera ensuite à s'ouvrir dans les verres. Bouteille qui peut certainement attendre encore sereinement son heure.

Côtes-du-Lot Griffé Velours 2014 - Château Eugénie

Ce n'est pas un blanc, mais bien un sucre. Une cuvée à base de Chenin botrytisé si je ne m'abuse. Avec du recul, je regretterais presque de ne pas avoir ouvert ce vin pour une autre occasion, car je pense que nous étions tous arrivés à saturation du weekend. Malheureusement, j'avais ouvert cette bouteille 2 jours avant, donc autant y aller. En parallèle, mon invité qui avait amené la Cuvée du Papy avait aussi amené un Tokaji 2004 (dont j'ai zappé le nom du domaine). J'avais trouvé plus de complexité au Tokaji, mais peut-être aussi parce qu'il avait 10 ans de plus. Mais deux bouteilles fort sympathiques si on met de côté le fait que je commençais à être écoeuré.

Bref, encore un weekend comme on aimerait en avoir plus souvent!

Hé, Ho, c'est plutôt bon pour quelqu'un qui n'osait pas ...
Je n'en faisais pas d'aussi bon des Cr's quand j'ai commencé !
Bravo

joli CR global !

Super

didier

Et bien, il est parfait ce compte-rendu! Maintenant? Aux suivants!!!

@ols: merci bien! Après, les sensations des uns et des autres sont également retranscrites un peu dans mon CR car elles m'ont aidé à identifier ce que je pouvais ressentir.

Le vin que je suis arrivé le moins bien à retranscrire est le Cornas, et le peu que j'ai couché ici me semble inadéquat par moment quand j'y repense. Ce n'est pas un exercice aisé, loin de là! Comme l'impression que plus un vin est bon, et plus c'est dur de le décrire.

@Tonioaja: promis, je reprendrai au moins une quille de Griffé Velours car je m'en veux de l'avoir sacrifié de la sorte!

@Ladide: merci!

@Frisette: merci également! Je suis attentivement vos CR qui sentent souvent bon le Rhône nord , ma région d'origine et préférée au niveau des vins (l'affect y joue certainement).