C’est grâce à l’ami Claude que j’ai pu rendre visite à ce domaine à la fois mythique et confidentiel de Chavignol.
Nous sommes accueillis, et bien accueillis, par Jacqueline, la maman de François.
La dégustation des 2015 est au programme, mais pas que…
Caillottes – 2015
La robe est de couleur paille et présente quelques reflets verdâtres de jeunesse.
Le nez est moyennement ouvert mais très fin, axé sur les fleurs blanches, bien complétées par des notes de fruits blancs et d’autres plus crayeuses.
L’attaque est très ronde, avec même une impression furtive de léger sucre, puis la tension prend le dessus, tout en conservant un fruité élégant avant une finale salivante.
Bien +
Grande Côte – 2015
Ce vin est réalisé à partir de 50 % de jeunes vignes car les vieilles vignes sont peu à peu remplacées.
La robe est plus soutenue, tirant sur un or clair, avec encore des reflets verts.
Le nez est plus intense, sur des fruits blancs, principalement la pêche, finement mâtinés d’exotisme et complexifiés par des touches crayeuses.
La bouche est charpentée et ample, bâtie sur un beau fruit et une certaine minéralité déjà sensible, suffisamment de vivacité, une très belle persistance et une finale gourmande.
Très Bien dès à présent mais un vin en devenir, bien entendu.
Culs de Beaujeu – 2015
Voici une photo des Culs de Beaujeu prise le jour même (à droite le village de Chavignol)
zupimages.net/up/16/...
La robe est paille, claire et brillante.
Très intense et expressif, complexe, le nez signale un jus d’exception par son aromatique florale, bien complétée par des notes prégnantes de fruits blancs, pêche et abricot, et de jolies notes pierreuses.
L’attaque en bouche est large mais rapidement la tension domine, habillée d’un fruité magnifique d’élégance. La longueur est remarquable et la finale incroyable de sapidité.
Très Bien +(+) déjà mais quelle note exceptionnelle dans 10 ou 15 ans ?
François vient de nous rejoindre et nous pouvons confirmer sa modestie légendaire, accompagnée d’un solide sens de l’humour :
Moi : « On se régale ! »
Lui : « Je ne l’ai pas fait exprès ! »
Monts Damnés – 2015
Et voici une photo plus large avec à droite Les Monts Damnés;
zupimages.net/up/16/...
La robe est à peine plus dense.
C’est là que François démontre un beau sens de la répartie…
Moi : « Elle est brillante »
Lui : « Comme celui qui l’a fait ! »
Le nez monte encore d’un cran en intensité et en expressivité. Les fruits blancs sont toujours là, et d’une grande pureté, avec des nuances aromatiques (plutôt pêche et poire). Les autres arômes se succèdent par touches impressionnistes : fruits exotiques, minéralité, fleurs… Magnifique !
La bouche est hors normes par son ampleur, sa rondeur, sa texture tapissante et son acidité structurante. Elle présente un superbe rebond en finale après un milieu de bouche plus discret, et une finale salivante.
C’est peut-être la présence supérieure de calcaire en profondeur (d’après François) que sur Culs de Beaujeu et sur la Grande Côte qui explique qu’on apprécie autant cette cuvée aussi jeune.
Très bien ++
On passe maintenant aux extras…
Monts Damnés – 2001
La robe est d’un or clair éclatant.
Le nez est très expressif, vraiment chablisien par certains côtés (coquille d’huitre, croute de fromage), plus local par d’autres (fruits exotiques).
La bouche est très ronde, avec même une attaque miellée, l’ensemble étonnant pour un millésime moyen. L’acidité est quand même bien présente et porte loin la bouche jusqu’à la finale saline.
Très Bien +
Paul, le père de François, nous a rejoints et m’apprend qu’autrefois Sancerre ne faisait que du rouge et que les premiers blancs sont apparus à Chavignol !
Monts Damnés – Cuvée spéciale – 1997
Les cuvées spéciales (ou cuvées Paul selon les millésimes) sont issues de raisins récoltés en surmaturité, ce qui laisse plus ou moins de SR puisque la fermentation s’arrête naturellement.
François nous précise qu’il a quand même tendance à vendanger plus tôt, même pour ses cuvées « normales », afin de limiter le degré à 14° même les années chaudes. Ceci étant, la nature s’adapte remarquablement puisqu’à propos du Caillottes 2009 il nous annonce « On se surprend soi-même ! ».
La robe est bien dorée, avec encore une brillance notable.
Le nez est magnifique de complexité, doté d’un superbe fruité, d’une forte minéralité et de beaux arômes de champignons.
L’équilibre en bouche est incroyable. Chaque ingrédient de cette recette qui se fait toute seule est présent avec la juste quantité : fruit, notes minérales et fumées, sucre résiduel, fraîcheur, ampleur, longueur… Du plaisir à l’état pur.
Excellent
Grande Côte – Cuvée spéciale – 1996 (en magnum)
Pas de photo de la Grande Côte qui est située sur le village voisin d'Amigny.
La robe est d’un or très marqué.
Le nez bien ouvert, sur le miel et les fruits blancs, laisse échapper quelques notes liégeuses qui, fort heureusement, ne se font pas ressentir en bouche.
Celle-ci est bien moelleuse, avec des sucres résiduels encore plus sensibles que sur le 1997, une élégance et une longueur remarquables. Seul un léger manque de fraicheur ne lui permet pas d’atteindre l’équilibre d’un grand vin.
Très bien +
Et voilà, une dégustation magnifique en compagnie de bons amis et d’un trio de vignerons simples, vrais et passionnés, comme on en rencontre pas assez souvent.
Jean-Loup