Magnifique W.E. passé dans le Gers vers St-Amand à l'occasion des feria d'Eauze.
Visite chez les Grassa du Domaine Tariquet.
Nous avons eu droit à une dégustation de tous les millésimes (avec précaution
).
C'est une magnifique propriété aux vignes parfaitement entretenue, et à l'usine d'épuration d'eau impressionnante.
En termes d'Armagnac (la propriété produit également du blanc, du rouge et un très agréable Petit Manseng. Egalement une eau-de-vie que je n'ai pas goûté) voici mon rapide avis :
Folle Blanche "8 ans" : Belle robe miellée. La bouche est un peu dure pour moi. "Que" 45°, mais on les sent vraiment. J'ai eu du mal à faire la part des saveurs.
Folle Blanche 1990 : Robe dorée, très légèrement ambrée. La bouche un poil plus complexe, mais la rondeur de la folle blanche ne permet pas de couvrir un excès d'alcool. C'est toujours trop puissant et pas assez complexe.
En fait, rien de mauvais dans ces Folles Blanches, mais elles ne tiennent pas la comparaison avec les Armagnacs issus d'assemblage et mûris plus de 20 ans que le domaine propose également.
Bonne nouvelle à ce propos, les Grassa mettent enfin l'année de mise en bouteille sur l'étiquette permettant d'avoir une véritable idée de l'âge du breuvage.
Armagnac 1985 (mis en bouteille en 2005):
Robe ambrée, avec des reflets clairs et doré.
Le nez pique un peu, la liqueur n'ayant pas encore pris le pas sur l'alcool.
Et cela se sent. Nous sommes déjà impressionnés par la différence de complexité entre les cuvées "Folles Blanches" et cet Armagnac, mais il présente le même "défaut" (tout est relatif), d'un puissance un peu déséquilibrée. Mais je chipotte sachant ce que j'ai eu la chance de goûter juste après.
Armagnac 1975 (mis en bouteille en Avril 2004):
Robe ambrée. Nez de miel et d'épices.
La bouche est là vraiment au RDV. Cela reste de l'Armagnac et a donc la force d'un digestif. Mais ici la complexité va de pair avec une rondeur qui permet de savourer doucement chaque arôme qui va de la prune au cacao en passant par la noix. Longue finale.
Armagnac 1972 (mis en bouteille en Avril 2004):
Robe ambrée. Nez très épicé.
Bouche de canelle, d'épices, de miel, de prune, noix et noyaux et un poil de rancio. Ce n'est pas du sirop. L'alcool est bien là mais se laisse savourer. Le boisé est présent mais pas étouffant. La patte de la région est là également, ce n'est donc pas un Cognac. Vraiment un délice à la longue finale.
Etonnant que les 3 ans de différence donnent une telle différence. Climat et assemblages en sont la raison.
A noter que pour ce 1972 seuls des bouteilles de 50cl. sont vendues car les stocks encore en possession du domaine sont bien plus restreints.
D'ailleurs, Madame Grassa nous a indiqué que du temps de son père, la famille vendait assez rapidement ces armagnacs sans procéder à un vieillissement trop long, et que c'est pourquoi ils ne peuvent malheureusement pas proposer une large gamme de vieux millésimes dans leur catalogue aujourd'hui.
Conclusion :
Il convient de saluer le sérieux de la maison et la qualité de son accueil.
Merci à Madame Grassa, soeur d'Yves qui s'attache à constamment faire évoluer la production.
En revanche, les prix sont démesurés ce qui est particulièrement visible particulièrement dans une période où les alcools traditionnels perdent des parts de marché.
Même le 1975 qui mérite les louanges ne justifie pas son prix de 135€ les 70cl. (on peut par exemple trouver chez des très bons producteurs du voisinage un millésime aussi bien travaillé même s'il donnera une bouteille différente, à un prix s'échelonnant "seulement" de 60€ à 80€).
Là encore le 1972 est plus intéressant puisque valant 75€ les 50cl.
La mise en avant des "Folles Blanches" ne me paraît pas justifiée (hors question de meilleures marges pour le domaine) tant les Armagnacs millésimés leurs sont supérieurs. Mais si on ne boit pas les 2 en même temps, point de comparaison. Alors la Folle Blanche promet un très bon moment de dégustation (mais son prix n'est pas très modéré...).
Cordialement,
dfried