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Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

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Réponse de HERBEY 99 sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Une petite pierre de plus dans cette discussion!! Je me souviens parfaitement (je crois en avoir rendu compte ici) de la parenté saisissante entre un Clos de la Néore 1990 et un Chablis Grand Cru les Clos dans le même millésime de Vincent Dauvissat bus côte à côte à la maison en septembre 2016. Denis était présent et pourra confirmer. La parenté était non seulement aromatique (on a deux cépages différents comme chacun sait) mais aussi en bouche avec une texture très très proche. C'est Nady Foucault qui le premier a évoqué le kimmeridgien pour expliquer cela......
28 Nov 2018 15:43 #121

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  • oliv
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Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Le problème oliv, c'est que lorsqu'on dit note iodée, on induit a priori moins de connotation qualitative liée au terroir que lorsqu'on dit coquille d'huitre.
Il n'y a rien à faire, il y des arômes qui entraînent dans la tête de beaucoup de dégustateurs des ressentis qui sont plus qualitatifs que d'autres.


Totalement mais c'est justement le jeu sur ces significations connexes qui me semblent vecteur de sens pour partager virtuellement le goût d'un vin avec ceux qui ne l'ont pas bu.
Derrière chaque terme employé, il y a un sens indirect, des effets de mode, du vrai dans le faux qui est exactement le phénomène que tu décris.

C'est peut-être l'ancien homme de lettres en moi qui trouve son plaisir dans ce jeu de frontière sur la crête des mots du vin là où un scientifique de formation exigera plus de cohérence et de définition.
Mais je pense que la vérité d'un ressenti sur un vin fait sens à partir du moment où l'effort de partage connecte un buveur à son lecteur, que le style soit lyrique (à la Daniel Popp) ou matérialiste (à la d'Aviolo). Un peu comme le vin, on peut être plus sensible à l'un ou à l'autre. Mais pour peu que les mots utilisés cherchent à parler du vin et non pas de celui qui les consomment, 16 ans de lecture de LPV m'ont prouvé qu'au final, une certaine vérité de la bouteille passe toujours aux travers des mots employés et parfois de manière autrement plus riche de sens que ne le ferait une démarche analytique.

Je crois même que le geste d'écriture, obligeant à matérialiser son ressenti immédiat permet de progresser car fixe dans la mémoire du dégustateur des sensations qui lui constituent ainsi une forme de bibliothèque, de référentiel personnel.
C'est sûrement ce qui fait la différence entre le buveur et l'amateur dit éclairé. Et ce qui permet à ces derniers de discuter dans un univers qui semble totalement abscons aux premiers.
Mais ça, c'est peut-être le lot de toutes les passions : leur objet exclue ceux qui ne la partagent pas !

Mais je rassure tous les naufragés du repas de famille où votre superbe découverte en vin d'Auvergne est inéluctablement évacuée par le St Emilion Grand Cru de la dernière FAV de Tonton René...
LPV et sa troupe de passionnés vous tendent les bras ! %tchin
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28 Nov 2018 16:43 #122

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Réponse de sly14 sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

En fait, on devrait donner uniquement les noms scientifiques des molecules d’ arômes. Comme cela plus de soucis d’image donnée aux arômes !

Cordialement

Sylvain
29 Nov 2018 14:05 #123

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

je me fous de savoir si coquille d'huître et plus valorisant que note iodée. Chacun son vocabulaire attaché à la dégustation.

Faudrait quand même arrêter de déconner : je ne vais pas dans mes commentaires vous sortir le nom de la molécule que je ressens. Et je ne vais surtout pas aller chercher de quel composition ou décomposition des sulfites il s'agit. Je sui un amateur, pas un chimiste.

J'aime les Chablis pour ce qu'ils sont et je l'es ai toujours trouvés singuliers et quand même identifiables sur ces singularités. Je me fous de savoir si c'est lié à trop de rendements, ou trop de soufre et je vais même aller jusqu'à dire que je plains largement ceux qui en sont à ce stade d'analyse.

Cette volonté explicative est vraiment intéressante pour ce qu'elle révèle de fragilité.
Désolé, j'écris ce message dans la rapidité, il ne retranscris pas exactement ce que je voulais dire, mais je n'ai pas le temps d’affiner davantage.

Jérôme Pérez
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29 Nov 2018 15:29 #124

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Moi non plus je ne suis pas chimiste, et je me fous de savoir comment se nomme la molécule responsable de tel ou de tel arôme.
Par contre, je trouve intéressant de savoir si ce qu'on nous vend à longueur d'année en terme de minéralité et de terroir est de la poudre aux yeux pour gogos qui ne sert qu'à mieux vendre ou une réalité.
Et si la singularité d'une appellation est basée sur du vent (ou du soufre), ça ne m'intéresse pas, je préfèrerai toujours un vin sincère et atypique à un vin formaté pour rentrer dans le moule (ou dans la coquille d'huitre).


Luc
29 Nov 2018 15:36 #125

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Réponse de bassaler sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Luc Javaux écrit: Moi non plus je ne suis pas chimiste, et je me fous de savoir comment se nomme la molécule responsable de tel ou de tel arôme.
Par contre, je trouve intéressant de savoir si ce qu'on nous vend à longueur d'année en terme de minéralité et de terroir est de la poudre aux yeux pour gogos qui ne sert qu'à mieux vendre ou une réalité.
Et si la singularité d'une appellation est basée sur du vent (ou du soufre), ça ne m'intéresse pas, je préfèrerai toujours un vin sincère et atypique à un vin formaté pour rentrer dans le moule (ou dans la coquille d'huitre).


Luc


Moi, je suis chimiste ... et je m'en fous aussi totalement (une info : acide acétique = oxydation de l'alcool pour les amoureux des vins de Pierre Morey !)
29 Nov 2018 16:48 #126

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Ce qui me semble incroyable, c'est la versatilité des avis :

Chablis, puisque l'on parle de cette appellation, semblait être le dernier bastion des amateurs de vin : du chardonnay digeste, pas trop boisé, avec ce qu'il faut de vivacité.
Aujourd'hui ce même amateur averti moyen nous dit, c'est pas mûr, c'est trop soufré et c'est la typicité du pas assez ou du pas bien.

Je me fous de savoir si les sensations minérales viennent du soufre tout comme je me fous d'où vient la cerise et le sous-bois.

On a dit et répété que ces sensations minérales n'étaient pas directement liées à la minéralité du sol.
Maintenant, il restera à prouver que certains terroirs ne sont pas plus propices que d'autres à libérer ces sensations qu'ils ne créent pas directement.

Mais qu'il me soit possible de reconnaître la truffe du Jurançon, la note tul'appellescommetuveux de Chablis si particulière, le pétrole du riesling sans que l'on vienne me seriner que c'est un défaut, parce que moi, je l'aime et je la trouve typique, c'est mon marqueur. Et je trouverais dommage que les choses changent tant que les vins sont bons et qu'ils ont une identité.

En revanche, sur la question des terroirs, de leur typicité , c'est à dire sur leur capacité à engendrer des vins qui ont un goût particulier et reproductible, sur la capacité de certains lieux à donner des vins qui se bonifient au vieillissement (oui je sais, entre des mains expertes ...), clairement je milite pour cette reconnaissance et cette façon de voir les choses : cela correspond à une conception de la viticulture qui n'est pas forcément partagée aujourd'hui, puisque des faiseurs et des consommateurs font d'autres choix. Il est clair que la technique et la technicité peut gommer ou améliorer dans certains cas, il est clair que se passer de soufre donne des résultats totalement différents : ce ne sont pas des voies, l'une comme l'autre, qui m'intéressent en tant que consommateur ni même en tant que producteur.

