L'ami Oliv a mis ce lien ailleurs, mais cela devrait faire débat !
james suckling blog

Le 1 er avril, on aurait pu croire à un poisson d'Avril.

On peut comprendre le désir de capter au maximum les plus values de la spéculation, mais quid de la réaction de tous ceux qui s'engraissent actuellement dans la spirale spéculative ?

Ca fait longtemps déjà qu'Engerer veut sortir du système qui l'oblige à s'aligner sur le prix de Mouton , Lafite et Haut-Brion pour la sortie des primeurs .......

Si cette info s'avère réelle, ce sera sans doute le début d'une petite révolution et peut-être le début de la fin des grands négoces de la place de Bordeaux...
Salutations vineuses,

Christophe

Ch. Latour suit l'exemple de Vega Sicilia Unico ...

It’s a paradox to sell a wine that isn’t in bottle yet and then it isn’t consumed until 10 or 15 years later,” said Latour President Frederic Engerer. “It is something that we have to change.”

Cette phrase prête quand même quelque peu à sourire,quand on sait le nombre d'années qu'il a fallu pour y penser...

jlj

C'est sans doute les (très grosses) plus-value des ventes aux enchères de bouteilles provenant des caves du chateau, par rapport aux autres bouteilles dans le circuit (normal, dedans il y a des fausses), qui semble faire briller des étoiles $$$$$$ dans les yeux des propriétaires du chateau. On est a mon avis assez loin d'une remise en cause du système des primeurs.

claudius écrivait:

---

> Ch. Latour suit l'exemple de Vega Sicilia Unico
>

et de Rayas ! et c'est sûrement que le début d'une tendance lourde. Ils ont la trésorerie pour garder du vin, ils vont pas se géner pour le faire.

c'est peut-être aussi un truc pour parvenir à vendre le 2011 ...

"dernier millésime en veeeente en primeeuuurs,
juré, c'est la dernièèèère fois pour toujooouuurs,
il n'y en aura pas pour tout le mooonnnde
viiiite"



ah bon ? ils livrent le 2009 cet automne ... alors que Vega Sicilia n'en n'est qu'au 2002 (me semble-t-il)

Le 2009 de Rayas sort cet automne ? Ca signifie que le 2008 sort cet été ???

Non, 2007, mais depuis 2006 limite le nombre de bouteilles sorties du domaine.

Il faut sans doute attendre pour voir ce qui se dessine.
On peut voir les choses de façon pessimiste, mais on peut le voir aussi de façon plus optimiste.

1 - si un château finance pendant 10 ans son vin, par exemple le 2005 vendu en 2015, il n'est pas exclu que le prix départ château soit moins cher que ce qu'il serait si les vins s'échangent entre spéculateurs. A chaque revente, on monte d'une marche. On supprime des marches, donc on calme les prix.
Un indice pour cela : le prix de Vega Sicilia Unico est encore relativement calme.

2 - si un château met son vin sur le marché dix ans après, on résout enfin le problème des infanticides, si massivement commis outre-Atlantique.

J'attendrais donc de voir avant d'être pessimiste.

L'avis de F. Mauss sur la question.

gje.mabulle.com/inde...

François Mauss pose plus de questions qu'il ne donne de réponses.
J'avais abordé une question un peu similaire avec Frédéric Engerer lors d'une visite à Latour début 2008.
C'était une discussion privée et il n'y a pas de confidentialité à cet égard.

Je posais la question du financement des vins jusqu'au moment où le vin devenait "buvable", car je m'alarmais du fait qu'on boit les vins beaucoup trop tôt, surtout aux USA.
L'idée était pour un particulier de commander le vin l'année suivant la récolte, mais de ne pas le payer (ou payer par exemple un tiers).
Le financement serait fait par le domaine et par un organisme financier, et au moment où l'on fait la livraison, on paierait un prix qui serait par exemple la moyenne entre le prix de l'année A+1 (de la commande) majoré des intérêts annuels comptés à un taux bancaire défini, et le prix du marché.

Le château vendrait à un prix plus cher que s'il avait reçu l'argent à A+1 et l'avait placé en banque, et le client paierait un prix moins cher que le prix du marché.
L'autre avantage serait que pendant les dix ans de blocage, les vins n'alimenteraient pas la spéculation.

