A l'occasion d'un passage à la dizaine supérieure, j'ai proposé à mes compères de venir casser la croûte à la maison et faire quelques expérimentations viniques.
Tout est bien sûr à l'aveugle, les bouteilles amenées par les compères l'étant aussi pour moi.
Toutes mes bouteilles ont été ouvertes le matin à 10h, et seul le Sancerre a été carafé, sans trop de succès.
J'avais pour objectif de faire un duel pour chaque plat, auxquels se sont rajoutés 4 apports. J'ai donc (volontairement) dépassé les limites que je souhaite habituellement fixer, et rétrospectivement, je confirme que ça fait quand même beaucoup...
Sur une fausse pissaladière (sans anchois, mais avec moulte huile d'olive...) et un plateau de gourmandises salées (coppa d'un producteur local, jambon et pâté de tête de porc noir de Bigorre, foie gras du Tarn)
Domaine Philippe Foreau - Réserve - Vouvray Brut 2005
Robe paille assez claire et limpide.
Nez pomme verte, citronné, légèrement champignonné.
La bulle est très fine, les arômes du nez se retrouvent en bouche, on a une sensation de légèreté avec un acidité sans excès et une fine amertume en finale. Meilleure impression sur ce réserve 2005 que sur le simple brut 2011, avec encore de la marge pour plus de complexité.
A l'ouverture, le premier rouge se présente mal, j'en prends donc un de secours. Ça se confirme en passant à table...
Domaine Marcel Lapierre – Morgon 2015
Robe encore très jeune, pourpre foncé.
Comme sur les autres bouteilles déviantes que j'ai eues cette année (ça commence à faire...), on retrouve une grosse volatile, et un nez clairement animal. Et comme 1 semaine après ça n'a pas bougé, ce n'est pas de la réduction !
Et encore une fois dommage, le jus semblant intéressant, mais en l'état c'est imbuvable !
Domaine Denis Berthaut - Gevrey Chambertin 2008
Rubis brunissant.
Léger boisé, sous-bois, avec léger fruit rouge (bref, aromatique plutôt subtile).
Bouche tout en finesse, avec une fraîcheur marquée, et encore un peu de fruit rouge. C'est juteux, fin, mais un poil maigre. 2008...
A suivre, tartare de saumon maison (ne me demandez pas la recette, j'ai tout fait au pif et rectifié au fur et à mesure que je goûtais
)
Château Eugénie – Blanc Cousu Main – IGP Cotes du Lot 2016
Robe paille verdâtre, presque fluo, trahissant un vin bien jeune !
J'ai assez peu de notes : nez médicinal, bouche grasse mais équilibrée avec une belle fraîcheur. Ouvert trop tôt pour vraiment en profiter je pense.
Domaine le Rocher des violettes – La Négrette – Montlouis sur Loire 2010
Clairement, ce vin-ci a un peu plus de bouteille : robe dorée limpide.
Le nez me fait penser à un champagne : citronné, pomme verte, levuré.
La bouche reste sur cette ligne : vive, tendu de bout en bout, citrique avec une touche de champignon blanc. L'acidité tend et étire longuement ce vin, c'est franchement joli !
Domaine des Sardelles – Sancerre 2012
Paille clair, reflets verts.
Le nez est très soufré (le carafage n'y a rien fait, et 1 semaine après ce n'est pas mieux
)
La bouche est tout aussi masquée par le soufre, même si dessous on perçoit un vin minéral, citronné et avec un équilibre tendu qui pourrait faire un bon compagnon au saumon...
Bref, un vrai jus d'allumette !
Weingut Dr. F. Weins-Prüm – Wehlener Sonnenuhr - Riesling Kabinett Trocken 2015
Robe toujours claire avec reflets verts
Nez légèrement terpénique, agrumes.
La bouche présente un joli gras avec un nette vivacité qui signe un beau riesling, mûr avec ses arômes citronnés et légèrement exotiques.
Toujours aussi beau sur les jours qui suivent avec un dos de cabillaud vapeur avec huile d'olive et herbes.
En viande, une daube de cœurs de canard, tagliatelles vertes (pas maison les tagliatelles).
Domaine Adrien Belland – Chambertin Grand Cru 1989
Robe grenat brunissant, plus dense que le gevrey.
Le boisé est pour moi prégnant, prenant le dessus sur le reste de fruit et le sous-bois inhérent à l'âge. La bouche est encore (?) un peu raide, comme torréfiée.
Comme dit Christophe, oui, il a tenu presque 30 ans, et il faut une sacrée matière à l'origine, mais qu'est-ce que ça devait être dans sa jeunesse !
A j+1, le boisé est plus fondu, les fruits refont surface, mais ensuite il chute vite, et à j+2 il ne reste pas grand-chose.