Jérôme Pérez
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29 Nov 2018 17:20 #127

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Je lis typicité presqu'à chaque phrase. Pourquoi cette obsession de la typicité ?
Ça ne te suffit pas que le vin soit bon et même très bon ?
Si un vigneron de Chablis fait un vin plus mûr que la moyenne, qu'éventuellement il l'élève au moins en partie en fûts neufs et qu'au final, à l'aveugle, tu le places plus au sud, c'est grave ?
Moi je ne pense pas. Pour autant que ce soit bon.
Je pense que la recherche de typicité, parfois, est un facteur de conservatisme, peut-être même un frein au progrès.
On a toujours fait comme ça à Chablis, donc ça ne doit pas être boisé ou si peu, ça doit sentir la coquille d'huitre parce que tout de même, ça fait des décennies qu'on communique sur le calcaire Kimméridgien, on ne s'est pas cassé le cul pour rien, qu'est ce que c'est que ce type qui veut faire du Meursault à Chablis ?
Et puis un riesling, il faut que ce soit sec et que ça pétrole bien, et on s’extasie à longueur d'année sur la production de la maison Trimbach qui moi m'emmerde profondément. Ce n'est pas que ce soit mauvais, c'est même parfois (souvent) très bon, mais c'est toujours un peu le même vin.
Mais effectivement c'est rassurant, on le reconnaît à l'aveugle.
Moi je m'en fous, de toute manière, je suis nul à l'aveugle...


Luc

PS : quand je "fustige" la typicité, c'est celle qu'on nous sert à toutes les sauces et qui pour moi n'a pas d'importance, c'est la typicité du Chablis (comme s'il n'y avait qu'un type de Chablis), la typicité du Riesling (comme si on était condamné en Alsace à faire du vin de cépage). Par contre, si on me parle de la typicité d'un lieu, ça me parle déjà beaucoup plus. Qu'un riesling du Rangen resemble plus à Pinot ou un Gewurz du Rangen qu'à un Clos Sainte Hune, ça me semble déjà plus intéressant.
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: Eric B, TIMO, Frisette
29 Nov 2018 20:21 #128

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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Je vais encore tenter une "motion de synthèse" : oui à la typicité et non à l'uniformisation, pour celle-ci que ce soit entre tous les vins et même au sein d'une appellation.

Jean-Loup
29 Nov 2018 20:36 #129

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Je n'ai pas le souvenir d'avoir brandi l'étendard du riesling sec absolument.
Du reste, le riesling a cette belle particularité de se métamorphoser en fonction du terroir et donne des réponses très différentes : c'est en ce sens qu'il est sans doute l'un des cépages les plus intéressants : il possède plus que beaucoup d'autres cette capacité à révéler le lieu.

Sur la typicité du lieu plus que du cépage, je pense que si tu estimes que j'ai écrit l'inverse, soit je me suis mal exprimé, soit tu m'as mal compris.

Pour le reste, si personnellement, cela m'intéresse, voire me passionne au plus haut point, de m'attacher à des caractéristiques de lieu, de terroir, cela pose un problème ?
Je peux en effet prendre du plaisir à boire un vin très bon dont j'ignore tout du terroir ou qui d'ailleurs n'en est pas représentatif. Mais pourquoi vouloir jeter aux orties tout ce qui fait notre culture et notre patrimoine culturel qu'est le vin dans sa définition qualitative la plus poussée (ceest à dire du vin dont on parle sur LPV) ?
Pourquoi nier les évidence de cette typicité ? Pourquoi donc ne pas accepter que le chardonnay ne s'exprime pas de la même façon à Chablis qu'à Meursault et pourquoi vouloir absolument que ça se ressemble ?
Il y a un point que l'on n'aborde pas assez souvent et que je serine en ce moment, c'est celui du matériel végétal en place. Je ne serais pas étonné que la caractéristique des vins de Trimbach que tu évoques vienne de là.

Tu peux en effet ne pas trouver passionnant le fait que le braucol par exemple ait été la seule variété à continuer d'être cultivée à Marcillac, tu peux en effet ne pas être intéressé par le particularisme de cépage sur les rougiers, mais peux tu la nier ? peux-tu la balayer d'un revers de main au motif que tu t'en bats le steak parce que toi, ce que tu veux c'est que ça soit bon : il se trouve que ça l'est bien souvent. Mais il se trouve également que l'on peut faire de ce cépage sur ce lieu un autre vin qui va ressembler à bien des vins de très grande qualité que l'on va uniformiser par des techniques bien précises. Je comprends que tu y trouves de l'intérêt, mais comprends tu que ça n'en a aucune pour moi ?
Ne vois-tu pas le péril qu'il y aurait à perdre ce goût ? Tu crois aussi que les gars qui font du bon vin voire du très bon vin dans ce style particulier sont des quiches sans technique ? Peux-tu comprendre qu'un verre de ce bon vin me fait autant vibrer qu'un Clos de Tart que je peux aussi vraiment apprécier ?

La mondialisation ne me dérange pas pour ce qu'elle fait émerger les particularismes sans les gommer.

Alors c'est quoi l'idée ? que partout on tende à produire le même vin ? Du reste cet étalon pourrait bien varier en fonction des modes du moments.

Sur la question que la tradition fixée voire figée est un frein au progrès. Quel progrès ? tu trouves qu'il y a une belle évolution à voir des gars se régaler d'arômes fécaux sur des vins qui bullent avec lesquels j'aurais tendance à faire la sauce de ma salade ?
Sur les vins considérés comme très bons : ne crois tu pas que cette considération a largement évolué depuis 20 ans ? On a tous encensé plus ou moins les vins puissants, solaires. Aujourd'hui le canon a changé et il changera encore. Il n'est d'ailleurs pas évident que les vins puissent resté typique et évoluer dans ce sens : ce n'est pas forcément antinomique.
Du reste cette typicité (désolé, je sais que tu comptes !) n'est pas synonyme de vins uniques : Huet et Foreau sont bien différents mais possèdent bien ce caractère propre à Vouvray : j'ai pris du lourd exprès.

La technique ne me dérange pas si elle se met au service des particularismes et je fais le pari que c'est cette vision là qui va l'emporter ; car en effet les vins n'ont jamais été aussi bons qu'aujourd'hui.
Et du reste, tu verras bien qu'à niveau de technique égal ce qui différenciera les vins, ce sera bien leur particularisme lié au terroir. (pour peu qu'on accepte le vin tel qu'il est sans acidifier, sans chaptaliser, sans tenter d'en gommer les point saillants)

Jérôme Pérez
29 Nov 2018 21:51 #130

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

encore une chose : cet été j'ai visité un producteur de la partie slovaque du Tokaj : voir ce type qui possède des terres sur l'un des plus grands terroirs du monde, héritier d'un savoir faire et de techniques unique au monde faire là, tout sauf du Tokaj s'essayant à y faire du vin géorgien m'a interloqué, peiné. Il était sincère dans sa recherche de qu'il pensait être du très bon vin .. le pauvre !

Jérôme Pérez
29 Nov 2018 22:35 #131

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Si chacun cherche à faire dire à l’autre ce qu’il n’a pas dit, on n’est pas sortis de l’auberge...
Pour caricaturer (juste un peu) ton message, non, je ne suis pas intéressé par la production uniforme de vin de merde.
Pour en revenir à la typicité, il y en a tellement de différentes qu’ on ne sait plus très bien de quoi on parle. La typicité du cépage ? La typicité d’une appellation ? La typicité d’un type de vinification ou d’elevage ? La typicité d’un faiseur ? La typicité d’un millesime ? Ou la seule qui pour moi a un réel intérêt, la typicité d’un lieu ?
Et donc oui, ça m’interesse de savoir si la coquille d’huitre que tu estimes typique de Chablis est liée à la composition de son sous-sol et de son fameux calcaire Kimméridgien, ou à une manière de faire à la vigne et/ou à la cave. Et si un Chablis ressemble à un Meursault parce que telle parcelle sur lequel il est né à des points communs avec telle parcelle de Meursault, ça me va parfaitement, en tout cas plus que de sentir la coquille d’huître dans tous les Chablis.


