Nous voilà réunis chez Bart (et sa charmante épouse) pour une séance consacrée au Chenin de Loire, sans autre précision, ce qui ouvrait la voie à toutes les sous-régions, à tous les millésimes, et à tous les styles, ce dont nous ne nous sommes pas privés.
Bouteilles ouvertes vers 18h (dégustation de 20h30 à 23h), non carafées, servies aux alentours de 10° (et bues vers 12-13°), par séries issues du même millésime, du plus jeune au plus vieux. Jour fruit, ouf, tout va bien…
Je vous passe le before et les afters, d'autres, je l'espère, s'en chargeront à ma place.



Chenin de Loire



1. I. et S. Bernaudeau - Les Terres Blanches - Vin de France 2012 - 17/20
Robe jaune paille. Nez floral, pomme, léger miel, silex, léger boisé. Un très léger poil oxydatif, mais pas désagréable. En bouche, belle fraîcheur en attaque, puis arrivent la puissance et le gras, qui s’imposent légèrement, c’est glycériné, ample, un peu boisé en finale, avec une très belle longueur salivante. J’aime beaucoup.

2. Damien Laureau - Le Bel Ouvrage - Savenières 2012 - 16,5/20
Robe jaune pâle. Nez un poil réduit, soufre, à l’ouverture, puis fruité mûr, exotique. En bouche, c’est encore plus gras que le précédent, rond et ample, avec une fraicheur qui reste cependant bien conservée jusqu’en finale, marquée par une fine amertume type pamplemousse. Très belle longueur également. Un autre style, mais j’aime beaucoup aussi…

3. Domaine de la Taille aux Loups - Remus plus - Montlouis-sur-Loire 2012 - 17/20
Robe jaune pâle. Nez très marqué par les fleurs blanches, chèvrefeuille, agrumes, très élégant. En bouche, c’est le plus frais de la série, toujours très floral, limite entêtant, avec un très bel équilibre dans un style plus droit, long et minéral. Très belle longueur. Encore un style totalement différent, mais c’est toujours aussi bon !



4. Le Rocher des Violettes - Touche-Mitaine - Montlouis-sur-Loire 2011 - 12/20
Robe jaune pâle. Nez marqué par des notes végétales type petit pois, d’autres évoquent plutôt les fruits secs (style amande amère), d’autres encore un côté légèrement oxydatif. Pour moi, c’est vert. Pas très sexy, en tout cas… En bouche, l’acidité (très) forte, citrique, semble confirmer une maturité un peu faible, tout en finesse ou en maigreur selon qu’on s’appelle Philippe Barret ou Luc Javaux.

5. Domaine Huet - Clos du Bourg - Vouvray sec 2011 - 14/20
Robe jaune pâle vers paille. Une pointe végétale est également perceptible, mais bien moins prégnante, laissant la place aux agrumes, aux fleurs blanches, même si on est assez loin de la maturité de la première série. En bouche, l’acidité est forte, un peu mieux enrobée et équilibrée, mais forte tout de même, avec encore cette petite note de verdeur. La longueur est belle. Mes voisins de table apprécient davantage que moi, je ne suis pas totalement convaincu.



6. Foreau - Clos Naudin - Vouvray sec 2010 - 15/20
Robe jaune pâle. Nez oxydatif sur la pomme blette, qu’on peut aimer ou pas, c’est selon, mais force est de constater que ça domine tout de même l’ensemble et nuit à la complexité aromatique. Il y a tout de même des fleurs blanches. En bouche, Très belle attaque franche et fraiche, citronnée, avec un volume correct, un équilibre sur le fil du rasoir, dans un style qui reste tout de même très frais, mais avec une belle longueur. Tout cela se boit tout de même avec un certain plaisir si pas un plaisir certain.



7. Eric Morgat - L'Enclos - Savennières 2010 - 17,5/20
Robe jaune paille. Nez plus mûr, plus élevé aussi, légèrement beurré, floral, miel, pomme golden. En bouche, c’est très beau, frais et gras à la fois, très bien équilibré, salivant, très long. Superbe bouteille !

8. Frédéric Mabileau - Chenin du Puy - Saumur 2010 - 18/20
Robe jaune or. Nez complexe, mûr, légèrement boisé épicé, coing, ananas, floral, miel, très agréable. En bouche, c’est tout simplement remarquable, frais en attaque, un peu moins en finale ou une fine amertume bien agréable prend le relais, puissant, salin, d’une longueur remarquable. J’adore !



