A la Toussaint, fais-toi du bien,
Le jour des morts, réjouis ton corps !
C'qu'il y a de bien avec les vacances scolaires, c'est que ça permet aux vieux copains de sortir un peu la tête du marigot d'un boulot chronophage et du quotidien dévoré par les exigences cavaleuses des marathoniens en Pampers !
De 20 à 30 ans, ils étaient partants pour la gaudriole tous les soirs, mes petits Gunthards !
Mais depuis les 30 jusqu'à 50, il semble qu'il y ait comme de mini trous noirs à totote d'apparus dans leurs calendriers, avalant leurs disponibilités avec l'appétit d'un Gargantua sortant d'hibernation !
Donc quand les jeunes parents confient aux jeunes grands parents leurs petitous pendant les vacances, Boudu allait pas rater
une nouvelle occasion
de ramener son incruste et de profiter de la générosité jamais démentie de ses bons copains !
En piste !
Domaine Zind Humbrecht, Alsace Riesling, Clos Windsbuhl, 2008
Robe assez nettement dorée.
Superbe nez qui fait voyager car en aucun cas frappé des marqueurs riesling classiques d'hydrocarbures.
Les senteurs sont un parfait compromis de notes florales et très finement exotiques qui forment un ensemble d'une générosité très agréable qui ne verse pas dans l'opulence. En gros, ça renifle entre le Chablis parfaitement mûr et le beau mâconnais bien né !
Mais pour moi, pas possible en bouche que ce soit du chardo !
Si l'attaque se pose sur une petite sucrosité, elle est immédiatement propulsée par une acidité magnifiquement intégrée, avec un toucher salivant et au moelleux sans gras qui signe le beau riesling.
Le vin déroule un charme aromatique redoutable et ce point d'équilibre confortable tout en maîtrise le rend assez irrésistible.
Ajoutez une finale qui pousse fort sur le palais et rien à dire, on est en présence d'un superbe vin !
Délicieux !
Et rassurant sur l'état d'évolution du cru par rapport à certains essais précédents qui m'avaient un peu inquiété.
Domaine des Comtes Lafon, Meursault-Perrières 1er cru, 2008
Robe sur un doré léger.
Nez opulent et à mon goût très monolithique, marqué par des notes terriblement beurrées qui étouffent toute autre expression aromatique.
La structure de bouche est en revanche superbe, sur un volume plein et gras, au toucher très tapissant mais sans aucune lourdeur grâce à la présence d'une acidité motrice là encore parfaitement intégrée et qui accélère cette belle matière concentrée en apportant de la fraîcheur.
En revanche, les goûts restent toujours marqués par l'élevage et des notes de crème au beurre et de caramel au lait excessivement présentes et qui m’écœurent au moment où l'envie d'avoir envie devrait s'exprimer.
La finale est toute en puissance et en équilibre et ne lui manque vraiment qu'une autre expression aromatique pour être digne de beaux superlatifs.
La garde (car le vin était sans évolution notable) peut-elle transmuter ces goûts primaires ?
Au vu de la structure parfaite de cette bouteille, aucun risque à attendre si vous l'avez en cave, en tout cas.
A revoir.
Maison Trimbach, Alsace Riesling, Clos Sainte Hune, 2004
Bouchon imbibé aux deux tiers mais parfaitement adhérent.
Robe très jeune, à peine teintée d'un léger gris vert.
Nez précis, pur et droit, sur les agrumes (citron vert) et la menthe à l'ouverture, l'aération ramenant de délicates pointes exotiques qui donnent au vin beaucoup de cachet et une gourmandise certaine.
La bouche est magnifique, racée, parfait compromis de tension par une acidité tonique qui donne une trame laser au vin mais également par un volume au point de maturité parfait, en tout cas à mon goût, quand la puissance à cœur s'exprime de manière fuselée et tranchante, sans aucune rondeur facile mais à l'opposé de toute maigreur ou aridité.
L'accord avec le poisson cru est d'une absolue perfection, la pureté du vin sortant comme relancée par celle de la chair de la dorade.
La finale est d'une grande persistance, sur une sensation d'extraits secs toute en présence mais sans une once d'austérité, celle qu'on peut reprocher parfois aux vins de la maison.
Un vin incroyable de jeunesse, impossible d'imaginer qu'il a déjà plus de dix ans de cave.
Magnifique, j'adore !
Butternut au curcuma et citronnelle
Matteo Correggia, Roero Riserva, Ròche d'Ampsèj, 2008
Robe assez claire, sur un tuilé un peu plus concentré que l'oeil de perdrix.
Nez agréable, ouvert et franc, sur les fleurs séchées et les épices douces, un fruit rouge qui commence à s'évanouir vers des senteurs plus évoluées mais aussi des senteurs de caramel au lait qui font très élevage un peu généreux (aucune idée si c'est le cas... si ça se trouve, le vin n'a vu que des foudres centenaires...
).