Luc
29 Nov 2018 23:25 #132

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Je n'ai jamais parlé d'autre chose que de la typicité du lieu ; c'est d'ailleurs le fondement de notre culture vin en Europe.
On peut tout remettre en cause, c'est sûr.
Cette typicité du lieu se bâtit autour de cépages précis, adaptés, sélectionnés (selon différents critères, critères qui eux mêmes sont variables dans le temps)
Le monde du vin en Europe est un monde paysan, attaché à la terre, au lieu, à la langue et à la culture locale. Le vin que l'on fait à tel endroit, c'est souvent le vin qu'on boit et on se fait une idée localement de ce à quoi il doit ressembler.
On assiste donc aujourd'hui à une sorte de déconstruction de ce que l'on a appris d'abord à connaître puis que l'on a considéré comme un trésor.
Mais c'est certain, on peut faire du Roquefort à Marmande, du Camembert à Taïwan, la technique le permet. Sans doute même qu'à cause du réchauffement climatique, on pourra faire du Banyuls en Cornouailles.
Sauf, que ce ne sera plus du Roquefort, du Camembert ni du Banyuls.
Du reste est-ce un hasard si le vin que l'on boit a d'abord le nom du lieu ?
Moi aussi, savoir d'où vient ce goût si typique m'intéresse : mais quoi qu'il en soit, et aussi surprenant que soit le résultat, ce goût est représentatif de cet endroit et surtout, il se produit des vins qui ont ce goût et qui sont de grands vins : sur Chablis, on va avoir du mal à prouver le contraire : ce qu'il y a de formidable justement à Chablis, c'est cette hiérarchisation des crus dans cette typicité commune.
Il y a des terroirs encore à découvrir, des terroirs par exemple qu'une histoire a laissé dormir quelque temps, les laissant à l'écart des projecteurs qu'ils méritaient. C'est bien une technique productiviste qui les a bâillonnés.
Il est bien évident que le furmint de Somlo a quelque chose à dire : même à Tokaj qui possède également un sol volcanique les vins secs n'ont pas le même accent, pas meilleur, juste différent : c'est cet accent qu'il convient de conserver : pas dans un musée qui ne serait qu'une chambre mortuaire, témoin d'un passé révolu, aveu d'une fin, mais bien dans une maîtrise des techniques qui rendra ce vin unique et à nul autre pareil.
Sur ces terroirs renaissants, c'est bien la technique qui va rendre vie aux particularisme. Mais c'est une volonté car on pourrait aller dans une toute autre direction : ces terroirs sont aussi capables de donner des vins de très grande qualité, sans accent particulier. Reste à savoir si c'est ce que l'on veut. Personnellement, j'ai fait mon choix.
Est-ce plus clair ?

Jérôme Pérez
30 Nov 2018 06:18 #133

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Réponse de joualle sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

J'ai un peu de mal à vous suivre parce que vous semblez d'accord sur pas mal de points. Si j'ai bien compris le débat c'est : conserver les traditions pour préserver la typicité (Jérôme Pérez) ou bien réveler le lieu au mieux, quitte à trahir un peu les traditions (Lac Javaux). En fait c'est le débat sur l'AOC ? Je ne suis pas trop adepte du "en même temps" qui gomme les contradictions mais tout de même, est-ce qu'on ne fait pas les deux depuis des siècles, traditionnellement ? La bourgogne ne s'est-elle pas appuyée depuis très longtemps sur une liste très limitée de cépages et en même temps ne s'est-elle pas essayée à une grande diversité de cépages inventés sur place, qui ont parfois trouvé une terre d'accueil plus adaptée dans d'autres régions (dans le loir-et-cher on en a récupéré quelques uns : Romorantin, Gascon) ? Est-ce que l'on ne peut pas faire du très bon tokaj tradi et s'essayer à des traditions venues d'ailleurs ? Est-ce que l'on ne peut pas faire du bon vin dans un style "français" pour interpréter des terroirs de Slovénie? Ne rien changer, c'est le conservatisme, tout changer , c'est le modernisme, essayer c'est la tradition ?
30 Nov 2018 09:36 #134

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

euh ... c'est quoi un vin de style français ?
Si on reste sur les blancs : tu prends tes raisins, mûrs et sains, tu les presses correctement, tu les élèves du mieux que tu peux et tu as du vin (je passe les détails) : on devrait en rester là. Et ce vin, il aura le goût qu'il doit avoir. On peut espérer qu'il sera bon et que son goût sera représentatif de l'endroit où ont poussé les raisins.

Jérôme Pérez
30 Nov 2018 12:06 #135

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

quitte à trahir un peu les traditions (Lac Javaux)

Plouf!!!

jlj
30 Nov 2018 12:08 #136

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Réponse de joualle sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

"euh ... c'est quoi un vin de style français ?"

J'avais cru lire que les slovènes pratiquaient la macération préfermentaire sur leur pinot gris
30 Nov 2018 22:27 #137

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Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Bientôt faut croire les CRs vont se préciser autrement que par les mots...

www.wrcbtv.com/story...
30 Nov 2018 22:49 #138

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Bêêêêrk...
Si on doit sentir les bretts, soufre, volatile etc, en plus de les lire, cela va devenir dur à fréquenter LPV... :unsure:

jlj
01 Déc 2018 11:46 #139

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Réponse de Jean-Loup Guerrin sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Tu es bien pessimiste, Jean-Luc !
On sentira beaucoup plus souvent la rose, la violette, la fraise écrasée, le cassis mûr, l'eucalyptus, le cuir noble, le havane, le sous-bois, la vanille, les fruits secs, et j'en passe !

Jean-Loup
01 Déc 2018 12:44 #140

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Kiravi
Technique bien françaiise

Jérôme Pérez
01 Déc 2018 13:53 #141

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Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Le dîner du vendredi





La journée a été bien chargée, en nourritures spirituelles comme en libations de qualité.
Et comme souvent, le temps file plus vite qu'on ne le constate quand on passe un bon moment.
La nuit est tombée sur le lac et chacun se croise dans les couloirs et ascenseurs, qui déjà pomponné en tenue de soirée sirotant un spritz au bar, qui remontant en chambre afin de se repoudrer le minois avant le dîner du soir.

Vous vous doutez qu'en bon papirassi qui courre partout afin de profiter au mieux de la chance qu'il a de vivre tout ça et d'essayer d'en témoigner comme il faut sur LPV, je suis comme tous les ans à la ramasse complet niveau timing !
C'est donc quatre à quatre et à grands pas que je remonte les escaliers molletonnés de Villa d'Este pour rejoindre ma chambre et mes cravates désœuvrées depuis hier soir.
A peine le temps d'une petite vidange toujours indispensable pour tenir la distance, d'un gentil coup de sent-bon sous les bras pour rafraichir la bête et de plonger dans mon costume de lumière de pingouin et Georges Clownesque est prêt pour le tapis rouge.

Allez zou, en piste !





Champagne Ruinart, Brut Blanc de blancs



Robe jaune paille au train de bulles vif et titillant.
Nez discret et un peu simple, légèrement floral mais peu complexe.
Bouche linéaire, d'un équilibre agréable mais manquant de puissance et là encore de complexité aromatique.
Finale facile mais un peu anodine.
Bien, sans plus.




Carpaccio de sériole rôtie, salade de fenouil, orange et baies roses




Bellavista, Curtefranca, Convento della Santissima Annunziata, 2013



Robe jaune dorée.
Nez riche et opulent, sur les fruits jaunes et des notes puissantes de caramel au lait assez fatigantes.
Bouche ample à l'attaque à la fois bien propulsée par une belle acidité et large par son volume glycériné.
Mais le côté caramélisé du nez pèse à l'excès à mon goût sur l'expression aromatique en créant un point d’écœurement.
Finale un peu pesante d'épaisseur et toujours sur des goûts boisés.
Pas fan.


Weingut Bründlmayer, Kamptal DAC Reserve, Grüner Veltliner Käferberg, 2012



Robe à peine dorée.
Joli nez compromis de notes fraiches, entre le floral et un côté fruit blanc qui tire sur un très léger exotisme et des senteurs d'évolution qui s'expriment sur le minéral, un côté pierre humide.
Belle bouche à la structure équilibrée entre une matière pas énorme de concentration et une bonne acidité.
L'ensemble est posée et manque un peu de puissance à cœur à mon goût, notamment au niveau de la trame acide un peu étouffée par une légère sucrosité.
Finale efficace avec de la fraîcheur et une fine amertume.
Bien.