9. Domaine Huet - Le Mont - Vouvray sec 2010 - 17/20
Robe jaune paille. Nez fruité, floral et minéral, type pierre à fusil. Pas le plus mûr de la série, mais élégant. En bouche, on est dans un style droit et fin, tendu mais pas maigre, citron confit, qui laisse la bouche très fraîche. Très belle longueur. Une bouteille à attendre, dans un style plus austère, mais qui m’a beaucoup séduit également.

10. Domaine de Bablut - Ordovicien - Anjou 2010 - 16/20
Robe jaune paille vers or. Nez un peu brouillon mais complexe, pomme cuite, un peu de vanille, voire vanille-bourbon, floral, miel. En bouche, l’attaque est bien fraîche, le style est plus puissant, ample, moins tendu, surtout en finale, plus minérale et sur l’amertume du pamplemousse que sur la tension citrique. Belle longueur, sans qu’elle soit exceptionnelle. C’est tout de même très bon…



11. Domaine des Hauts de Sanziers - Saumur 2009 - 13/20
Robe jaune paille vers or. Beau nez, minéral, crayeux, pomme, miel. En bouche, l’acidité est dominante, voire mordante, qui tient seule le vin sur la longueur, car après quelques secondes à peine, du vin, il n’y en a plus beaucoup… Décevant, le nez annonçait mieux.

12. Domaine de Juchepie - Le sec de Juchepie - Le Clos - Anjou 2008 - 16/20
Robe jaune or. Nez miellé, fruité mûr, pêche jaune et pomme. En bouche, grande fraîcheur, mais l’équilibre est au rendez-vous car du vin, il y en a, il y a de la matière et du volume, mais l’impression d’ensemble reste sur la tension et la longueur. Très belle bouteille.



13. Agnès et René Mosse - Initials BB - Anjou 2008 - 17/20
Robe jaune or. Nez mûr et boisé, miel, exotique, pomme cuite. En bouche, on retrouve cette grande fraîcheur et cet équilibre sur la tension, sur le fil, mais bien présent, avec une très grande longueur saline, qui appelle la gorgée suivante. Très beau.

14. Agnès et René Mosse - Les Bonnes Blanches - Anjou 2007 - 14,5/20
Robe dorée. Nez floral, pas très expressif, un peu de pomme, minéral, sur la pierre chaude et humide. En bouche, acidité forte, le vin semble serré, austère, avec une fine amertume, avec un relatif manque de gourmandise. Longueur correcte, sans plus. Un vin qui me laisse circonspect…



15. Château de Chamboureau - Cuvée d'Avant - Savennières Roche aux Moines 2005 - 14/20
Robe jaune pâle. Nez fruité, coing, sensation boisée vanillée voire légèrement torréfiée. En bouche, c’est frais, voire très frais, ça reste tout de même bien équilibré, citrique, long sur l’acide, moins sur les arômes. Pas tout à fait convaincu tout de même.

16. Domaine Guiberteau - Brézé - Saumur 2005 - 11/20
Robe jaune paille. Nez boisé. Très boisé, dans un style vanille, bourbon, écorce d’orange, qui masque tout le reste. On se croirait devant une caricature de chardonnay australien bas de gamme. Sauf qu’en bouche, c’est surtout acide, avec un peu de gras en début de bouche, mais qui s’effondre rapidement pour finir décharné, et toujours aussi boisé. Pas mon truc…



17. Clos Rougeard - Brézé - Saumur 2003 - 15/20
Robe jaune dorée. Nez pas totalement net, avec de la pomme et des notes rappelant la gueuze (qui dans ce cas n’est pas la femelle du gueux). La bouche est pétillante, assez nettement. Un secouage énergique plus tard, c’est mieux, avec des notes florales, légèrement boisée, une bouche où le gaz a disparu à tous les étages, qui se présente bien, fraîche et puissante à la fois, bien équilibrée et de très belle longueur. Dommage tout de même qu’il faille passer par ces manipulations.

18. Clos de la Coulée de Serrant - Savennières - Coulée de Serrant 1985 - 10/20
Bon, autant l’avouer tout de suite, ici je ne suis pas à l’aveugle. Robe jaune dorée. Si vous n’avez aucune idée de ce que sent le soufre, voilà le vin qu’il vous faut ! C’est tellement puissant que ça pique au nez. Bon, l’avantage, c’est que ce n’est pas oxydé… Secouage énergique. Ce n’est pas beaucoup mieux. Resecouage énergique. Bon, on quitte un peu la boite d’allumettes pour trouver quelques notes terpéniques. Mais c’est bien pour dire quelque chose… En bouche, pourtant, il y a du vin, pas de l’exceptionnel, mais du vin tout de même, frais, avec un beau volume, mais si ça s’effondre assez vite pour finir citronné et encore et toujours soufré. En fait, on se trouve ici à l’exact opposé du style des Coulées actuelles, on y chercherait même des explications freudiennes au caractère souvent oxydatif des vins de Nicolas Joly, mais force est de constater que ce n’est pas bon non plus.



