Tiens, ça c'est un message intéressant de Agitateur -)).
Il fait écho à une discussion récente à Velicane où je goûtais les vins avec une paire d'experts slovènes et nous dissertions sur les styles.
Quand je leur disais qu'en France le cépage qui tenait la corde en ce moment était le riesling, j'avais droit à une part d'étonnement.
Même au sein d'une couleur, la vérité d'ici n'est pas la vérité d'ailleurs.
Je pense d'ailleurs que culturellement, dans le nord de la Slovénie, le Laski est plus valorisé que le rinski ...
Une explication avancée sur le fait que les slovènes aimaient en général les vins très aromatiques alors qu'ils sont quasi bannis en France, tenait du fait que le vin n'était pas un compagnon de table, mais un compagnon d’événement : apéritif, verre dans la journée ( à toute heure) ou en soirée après le repas. Le traminenc à une côte d'enfer !
Personne pour boire un coup de rouge à ces occasions.

Je tiens donc le prochain sujet intéressant pour notre prof en liberté : le riesling vaut il plus que le chardonnay ? Et là, il y a une vraie réflexion à mener : comment et pourquoi le cépage qui était considéré comme roi est il en train de se faire déboulonner par le riesling dans le cœur des amateurs occidentaux et pourquoi cet état de fait suscite l'étonnement ailleurs.

Jérôme Pérez écrit: Une explication avancée sur le fait que les slovènes aimaient en général les vins très aromatiques alors qu'ils sont quasi bannis en France,

Je ne crois pas qu'ils le soient ( bannis ) voir même au contraire ils sont absolument indispensables pour les primo accedants aux vins, et même pour les amateurs plus ou moins débutants. Mais l'aromatique ne suffit pas ! Ca doit aller, sur ce même public, avec une bouche accessible. Donc exit les amers, l'acidité excessive. Du coup, c'est pas évident pour le sauvignon ou le chenin, par exemple, pourtant aromatiques.
Ce type de profil peut parfaitement être obtenu avec certains cépages aromatiques, même à assez haut rendement ( ou cépages peu aromatiques mais travaillés "techno" ). Là, comme çà, je pense aux blancs du gers, les côtes de gascogne. Le coût de production à la vigne est faible, le profil gustatif plait au plus grand nombre, le prix conso est modique, tous les ingrédients sont là pour un carton au niveau commercial, ce qui est le cas.

Jérôme Pérez écrit: le riesling vaut il plus que le chardonnay ? Et là, il y a une vraie réflexion à mener : comment et pourquoi le cépage qui était considéré comme roi est il en train de se faire déboulonner par le riesling dans le cœur des amateurs occidentaux et pourquoi cet état de fait suscite l'étonnement ailleurs.

Pour les riesling français, ils ont quand même, depuis disons 10 ans, des sucres résiduels plus forts qu'avant. Par maturité plus avancée et donc de manière subie, et / ou par choix. Gouté chez Laurent Barth il y a qq jours, les riesling 18 ( le haut de gamme en tout cas ) ont les données suivantes: pH inf. à 3 ( ! ) 10 gr de SR, TAV je sais plus, vers un bon 14°. Ce SR peut amadouer les palais sensibles, le pH est du coup non identifiable. Les 19 auraient ma préférence, mais pas encore en vente. L'alcool est un chouilla plus bas, et zéro SR. Le mill. 19 en riesling alsacien aura plus de mal auprès des primo accédants au vin ou au riesling.

je serais curieux de savoir de quel clone il dispose pour avoir une telle acidité en Alsace à ce niveau de maturité.

Mais tu soulèves une question intéressante : le plaisir des uns, non forcément initiés, s'oppose au plaisir des autres qui cherchent autre chose. Où qui finissent à force de chercher autre chose par refuser le plaisir immédiat, presque le fuir, car considéré comme facile : oui, mais pour trouver quoi ?

Jérôme Pérez écrit: refuser le plaisir immédiat, presque le fuir, car considéré comme facile : oui, mais pour trouver quoi ?

Ceci:

Ce qui est assez surprenant, c'est que ce SR assez rejeté sur les vins Français est presque plébiscité lorsqu'il est dans une bouteille de vin allemand où il est très souvent présent.
Mais c'est vrai que ce n'est souvent pas la même acidité ni le même degré d'alcool.

Mais c'est vrai que ce n'est souvent pas la même acidité ni le même degré d'alcool.

T'as tout dit

Jérôme Pérez écrit: Michel

relis Guffens. L'oxydation prématurée, notamment en Bourgogne trouve ses raisons en grande partie à la vigne. Ce n'est pas qu'avec le passage au diam que l'on résout le pb.

Jérôme, à quelle publication(s) fais-tu allusion stp ? merci

Je pense qu'il s'agit de cet entretien (très intéressant au demeurant).