Soupe de crème de pain, ravioli del plin et chicorée amère

J'ai adoré la rusticité de ce plat, la présence des piments (les petits clins d'oeil rouges que vous voyez sur le plat) qui réveillent cette zupetta aux agréables goûts toastés, le fondant des ravioli et le croquant amer de la chicorée apportant de la fraîcheur.
Bravo au chef car ça, c'est de la cuisine indigène qui exprime l'histoire et la générosité !
Preuve qu'il n'est pas besoin de copeaux de produits de luxe venus du bout du monde ou de virgules de shampoing pour faire grand !
Viva la tradition ! :jump:


Domaine de l'A, Castillon Côtes de Bordeaux, 2014



Robe profonde et toute jeune, sur un violacé qui tâche le verre.
Beau nez causant et bien tourné, avec de la générosité, sur le coulis de mûre, une pointe d'élevage qui soutient le vin sans l'épuiser.
Belle attaque à la texture d'une vraie suavité, sur un soutien acide qui apporte une immédiate fraîcheur et créerait un point de gourmandise si n'apparaissait une amertume assez ferme à compter du milieu de bouche et qui parasite ce bel ensemble.
Finale resserrée autour de beaux tanins enrobés mais bien présents et qui demandent à se fondre.
Bien mais à attendre.


Château Léoville Las-Cases, Saint Julien, 1989



Robe bordeaux avec une évidente évolution marron.
Beau nez au bouquet classe et sérieux, sur les fruits noirs épicés, le goudron, des notes presque marines entre l'algue sèche et le ponton en bois sur le port.
Bouche droite et fraîche, à la belle trame qui concilie un volume plein au beau côté sérieux avec une expression musculeuse et froide agréable, sans rondeur mais sans sécheresse non plus.
Les goûts sont en pleine phase avec le nez, compromis d'évolution entre épices tertiaires et fruit encore présent très intéressants.
Finale pas interminable et qui manque peut-être un peu de générosité bue seule mais dont l'équilibre frais appelle la table pour se balancer.
Très bien.




Filet de cerf, chou fleur au genièvre, polenta et groseille




Domaine Jean-Michel Guillon, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Champeaux, 2016



Robe profonde, sur un pourpre violacé.
Nez ultra jeune et exubérant, riche, sur un boisé présent et des notes très mûres de coulis de fruits noirs.
Bouche à l'avenant, très mûre et pas vraiment en place, sur un côté brouillon foufou où se côtoient une légère sucrosité, une acidité un peu masquée, des notes boisées qui doivent se fondre et de beaux tanins bien mûrs.
La matière première est de qualité mais l'ensemble détonne sur la cuisine délicate de Villa d'Este qui accentue sûrement ce côté adolescent qui vous tire la langue.
Finale avec de la richesse mais à attendre pour que tous ces éléments actuellement dissociés se mettent en place.
A suivre.


Domaine Coche-Dury, Pommard Les Vaumuriens, 2010



Belle robe pourpre d'une certaine profondeur et bien brillante.
Nez peu causant, fermé, sur une petite réduction sur le poivre gris et un fruit en dedans.
Belle bouche structurée et droite, d'une certaine densité et avec un côté vertical apporté par une acidité qui taille dans une matière un peu comprimée. Goûts délicats de fruits rouges mais rien de bien évident.
L'ensemble est corsé et d'une certaine fermeté et lance une finale serrée porté par des tannins présents.
A revoir car vin sévère et qui manque de générosité en l'état.

Merci Philippe pour les dessous de table, encore une fois ! %tchin




Tartelette au miel et noix, crémeux au caramel et glace praliné







Ouh mince, on est déjà demain !

En bon sportif aguerri aux exigences des grands tournois, je sais que si briller en quart de finale est un plaisir, seul le bonheur de réussir la finale compte à l'heure des bilans.
Donc non, François, pas la peine d'insister, je ne t'accompagnerai pas en boîte ce soir même si y'a du Dalida dans ta play list !

Buena notte, tutti !
Et stp, horloge biologique, mets la en veilleuse jusqu'à au moins 7h........

A suivre...
Oliv
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01 Déc 2018 21:16 #142

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Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

La matinée du samedi




Bon, je vais pas faire tout le symposium sur le caractère piteux de mes nuits qui n'intéressent personne mais si à J+2, y'a du mieux, faut croire que ma tirelire a quand même besoin de bien plus de temps qu'une journée pour mettre en veille ce trouillomètre ancestral qui semble comme hyper développé chez Bibi...

Mais comme tous les ans, le petit déjeuner de Villa d'Este est un instant qui vous requinque son insomniaque en le préparant aux évènements de la journée par une diversité d'offre en solide comme en liquide à rendre jaloux le marché de Rungis !
J'en vois qui customisent leur assiette au bar à omelettes, d'autres qui choisissent les éléments de leur salade de fruits dans un panel littéralement tropical, les gens de goût éduqués aux belles choses tapant avec ardeur dans la meule de parmesan et les divers fromages qui sont savamment présentés... :oops:

Ah si, un truc quand même que tous les globe trotteurs connaissent sûrement mais qui peut servir aux casaniers comme moi pour qui dépasser Beaune est déjà verser dans un certain exotisme.
Quand un garçon italien vous demande ce que vous prenez au petit déjeuner, à moins d'espérer vous retrouver avec un demi litre de jus de pied pour américain à faire passer un thé Lipton pour une boisson goûtue, surtout ne commandez pas un café mais bien un espresso !
Et je recommande même le double ristretto, un truc digne du péroxyde d'hydrogène, idéal pour vous lancer la journée comme une fusée Ariane !

Les conférences de la matinée sont consacrées au futur du monde du vin.
A une époque où le réchauffement climatique menace les équilibres ancestraux qui ont vu des cépages émerger dans leur adaptation à certains terroirs et où les exigences écologiques imposent une réduction des pesticides, c'est Pierre-Marie Guillaume, des pépinières éponymes et frère de l'excellent vigneron du même nom qui ouvre les échanges.








L'activité de pépiniériste, chargé de reproduire les ceps de vignes afin d'assurer un renouvellement du matériel végétal de qualité dans le vignoble, est un métier qui se confronte à la lenteur du temps de la nature et où les échéances afin de valider son travail se comptent en décennie.
Les vieilles variétés sont devenues des populations avec des différences entre leurs membres et il s'agit pour le professionnel de rechercher ces plants d'exception dans ces populations afin d'en garantir la reproduction et donc la descendance.
A ce titre, 2018 est une année passionnante pour le professionnel car de nombreuses régions ont souffert du mildiou, maladie face à laquelle des ceps sont moins sensibles que d'autres. Certains en effet produisent des stilbènes dont les molécules antifongiques préservent le raisin des attaques. Les isoler permettrait ainsi d'améliorer la résistance de l'espèce.

Le plus grand défi pour le pépiniériste reste celui de la qualité. Car si produire un raison résistant aux maladies, aux excès climatiques, ou encore plus productif est une étape technique pour la sélection, l'horizon de la qualité est la seule destinée qui intéresse le vigneron.
Après avoir sélectionné un cep dont les capacités semblent mériter reproduction, on le multiplie sous serre après greffage pour, au final, vinifier 20 à 30 pieds tests et espérer valider le résultat qualitatif en vin fini.
Au sortir de la seconde guerre mondiale et après les ravages conjoints du phylloxéra et d'un pays à reconstruire et qui manquait de tout, la production d'hybrides illustrera parfaitement comment la création de cépages productifs et résistants aux maladies mais très peu intéressants au niveau du goût peut ne pas avoir de postérité.