Cette idée rejoignait celle que je souhaite faire passer pour les prix des vins dans les restaurants, où le prix devrait aussi s'établir à la moyenne des deux prix cités ci-dessus, si le restaurant a acheté en primeur et a financé son stock. Dans ce schéma, le prix du restaurant serait inférieur au prix du marché et non pas le prix du marché multiplié par un coefficient (je sais que je rêve, mais j'aimerais avancer sur ce sujet).

Frédéric Engerer m'avait dit alors que ce type de raisonnement entrait dans ses réflexions.
L'annonce qu'il fait cette année n'est donc pas, selon moi, quelque chose qui sort comme ça, mais bien un sujet réfléchi.
Ce n'est pas de l'opportunisme, mais le désir de résoudre un problème : la multiplication de la spéculation.

Comme dit François Mauss, attendons de voir. Si ça permet de calmer le jeu de la spéculation,, ce n'est pas forcément à notre désavantage.

Point intéressant François mais à mon avis un peu idéaliste.

Je pense plutôt que Latour veut garder pour lui ce que les spéculateurs se mettent dans la poche. On peut pas vraiment lui reprocher mais qu'on ne nous fasse pas passer les vessies pour des lanternes.
Vu la limite atteinte par les prix delirants des primeurs en 2009 et 2010 et les ventes certainement inférieures aux attentes, ça me semble être la seule réponse plausible. Laissons le vin prendre de la valeur en cave, il y a de la place en masse, puis sortons les dans 10 ans, la demande sera considérable, la rareté contrôlée... et les prix fantasques...

D'ailleurs , comptent ils faire la même chose avec leur second vin ? Et leur troisième s'ils considèrent qu'il faut attendre 4 ans pour le boire a son meilleur ? J'en doute, du moins pour le 3ème.

Gaël

Si j'étais un de ces vignerons, qui ont des comptes de résultat où le bénéfice est de l'ordre de 60% du chiffre d'affaires, et si je sais que mon vin que je sors à l’indice 100 en primeurs vaudra l'indice 500 dans dix ans, je ne me poserais pas de question, je garderais l'essentiel de ma récolte.
Car aucun placement ne me donnerait mieux.

Il est à noter qu'avec l'évolution des prix, la part que les vignerons gardent P.M.G. (pour consommation privée) a tendance à largement augmenter.

Alain Vauthier a sorti au Grand Tasting pour plus de cent cinquante personnes des magnums d'Ausone 2000. Il ne peut le faire que s'il a gardé une partie significative de sa production.

A suivre.

Bonsoir,

un autre avantage de la pratique est qu'il est peut-être plus facile de contrôler les impôts à payer, le vin en stock étant valorisé au coût de production et la marge n'étant constatée qu'au jour de la vente.

Ceci étant dit, il est évident que la finalité première du système des primeurs n'a plus grand sens pour les 1erGCC. Elle en a plus (de sens) pour les plus petits chateaux derrière. Souhaitons pour eux que le système de primeur ne s'arrête pas, ou pas violemment.

Benji

Alain aurait surtout du m'inviter à les goûter ou au moins m'en faire parvenir un par la Poste. C'eût été assez classe.

Tout dépend de pourquoi on fait du vin François. Si c'est pour le fric, vous avez raison. Si c'est pour d'autres raisons, c'est plus discutable.

Latour, c'est pour le fric. Clairement. Et les prix d'Eugenie à Vosne Romanée le confirment. C'est les mêmes personnes.
Ici, on n'est plus ici dans le petit monde du vin. On est chez LVMH. Seul le profit compte. Cette stratégie est à mon avis la future règle de base des grands bordelais.
Le petit consommateur que je suis l'aura dans le baba car ces vins ne seront plus accessibles qu'à une élite financière mondiale. On ne pourra plus avoir les "petits" millésimes comme 08 à des prix encore "abordables" en primeur. La garde de 10 ans au château les rendra définitivement inaccessible.

" Ce n'est pas de l'opportunisme, mais le désir de résoudre un problème : la multiplication de la spéculation. "

Non mais François, vous y croyez vraiment à celle la ? Ils s'en foutent de la spéculation en tant que telle ! Elle leur a meme servi finalement pour faire de leurs produits des stars. C'est très clairement de l'opportunisme.

Ils veulent le pognon pour eux, point final !

