philippe,
"La fin de l'apogée précède bien sûr le début du déclin. "
Rien de plus faux.
Un vin n'a - a priori - aucune raison de mourir.
La mort d'un vin n'existe que par la mort du bouchon. C'est la désagrégation du bouchon qui entraîne le pourrissement du vin.
On peut bien sûr dire que des conditions d'hygiènes défaillantes peuvent aussi entraîner cette dégradation, sans que le bouchon ne soit la cause, mais le plus souvent, c'est le bouchon qui se flétrit et pollue le vin.
La bonne vision à avoir (c'est ma vision et bien sûr, je ne prétends pas que je détiens la vérité, mais c'est fondé sur ce que j'ai bu) est celle de l'évolution des alcools. Si le bouchon tient, des alcools de 200 ans ont autant de fraîcheur que des alcools de 20 ans, avec des arômes intégrés, plus fondus, mais très complexes.
Je pense que c'est la même chose pour le vin. Si le bouchon était d'une totale pureté, le vin évoluerait vers plus d'intégration, vers un affadissement lent de certaines caractéristiques, vers une perte de vigueur, mais extrêmement lentement, tout en gardant la complexité.
Un Lafite 1844 que j'ai bu m'a tout simplement époustouflé. Sa perfection était colossale. S'il existait une dégradation "mécanique" du vin en lui-même, ce vin aurait dû la subir. Or ce n'est pas le cas.
J'ai bu énormément de vins de plus de 100 ans qui avaient une vivacité, une cohérence, une complexité et même une puissance pour la plupart d'entre eux qui sont confondantes.
Donc le schéma d'une apogée vers 20 - 30 - 40 ou 50 ans suivie d'une dégradation n'est pas le bon schéma.
Le schéma est celui d'une évolution progressive, plus ou moins heureuse selon les vins, qui serait sur une échelle de 150 à 200 ans.
Et le facteur perturbant, c'est le bouchon.
C'est schématique, car il faudrait faire intervenir l'hygiène du vin et les conditions de conservation.
Mais le facteur majeur et de loin, c'est le bouchon.
Car sinon, on ne peut pas expliquer les succès phénoménaux des vins qui ont bien survécu à toutes les maladies possibles.