Merci Moriendi

Beaucoup de rouges sont devenus lourds, patauds et indigestes, raison pour laquelle on leur préfère aujourd'hui les blancs. Selon moi le modèle parkérien, avec ses jus de planche suralcooleux aujourd'hui rattrapés par une climatologie elle-même source de nouvelles difficultés vinificatoires, est en partie responsable de cet état de fait. La montée en puissance des vins blancs à la fois acides et sucrés (pudiquement appelés liquoreux) auprès des jeunes (filles en particulier) est typique du rejet de l'autorité qui se manifeste ici par la sur-représentation des sens premiers au détriment de toute espèce de complexité.
Pour ce qui est de la prémox, Guffens pointe parfaitement du doigt l'inertie culturelle de la tradition confrontée à des changements climatiques de plus en plus manifestes.

ziboss écrit:

Jérôme Pérez écrit: Michel

relis Guffens. L'oxydation prématurée, notamment en Bourgogne trouve ses raisons en grande partie à la vigne. Ce n'est pas qu'avec le passage au diam que l'on résout le pb.

Jérôme, à quelle publication(s) fais-tu allusion stp ? merci

Jean-Michel Comme a dit la même chose dans les colonnes de LPV.

hannibal écrit: La montée en puissance des vins blancs à la fois acides et sucrés (pudiquement appelés liquoreux) auprès des jeunes (filles en particulier) est typique du rejet de l'autorité qui se manifeste ici par la sur-représentation des sens premiers au détriment de toute espèce de complexité.
Pour ce qui est de la prémox, Guffens pointe parfaitement du doigt l'inertie culturelle de la tradition confrontée à des changements climatiques de plus en plus manifestes.

Montée en puissance des liquoreux? Certes, quand on débute le vin (et en particulier quand on est de sexe féminin, statistiquement) on aime en général les vins sucrés, mais globalement aujourd'hui tous les producteurs de liquoreux peinent à vendre leurs vins, ça ne me semble pas être représentatif d'une montée en puissance! Quant à la sur-représentation des sens premiers (je dirais de l'immédiateté, de la facilité, en général), n'est-ce pas tout simplement le cas pour toute population qui débute dans un domaine, que ce soit le vin, la photographie, ou autre? Dans n'importe quel domaine, c'est avec à la fois l'expérience et l'intérêt (voire la passion) pour le sujet que se manifeste une volonté d'aller "plus loin", de comprendre les subtilités, d'envisager la complexité, de s'éduquer à ce qui dans ce domaine ne se donne pas de soi (c'est-à-dire d'éduquer son goût).

Parallèle intéressant avec ce dîner gastronomique : 4 blancs pour un rouge

Le texte Initial qui est en lien, élude complètement le rosé. Pourtant je crois que c’est le vin dont la production est la plus forte dans ce pays. Doit-on le considérer comme une simple boisson? Idem pour le Champagne.
Blanc ou rouge? Les deux mon capitaine! Et pour vinifier quasiment à part égale les deux couleurs...rien n’est plus compliqué que le blanc, clairement.
Il est d’ailleurs assez notable de constater que les vignerons « rouges » produisent souvent des blancs inintéressants et « lourds » - pas toujours bien entendu - et que les producteurs de blancs produisent des vins rouges plutôt légers qui manquent de densité la plupart du temps. Difficile de changer de costume quand on est au cuvier! C’est une gymnastique liée aux équilibres .
J’apprécie le lien vers le texte de JM Guffens qui a largement prouvé que ces choix étaient les bons et que ses déductions sont profondément pensées et validées. J’adhère à tout sauf à ces choix pour le bouchage...mais je le comprends.
En revanche il oublie d’évoquer ce qui a trait aux corrections en moûts. Je rappelle que l’on a droit de remonter une cuvée de 1,5 degré et cela signifie 5,5 kg de sucre par Fût de 228 litres...acidité en baisse, pH en hausse, dilution des arômes...et fragilité augmentée. Rien de bon pour la conservation.
En même temps qui garde encore ses bouteilles plus de sept ans? 2% de la population et peut être même moins?
Très peu de consommateurs d’après les CR que je lis...

Tu ne pourrais lire les CR de bouteilles qu'on stocke...

jlj

Cyril_HK écrit: aujourd'hui tous les producteurs de liquoreux peinent à vendre leurs vins,

Les liquoreux sont dans un monde troublé, c'est vrai.
Quand tu fais goûter, tout le monde aime. Mais personne achète....

Ce qui marche fort chez les djeuns, par contre et pour aller dans le sens de Hannibal en corrigeant un peu, ce sont les moelleux ou les secs attendris...
Donc moins de 50 gr / l de SR. Les liquoreux sur LPV, ça commence à 100 gr.

Le vin blanc vaut-il le vin rouge ?
La réponse est évidente : oui, à prix égal.
Une deuxième réponse évidente : Quand le vin blanc est réussi face au vin rouge loupé, le vin blanc vaut plus et vice-versa.
Je ne vois pas l’utilité de répondre à cette question, j’ai lu le texte, je réagis à deux choses :
Il est très rare de se satisfaire d'un bon repas uniquement avec du blanc. A l’évidence, c’est une ineptie pour un public d’amateurs.
Sur l’agressivité du vin : franchement, la question est bien plus celle de la qualité du vin que de savoir si une couleur est plus agressive qu’une autre.

J’ai quand même l’impression qu’il y a un télescopage dans les questionnements/arguments/lieux communs/concepts entre ce qui est pratiqué et pensé par le français lambda et ce qui est pensé et pratiqué par les passionnés, ce qui rend le billet inintéressant.