Gael,
Latour, ce n'est pas chez LVMH. C'est "en face"...
Pour le reste, le petit consommateur que vous êtes saura probablement trouver d'excellents vins beaucoup plus abordables. Les prix de Latour, cela m'intéresse à titre intellectuel, mais ils pourraient décupler que peu me chaudrait...
Benji

L'avis du Wine Spectator sur cette info : www.winespectator.co....

avis-vin.lefigaro.fr...

Très bon article.
Merci oliv.

En fait pour les consommateurs, tout va dépendre de "l'orgueil" de Latour.
Il y a deux cas :

1 - pour le millésime 2012 qui sortira autour de 700 € (chiffres mis juste pour l'exemple), on peut imaginer un prix de 2.100 € en 2022.
C'est l'année où Latour sortira son 2012.
Si Latour se dit : "mon vin est meilleur que celui des autres, et en plus il a été idéalement conservé", donc je le sors à 2.500 €, alors, nous sommes bernés.

2 - Si Latour se dit : le prix de 2.200 correspond au fait que les 1ers GCC ont changé de mains trois fois en dix ans, du fait de la spéculation. Je peux me placer à 1.700 € pour montrer que mon système n'encourage pas la spéculation. Dans ce cas, Latour montre la pertinence de son système et fera la preuve que son système est pertinent.

Comme je l'ai dit plus haut, je suis sensible à deux faits :
- pas de spéculation pendant les 10 premières années de la vie du vin
- vin commercialisé quand il est prêt à boire.

Mais après, tout dépendra de la sagesse tarifaire de Latour. A suivre !

En tout cas, pour se priver de neuf ans de chiffre d'affaires, il faut effectivement avoir les reins solides. Ou vendre énormément pendant cette période les vins anciens de leur réserve.

les reins solides, sans doute et notamment par suite d'avoir largement profité d'un système que la politesse m'oblige à ne pas qualifier.
ça coûte 10 euros à produire, qu'on paye l'excellence 100, allez ! 200 soyons fous (coef 20) et ce sera très bien.

Par contre, vous voyez bien, François qu'il s'agit de choix humain a priori. Vous-même faites de suppositions sur les choix qui vont s'opérer à Latour. Avez vous oublié votre implacable loi de l'offre et de la demande ?

ça va relancer la gueguerre entre les châteaux et le négoce ! Le système actuel n'est plus du tout en phase avec le commerce du vin à Bordeaux. L'information disponible partout et quasi en temps réelle, rend les primeurs inutiles. Le rôle du négoce bordelais aujourd'hui devrait se recentrer sur les vins de marque avec l'achat de vins en vrac. Le fait de vendre leurs bouteilles aux négociants, qui se le revendent entre eux ensuite pour finalement arriver à des prix exhorbitants aux particuliers...je trouve cela dérangeant. Le fait de passer en direct va certainement "nettoyer" la place de Bordeaux.
Je me demandais depuis longtemps quand et qui se lancerait à vendre ses vins sans passer par le négoce..

www.boursorama.com/a...

Il faut être d'une sacrée naïveté pour croire que Latour (ou n'importe qui d'ailleurs, pas que Latour) va vendre ses vins à un prix "qui convient à tout le monde".
Ils vendront leur vin au prix où se trouvent les acheteurs. Si c'est 10000 euros la bouteille ce sera 10000 euros et c'est tout.

C'est pas parce que les appartements se vendent "de particuliers à particuliers" et qu'on a fait fi des agences immobilières que les prix des appartements à Paris ont atteint des niveaux "qui conviennent à tout le monde".

merci Philippe pour ce lien. C'est quand même dingue de voir les négociants bordelais s'indigner d'une stratégie mercantile ...

Pff...yquem perd surtout en qualité depuis la reprise par LVMH et ça ...ça fait sacrément baisser les prix car les marchés Russes et asiatiques ne s'intéressent guère aux liquoreux..Je ne m'inquiète absolument pas pour les rouges..
(remarque par rapport à l'article de Boursorama cité plus haut)

Jérôme Pérez écrivait:
C'est quand même
> dingue de voir les négociants bordelais s'indigner
> d'une stratégie mercantile ...

Ben oui, ils perdent une partie de leurs fonds de commerce; c'est du lourd pour eux, surtout si des grands noms suivent.