Depuis 2007 et le Grenelle de l'Environnement, l'exigence de réduction de l'usage des pesticides dans l'agriculture a vu la recherche sur les cépages résistants considérablement se développer. Allié à une baisse drastique des coûts du séquençage génétique (3 M$ en 2003, 100$ quinze ans plus tard), le futur est à la création de raisins à même de mieux résister aux maladies en minimisant l'usage d'intrants mais aussi en étant aptes à encaisser les excès imposés par le réchauffement climatique (résistance à la hausse de la salinité des sols).
Le brassage des gênes des différentes espèces de vignes est un espoir d'adjoindre à Vitis Vinifera (la variété cultivée en Europe) et Rupestris (le porte greffe américain permettant la résistance au phylloxéra) les capacités de résistance aux champignons de Vitis rotundifolia (USA) ou amurensis (Asie).
Le grand danger réside dans le risque de voir la nature s'adapter et contourner la résistance comme ce fut le cas en moins de 10 ans pour les variétés comme le Régent ou la Bianca qu'une souche de mildiou a su défaire et de voir ainsi perdre définitivement une souche de résistance.
Comme un clin d’œil au pays d'honneur de cette 10ème édition, la découverte en Géorgie il y a un mois d'une Vinifera plus tolérante au mildiou illustre combien la capacité d'adaptation de la nature ouvre également des défis mais aussi des possibles.

Les régions viticoles tiennent bien entendu à conserver la typicité des cépages qui ont fait leur réputation donc les modifications génétiques pour améliorer un raisin se jouent parfois à l'introduction de 0.5% de nouveaux gênes afin d'en préserver le goût.
Un des axes de recherche possible consiste à travailler sur le spectre olfactif de la vigne dont on a découvert qu'elle attirait plus ou moins les insectes. Intégrer des gênes capables de réduire cette émission d'odeurs consiste une piste d'avenir.
Malgré le travail en laboratoire, 15 ans d'expérimentation en champs et vinifications resteront nécessaires avant de valider un résultat.

Pour avoir eu le plaisir d'échanger avec Pierre-Marie Guillaume, absolument passionnant à écouter parler de son métier, il m'est de plus en plus évident combien la qualité du matériel végétal pèse sur l'expression qualitative d'un vin fini.
On oublie sûrement trop souvent que tout commence à la vigne. Et donc ce bien avant qu'un cep ne soit planté dans un terroir déterminé.








Après la vigne, à l'autre bout du spectre du monde du vin se situe le bouchon, cet obturateur qui peut à lui seul décider par ses défaillances de la qualité des plus grands crus de la planète.
La conférence sera consacré au liège et porté par Antonio Amorim et Paulo Lopes dont l'entreprise produit 25 millions de bouchons... par jour !

Comme celle de la sélection et du travail de la vigne, la culture du liège se confronte au temps.
La première récolte d'une écorce exige 25 ans d'attente. Et la suivante ne pourra être effectuée qu'après 9 ans.
Pour un arbre dont la durée de vie est de deux siècles, le potentiel de récolte est donc de 18 à 20 écorçages.
Alors que le Portugal et l'Espagne agrègent 80% de la production mondiale de liège, leur capacité est actuellement au maximum.
L'irrigation permet de réduire d'une décennie le temps d'attente sur la première récolte, le processus étant stoppé ensuite afin de revenir au cycle naturel de reconstitution de l'écorce.

L'entreprise Amorim a subi de plein fouet la crise de confiance dans le bouchage naturel avec une perte de 30% de parts de marché entre 2000 et 2009, obligeant l'industrie du liège à une remise en cause intégrale de son process de production.
Depuis 2010, la croissance revient avec une hausse de 6% par an.
Le marché s'équilibre entre 4.5 milliards de capsules et 12.5 milliards d'unité liège, en prenant en compte que 35% du volume de vin est également vendu en BIB.

Afin d'éradiquer le TCA, de nombreux gestes préventifs en forêt et en coupe ont été entrepris afin d'éviter l'apparition des bactéries qui produisent la molécule, notamment par l'exclusion de tout produit chloré et une traçabilité complète a été instaurée afin de prévoir l'apparition et isoler les lots douteux.
Techniquement, l'utilisation de la vapeur d'eau est très efficace pour réduire le TCA dans le liège mais son élimination totale n'est pas envisageable car elle réduirait à l'excès les qualités mécaniques indispensables sur un bouchon.
Là encore, la technique propose, la qualité du produit final, le vin, décide.

Amorim a mis en place un procédé d'analyse individuelle automatisée du bouchon qui en fait le plus grand utilisateur au monde de gaz chromatographique. Le process qui vérifie l'étanchéité par des jeux de pression prend 15 secondes par bouchon et permet à l'entreprise de garantir actuellement la qualité de 115 millions de bouchons en circulation.
Dans les familles d'obturateur, le liège est celui dont l'apport initial en oxygène dans le vin est le plus important (par la compression du bouchon, constitué de 80 à 90% d'O2), apport qui se stabilise rapidement. La capsule reste le plus linéaire et le bouchage plastique le plus poreux.
Le vin est un solvant donc à ce titre, les échanges avec l'obturateur participent à l'évolution du vin, par l'échange de composés phénoliques qui ont un impact sur la stabilité de la couleur ou sur son astringence.
Le bouchage permettrait ainsi de développer des profils de vins différents.
Pour ceux qui souhaiteraient des précisions, j'ai mis le support de la conférence sur

Fichier attaché :

Nom du fichier : Amorim F.pdf
Taille du ficher :1,963 ko
.






La dernière partie de la matinée réunit Enrico Bernardo (Meilleur Sommelier du Monde), Olivier Duha (Entrepreneur et passionné de vin) et Antoine Petit (Directeur du CNRS).
Je retiendrais de cette conférence le témoignage d'Enrico Bernardo face à une clientèle en totale (r)évolution dans sa connaissance des vins et dans sa recherche de plaisirs par rapport à la génération précédente et qui m'a semblé très proche de mon expérience après 16 ans passés à échanger avec d'autres amateurs sur LPV.
La hausse totalement déraisonnée du prix des vins dans certaines régions est en train de créer un désamour chez le consommateur mais aussi chez le restaurateur face à des bouteilles impossibles à acheter pour les uns et invendables pour les autres.

Et face à ce phénomène, l'amateur cherche des alternatives et ouvre des horizons de rencontres comme de diversité de goûts qui l'éloignent des étiquettes ou des anciens marqueurs comme les AOC ou le millésime.
E. Bernardo est à ce titre très pessimiste pour l'avenir du métier de caviste en boutique car les amateurs, par la qualité des informations accessibles comme par la possibilité de l'achat en ligne, privilégient maintenant l'achat en direct, l'internet devenant alors une possibilité pour les domaines de récupérer de la marge sur la vente de leur production.
Le poids de la technologie et la réactivité des réseaux sociaux vont sans aucun doute continuer à bouleverser la commercialisation du vin, par des techniques d'apprentissage supervisé (Intelligence Artificielle) comme par un ciblage marketing où nous seront bientôt proposés des vins en concordance avec notre carte d'identité numérico-gustative.

En bon vieux schpountz du siècle dernier toujours rétif aux arraisonnements techno et à qui il faut 10 ans pour monter dans la charrette à moteur alors que les visionnaires comme le Président Mauss sont déjà passés à la fusée à hydropédalage stratothermique, je souhaite bon courage à la tête d'ampoule qui voudra résumer mon pdf en algorithme...
Mais pour en avoir parlé avec Antoine, je pourrais bien me retrouver surpris le jour où je me mettrai à converser avec mon armoire à vin et où la qualité de son conseil pourrait bien s'avérer pertinente.
Et ce bien plus tôt que je ne l'imagine.

Bon, les copains, c'est pas tout ça mais à force de prendre des notes, j'en vois revenir la boule au majeur que j'avais quand j'étais étudiant. Mais je vous l'avoue, c'est plus à cet instant la crampe au ventre qui commence à poser souci...

Et si on passait à table ?

***

Le déjeuner du samedi



ColleMassari, Montecucco Vermentino, Irisse, 2017



Robe sur un doré net et d'une certaine épaisseur dont les larmes tapissent le verre.
Nez généreux et presque opulent, très floral, entre l'aubépine et le jasmin, des notes d'amande.
Bouche riche, un peu trop large pour moi, sur une attaque glycérinée d'une certaine viscosité et qui tapisse le palais presque à l'excès. Les goûts sont francs et agréables mais une certaine chaleur empâte la finale qui manque de nerf et de fraîcheur.
A servir frais à l'apéritif.




