Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018
Le dîner du vendredi
La journée a été bien chargée, en nourritures spirituelles comme en libations de qualité.
Et comme souvent, le temps file plus vite qu'on ne le constate quand on passe un bon moment.
La nuit est tombée sur le lac et chacun se croise dans les couloirs et ascenseurs, qui déjà pomponné en tenue de soirée sirotant un spritz au bar, qui remontant en chambre afin de se repoudrer le minois avant le dîner du soir.
Vous vous doutez qu'en bon papirassi qui courre partout afin de profiter au mieux de la chance qu'il a de vivre tout ça et d'essayer d'en témoigner comme il faut sur LPV, je suis comme tous les ans à la ramasse complet niveau timing !
C'est donc quatre à quatre et à grands pas que je remonte les escaliers molletonnés de Villa d'Este pour rejoindre ma chambre et mes cravates désœuvrées depuis hier soir.
A peine le temps d'une petite vidange toujours indispensable pour tenir la distance, d'un gentil coup de sent-bon sous les bras pour rafraichir la bête et de plonger dans mon costume de lumière de pingouin et Georges Clownesque est prêt pour le tapis rouge.
Allez zou, en piste !
Champagne Ruinart, Brut Blanc de blancs
Robe jaune paille au train de bulles vif et titillant.
Nez discret et un peu simple, légèrement floral mais peu complexe.
Bouche linéaire, d'un équilibre agréable mais manquant de puissance et là encore de complexité aromatique.
Finale facile mais un peu anodine.
Bien, sans plus.
Carpaccio de sériole rôtie, salade de fenouil, orange et baies roses
Bellavista, Curtefranca, Convento della Santissima Annunziata, 2013
Robe jaune dorée.
Nez riche et opulent, sur les fruits jaunes et des notes puissantes de caramel au lait assez fatigantes.
Bouche ample à l'attaque à la fois bien propulsée par une belle acidité et large par son volume glycériné.
Mais le côté caramélisé du nez pèse à l'excès à mon goût sur l'expression aromatique en créant un point d’écœurement.
Finale un peu pesante d'épaisseur et toujours sur des goûts boisés.
Pas fan.
Weingut Bründlmayer, Kamptal DAC Reserve, Grüner Veltliner Käferberg, 2012
Robe à peine dorée.
Joli nez compromis de notes fraiches, entre le floral et un côté fruit blanc qui tire sur un très léger exotisme et des senteurs d'évolution qui s'expriment sur le minéral, un côté pierre humide.
Belle bouche à la structure équilibrée entre une matière pas énorme de concentration et une bonne acidité.
L'ensemble est posée et manque un peu de puissance à cœur à mon goût, notamment au niveau de la trame acide un peu étouffée par une légère sucrosité.
Finale efficace avec de la fraîcheur et une fine amertume.
Bien.
Soupe de crème de pain, ravioli del plin et chicorée amère
J'ai adoré la rusticité de ce plat, la présence des piments (les petits clins d'oeil rouges que vous voyez sur le plat) qui réveillent cette zupetta aux agréables goûts toastés, le fondant des ravioli et le croquant amer de la chicorée apportant de la fraîcheur.
Bravo au chef car ça, c'est de la cuisine indigène qui exprime l'histoire et la générosité !
Preuve qu'il n'est pas besoin de copeaux de produits de luxe venus du bout du monde ou de virgules de shampoing pour faire grand !
Viva la tradition !
Domaine de l'A, Castillon Côtes de Bordeaux, 2014
Robe profonde et toute jeune, sur un violacé qui tâche le verre.
Beau nez causant et bien tourné, avec de la générosité, sur le coulis de mûre, une pointe d'élevage qui soutient le vin sans l'épuiser.
Belle attaque à la texture d'une vraie suavité, sur un soutien acide qui apporte une immédiate fraîcheur et créerait un point de gourmandise si n'apparaissait une amertume assez ferme à compter du milieu de bouche et qui parasite ce bel ensemble.
Finale resserrée autour de beaux tanins enrobés mais bien présents et qui demandent à se fondre.
Bien mais à attendre.
Château Léoville Las-Cases, Saint Julien, 1989
Robe bordeaux avec une évidente évolution marron.
Beau nez au bouquet classe et sérieux, sur les fruits noirs épicés, le goudron, des notes presque marines entre l'algue sèche et le ponton en bois sur le port.
Bouche droite et fraîche, à la belle trame qui concilie un volume plein au beau côté sérieux avec une expression musculeuse et froide agréable, sans rondeur mais sans sécheresse non plus.
Les goûts sont en pleine phase avec le nez, compromis d'évolution entre épices tertiaires et fruit encore présent très intéressants.
Finale pas interminable et qui manque peut-être un peu de générosité bue seule mais dont l'équilibre frais appelle la table pour se balancer.
Très bien.
Filet de cerf, chou fleur au genièvre, polenta et groseille
Domaine Jean-Michel Guillon, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Champeaux, 2016
Robe profonde, sur un pourpre violacé.
Nez ultra jeune et exubérant, riche, sur un boisé présent et des notes très mûres de coulis de fruits noirs.
Bouche à l'avenant, très mûre et pas vraiment en place, sur un côté brouillon foufou où se côtoient une légère sucrosité, une acidité un peu masquée, des notes boisées qui doivent se fondre et de beaux tanins bien mûrs.
La matière première est de qualité mais l'ensemble détonne sur la cuisine délicate de Villa d'Este qui accentue sûrement ce côté adolescent qui vous tire la langue.
Finale avec de la richesse mais à attendre pour que tous ces éléments actuellement dissociés se mettent en place.
A suivre.
Domaine Coche-Dury, Pommard Les Vaumuriens, 2010
Belle robe pourpre d'une certaine profondeur et bien brillante.
Nez peu causant, fermé, sur une petite réduction sur le poivre gris et un fruit en dedans.
Belle bouche structurée et droite, d'une certaine densité et avec un côté vertical apporté par une acidité qui taille dans une matière un peu comprimée. Goûts délicats de fruits rouges mais rien de bien évident.
L'ensemble est corsé et d'une certaine fermeté et lance une finale serrée porté par des tannins présents.
A revoir car vin sévère et qui manque de générosité en l'état.
Merci Philippe pour les dessous de table, encore une fois !
Tartelette au miel et noix, crémeux au caramel et glace praliné
Ouh mince, on est déjà demain !
En bon sportif aguerri aux exigences des grands tournois, je sais que si briller en quart de finale est un plaisir, seul le bonheur de réussir la finale compte à l'heure des bilans.
Donc non, François, pas la peine d'insister, je ne t'accompagnerai pas en boîte ce soir même si y'a du Dalida dans ta play list !
Buena notte, tutti !
Et stp, horloge biologique, mets la en veilleuse jusqu'à au moins 7h........
A suivre...
Oliv