je passe sur les rouges...
“Catheriiiine, y voient des brett partout !!!” Non, juste un cauchemar, bien que...
6 Saint Chinian. Clos de la Simonette 2006. Mas Champart.
fricassée de cœurs de canards.
Le nez révèle un beau grain concentré, tout en caresse... première impression bousculée sauvagement par un
“Oh, c’est animal, y’a des brett” surgi du bout de la table ! De mon point de vue, pas un poil de brettanomyces sur ces belles senteurs de cuir noble qui, alliées aux arômes de fruits noirs, d’épices et de poivre, marqueraient plutôt les 70% de mourvèdre que j’adore sur cette cuvée ! Ce que je confirme en regoutant le vin qui exhale plutôt la garrigue que
“la futaille mal nettoyée, la sueur de cheval et les odeurs d’écurie” [size=x-small](description imagée des brett par Casamayor)[/size]. Là, on serait plutôt sur de l’esprit de sauge, de l’essence de laurier, une folle délicatesse...
La bouche a une étoffe fine, élégante, aux saveurs intenses, un peu corsées, comme pénétrées de ces senteurs de maquis un peu animales, qui donnent un air un sauvage aux belles cuvées de Saint Chinian. Quelques années de plus devraient donner un surcroit de délicatesse et de finesse à sa structure tannique, mais le vin porteur de cette harmonie où tout est exactement à sa place, est déjà délicieux après un long carafage. Je ne l’avais jamais gouté aussi bon et quand on voit la qualité des autres cuvées (Côte d’Arbo, Causse du Bousquet et le blanc gouté plus haut), je comprend pourquoi le Guide RVF donne deux étoiles au domaine (comme Clos Marie, Montcalmes, Peyre Rose...).
7 Saint Chinian. Coccigrues 2005.Yannick Pelletier.
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Le nez ample, plein de fraicheur, parait s’élargir sur les deux cotés ; un horizon un peu boisé aux senteurs de café, de réglisse, de thym, de sauge, de romarin donnant une teinte un peu sauvage au tapis de mûre et de myrtilles, auxquelles se mêlent curieusement de fines senteurs de banane (effet de la macération carbonique ?) ; une ampleur gourmande qui manque un peu de tonicité en comparaison de l’intensité concentrée du Mas Champart gouté en parallèle.
La bouche a un beau grain fruité, bordé de tannins fins rehaussés de notes grillés un peu chocolatées qui l’espace d’un instant m’ont donné l’impression d’avoir des fèves de cacao dans la bouche, que le coulis de mûre joliment épicé, finit par estomper. La chair pénétrée de fruit, est gourmande à souhait sur une belle franchise de saveurs persistantes, avec peut être un petit manque de finesse et de délicatesse pour m’émouvoir totalement, mais pourquoi bouder son plaisir en comparant, car c’est vraiment un beau vin dans la lignée de ses cuvées Oiselet et Engoulevent dont je ne peux que recommander l’achat.
8 Corbières.Campagnes 2011. Maxime Magnon.
agneau à la gargoulette.
Au nez, un fruit merveilleux, épanoui, profond, dont la franchise absolue révèle progressivement sa complexité par strates : les fruits rouges qui donnent de la gaité (fraise, framboise, groseille), les fruits noirs qui donnent de l’étoffe (mûres, myrtilles), les épices qui donnent du grain, discrètes mais participant activement à l’unité du paysage (réglisse, herbes anisées, cannelle) ; le tout comme noué par un arôme floral qui les enveloppe comme une caresse. Un nez de grand fruit à la fraicheur un peu mentholée, qui certes, n’évoque pas un Corbières de prime abord, mais dont la pureté, la rigueur épanouie, sont plus qu’impressionnantes !
La bouche exprime la même pureté, une telle finesse de grain et de tannins, qu’elle en devient verticale, aérienne sans être évanescente, tant sa fraicheur intense où les 14° gambadent, développe des amers gourmands, charnus où le fruit, les épices et la fleur exultent. C’est bon, joyeux et on s’en fout si çà ne ressemble pas à un Corbières (et si cette cuvée revisitait l’AOC ??), tant ce vin sur cette bouteille bue à l’aveugle, qui nous a tous régalés, pourrait être un modèle de gestion du fruit fait vin, pour tous ceux de la même famille qui font des vins brouillons, pas nets, oxydés, pas bon. Un double coup de chapeau à Maxime Magnon !