Famille Dalmasso – Domaine de la Source – Bellet Rouge 2005
Robe rubis presque diaphane.
Nez assez complexe, de fruit rouge mûr, légèrement vanillé, épicé.
En bouche, c'est très fin, à la limite du fluet/aqueux, mais pour le coup j'aime bien car c'est juteux sur les fruits rouges, avec un boisé très bien intégré et une fraîcheur qui porte une finale cerise qui pinoterait presque.
Pour lui-même, le vin est très agréable, mais face aux suivants, il fait maigrelet. Ma précédente bouteille il y a 5 ans m'avait paru plus "consistante", mais tout aussi séduisante.
Domaine Puech Lazert – IGP Pays d’Herault - Rouge 2011
Attention, monstre ! On change carrément de registre : robe violette, presque encre de Chine, impénétrable.
Joli nez sudiste : olive noire, herbes de Provence, sanguin.
C'est en bouche que ça se gâte, les tanins m'empêchant de percevoir autre chose. Enfin, si, on peut noter une belle fraîcheur qui est un bon signe pour la suite.
A j+2, les tanins se sont assagis et le vin se montre sous un jour plus gourmand, avec des fruits noirs et une sacrée mâche.
A j+1 semaine, il n'a toujours pas bougé.
A garder au moins 4-5 ans pour que le tout se fonde, sans aucune crainte !
Château la Font du Broc – Côtés de Provence – Réservé Rouge 2009
Violacé pourpre, sombre et dense
Nez plus fruité et gourmand que le Puech Lazert, mélange de fruits noirs, de fraîcheur (menthol), avec une touche végétale, et de la puissance.
Le Puech Lazert emportait tout par ses tanins, ici c'est la puissance qui domine, avec tout de même une matière dense aux tannins mûrs, de la fraîcheur, et un fruité encore primaire.
La finale est plus réglissée.
Après 2 semaines, il n'a quasiment pas bougé, on tient très certainement un vin parti pour durer longtemps !
Plateau de fromages fermiers pyrénéens (toujours en provenance de notre fromager fétiche) : tommes de vache, de brebis, de chèvre, et mélange brebis/chèvre.
Rijckaert F.Rouve – En chante Merle - Arbois 2010
Robe paillée.
Nez beurré, levuré, champignonnant.
Bouche mûre, vive, avec sensation fromagère, et un peu moins d'épaisseur que le Meix Cadot qui suit. Finale tendue, citronnée et florale.
Très bien et bon compagnon des fromages. Belle évolution, mais souffre un peu de la comparaison avec son successeur.
Domaine Vincebt Dureuil Janthial – Rully 1er cru Le Meix Cadot 2015
Robe beaucoup plus jeune, la suite le confirme, mais c'est un beau bébé.
Nez brioché, floral, bouche avec un gras marqué équilibré par un bonne vivacité. En bouche, c'est encore un peu compact, et le boisé est sensible, avec des fruits jaunes mûrs derrière.
A revoir dans quelques années, il est très prometteur.
Pour le dessert, un duo pour accompagner 2 vins très différents :
- d'un côté un gâteau à dominante exotique (passion, ananas, mandarine, avec un biscuit croquant qui apporte un peu de consistance à la légèreté des mousse et gelée). Pas de citron ni de chocolat blanc
- un combiné chocolaté (cerneau de noix enrobé de chocolat noir, chocolat noir aux agrumes et chocolat noir éclats de noisettes)
Château Doisy-Daëne - Barsac 2006
Robe ambrée synonyme d'une petite évolution.
Dès le nez je suis séduit, envoûté par la mangue rôtie, le safran, mélange de fruité pur et de botrytis.
Le toucher de bouche continue sur une belle liqueur parfaitement contrebalancée par grosse fraîcheur. C'est très gourmand et intense, incrachable. La longueur est évidemment de la partie et l'accord avec le gâteau évite la lourdeur sucre sur sucre par la légèreté des 2 protagonistes.
Le vin du repas pour moi.
Les Vignerons de Maury – VDN Maury 1977
Evidemment un cran en-dessous du Doisy, mais toujours de bonne tenue malgré le millésime difficile.
Je reprends à l'identique mon commentaire de 2 semaines + tôt :
Robe ambrée, limpide malgré le dépôt important en fond de bouteille. Nez sur les fruits secs et notamment la noix, un peu de d'écorces d'agrumes confits. Bouche très fluide sur les mêmes arômes, un sucre plutôt intégré, une puissance contenue et pas mal de longueur.
Merci les amis pour votre participation, votre bonne humeur (longtemps que je n'avais pas autant détendu les zygomatiques...
).
Terminez l'année sous de bons auspices, et à très bientôt !