Bonjour aux LPViens,
Après quelques recherches, je ne crois pas que cet article récent ait été abordé sur LPV.
C'est en lisant cette dépêche AFP que ma pensée s'est immédiatement tournée vers Mr François Audouze, intervenant sur ce forum, et lui aussi collectionneur de vins anciens. C'est donc en forme de clin d'oeil que je poste cet article, lui suggérant ainsi une source d'achat potentielle, ou à tout le moins, une formidable occasion de rêver à cette bouteille d'Yquem de 1811. Je permets ici de nommer cet intervenant avec lequel je n'ai jamais eu l'occasion d'échanger car récemment inscrit, mais qui, à travers son article du mois dernier 'Est-ce l'achat d'une vie?', a contribué à créer dans mon esprit cette connection pour le moins insolite.
Bonne lecture à tous.
Vendredi 21 novembre 2008, 15h13
Amoureux des vins et du patrimoine, un ancien ingénieur aéronautique s'est constitué en secret pendant quarante ans une cave d'une valeur inestimable qui compte aujourd'hui 20.000 bouteilles, dont les derniers exemplaires existants des meilleurs millésimes de plusieurs grands crus mondiaux.
Petit-fils du cafetier de La Chapelle-Bâton, commune de 320 habitants dans les Deux-Sèvres, et du maquignon du village qui achetait des barriques dans les départements viticoles voisins, Michel Chasseuil, 67 ans, a commencé très jeune à s'intéresser au vin.
"Mes grands-pères m'ont appris le goût du vin et de l'alcool. J'ai débuté ma cave à 20 ans, en prenant des bouteilles dans la réserve familiale. En 1963, avec ma première paye d'ingénieur dans l'aéronautique, j'ai acheté du vin", raconte le collectionneur au milieu de son trésor dans une immense cave qu'il a fait creuser lui-même près de sa maison.
L'homme fréquente les salles de vente, se déplace chez les producteurs, achète, échange. D'abord en France puis à l'étranger, l'Europe, les Etat-Unis, l'Australie, l'Afrique du Sud.
Sur les 20.000 bouteilles de 2.000 références -Yquem, Petrus, Mouton Rotschild, Romané Conti, Cheval Blanc, Tokay, Screaming Eagle, Porto- aux millésimes les plus fameux, 60% sont françaises.
"A cette époque, peu de gens s'intéressaient au vin. Les prix étaient abordables, de 30 à 50 euros pour les crus les plus prestigieux. Aujourd'hui, le même cru peut atteindre 10.000 euros. La spéculation n'existait pas", explique le collectionneur.
S'informant dans des revues ou auprès de viticulteurs, Michel Chasseuil acquiert les plus belles pièces, "une caisse pour la collection, une caisse pour boire et échanger".
Sa bouteille la plus ancienne est un Porto de 1735, et la plus chère un château Yquem daté de 1811 "estimé à 50.000 euros". "Il en reste trois dans le monde", souligne M. Chasseuil. Trônant sur des étagères en verre, on peut voir une bouteille de Constance, un vignoble sud-africain disparu en 1890, une de Syracuse datée de 1850, mais également des Armagnac du 18e siècle et une bouteille de Cognac de 1789, année de la révolution.
Dans les années 1980 arrivent les guides, les cotations. "Et là, les prix explosent. Plus c'est cher, plus les riches achètent. Un Petrus vendu 300 euros en 1982 est revendu 4.000 euros quatre ans plus tard", déplore le passionné, obligé de revendre un peu pour pouvoir continuer d'enrichir sa collection.
"Je ne suis pas riche. Ma voiture affiche 180.000 kilomètres au compteur et je mange beaucoup de sandwiches. Mais la passion n'a pas de prix", confie Michel Chasseuil pour qui "il est impossible" d'évaluer la valeur de sa collection.
Après avoir oeuvré dans le secret pendant 40 ans, "par discrétion, pour éviter jalousies, convoitises", Michel Chasseuil a décidé récemment de faire connaître sa cave pour "attirer l'attention sur la disparition d'un patrimoine".
"Je suis en train de sauver des pièces exceptionnelles qui n'existent plus sur le marché", affirme le collectionneur qui "souhaite créer un conservatoire" avec l'aide de mécènes.
"Je pourrais vendre et faire le tour du monde. Mais je ne veux pas disperser toute une vie en une journée", dit-il.
"Je souhaite sauver cette collection unique avec ce conservatoire qui pourrait être installé à Saint-Emilion, ville classée au patrimoine mondial de l'humanité", conclut M. Chasseuil, prêt à partir pour une destination secrète dont il espère rapporter une nouvelle pièce rare.