Riesling Grand Cru Kirchberg de Barr : quelques millésimes chez Stoeffler
Millésime 2000
La robe : La blondeur d'une paille pas encore tout à fait mûre. C’est cristallin et brillant. Un régal pour l’œil à longuement apprécier sur une terrasse, au soleil tendre du printemps. Notez que le bouchon était totalement imbibé.
Le pif est expressif, ce qui veut dire dans mon sabir que les arômes sont facilement reconnaissables. On est dans le registre des agrumes mûrs avec nettement du pamplemousse rose et du citron confit. On notera aussi la fleur de tilleul et pour enrichir ce fruité d’une jeunesse moqueuse, de la naphte, de la belle cire d’abeille, des épices et un côté fumé. Je plaisante avec le pétrole mais en fait c’est très léger, une note voisine de la cire mais pas tout à fait semblable.
La bouche : Voilà un sec, frais, bien tendu de bout en bout avec une finale, vive, longue, citronnée, marquée par de beaux amers, de plus de 20 secondes. Il y a même une impression tannique sur cette fin de bouche. La matière est pleine, veloutée, dense. Les arômes sont expressifs , fruités, avec des agrumes et une composante végétale/florale qui évoque le tilleul et la fougère.
Le lendemain : Le vin ne change pas beaucoup du côté structure alors que les arômes se tournent plus vers la cire, la naphte et le miel.
Impression générale : Un vin superbe à mon goût : long, complexe, subtil, harmonieux. Par contre l'impression saline habituelle sur la finale des Kirchberg ne m'a pas marquée. Le jeu du temps ? A noter que 2000 est parfois décrié en Alsace comme étant trop mou.
Riesling Cuvée XXC 2005
Un vin refusé à l’agrément. Pour je ne sais plus quelle raison. XXC, c’est un jeu de mot latiniste qui vaut bien les miens. Il faut prononcer Vincent.
L’habillage : très beau, avec une intensité très faible mais nettement or avec des reflets un peu oranges. Du cristal, de la lumière. On est bien.
Au nez : sans fausse note. Un riesling élégant et modéré : tilleul, citron, craie, cire légère, fruits jaunes mûrs. Et au-delà, une nette tendance épicée. De l'orange apparaît à l'aération.
La bouche est grasse et vive à la fois. Tendue, pleine, très saline et vive en finale. Arômes modérés mais nets et agréables : kyrielle d'agrumes : citron, mandarine, orange. Laurier, thym, abricot, touche florale (ces derniers arômes n’étant pas des agrumes, je le sais). Je crois sans peur de me tromper qu’on peut qualifier ce vin d’exubérant. La finale longue (dans les 15 secondes, j’ai compté sur mes doigts) et vive, est pleine, citronnée et épicée. Je note aussi en avalant le vin, une légère réglisse et une impression un peu tannique et amère.
Le lendemain : Si les arômes se simplifient, (agrumes citronnés et épices), ils gagnent en éclat. La structure ne bouge pas. Le trio gras, vivacité, salinité reste harmonieux même si l'acidité finale augmente un peu.
Impression générale : Un vin excellent, classique des bons Kirchberg de la maison avec des arômes d'anthologie. Peut-être le plus riche. Quand il était jeune, ce vin était un peu alcooleux. Je n’ai pas ressenti ce problème ici.
Millésime 2006
Comme les précédents, ce vin est d’abord un régal à regarder : de l’or dans un verre, de la lumière liquide.
Pour le nez, même s’il est moins complexe que le 2000 et le 2005, ça reste expressif, partagé entre les impressions florales et fruitées : agrumes, fruits exotiques, tilleul et miel. Plus subtiles, pas désagréables, je devine du camphre, une note végétale, de la cire.
En bouche, même si je suis un gentil et qu’on reste au-dessus du vin d’opérette de superette, c’est quand même pas le grand transport des sens. Des miens en tout cas. Même si le vin garde une certaine fraicheur, c’est la rondeur qui domine, voire une légère mollesse. Les arômes sont modérés et un peu brouillés : fruit mûr (agrumes et pêche), du miel, une finale moyennement saline sur 12 secondes avec l'éternelle réglisse des Stoeffler jeunes.
En 48 heures cependant, le vin change beaucoup. Si le nez s’éteint, la bouche, mystérieusement devient éclatante : orange, noisette, tilleul et une finale où s'ajoutent la réglisse assagie et le menthol. Sur environ 20 secondes. La structure est veloutée, épaisse, ronde, ample mais tendue et nettement saline. Malgré tout, le peu de fraicheur perçue suffit juste à sauver de la lourdeur mais ne ravira pas les amateurs de vins vifs et même pas moi en fait.
Un peu déçu par la rondeur. Sinon c'est un joli quart de sec mais ça ne m'embarque pas. C’est nettement le moins bon de la série.
Millésime 2008
Goûté chez le vigneron : Un vin clair et lumineux à l’acidité impressionnante . Ce genre d’acidité qu’on a envie de dire "aboutie". Un vin droit, long, élancé. Plutôt magnifique dans la structure mais monacal dans ses arômes.
Millésime 2009.
Goûté chez le vigneron. Il ressemble au 2005, en plus harmonieux, en plus léger. Assez exubérant au niveau aromatique par rapport à 2008, il ne me marque pas par l’acidité.