Scampi, panzanella, burrata et amarante




ColleMassari, Montecucco Rosso Riserva, 2015



Robe quasi noire, totalement impénétrable et qui tache presque le verre.
Nez mat, sur les fruits noirs, un léger viandé et des notes réglissées alliées à une pointe chaleureuse ou volatile.
Bouche brute et ferme, sur une concentration pas du tout détendue et une amertume forte qui rend la lisibilité compliquée, avec l'impression de tourner autour d'un cube sans trouver la porte d'entrée.
Les goûts peu ouverts, tout en noirceurs, entre le cassis et l'encre n'aident pas au plaisir.
Finale sévère par son volume et ses chaleurs et ses tanins présents qui pèsent sur le palais.
J'avoue, je souffre...




Joue de veau, céleri rave, navet et raifort





Domaine Ramonet, Chassagne-Montrachet 1er cru Clos Saint-Jean, 2015



Robe très claire, presque rubis.
Nez fin, compromis d'un boisé fumé assez présent et de très jolies notes de petits fruits rouges croquants.
Bouche juteuse au déroulé facile, sur une matière souple d'un joli équilibre et qui se laisse porter par une acidité mûre qui apporte de la fraîcheur. Beaux goûts francs, toujours sur les fruits rouges mais avec aussi un petit trait végétal mentholé bien perceptible.
L'ensemble est franc et lisible, avec une expression d'élevage qui bride encore un peu la finale que j'ai trouvée un peu sèche et sans le côté pulpeux ressenti sur 2012 par exemple.
Finale pas interminable mais désaltérante et facile et qui s'accorde parfaitement avec le plat de viande.
Bien +


Tenuta San Giorgio, Brunello di Montalcino, Ugolforte, 2013



Robe grenat claire.
Nez marqué par des notes de cassis un peu monolithiques et dont je peine à dire si c'est vraiment du fruit primaire ou un petit côté réducteur qui s'exprime. De légères notes boisées épicées complexifient l'ensemble.
La bouche est en revanche très bien construite, sur une attaque pleine parfaitement propulsée par une très belle acidité.
L'ensemble propose un équilibre agréable conciliant puissance et générosité à un allant certain et une bonne franchise aromatique, toujours sur le cassis mais qu'on aimerait un peu plus complexe.
Finale plus serrée avec l'apparition d'une pointe sèche et chaleureuse qui appelle la viande pour se gommer.
Pas mal du tout dans un registre assez moderne.



Tarte aux pommes



ColleMassari, Orto del Prete Vermentino Passito, 2015



Robe dorée marquée d'étonnants reflets verts fluo.
Nez puissant et complexe, sur la confiture d'abricot, la poire tapée, des notes de praliné mais aussi une certaine charge alcoolique.
Bouche à l'avenant, c'est à dire riche en attaque, sur une liqueur d'une certaine ampleur mais sans sucrosité collante, portée par une bonne acidité.
L'ensemble manque toutefois un peu d'intensité et de tension pour se relancer à compter du milieu de bouche malgré de beaux goûts de fruits blancs confits, sur l'abricot.
Finale un peu lourde car marquée par une ampleur alcooleuse qui limite sa buvabilité.
Bien.




Allez, on y retourne ?
Car l'après-midi s'annonce alléchant.

A suivre...
Oliv
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09 Déc 2018 16:43 #143

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

oui, la qualité du matériel végétal est primordiale. Autant que le terroir lui-même.
L'autre facteur étant la compatibilité des deux.

Les autres éléments ne sont que des choix d'adaptation aux circonstances.

Jérôme Pérez
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09 Déc 2018 17:32 #144

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Réponse de Jean-Paul B. sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Oliv,
C'est passionnant !
Merci de partager ces expériences avec nous.
J'ai toujours trouvé fascinant dans le vin la juxtaposition des process industriels de pointe, pour le flacon, le bouchon, les analyses en labo des raisins et des jus, voire l'étiquette, et de l'approche plutôt artisanale et intuitive pour le travail à la vigne et au chai, et la tonnellerie.

Jean-Paul
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12 Déc 2018 00:18 #145

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Réponse de oliv sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Une décennie




Cet après-midi sent l'émotion !
Car dans quelques heures se déroulera une verticale du domaine de la Romanée Conti, de ces moments uniques comme il n'en existe vraisemblablement pas d'autres sur la planète et où sont dégustées plusieurs décennies de vins en provenance directe du domaine.

Mais c'est aussi pour François Mauss l'occasion d'effectuer un bilan de ces dix ans de Symposium, une aventure née de l'idée et de la volonté jamais démentie de réunir autour de la convivialité que permet le vin, les domaines et amateurs du monde entier et de faire se rencontrer artistes et scientifiques, juristes et journalistes, gastronomes et esthètes.
En replongeant dans mes 7 ans de présence à l'évènement afin de constituer le petit florilège qui ouvre ce post, depuis notre venue avec Jérôme Pérez qui nous valut tant de réactions houleuses jusqu'à cette superbe dixième édition, je ressens combien le temps a passé vite.
Que de grands moments vécus autour de vins d'exceptions, que de rencontres exceptionnelles d'une richesse culturelle et humaine ébouriffantes, que d'émotions pour moi à repenser aux pusillanimités des débuts, où à chaque seconde avec angoisse, je craignais de voir dans l'oeil des Bettane, Burtschy, Johnson, Galloni, Bourguignon etc..., dans les réactions des Rousseau, Pitiot, Wassmer, Derenoncourt, De Villaine, Lurton etc... un étonnement teinté de mépris quand j'allais devoir répondre à leur légitimité sur leur présence à l'évènement ce modeste titre de fonction pas si facile à assumer (même si j'en suis très fier car je sais qu'il représente en ce lieu des milliers d'amateurs) : "moi, c'est Oliv de LPV" !





L'hommage d'Hugh Johnson




Je l'ai écrit de nombreuses fois sur le forum mais ne cesserais jamais de le répéter.

S'il est un homme du monde du vin qui n'a jamais perdu la connexion avec les valeurs fondamentales de partage, de plaisir et de convivialité que ce produit permet, c'est François Mauss.
Souvent cloué aux piloris de procès d'intention faciles, car il parle toujours fort et vite, car quand il aime, il adore mais quand il vous a dans le pif, il défouraille, car le cadre de Villa d'Este et le prix du ticket d'entrée à l'évènement créent d'inévitables frontières et les fantasmes qui vont avec, si je ne perdrais pas mon temps à tenter de convaincre les hurleurs que le monde est toujours plus complexe que leurs certitudes rapidement éructées ne tentent de le résumer, je peux témoigner combien cet homme, souvent aux dépens de ses propres intérêts immédiats, tient toujours et par dessus tout à transmettre à ceux qu'il pense le mériter la chance de se rencontrer comme d'accéder à des vins d'exception.
Il y a chez le Président Mauss la générosité des hommes d'auberge à l'ancienne, ces lieux où l'on savait compter et où la rouerie des affaires en cuisine lors des négociations avec ses fournisseurs n'interdisait jamais de rajouter un plat quand l'amitié et le plaisir d'un client sympa s'y prêtaient.
Il y a aussi chez lui ce sens de plus en plus rare de la responsabilité de rendre à d'autres, notamment les plus jeunes, les opportunités qu'un monde de plus en plus avide et individualiste risque de ne plus permettre qu'aux seuls plus fortunés.

