Dégustation thématique sur le cépage chenin, avec une comparaison de vins français avec des vins sud africains. Pour chaque pays, 3 vins secs et 2 moelleux. Cela a donné 5 face à face, basé sur des vins de tarifs à peu près équivalents à chaque fois.
Préambule sur mes notations :
0 = raté
1 = médiocre
2 = correct
3 = bon
4 = très bon
5 = excellent
avec des demi points, des + et des – qui permettent d’affiner le jugement et de classer les vins entre eux.
Stellenbosch, Raats Family Wines, Chenin sec Original 2014
Robe pâle, jaune verdâtre.
Nez ouvert, sur l’acacia, l’aubépine, le cédrat et une petite pointe de litchi.
Attaque souple et fraiche, légèrement acidulée. Il y a une belle structure, droite, avec un bon équilibre. La retro confirme le nez et permet de déceler en plus des notes de silex qui apportent une impression de minéralité. La finale est minérale et citronnée, avec une légère amertume, et de belle longueur.
Conclusion : c’est bon, frais et assez complexe.
Note : 3,5/5
Coteaux du Vendomois Pierre à feu 2015, domaine Patrice Colin
Robe jaune dorée, assez pâle.
Nez discret duquel on ressort quleques notes de tarte aux pommes.
En bouche, l’attaque est vive et on perçoit d’entrée une légère impression de sucré. La matière est en ½ puissance et présente une évolution acidulée associée à une légère amertume. C’est un vin cristallin dans lequel on sent du chèvrefeuille et quelques notes fumées, ainsi que du citron confit qui fait son apparition en finale (mais à aucun moment on ne retrouve le côté tarte aux pommes du nez). Assez long en bouche.
Conclusion : c’est un vin intéressant qui évolue au fil de la bouche, mais qui ne me fait pas vibrer.
Note : 3+/5
Stellenbosch, Kleine Zalze, Family Reserve Chenin sec 2015
Robe jaune verdâtre assez pâle.
Nez ouvert, sur le citron (toute la gamme, du citron vert au citron confit), l’aubépine et la craie.
En bouche, après une attaque souple, on trouve un vin ample et fin, bien équilibré grâce à une belle tension. La gamme aromatique est assez fondue, sur les agrumes (citron, pamplemousse) et la craie.
Cela finit très longuement sur une finale un peu saline où le chèvrefeuille fait son apparition.
Conclusion : c’est très bon, expressif et long, avec une belle tension.
Note : 4-/5
Saumur Billes de Roche 2014, Clos Melaric
Robe jaune dorée assez intense.
Nez ouvert, boisé et citroné, avec un côté volatile sur l’acétone à l’aération.
En bouche, l’attaque est ample et ronde. C’est assez puissant, légèrement gras, bien équilibré mais tannique (je pensais que le bois avait pu transmettre quelques tanins, mais les fûts utilisées sont de 2 à 8 vins, alors mystère sur cette impression...). La gamme aromatique est sur le citron, le fumé, le boisé et la pomme cuite. La finale est légèrement amère et de belle longueur.
Conclusion : c’est un bon vin, puissant et tannique, avec un bon équilibre. Probablement bu trop jeune.
Note : 3,5-/5
Stellenbosch, Ken Forrester, Chenin sec FMC 2015
Robe jaune dorée assez intense.
Nez ouvert et complexe, avec une petite réduction, de la noisette, du grillé (et même un côté « rôti »), du silex, et de la poire au sirop.
En bouche, c’est ample et rond avec une belle tension. La retro révèle une palette riche et complexe : côté rôti, notes grillées, coing, poire, rhubarbe et miel.
Le tout est associé à une très belle longueur.
Conclusion : c’est très bon, vif et ample, très expressif. « De la balle » !.
Note : 4,5-/5
Anjou Blanc 2013, Domaine Andrée
Robe jaune dorée intense.
Nez ouvert, avec un côté réduit, des notes amyliques et de la réglisse.
Attaque souple et fraiche. La matière est belle avec un bon équilibre. La gamme aromatique reste austère, avec du réduit, des notes métalliques, de la réglisse, et de la pomme cuite qui apparaît dans la finale fraiche. Belle longueur.
Conclusion : c’est un vin qui a des qualités (matière et équilibre) mais la gamme aromatique m’apporte assez peu de plaisir.
Note : 3+/5
A ce stade, les 3 chenins secs de chaque pays ont été dégustés et l’Afrique du Sud mène 3 à 0.
Les moelleux français, issus de domaines prestigieux, vont-ils inverser la tendance ?
Paarl, Glen Carlou, The Welder, Chenin doux 2013
Robe jaune dorée intense.
Nez assez ouvert sur le coing, la pâte de coing, l’abricot et le miel.
Attaque ample et grasse. Vin en ½ puissance, rond, relevé par une belle acidité. La retro confirme le nez et permet d’y ajouter le citron confit.
La finale gourmande est sur l’abricot et le miel, avec une belle longueur.
Conclusion : un beau liquoreux, riche et frais.
Note : 4-/5
Coteaux du Layon, passerillé 2013, Domaine Delesveaux
Robe jaune dorée assez intense.
Nez discret, qui laisse passer des notes minérales et salines (huitre).
Attaque souple et ample. La matière est puissante fraiche et saline. La gamme aromatique reste discrete en bouche, comme au nez : notes calcaires (coquillages), avec un léger côté ananas rôti en finale. Assez court en bouche.
Conclusion : bof ! Le côté coquille d’huitre n’est pas du meilleur effet pour un moelleux.
Note : 2/5
Stellenbosch, Ken Forrester, T Noble Late Harvest 2013
Robe jaune orangée intense.
Nez ouvert sur le miel, l’abricot, et le boisé.
Attaque ample et vive. Belle matière, riche, sucrée, avec une belle acidité pour équilibrer. La retro révèle du miel, du grillé, de la pâte de coing, de l’abricot et de la mangue. Un petit côté silex apparaît en finale. Très belle longueur.
Conclusion : un très beau liquoreux, riche et très bien équilibré
Note : 4+/5
Quart de chaume grand cru 2013, Domaine Pierre Bise
Robe jaune orangée, voire ambrée, intense.
Nez ouvert, dominée par la pomme blette.
Attaque ample. La matière est belle, fine, grasse et salivante à la fois. En retro, on est sur le silex, un peu la poudre à canon, et un côté botrytis. La finale s’enrichit de coing et de miel. Belle longueur.
Conclusion : un beau vin liquoreux, mais qui apparaît fade et un peu lourd après le T Noble Late Harvest .
Note : 3/5
Les moelleux/ liquoreux français n’ont pas fait mieux que les secs face à leurs challengers sud africains. Le match se finit sur un cinglant 5-0 en faveur de l’Afrique du sud.
Nous étions 11 dégustateurs et mon avis a été globalement partagé, chacun des duels a été remporté par 9 voix contre 2 en moyenne.
Peut-être faudrait-il rejouer un match avec d’autres millésimes ou d’autres domaines (Chidaine ?). Peut-être avons-nous comparé des torchons et des serviettes (la vinification sud africaine est différente et recherche des thiols spécifiques qui donnent d’autres arômes).
Ce match vaut ce qu’il vaut, mais il nous renseigne surtout sur le fait qu’il y a des affaires à faire sur les chenins sud africains.
Oenophilement
Bibi