19. Domaine Huet - Clos du Bourg - Vouvray demi-sec 2005 - 13/20
Robe jaune paille. Nez étonnant, évoquant l’asperge, pas très mûr, floral, on a déjà vu mieux. En bouche, c’est très frais, pas très riche, entre sec et demi-sec, citrique, dans un style pas très affirmé, qui balance entre deux chaises. Longueur moyenne. Pas convaincu.

20. Château de Suronde - Quarts de Chaume 2005 - 17/20
Robe acajou. Superbe nez, raisin de Corinthe, figue, date, miel, botrytis. En bouche, c’est liquoreux, ample, gras, et conserve une très belle fraîcheur. La finale parvient à éviter toute lourdeur, reste salivante et appelle la gorgée suivante. Excellent.

Vous trouverez ci-dessous le tableau récapitulatif des notes du groupe et les moyennes obtenues :



Au final, une bien belle soirée, avec pas mal de vins d'un niveau relevé, des confirmations et des surprises, comme à chacune de nos séances, vos commentaires étant bien entendu les bienvenus.
Encore un grand merci à tous les participants pour leurs apports, et à Bart pour son accueil, les afters, et les fromages. Au mois prochain pour les Grands Crus d'Alsace 2010 !

Luc

Pfiouuuuu !!!
Vous avez peut être un climat pourri difficile mais y a de quoi se mettre à l'abri dans vos caves -D

Je te rejoins sur la très haute qualité de L'enclos 2010 de Morgat, la seule bouteille bue dans cette liste impressionnante.
Ton commentaire sur le nez oxydatif du Foreau 2010 m'inquiète, j'en ai 2 qui patientent.

Médéric

Je ne connais pas, même de nom, frédéric Mabileau, et ça donne fortement envie..

Arnaud

Peut être un problème de bouteille sur Clos du Bourg 05, car pour en avoir ouvert une en janvier,il était largement du même niveau qualitatif que Le Mont Sec 10 bu en même temps.
Clos du Bourg était un vin assez massif et puissant qui commence à truffer et à mieller.
Pour le 10 sec de Foreau,idem.Variabilité d'une bouteille à l'autre.Gouté au Domaine en présence de Ph FOREAU en 2014.Il nous avait plutôt fait penser à un Chablis par ses aromes citronnés et iodés.

C'est tout à fait possible, bien entendu.

Luc

Belle dégustation qui souligne bien le grand écart entre un superbe millésime 2010, et un... 2011, euh, 2011 quoi.

Belle degustation. J'ai degusté quelques unes de ces bouteilles je me retrouve sur Huet j'ai beaucoup aimé 2010 et pas trop 2011, j'avais trouvé ce dernier manquer de précision.

Savennieres Morgat l'Enclos j'avais aussi beaucoup aimé.

Didier

Effectivement une bien belle session.
Je ne vais pas reprendre l'intégralité de mes commentaires mais quelques remarques tout de même.

Une première série très convaincante du millésime 2012 avec des vins francs, relativement abordables mais on sent tout le potentiel qui doit encore se développer.
Mention spéciale pour le Savennières de Damien Laureau.
La seconde série sur 2011 est sans doute victime de ses deux grands voisins (2012 et 2010) en dégustation même si le Clos du Bourg de Huet tire son épingle du jeu.

La série du millésime 2010 confirme son statut de grande année avec en particulier deux vins qui se détachent à un haut niveau.
Le Saumur de Frédéric Mabileau et le Savennières d'Eric Morgat sont des vins à la matière impressionnante qu'il faut laisser mûrir sereinement en cave mais qui ont un potentiel d'évolution assez impressionnant.
Superbe dans une série de très haut niveau.

Le Saumur 2009 du domaine des Hauts de Sanzier m'est apparu un peu dissocié ne parvenant sans doute pas à surmonter le millésime avec une acidité très dominante.
Autre beau millésime que le 2008 avec cependant une préférence pour l'Anjou Initiales BB de Mosse une cuvée que j'ai toujours bien dégustée même si l'Anjou du domaine de Juchepie était de belle tenue.
Ensuite, l'Anjou Bonnes Blanches de Mosse très austère et le Savennières Château de Chamboureau qui doit s'harmoniser et le Saumur Brézé de Guiberteau très (trop ?) boisé pour lequel je m'interroge sur l'intégration de cet élevage important.
Pour terminer le Brézé 2003 du Clos Rougeard qui, si l'on passe un pétillement qui perturbe la dégustation, a de la matière pour évoluer mais à vérifier.
Quant à la Coulée de Serrant, je n'ai strictement rien trouvé d'encourageant dans ce vin : du soufre au nez et en bouche, une acidité mordante déséquilibrant un vin court et sans fond.
On termine par deux vins non secs avec une fois de plus une superbe bouteille du Château de Suronde complexe, raffinée et élégante.