Mais plus que tout et le seul vin, le génie de François, c'est celui de savoir trier le bon grain des qualités humaines de l'ivraie des mesquineries et donc d'arriver à faire se croiser des univers en brisant les frontières.
Le VDEWS, c'est tout sauf un Symposium entre soi où les spécialistes parlent aux spécialistes, quand les échanges en vase clos se font dans un sabir inaccessible à celui qui n'en n'est pas et où chacun se juge toujours un peu à hauteur d'une concurrence professionnelle potentielle.
A Villa d'Este, j'ai bien entendu très souvent parlé vin, avec des vignerons dont les domaines comptent parmi les plus prestigieux de la planète mais tout autant avec un viticulteur indien ou un homme de convictions comme Dominique Belluard.
Mais au long de ces années, j'ai aussi pu échanger autour de la cuisine et des accords, de la musique et de l'opéra, de la science et de l'informatique, de philosophie et de coutellerie, du monde et de la vie, rencontrant des personnes qui vous irradient de leur intelligence et de leur savoir-être à vous en rendre complexé, jusqu'au moment où vous finissez par comprendre que chacun dans son champ d'expertise est à même d'enrichir l'autre d'une rencontre passionnante.

Bon, François, faudra voir un jour à nous convier une Amélie Mauresmo ou un autre sportif de talent pour rehausser le niveau quand même.
Car hormis quelques adeptes de jogging en bord de lac ou de l'échange de balles jaunes, m'est avis que la philosophie de Sir Winston semble quand même sérieusement partagée...

Allez, je me tais et cède la parole au Président.





Bilan d'une décennie par François Mauss




"Mesdames, Messieurs,

Dix ans ! Dix ans, ç’est une durée ridicule à l’échelle de l’homo sapiens ou du vignoble Géorgien, mais c’est énorme dans la vie d’un humain et en particulier du vigneron qui compte ses vendanges. Mais en même temps, ce n’est rien s’il pense aux générations qui l’ont précédé sur sa terre, certains domaines comme les Antinori, pouvant remonter ainsi au XVième siècle. Voilà le paradoxe du TEMPS !

Hugh Johnson, va nous dire d’ici quelques minutes, son point de vue sur le thème de cette année ici à Villa d’Este : LE TEMPS ET LE VIN.

Mais auparavant, qu’il me soit permis de remercier en particulier 3 personnalités sans l’aide desquelles, cet évènement annuel à Villa d’Este n’aurait simplement pas pu être créé. Une aide financière, il faut le dire car un événement comme celui-là est une gageure du point de vue économique, et une aide amicale car ce n’est pas l’appât du gain qui motive les mécènes pour un évènement de ce type : il faut aussi et surtout la passion et l’amitié.

HENRI DE PRACOMTAL

Nos relations ont maintenant plus de 20 ans d’âge, et c’est grâce à son soutien constant que nous avons pu constituer et développer le GRAND JURY EUROPEEN (GJE) qui a fonctionné pendant 20 ans et qui proposait au monde du vin des dégustations collectives de professionnels réalisées à l’aveugle ou demi-aveugle.
C’est un Homme d’affaires plus que rigoureux, avec une rare éthique professionnelle, mais capable de comprendre d’autres points de vue. Un jour il sautera le pas et de Tonnelier il deviendra, lui ou ses enfants vigneron : il ne le sait pas encore, mais c’est là un scoop que je vous donne ☺
Merci Henri, merci Nathalie !

JEAN-MARC DROULERS

Ancien co-propriétaire et administrateur de Villa d’Este, Jean-Marc Droulers – qui s’excuse pour son absence ce jour – a toujours souhaité développer un évènement « vin » dans cet hôtel unique au monde. Aussi, quand nous avons proposé de faire les sessions de fin d’année du Grand Jury Européen, en 2002 et qu’ensuite nous avons développé avec lui le concept de ce Villa d’Este Wine Symposium, il nous a dit oui avec enthousiasme. Il est évident qu’ailleurs nous n’aurions jamais eu un cadre aussi exceptionnel que celui où nous nous trouvons en ce moment. On a discuté, trouvé les bons compromis, son expérience a beaucoup compté et il avait souvent raison de me remettre dans la bonne voie : main de fer et gant de velours.

CLAUDIO TIPA

L’homme est sérieux, c’est incontestable et incontesté. Simplement, plusieurs fois par jour, c’est un grand spécialiste de la petite blague qui arrive sans crier gare ! Grand constructeur, donc rigoriste, il a cette rare capacité d’évaluer à vitesse Grand V si ce qu’on lui propose est bon ou médiocre. Il sait pourtant déléguer et accepter régulièrement de nouveaux défis. Le plus bel exemple est le Festival de Musique AMIATA qu’il a créé avec Maurizio Baglini, notre pianiste favori, qui en est le directeur musical. Homme de voiliers, actif dès 6H00 du matin, vous avez intérêt à être en superforme intellectuelle quand vous avez rendez-vous. Il mérite le qualitatif d’impitoyable, car il n’aime pas les fausses notes, mais il mérite tout autant le qualitatif de juste ! Et sans jamais oublier qu’il a affaire à des humains ! Si, si : on l’aime pour ça ! ☺

Voilà : ces 3 Personnalités m’ont aidé, financé, soutenu bien au-delà des normes habituelles et avec une grande indulgence pour mes enthousiasmes intempestifs qu’ils savaient gentiment modérer. Merci Messieurs : sans vous, nous ne serions pas là aujourd’hui.

Revenons à notre thème central de cette année. Hugh Johnson est plus qu’un nom dans le monde du Grand Vin. IL a été pendant des décennies, il est encore un « GO BETWEEN », un relais hors pair entre les vignerons et les grands amateurs. Un homme essentiel de communication.
Un tel homme pour qui les fleurs et les jardins sont des choses essentielles dans la vie ne peut pas être foncièrement mauvais pour évoquer sa seconde passion, le Grand Vin. Le fait d’être originaire d’un pays anglo-saxon qui ne produit du vin que depuis quelques années lui a permis d’être totalement indépendant, et de ne pas connaître le mot sectarisme. Dans ses ouvrages, il parle aussi bien de la Moldavie que de la Bourgogne, aussi bien du Chili que de la Toscane. C’est rarissime d’avoir un tel auteur, un tel écrivain ayant le même respect pour tous les vignobles du monde, grands et petits, connus ou méconnus. A ceci s’ajoutent une modestie, une humilité et une simplicité qu’on aimerait tellement constater chez nombre d’autres écrivains du vin. Hugh Johnson ? Simplement : « LA » référence des journalistes du vin.
Laissons donc la parole à Hugh Johnson qui a suivi nos séminaires et qui va nous donner ses réflexions à l’aune de sa longue expérience du monde du vin.

Ceux qui me connaissent un peu, savent à quel point je suis fondamentalement européen et même plus : Fédéraliste Européen. Oh, je sais parfaitement qu’il faudra des décennies pour qu’enfin l’Europe comprenne que sa survie dans le monde ne pourra se faire qu’en associant à l’économique, une culture basée sur des siècles d’histoire. L’Europe ne doit pas rester bancale, sinon c’est la chute assurée. Aucun autre continent ne peut offrir au reste du monde une telle variété de cultures, de telles pages d’histoire, de tels noms de grands hommes comme Leonardo da Vinci, Einstein, Pasteur, Bach, Mozart, Darwin ! Non pas qu’il n’existe pas d’autres grandes civilisations, mais, allez savoir pourquoi , à un moment, ces civilisations se sont un peu figées alors même qu’en Europe, on a eu l’audace comme moteur d’évolution. De là à dire que cette audace a trouvé son fuel dans le vin de ses terroirs, c’est probablement aller vite en besogne, mais, on a le droit de le penser ☺ Après tout, Bach et Pasteur aimaient le vin et aimaient le dire !
Et on pourrait citer des centaines d’autres grands noms qui ont façonné l’Europe ! Bref : cette richesse historique est simplement galvaudée, sous-estimée : il faut lui redonner une place équivalente à l’économique !

Je voudrais revenir à ces 10 ans de VDEWS, pour cette fois évoquer l’Italie qui sait si bien nous recevoir dans ce lieu de toute beauté qu’est Villa d’Este au bord du Lac de Côme.