Bouche très agréable, à la fois franche et disponible, sans aucun côté intellectuel ni vulgaire sinon toujours cette petite touche lactée qui m'évoque un boisé très présent et qui lui fait un peu perdre en évidence.
Le vin exprime un équilibre à la fois gourmand et juteux, avec beaucoup de présence mais sans excès, que ce soit au niveau de l'alcool ou en tanins.
La finale possède de la relance et beaucoup de fraîcheur, sur une belle acidité et des tanins gras qui font saliver et possède d'indéniables qualités de buvabilité.
Le fond de bouteille terminée le lendemain n'avait rien perdu de ses qualités.
Le genre de découverte qui me cause. J'ai beaucoup aimé !
Château La Mission Haut-Brion, Pessac-Léognan, 1998
Robe sur un violet assez léger.
Beau nez classique, au bouquet bordelais bien tourné, compromis de notes de fruits noirs enrobées de légères touches de tabac brun, de goudron. L'aération dans le verre ramène un végétal assez net mais sans verdeur gênante et que je n'avais pas perçu au premier coup de pif.
Belle attaque à la fois crémeuse de texture, sur une matière franche et d'une certaine suavité mais toute en équilibre frais et en structure, très classique d'expression mais d'une classe certaine.
La matière possède ce qui fait l'intérêt des vins de Bordeaux réussis, un équilibre dont la fraîcheur ne sacrifie rien à la puissance de corps et permettant ainsi au vin d'exprimer une vraie tenue à table.
L'accord avec le canard aux cèpes et le (
monumental ) gratin dauphinois du chef est parfait, la structure du vin tranchant dans le gras du plat en créant un point d'équilibre qui appelle la soif !
L'aromatique assez végétale sans tomber dans le poivronné ou le jus de verdeur renforce ce sentiment de fraîcheur.
Belle finale droite et classe, aux tanins encore présents mais de grande qualité.
De la très belle ouvrage !
Confit de canard, gratin dauphinois, cèpes
Pignan, Châteauneuf du Pape, 2003
Ouvert la veille
Bouchon affreux, riquiqui et tout humide, imbibé jusqu'au tiers mais surtout très inquiétant par l'affreuse odeur de moisi qu'il exhale...
La robe est très nettement tuilée, sur un orangé clair qui semble très âgé.
Nez brouillon, peu causant, sur des notes tertiaires de bois humide, de boîte à épices un peu éventées sur lesquelles survivent des senteurs de grenade un peu blette et de boutons de rose séchés.
La bouche est marquée d'un perlant terrible et sacrément tenace.
L'ensemble est ferme, sur une acidité asséchante et un alcool prégnant qui prennent le pas sur une matière un peu décharnée, à la lecture quasi piquante et que des goûts bien trop tertiaires ne permettent pas de sauver.
La finale m'a laissé une impression de fatigue certaine.
Pas de plaisir pour moi sur ce vin, peut-être abîmé d'un bouchon douteux.
Etivaz, Morbier, Beaufort, Appenzeller, Fourme de Montbrison
Domaine Lucien Aviet, Arbois Vin Jaune, 1985
Robe vieil or marqué de reflets grisés.
Nez classique le premier jour, carrément superbe le lendemain où le vin a gagné en ampleur et en douceur, sur des senteurs de feuille de curry, d'épices avec un côté puissant et frais à la fois.
Même phénomène en bouche où le vin m'était apparu assez lent d'expression hier, avec une attaque qui mettait beaucoup de temps à se mobiliser pour finalement gagner en profondeur et en allooooooonge.
Ce soir, le vin est plus détendu, immédiatement positionné dès l'attaque, toute en délicatesse malgré une ampleur aromatique certaine, sur la noix de pécan, le curry.
Le vin déroule lentement une grande profondeur, sans aucune brutalité ni lourdeur et s'ouvre dans une longue finale, à la fois précise et ample qui perdure très longtemps.
Pas besoin de vous dire que le comté a pris une raclée...
Un très beau vin, d'une noblesse toute en prolongation.
Mille-feuilles maison
Château Lafaurie-Peyraguey, Sauternes, 2003
Robe ambre très teintée.
Nez classique, sur la confiture d'abricot et de puissantes notes safranées.
Bouche riche, sur une sucrosité pleine mais sans lourdeur ni morsure, avec une belle acidité et surtout un volume et des amers qui lui apportent structure et relance.
L'ensemble reste encore assez riche mais peu s'approcher sans souci.
Finale agréable sur de beaux goûts de calissons et de safran.
Bien.
Euh, à force, va falloir que je m'essaie au CR en idéogrammes ou en cyrillique, moi !
Car la langue française ne va bientôt plus compter assez de mots pour exprimer le plaisir et ma gratitude de tels moments de partage...
Un énorme merci à Anne et Benjamin pour ce déjeuner terriblement délicieux et à Annick et Marc pour leur bonne humeur légendaire !
Bises à tous et vivement de vous revoir très vite,
Oliv