Ce cépage, quand il est vinifié par de grands viticulteurs, offre quand même de grandes bouteilles mais, en cè qui me concerne, ce n'est qu'une énième confirmation.

En guise d'apéro, Bart nous propose un vin clair aux arômes iodés et pierreux accompagnés d'un beau fruité.
C'est tendu et apparaît bien jeune.
Nous optons finalement pour un Muscadet, à juste titre puisqu'il s'agit du Clisson 2010 de Bruno Cormerais, un vin encore bien jeune mais dont j'aime le profil traçant.
Pour débuter les afters, que Bart consacrera aux vins rouges (après tant de vins blancs ), nous dégustons un vin vif, fruité qui me semble bien jeune et que je situe immédiatement dans la même région que nous venons d'explorer.
Il s'agit du Saint Nicolas de Bourgueil La Mine de Yannick Amirault.
Ensuite, est proposé à nos papilles et à notre sagacité un vin frais, au fruit pur et équilibré.
Je sèche sur l'origine de cette bouteille gourmande qu'est le Mas des Chimères Terrasses du Larzac 2008.
Puis un vin un peu plus sérieux qui mérite d'attendre en cave pour déployer son potentiel mais qui a de belles qualités car il s'agit du Corbières Alaric 2010 de La Baronne.
Le vin suivant est très élevé, moins accessible que son prédécesseur mais il a de belles qualités d'évolution également.
Il s'agit du Corbières cuvée n° 3 de Castelmaure. Un vin sérieux à attendre.
Nous terminerons par deux classiques dont un grand et complexe Châteauneuf-du-Pape Le Vieux Donjon et un Châteauneuf-du-Pape Domaine de Villeneuve 2009 cuvée Vieilles Vignes qui a bien maîtrisé le millésime.
Auparavant, le bouchon nous a détruit un très prometteur Chambolle-Musigny 1er cru 2006 Les Cras de Ghislaine Barthod. Dommage.

Encore un tout grand merci à Bart pour son accueil et ces beaux afters !
A la prochaine pour tester les Grands Crus d'Alsace !

Olivier

D'accord avec Luc sur Clos du Bourg sec 11.Je ne note pas les vins,mais le 14/20 me parait refléter la qualité du vin.
Je n'ai ouvert qu'une bouteille mi 2013 en plus des vins goutés au domaine,mais c'est en tout point conforme avec un peu d'évolution en plus.Toujours cette note végétale qui peut perturber
Les secs 2011 à Vouvray ne sont pas plus emballants que ça, ce qui ne m'empêche pas d'en avoir un petit panel :)o .Je préfère les 1/2 secs et les moelleux

Je constate que notre ami Olivier était fatigué et qu'il a oublié le meilleur vin de l'after, à savoir la Côte-Rôtie 2001 de Jamet, superbe bouteille à maturité, qui a su éviter les excès d'acidité que nous avons souvent rencontrés dans ce millésime en Rhône nord.

Luc

Je constate que notre ami Olivier était fatigué et qu'il a oublié le meilleur vin de l'after, à savoir la Côte-Rôtie 2001 de Jamet, superbe bouteille à maturité, qui a su éviter les excès d'acidité que nous avons souvent rencontrés dans ce millésime en Rhône nord.

Luc

Ouch !:
Hum, on va dire fatigué à moins que la sénilité ne me guette déjà ... -

Olivier

Ah l'enclos 2010... quel vin! Belle série, merci pour les CRs.
Quelle millésime de la Nº3 de Castelmaure avez-vous dégusté?

Cordialement.

Sébastien,

C'est le millésime 2011.

Olivier

Joli dégustation bravo à vous pour la qualité des flacons...

J 'adore votre Top 5 à part le Mabileau que je n 'ai jamais dégusté à ce niveau.

Quelle dégustation !
Bravo pour les choix et les commentaires.
Je savais que Frédéric Mabileau faisait d'excellents rouges et suis donc impatient de découvrir son Saumur blanc !

Jean-Loup

Belle dégustation!

Pas étonné pour Damien Laureau et Eric Morgat qui sont à mon avis ce qui se fait de plus intéressant sur Savennières en ce moment. Beaucoup plus surpris par le Saumur blanc de Mabileau que j'ai gouté à plusieurs reprises et qui ne m'a jamais marqué plus que ça contrairement aux rouges (Couture, Eclipse) que j'apprécie sans modération.