Comment dire l’Italie…
Pour moi, l’Italie ne se visite pas : elle se vit {du verbe vivre} ! l’Italie membre fondateur de l’Union Européenne, a toujours été et reste malgré les scories politiques du moment une nation profondément européenne pour autant que Bruxelles comprenne enfin que l’Europe ne peut se construire, se vivre que sur une réelle égalité entre économique et culture.
L’Italie a ceci d’unique d’être un pays où la culture est présente NATURELLEMENT chez tous ses habitants ; qu’ils soient entrepreneurs, vignerons ou fonctionnaires, florentins ou napolitains, romains ou milanais, vénitien ou sicilien. Un italien a NATURELLEMENT la culture dans son ADN et ses gènes. Il sait apprécier Michel-Ange, le Duomo de Florence, les Arènes de Vérone, la fontaine de Trevi, Fra Angelico, Brunelleschi, Nadia Santini, Angelo Gaja, Enzo Ferrari, Enzo Vizzari, Dante, Leonardo da Vinci, Verdi, Puccini, Federico Fellini, Marcello Mastroianni, Sophia Loren et Gigi Buffon ! Un italien ne peut pas être trompé par une cuisine aléatoire : il sait comment doit être un bon risotto ou une pasta al dente. Essayez de trouver un mauvais restaurant au Piémont des Langhe ! Pas facile, croyez moi !
Bref : comme tout français qui a usé ses culottes avec des cours de latin ou de grec, qui a lu éventuellement de Stendhal son « Voyage en Italie », qui a pu argumenter en grande politesse avec la maréchaussée italienne qui vous reprochait des dépassements hasardeux, j’ai une passion réelle pour l’Italie, celle de Verona, de Modena et de son chef d’exception Massimo Bottura, sans oublier ces endroits merveilleux comme Montalcino ou Barolo.- ou la modeste commune de Busseto-Roncole, là où naquit l’immense Giuseppe Verdi.
Il est donc temps de dire un beau merci à ce pays où se concentrent 53 sites inscrits au patrimoine mondial, dont 48 culturels et 5 naturels, ce qui en fait le pays le plus doté en sites du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO : plus de 50 % de tous les sites enregistrés à ce jour !. Dire aussi merci au co-propriétaire de cet Hôtel unique, Monsieur Giuseppe Fontana qui a la joyeuse faiblesse d’être un amateur passionné par le Grand Vin. Son fils Alberto participe assidûment aux sessions de dégustation depuis plusieurs années avec son épouse Gemma : l’avenir « vin » de Villa d’Este est assuré !! ☺

Merci à l’Italie, merci à Villa d’Este et tout son personnel !!

Enfin, pour cet anniversaire, nous nous devons d’honorer nos 5 Parrains :
Tenuta Angelo Gaja
Weingut Egon Müller
Vega Sicilia
Château Ausone
Domaine de la Romanée-Conti

Voilà 5 propriétés de référence incontestée en Europe lesquelles, en 2008, – année de la crise Lehmann Brothers : ne l’oublions pas – , ont accepté de signer ensemble une lettre qui soutenait de façon magistrale notre projet du Villa d’Este Wine Symposium.
Chacun sait à quel point, à cette époque comme de nos jours, recevoir un tel soutien, et pour un projet qui n’était alors qu’un concept, ce fut une démarche exceptionnelle.
Sans ce soutien, jamais nous n’aurions pu réussir ces dix éditions où l’amateur trouve un juste équilibre entre des séminaires d’actualité, des dégustations salle Impero comme ces exceptionnelles dégustations de prestige où les vins viennent directement des propriétés où ils n’ont jamais bougé, une cuisine italienissime de haut niveau et enfin des moments musicaux qui sont une ouverture nécessaire vers d’autres formes d’art.
Le Wine Symposium n’est pas un rendez vous de business comme Vinexpo, Prowein ou Vinitaly. C’est devenu un peu un Club d’échanges et en 3 jours, chacun a le temps de nouer de nouveaux contacts internationaux. De nos jours, ce n’est pas rien ! C’est même unique eu égard à l’endroit, à cet Hôtel historique qui nous reçoit si bien.

Non : nous n’allons point remettre à nos 5 Parrains une statuette dorée comme pour les Oscars, ni même une plaque commémorative. Chacun va recevoir des mains de George Ramishvili une authentique antiquité âgée de plusieurs milliers d’années et mise à jour en Géorgie, la première région où le vin a été un des constituants de sa civilisation.
Ce sont là des témoignages émouvants d’hommes qui ont façonné de leurs propres mains ces objets destinés au VIN. Gageons que nos 5 Parrains sauront donner une place de choix à ces objets rarissimes que nous offre la Géorgie, signe majeur, s’il en est besoin, de cette communauté du Grand Vin qu’il faut développer en Europe étendue.
Merci RAMISHVILI George de monter sur le podium pour remettre ces pièces uniques à nos 5 Parrains."






L'hommage d'Aubert de Villaine et la joie du Président




Alors que les mentors de l'évènement se voient honorés d'un objet du vin millénaire offert par la délégation georgien, je crois devenir que François a l’œil humide et le sourire heureux.
Il est des instants dans la vie où l'on peut se retourner et regarder avec hauteur le chemin parcouru pour construire son existence.
On voit alors le foyer que l'on a construit autour de sa famille et l'amour qu'on a su créer entre ses membres. Car sans la famille qui l'entoure, il n'y aurait tout simplement pas cet évènement.
Chacun pèse également l'ampleur du travail accompli pour construire pas à pas ses succès et surmonter ses échecs professionnels.
Pour commencer à connaître un peu François, je le devine apaisé mais aussi très fier du chemin parcouru. Et pour le côtoyer et avoir parfois eu un regard intime sur les difficultés à piloter un tel paquebot, pas besoin de vous dire que j'en suis plus qu'heureux pour lui et les siens.
Car rien n'était joué d'avance dans le succès de ce moment dorénavant bien ancré dans l'agenda du monde du vin.

Mais le Président Mauss n'est pas du genre à se reposer sur des lauriers et malgré une standing ovation enthousiaste digne des meilleurs stades sud américains, il rappelle tous ses convives à l'ordre de l'évènement.
C'est que c'est pas tout ça mais il reste encore un nombre certains de grands moments à venir pour cette édition 2018, la dégustation de prestige des vins du domaine de la Romanée Conti en tête.

On enchaîne ?

Oliv
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15 Déc 2018 17:27 #146
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Réponse de rkrk sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Fin du publi-reportage et de l'hagiographie ?

Désolé Oliv mais je trouve que tu en fais un peu trop. Mauss n'est pas un philanthrope mais un homme d'affaires qui a réussi de faire de sa conférence un excellent business.

Pour ceux qui veulent lire une page entière de Mauss, il y a son blog.

Ralf

Amateur depuis 30 ans, sur LPV depuis 16 ans, caviste depuis 3 ans
15 Déc 2018 19:15 #147

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Réponse de Eric B sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Lorsque je l'ai lu il y a une heure, ça ne m'a franchement pas choqué. J'ai même été ému dans le bon sens du terme. Au vu du bonheur que j'éprouve à lire chaque année ces compte-rendus de ce symposium, lire cette "hagiographie" ne me paraît pas cher payé.

Eric
Mon blog
15 Déc 2018 19:32 #148

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Réponse de leteckel sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Plus que philanthrope, j'ai surtout lu qu'il était passionné, ce qui n'est pas incompatible avec le business...disons même que si on peut lier les 2, c'est le pied.
Si ce n'était "que" du business, Oliv n'y serait pas gracieusement invité...

ArnoulD avec un D comme Dusse
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15 Déc 2018 19:55 #149

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Réponse de jean-luc javaux sur le sujet Au cœur du Villa d'Este Wine Symposium 2018

Ralf,

c'est sûr qu' Oliv en fait un peu trop.
Il en fait un peu trop pour rapporter à la communauté ce grand événement sur le vin.
Il en fait un peu trop en passant ces soirées ou ses nuits à nous commenter tout cela.
Il en fait un peu trop en nous faisant rêver, aussi en essayant de colmater les brèches sur le forum, en calmant les excités ; bref en payant de sa personne (et du reste) pour que vive ce forum!
J'arrête...

jlj
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15 Déc 2018 20:15 #150

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