Avec des chipolatas d'une mode traditionnelle, j'ai ouvert un Domaine des Baguiers, Bandol rouge 1989 qui titre 12,5°.
Nous crions des oh et des ah, car ce vin est tout simplement exceptionnel. Il évoque la garigue, le fenouil, les végétaux râpeux comme la barbe d'artichaut, et nous nous disons que jamais un Bandol récent ne pourrait donner cette impression de plénitude absolue.
Quand on boit ce vin râpeux, qui chante comme les cigales, on se dit qu'il n'existe rien de meilleur.
J'aime les vins de Bourgogne quand je trouve en eux le sel et la rose. J'aime ces vins du sud quand je trouve le fenouil, l'anis et une râpe à nulle autre pareille.
On peut dire que ce vin "nature", "simple", a trouvé un accomplissement qui en fait un vin de première grandeur. Bandol ne fait probablement pas beaucoup mieux, du fait de ces 23 ans qui donnent une touche de génie.
je suis passé au domaine il y a cinq ou six ans et garde un bon souvenir des vins goûtés.
J'ai entre autre en cave des cuvées Gaston Jourdan 04 qui ,n'étant pas très expressives les premières années,se révèlent très agréables actuellement.
Tu vas bien sûr me dire que je les ai bues trop vite.
J'avais aussi des 98 qui m'ont un peu moins enthousiasmé et les 99 goûtés aussi sur place ne m'avaient pas emballé du tout.
J'ai goûté ce vin à l'aveugle et je suis parti sur un Médoc. Ouais, je suis un cador à l'aveugle.
Avant que le jury ne me condamne à boire des cubis de rosé de Provence en guise de pénitence, je voudrais invoquer des circonstances atténuantes : ce domaine des Baguiers n'avait aucun des marqueurs qu'on s'attend à trouver à Bandol et qu'évoquait François Audouze ci-dessus. Point de garrigue, encore moins de fenouil, le chant des cigales était lui aussi aux abonnés absents. En revanche, le côté râpeux je l'ai bien senti. Pour être honnête, je n'ai même senti que ça dans un vin décharné qui aurait sans doute dû être bu il y a longtemps. Ou pas. Ou en cubi.
En tout cas, Jean-Luc Javaux avait vu juste sur les 1999.
“N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi.” - Cioran // Serge