Bonjour à tous,
Petit compte-rendu de nos visites lors de ces portes ouvertes de Saint Emilion. De manière générale le cœur n’y est pas côté vignerons après les gelées de la semaine, et s’ils font tous le job à recevoir quand même le public, beaucoup sont encore sous le coup et préoccupés par les conséquences de ces gelées. Une pensée par exemple pour le Château Gaillard qui a gelé à 100%, où ils vont devoir négocier avec leurs banquiers pour avoir quand même les financements pour le matériel qu’ils ont commandé (investissements fait après deux belles années 2015 et 2016), et où ils vont passer l’année dans la vigne juste pour avoir du beau bois pour l’année prochaine.
On commence par explorer l’Est de l’appellation en démarrant au
Château Mangot. Là aussi ils ont été touchés par le gel, surtout sur le Château La Brande (Castillon) gelé à 80%. Ici ils travaillent en continu avec un nutritionniste de la vigne, et qui sur cet événement climatique va les conseiller sur les apports à faire à la vigne pour qu’elle reparte dans les meilleures conditions possibles. Le domaine est en agriculture propre depuis 15 ans mais ne cherche pas à avoir le label.
La visite est très intéressante avec Anne-Marie Todeschini qui a pris avec son mari la suite de ses parents en 1989 (même si Anne-Marie a l’âme commerçante et un peu tendance à pousser à la consommation), et dont les fils prennent aujourd’hui la suite.
On passe aux vins :
M de Mangot, rosé, 2016
Rosé de table (dans l’esprit d’un blanc) voulu par les fils Todeschini. Le packaging a été soigné avec 6 culs-de-bouteille différents, et bouchon en verre.
Nez délicat sur les fleurs blanches, les petits fruits acidulés. Attaque franche, belle structure, c’est à la fois caressant et tendu. Les agrumes arrivent ensuite et amènent sur une finale saline. Un très beau rosé de gastronomie !
Château La Brande 2014, Castillon Côtes de Bordeaux
Nez sur le fruit (cerise), on retrouve ce fruit sympa en bouche, avec un peu de fraîcheur. Pas d’une grande longueur mais pas mal du tout.
Château Mangot 2012, Saint Emilion Grand Cru
Nez fin sur le cassis et la mûre. La bouche est souple et suave, de la rondeur et une matière soyeuse. Bonne longueur. Bien.
Château Mangot Quintessence 2009, Saint Emilion Grand Cru
Une cuvée 100% vieux merlots, le nez est plus profond, sur la gelée de cassis, des épices doux, des notes florales. En bouche c’est puissant et fin, velouté, finement épicé. Belle longueur. C’est très bon et en a encore sous la pédale.
Château Mangot Todeschini 2012, Saint Emilion Grand Cru
LA cuvée des fils, avec une majorité de Cabernet, vinification intégrale en barriques. On change vraiment de registre et de style. On a le côté épicé du Cabernet, le fruit croquant. C’est juteux, équilibré, une certaine puissance avec une matière soyeuse. A attendre sans doute pour que le Cabernet amène plus de complexité.
Château Mangot Mangot 2016 (primeur)
Ça pète le fruit, une belle trame acide qui porte une jolie matière, finale mentholée/ reglissée. TRES prometteur !
Très belle découverte que ce domaine, avec des très bons vins, ça démarre bien.
On reste sur le même secteur et on va chez les voisins du
Château de Pressac, lieu historique où a eu lieu la reddition mettant fin à la Guerre de Cent Ans. Il y a plus de monde, et la visite est expédiée au pas de course… On profite quand même du magnifique paysage. A noter un peu de Carménère et de Malbec dans l’encépagement.
Château de Pressac 2007, Saint Emilion Grand Cru
Nez sur les fruits rouges, l’attaque est tendre mais la matière un peu légère et surtout des tanins durs. Pas fan.
Château de Pressac 2011, Saint Emilion Grand Cru
Au nez les fruits sont plus mûrs. Pourtant en bouche on a plus de fraîcheur, de la longueur, les tanins sont plus fins même si pas complétement fondus. Bien.
On reste toujours dans le même secteur, et on se retrouve à quelques encablures de là au
Château Valandraud. Beaucoup de monde dans le ‘garage’, on aperçoit Jean-Luc Thunevin qui s’affaire à amener des verres propres, et repart aussitôt avec les verres sales, ils sont un peu débordés. On se faufile quand même pour goûter les vins (un peu dans le désordre)
Virginie de Valandraud 2014, Saint Emilion Grand Cru
Le nez est fin et élégant. On retrouve cette élégance en bouche, un peu d’épices, et des tanins racés. Finale moyennement longue. Très Bien.