9 Fitou Jean Sirven 2005. Bertrand Bergé.
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Nez profond, fin, donnant une impression de velours, tant le coté grillé, torréfié de l’élevage délicat, magnifie le fruit un peu confituré (mûre, cassis) comme caressé de bois précieux, de café, de vanille et tant d’autres nuances complexes qui ne cessent d’évoluer dans le verre.
En bouche, le velours se transforme en sève soyeuse ; le beau grain au fruit épicé, finement boisé, dégage une harmonie folle, un coté noble, élégant, plus sensuel qu’aristocratique tant on se glisse avec délice au sein de sa profondeur nimbée de fraicheur. La persistance témoigne longtemps de ce coté délicieux, touchant, d’un des beaux vins du Languedoc, à mon gout. Le vin est aujourd’hui ouvert après long carafage.
10 Faugères. Valinières 2005 Barral.
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Le soir de la dégustation, la plupart d’entre nous, trouvait que le vin avait un défaut, manquait de maturité ou pire sentait le vinaigre. En le regoutant, je dirais qu’il a une acidité volatile très prononcée, pas très agréable en ce qu’elle écrabouille le fruit en faisant ressortir le poivre qui imbibe vos narines. Ce n’est qu’à légers coups d’inspirs espacés que l’on devine le fruit bien mûr, un peu cacaoté, donnant une impression entière, tout d’un bloc, mais qui ne manque pas de finesse derrière la montagne de volatile. Et je dois reconnaitre que plus on traverse cette armure acide, plus on a le pressentiment d’une subtilité de grain vraiment touchante, complètement voilée au départ. Me retrouverais-je, comme évoqué plus haut, à trouver des circonstances atténuantes à la Coulée de Serrant de Faugères ?
Mais la bouche n’est vraiment pas en place, ravagée par cette acidité prégnante, disharmonieuse, qui finit par se transformer en amers asséchants au goût de gibier peu ragoutant. Le vin a peut être réellement un défaut, mais plutôt que de hurler avec les loups de l’enfer, rien à perdre à prendre les grands moyens, des fois que...Je carafe les 20cl qui restent, que je fais tourner vigoureusement 3333 fois selon le nombre d’or rédempteur des vins élus qui puent, déchus.
4 heures de carafage et un jour plus tard,
miraculo ! la volatile s’est envolée et redonne sa place au fruit gorgé d’épices et de mille nuances, profond, complexe, assez envoutant par sa veine orientale et florale.
En bouche, il se passe une chose étrange. Le coté animal prononcé (qui me rappelle certains Crozes de Dard et Ribo) dont le coté viscéral très prégnant au départ, me débecte vraiment, s’estompe progressivement. La bête fait place à une chair bien belle, une sacrée matière dont le coté plein, entier, ne manque pas de grain et de finesse, assise sur des tannins un poil asséchants qui finissent par délivrer des amers à la chair gourmande et au parfum de fleur résolument craquant. Les esprits rationnels qui ne manquent pas sur LPV ne se contenteront pas de crier
“miraculo”, mais il est clair qu’il s’en est fallu de peu pour que la bouteille ne termine pas sa vie dans l’évier. Ayant peu d’expérience de Barral (2x RVF), je me contenterais de suggérer que c’est pas parce que vous allez faire tourner 3333 fois vos vins à l'allure de crapauds qui puent dans une carafe, qu’ils vont se transformer en princesse !!! >
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11 Corbières Domaine des Deux Anes. Cabrioles 2001.
fromages
Nez ample, complexe ; grain profond à la trame concentrée ; fruit pénétré d’épices et d’herbes aromatiques (baies noires, poivre, muscade, thym, sauge, laurier), le tout très harmonieux recouvert d’un voile de cuir fin au caractère un peu floral, témoignant du mourvèdre majoritaire ; aucune lourdeur, aucune déviance, beaucoup de finesse et de fraicheur bien mises en valeur par un élevage discret.
En bouche, toujours la même fraicheur, une chair concentrée au fruit très pur dont on prend grand plaisir à mâcher les amers charnus, épicés, un peu confiturés (framboise) auxquels l’acidité au gout de groseille donne des ailes aux 14°. Superbe vin à l’ambition réussie dont la concentration, la finesse et la franchise, portent une véritable élégance, à la mesure de la modestie de Magalie et Dominique Terrier dont on parle peu ou moins aujourd’hui, mais dont cette cuvée témoigne vraiment d’un très beau travail.
Il me reste à commenter le
Rivesaltes tuilé 90 de Cazes, mais je me sens un peu isolé, dans le désert, sur le coup...Z'osent pas défendre leurs champions ou quoi ! X(
Daniel