Comme chaque année paire, des amis descendent de région parisienne pour venir aux portes ouvertes en Jurançon (2e dimanche de décembre).
En guise d'échauffement, le vendredi nous faisons une visite dans le madiranais, en commençant par le domaine Laougué.
Nous arrivons à l’improviste et sommes reçus par Pierre Dabadie, le papa de Sylvain, qui a passé la main et s’apprête à prendre la retraite. Mais qui a beaucoup de choses à nous dire…
Nous commençons la dégustation par les Pacherenc du Vic Bilh secs. Au passage, nous apprenons que Vic Bilh signifie vieux pays et que pacherenc fait référence à une façon de conduire la vigne (sur des échalas, « vits paisheradas »).
Pacherenc sec L’orée 2017
Nouveau nom de la cuvée « La Passion de Charles Clément ». 99% Courbu. 9 €.
La robe est jaune dorée.
Le nez est sur les fruits jaunes et l’ananas.
Dès l’attaque, c’est ample et frais, acidulé. On ressent une grosse tension. C’est salivant, sur des arômes de citron, d’ananas et un peu d’abricot. Belle longueur.
Un vin simple, mais bien fait, expressif.
Bon à très bon. 3,5/5.
Pacherenc sec Le Classique 2016
50% Petit Manseng, 50% Gros Manseng. 7 €.Entrée de gamme mais servi volontairement en 2e position par Pierre qui trouve que ce vin commence à décliner.
Et de fait c’est vrai que ce vin souple donne l’impression de devoir être bu rapidement (au sens « dans les plus brefs délais », bien sûr
). Il est léger et frais, sur des notes d’anis et de citron.
Bon. 3/5.
Pour finir la gamme de sec, il nous reste à goûter la cuvée Talion, sorte d’ovni qui ne ressemble à rien d’autre et que j’avais découvert l’été dernier avec lors de notre passage aux fêtes de Madiran avec Tuukka. Le stock est épuisé mais Pierre, qui prend manifestement plaisir à discuter avec nous, va nous chercher une bouteille dans une palette qui s’apprête à partir en Roumanie. Le commanditaire a d’ailleurs demandé un étiquetage spécial pour le marché roumain. Je vous laisse vous faire votre opinion
. (désolé pour le léger flou de la contre étiquette).
Pacherenc sec Le Talion 2016
90% Courbu. Levures indigènes. Elevage en fûts neuf de 500L. 26 €.
Le nez est fumé, avec de la noisette, de l’amande et de l’anis (bonne nouvelle, je ne retrouve pas la note de chou fermenté de la dernière fois
).
La bouche est ample, droite, avec une belle définition et un bel équilibre. C’est très classe. On ressent une belle tension minérale complétée par une certaine rondeur liée à l’élevage. En retro, on retrouve les mêmes aromes qu’au nez, mais avec une évolution au fil du temps : le début est dominé par l’anis et le silex, et la finale par le fumé et la noisette. Le tout a une très belle longueur
Un vin simple, mais bien fait, expressif.
Très bon. 4+/5.
A ce moment, notre programme prend une tournure inattendue. Pierre a envie de partager ses impressions avec nous sur des vins qu’il a goûtés le matin même. Nous voilà partis pour une digression sur des Côtes de Duras et des Coteaux de Montauban.
Côtes de Duras, Les Hauts de Riquets, Orchis 2015
Bio. 100% sauvignon.
Un vin souple, frais, sur le citron et le cassis. Simple, assez bien fait.
Bon. 3-/5.
Côtes de Duras, Les Hauts de Riquets, Amourette 2016
Bio. 100% sauvignon.
Robe trouble. Un vin souple, faiblard, assez aqueux, sur l’anis.
Correct. 2/5.
Côteaux de Montauban, Antocyâme, Sélénite 2017
Robe jaune orangée.
Nez sur la purée de fruits.
Bouche un peu lourde, avec des notes de colle et de poivre.
Médiocre. 1/5.
Quand on gratte un peu, Pierre nous dit que le représentant lui a avoué que ce vin, à base de chardonnay, s’est retrouvé de façon involontaire sous voile pendant son élevage. Et a gagné le nom de « chardonnay en jaune ».
Bon, ça c’est fait, et on comprend pourquoi ces appellations ne sortent pas trop de l’anonymat. Revenons aux vins du domaine.
Madiran, cuvée 1910 2016
Nouveau nom de la cuvée « Caraby ». Dans la gamme du domaine, 3 cuvées ont été renommées par des noms d’année : les années de naissance de Pierre (1958 ?), de son père (1910) et de son fils (1991). 50% Tannat, 50% cabernet franc (un peu de cabernet sauvignon). Elevage cuve inox. 6€.
Le nez est plutôt mur, avec un côté fumé.
Bouche simple, un peu sèche, avec une touche de verdeur. Légère chaleur en finale. Bof bof.. Aurait mérité un peu d’aération. Et le nouveau design de l’étiquette est sympa.
Correct. 2/5.
Madiran, cuvée Camy 2015
50% Tannat, 50% cabernet (franc + sauvignon). Elevage 8 mois en barriques. 8 €.
Robe pourpre.
Le nez est fumé, il parait un peu « épais ».
Bouche ample, tannique, avec une certtaine fraicheur . Retro sur le cassis, la framboise et u petit côté grenadine. Finale tannique et fraiche. On l‘a gouté à peine ouvert et il parait fermé à l’ouverture ; il aurait mérité une petite aération.
Bon. 3/5.
Madiran, cuvée Marty 2014
80% Tannat, 20% cabernet (franc + sauvignon). Elevage 12 mois en fûts neufs. 12 €.
La robe est pourpre.
Le nez est discret, un peu fumé, un peu compoté.
La bouche est ample, puissante, tannique, un peu austère. Retro sur les fruits noirs et le moka. Finale tannique et fumée. Un vin qui a du potentiel mais qui parait un peu austère quand on le déguste juste à l’ouverture.
Bon. 3/5.
Madiran, cuvée Arbison 2014
100% Tannat, vieilles vignes, levures indigènes. Elevage 24 mois en fûts neufs. 36 €.
La robe est pourpre, presque noire.
Le nez est ouvert, sur la confiture de mûre, de myrtille, de cassis, avec aussi de la vanille et du café.
L’attaque est ample et fraiche. La bouche est puissante, avec une belle fraicheur, et un côté gourmand sur les fruits frais confiturés. Les tanins bien présents ne sont pas agressifs. Belle longueur. Déjà très bon, ce vin va s’améliorer et aurait mérité un peu d’aération préalable.
Très bon. 4/5.
Tous ces rouges auraient mérité un peu d’aération ; les boire derrière des blancs secs, dès l’ouverture, n’est pas les mettre dans les meilleurs conditions pour séduire.
Le temps est passé vite, nous avons beaucoup échangé et nous devons partir sans même avoir le temps de déguster la gamme de moelleux.
Je retiendrai une phrase de Pierre Dabadie : « je prends ma retraite et je n’ai toujours pas compris le tannat » ; en toute humilité, et en signe de recherche permanente.
Avant de partir, nous faisons les emplettes et arrivons à arracher de haute lutte 2 bouteilles de Talion étiquetage roumain ; bouteilles collector ! (celle-là, tu ne l'as pas Jérôme
).
Bibi