Virginie de Valandraud 2014 blanc
Nez intéressant avec des fruits et un peu d’agrumes. La bouche est ample avec du gras, les agrumes (citron) revenant en finale. Ça manque peut-être un poil de fraîcheur pour moi. Bien.
Château Valandraud 2014, 1er GCC Saint Emilion Grand Cru
Le nez est concentré, avec un côté floral. En bouche on a une texture veloutée, avec de l’intensité, une super matière. C’est épicé avec une belle tension. Les tanins sont mûrs et élégants, très belle longueur. Excellent !
Bad boy 2015
C’est rond et ample en bouche, mais tanins asséchants en finale. Moyen en l’état.
3 de Valandraud 2014, Saint Emilion Grand Cru
Le nez est doux. En bouche c’est facile d’accès, sur le fruit. Pas très long ni concentré, mais agréable. Bien.
On descend dans la plaine jusqu’au
Château Gaillard. Catherine Papon-Nouvel a le moral dans les chaussettes suite aux gelées de la semaine, et si elle essaye quand même de faire bonne figure devant les visiteurs du jour, la tête n’y est pas. 100% des vignes ont gelées, et le contre-bourgeon qui était sorti a gelé aussi, donc plus d’espoir pour cette année. Juste à travailler pour avoir du beau bois pour l’année prochaine.
Le domaine est en bio depuis 10 ans, avec 20ha dans la plaine, et deux autres petites propriétés au niveau du village.
Château Gaillard 2012, Saint Emilion Grand Cru
Majorité de Merlot, on retrouve les arômes typiques au nez. En bouche c’est élégant, aérien, classique mais bon. Finale moyennement longue.
Château Gaillard 2014, Saint Emilion Grand Cru
Nez séduisant, c’est plus rond et riche en bouche. A attendre un peu les tanins étant encore un peu asséchants.
Château Petit Gravet Ainé 2012, Saint Emilion Grand Cru
On est là avec une majorité de Cabernet Franc (80%). Là aussi le nez est charmeur, sur les fruits rouges et noirs, avec une pointe de moka. En bouche on découvre une très belle texture, c’est suave et puissant mais très bien équilibré. Un côté floral. Vraiment bien.
Clos Saint Julien 2012, Saint Emilion Grand Cru
Cette fois assemblage 50% Cabernet Franc, 50% Merlot, cultivés sur une parcelle d’1 ha au niveau du rond-point au-dessus du village de Saint-Emilion (si je ne me trompe pas). On retrouve l’élégance des vins précédent, mais avec à la fois plus de fraîcheur et plus de complexité. Finale trèès longue. Excellent.
Dernier arrêt sur la route qui nous mène à Bordeaux pour le soir, au
Château Pindefleurs. Là aussi les gelées ont fait du mal, avec 20ha sur 23ha de gelés. La visite nous est faite par Audrey Lauret qui a pris la tête du domaine, racheté en 2006 par sa mère (même famille que le Château Pipeau), et dont le père Bernard Lauret est maire de Saint Emilion. On sent une personne passionnée et amoureuse de son métier.
Château Pindefleurs 2016 (primeur), Saint Emilion Grand Cru
Nez assez profond avec un peu d’épices et bien sûr des fruits. Mais le vin est un peu fermé à ce stade, semble manquer un peu de fraîcheur, et des tanins serrés. A revoir.
Château Pindefleurs 2014, Saint Emilion Grand Cru
Très beau nez sur les fruits mûrs, un côté floral, un peu de moka. On retrouve ces fruits mûrs en bouche, avec une belle texture et des tanins fins, et un peu d’épices qui accompagnent la finale. Très Bien.
Château Pindefleurs 2013, Saint Emilion Grand Cru
Le nez ressemble au précédent, avec néanmoins des fruits moins mûrs. En bouche la matière est un peu légère, avec des tanins plus marqués. On est clairement un cran en dessous.
Château Pindefleurs 2012, Saint Emilion Grand Cru
Joli nez avec des parfums floraux et fruités, toujours cette touche de moka. La bouche présente une belle matière et des tanins fins, sans toutefois avoir l’élégance du 2014. Finale agréable avec la présence d’épices. Bien.
Les enfants de la plaine 2015, Saint Emilion
Nouvelle cuvée sans souffre, 100% Merlot et sans élevage en barrique.
Nez sympa sur la cerise rouge, un peu de fraise. En bouche c’est rond, sur les fruits mûrs, mais des arômes « animaux » prennent le dessus gâchant je trouve le beau fruit sous-jacent.
Voilà pour ce premier jour. A noter une très bonne adresse de restaurant le soir à Bordeaux, le M de Monbadon.
Stéphane