J'ai fait un cour passage au salon dimanche soir : au programme, deux découvertes (Girard à la Malepère et Rolet en Jura) et des retrouvailles (Cauhapé à Jurançon) pour trois grandes satisfactions. L'atmosphère plus légère et tranquille de l'espace Champerret par rapport à l'ambiance foire de Porte de Versailles ou de la Halle Tony Garnier y a peut-être fait quelque chose aussi.
Les vins dégustés (sans trop de prise de notes, désolé pour les imprécisions) :
Domaine P et JF Girard, Allaigne (Roussillon)
On commence par un
Chardonnay classique 2015 (VdP d'Oc) élevé en cuve, aux arômes frais de fruits blancs, un peu fermentaires. La bouche est à l'avenant, avec une touche presque iodée. Simple mais nickel pour l'apéro !
Los Salvios (2014 ?), chardonnay aussi mais en AOC Limoux, est lui élevé en barrique et cela se sent dès le nez, avec un léger grillé. La bouche reste légère tout de même, quoiqu'un peu briochée. C'est bon, même si dans ce style j'aime bien un peu plus d'amplitude et de peps.
On passe aux rouges, avec un
Pinot noir 2015 : enfin un "petit" pinot noir qui me satisfasse pleinement, simple mais sans verser dans le fluet ou la verdeur ! Il y a des fruits des bois, même une touche mentholée, c'est gourmand bien sûr mais en légèreté, presque sans tanin.
Dans le pinot noire
Pech Calvel, contrairement au couple de chardos, l'élevage ne se fait pas tellement sentir dans l'aromatique qui est en fait assez similaire au "simple" PN. On a plus de matière en revanche, avec des tanins encore un peu poudreux qui viennent s'ajouter au jus fin.
La
Syrah ne m'a marqué outre mesure : une robe sombre, violacée, une bouche plus puissante mais moins expressive à mon goût.
On finit avec les deux vins en AOC Malepère, particularité de ce secteur à l'influence semi-océanique (!) avec leurs assemblages "bordelais". Le
Tradition (merlot / cabernet franc) présente une robe sombre et un nez gourmand sur le cassis. La bouche est ronde, franche, et d'ailleurs le cabernet éponyme s'y fait plus sentir avec une touche végétale agréable dans ce jus de cassis.
La cuvée
Neri, qui se distingue notamment par un peu de malbec et un élevage sous bois, est dans un registre similaire, sur fond de cassis. Cependant, sa matière lui confère un surplus de structure qui cadre une bouche plus droite, moins "joufflue". Une touche champignonnée ajoute à ce sérieux. C'est vraiment bon !
Un domaine que je voulais découvrir, au final je n'ai pas été déçu -- j'oubliais de mentionner l'accueil très sympathique -- et notamment par le PN très sympa et les deux Malepère qui m'ont fait revenir à des "classiques" qui n'en sont pas vraiment pour moi.
Domaine Rolet
Les vins de cette région ont été pour partie à l'origine de ma passion, j'avais envie d'y faire un tour... mais aucun domaine connu de moi. L'occasion idéale pour découvrir ce domaine apparemment "classique dans le bon sens du terme" !
On commence par les chardonnays ouillés, élevés en pièces avinées. L'
Arbois 2013 un nez porteur d'espérance. La bouche confirme ces espoirs, ample, sur ces arômes que je reconnais typiques du Jura mais que j'ai du mal à cerner (fruits secs, est-ce par association ? mais un peu de morille aussi...). La matière est agréable, douce, plus glycérinée que beurrée peut-être, avec une relance saline qui la maintient. Très bon ! (malheureusement les dernières partent sous notre nez...)
L'
Etoile 2014 me semble plus fin, tant au nez, un peu floral, qu'en bouche avec aussi un peu plus de tension. Mais c'est à la marge et je serai sûrement bien en peine de reconnaître l'un ou l'autre. Il en va de même avec le
Côte du Jura 2011, lui aussi très agréable.
Le
Côte du Jura "Expression du Terroir", assemblage Chardonnay / Savagnin (70/30 il me semble, ce dernier élevé sans ouillage 2 ans et demi en fût aviné) se distingue par l'apparition nette de la noix. On garde beaucoup de rondeur sur cette cuvée, alors que l'
Arbois marque un pas de plus vers ces arômes et cette structure si particuliers. Je termine par le
Côte du Jura 2011, "chardonnay / savagnin à 50/50, élevé 4 ans en petits fûts" qui est résolument dans le territoire des oxydatifs jurassiens : de la noix, un peu de pomme verte, puissant et sec mais pas asséchant !
Très bonne découverte, que ce soit sur les vins ouillés ou "tradition".
Domaine Cauhapé, Jurançon
J'avais envie de redécouvrir les vins de ce domaine que j'avais un peu laissé de côté pour aller découvrir ailleurs, et notamment les secs de petit manseng que je n'avais pas goûtés depuis longtemps. Mais nous commençons tout de même par un gros manseng, le
Chant des Vignes 2016 très séduisant par son nez exotique, aux notes de fruit de la passion. La bouche suit, en fraicheur, toujours sur ce fruit éclatant.
Geyser, qui assemble plusieurs cépage, est dans le même registre, avec plus de complexité aromatique tout de même.
Mais en passant à la
Sève d'Automne, on entre dans un autre monde. Si les fruits exotiques sont toujours là, ils sont accompagnés d'épices douces, de vanille, d'un brioché agréable qui laissent imaginer ce vin aussi bien sur de belles viandes blanches que sur des fromages odorants.
La Canopée est dans la continuité, avec un peu plus de tout, un fruit plus affirmé sur le coing, un gras plus présent... on se plaît à l'imaginer truffer dans quelques années. Alors évidemment ces secs récoltés très mûrs ne sont pas forcément des modèles de tension (et selon la jurisprudence LPV il semblerait qu'il faille tomber dans un bon jour quand on les ouvre...) mais c'est quand-même très séducteur et dans un style à part !
On goûte ensuite au
C de Cauhapé. Je dois avouer que je suis un peu dubitatif par anticipation sur le concept (assemblage des meilleurs lots des quatre cuvées) mais je suis moins fan. On retrouve effectivement un peu des différents styles, plutôt deux du coup : un peu de la richesse aromatique des petits mansengs tardifs, agrémentés de la fraicheur des première cuvées qui aident à relancer la bouche sur une fine acidité ; mais je trouve qu'on perd en caractère par rapport aux précédents (et c'est vraiment cher pour le coup !).
Après quelques considérations sur le magnétisme des sols et l'équilibrage des énergies, on retrouve des valeurs sûres avec avec les moelleux, à commencer par le
Ballet d'Octobre 2016, qui allie magistralement le fruit de la passion, des notes citronnées, une matière douce, sirupeuse en légèreté grâce à une belle acidité.
Puis on revient dans le domaine délectable du petit manseng avec
Symphonie de Novembre 2014 et ses notes rôties, légèrement grillées (le fameux pralin ?). La matière est riche mais jamais trop, on se régale mais on pourrait continuer s'il le fallait... et d'ailleurs on continue avec
Noblesse du Temps 2012, dans la même veine, mais encore une fois amplifié : les fruits sont toujours exotiques et rôtis, mais plus exotiques et plus rôtis, le côté beurré est maintenant très présent, on se régale toujours.
C'est sur cette belle impression qu'on quitte un Henri Ramonteu à l'accueil de nouveau très sympathique.
Et voilà que se termine notre passage presque éclair, qui nous aura au moins permis de profiter à fond des trois stands visités.
Joseph