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De la dégustation à l'aveugle

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Frédéric :

Effectivement, je connais tous ces arguments et ils sont discutés régulièrement.
Le rôle de la critique reste, - là encore ce n'est qu'une opinion -, celui d'une analyse aussi objective que possible et celui de "découvreur" de crus.

Je serai totalement convaincu par votre analyse le jour où je verrai la majorité des critiques déguster à l'aveugle, quitte ensuite à les entendre argumenter pour expliquer la modification de leurs notes ou commentaires.

Or, vous comme moi, nous savons qu'on est très loin de ce jour là, et si Luxey a quelque part "manqué" quelque chose, c'est le fait de n'avoir pas gardé l'anonymat des dégustateurs en publiant les notes de chacun et en les classant. Cela prouve pas mal de choses.

Vous décrivez un monde parfait.

Nous savons tous que lors d'une dégustation "ouverte" de 40 crus bordelais, pratiquement personne n'ira mettre les grands chênes, sociando, monbousquet parmi les prestigieux noms des premiers : merci de me dire pourquoi ? Si les hiérarchies sont à ce point inamovibles, si les surfaces classées il y a 150 ans n'ont rien à voir avec ce qui est à ce jour, si tel ou tel propriétaire n'a pas le génie de ses prédécesseurs, qu'importe ? Mais où est la vanité ? Dans la dégustation à l'aveugle ou dans l'autre ?

Pourquoi dans le domaine du vin, nos générations devraient simplement plier l'échine devant ce qui a été écrit il y a 150 ans ? N'oublions jamais que Bordeaux est un monde de marques alors que la Bourgogne est un monde de terroirs : une vaste différence.

Votre parallèle avec la littérature : la plupart du temps, je n'ai aucune connaissance de l'écrivain, de ce qu'il a écrit, de ce qu'il est, de son école, etc… Comme c'est un sujet actuel, par exemple, je ne pense pas qu'une connaissance de Monsieur Süsskind me procure plus de plaisir, d'émotions dans la lecture du Parfum. Je dirai même : bien au contraire : il n'y a aucune entrave à la construction des sensations perçues.

Dans l'histoire d'Ajar, une bonne partie du "plaisir" est venue de la recherche de l'auteur : il n'est pas dit que le livre eut reçu un tel succès s'il eut été publié sous le nom de Romain Gary.

Enfin, il faut bien distinguer la dégustation d'un vin dans le but de le commenter, et le partage d'un cru pendant un repas, dans un climat de convivialité : c'est tout autre chose, et là, oui, il est bon de connaître un peu d'histoire, de pouvoir parler du propriétaire, d'autres millésimes du même vin, etc… Croyez bien - Nidal pourra vous le confirmer - que lors de nos agapes, le tonus, l'intérêt pour le vin prend une toute autre dimension.

Alors vous me dites un peu tristement que je parle, que j'écris dans un contexte d'aveuglement et d'autojustification.Bof, si vous le dites…

Vous nous dites aussi :"Mais pourquoi vouloir à ce point nous faire avaler cette couleuvre selon laquelle la dégustation à l'aveugle à une sorte de pureté pour décrire un vin à un temps "t".

Je ne vois pas en quoi c'est faire avaler une couleuvre à quiconque que d'indiquer, à qui veut nous lire, que tel vin dessert tel commentaire du simple fait de ce qu'il est, sans aucune référence à quoi que ce soit ?

Pensez vous donc que Parker aurait l'influence qu'il a s'il indiquait sur le Wine Advocate qu'il goûte étiquette ouverte ? Pourquoi donc répète t'il chaque fois qu'il ne faut que déguster ce qu'il y a dans le verre ?

Nous ne réclamons aucun comportement de béotien, ni des béni oui-oui, mais, SVP, qu'on arrête de nous prêter des sentiments mesquins, petits, des buts cachés inavouables. Qu'on discute les idées, les concepts, les méthodes, soit. Laissons les jugements moraux à d'autres utilisations.

Luc : je ne pense pas tout à fait qu'un groupe de 15 amateurs arrive aux mêmes conclusions et, sans préjuger des résultats, je crois que les anglo-saxons invités à la session Napa-Bordeaux ne vont pas avoir les mêmes hiérarchies que les Membres Permanents du GJE : à voir cette semaine.
07 Oct 2006 05:41 #271

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

"
Nous savons tous que lors d'une dégustation "ouverte" de 40 crus bordelais, pratiquement personne n'ira mettre les grands chênes, sociando, monbousquet parmi les prestigieux noms des premiers : merci de me dire pourquoi ? Si les hiérarchies sont à ce point inamovibles, si les surfaces classées il y a 150 ans n'ont rien à voir avec ce qui est à ce jour, si tel ou tel propriétaire n'a pas le génie de ses prédécesseurs, qu'importe ? Mais où est la vanité ? Dans la dégustation à l'aveugle ou dans l'autre ?
"
Je trouve cet argument perpetuellement répété faux (et l'ai déjà dit sur LPV )en ce qui me concerne .

Mais pourquoi voulez vous qu'un amateur "dégrossi" qui a payé cher et de ses deniers un GCC ne peste pas contre lui s'il ne le trouve pas bon ?


L'attitude contraire ne peut se comprendre que pour des professionnels qui ont quelque chose à vendre et surtout qui veulent avoir accès aux propriétés "concernées

La dégustation à l'aveugle est un bel exercice theoriquement inattaquable.
Mais qu'est ce qui prouve que la même dégustation étiquette découverte ne donnerait pas des résultats encore plus fiables à moyen terme? .......à la seule condition que les professionnels ne soient pas soumis à des pressions càd que eux soient anonymes:)
07 Oct 2006 07:54 #272

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J'ai toujours été extrêmement clair que mon argumentaire ne vaut que pour la critique professionnelle : il est bien évident que l'amateur au fond de sa cuisine peut dire ce qu'il veut, penser ce qu'il veut : il n'engage personne, particulièrement lui-même.

Dites moi simplement où j'ai dit qu'un amateur "dégrossi" ne peste pas ?

Je me réfère uniquement qu'à la critique professionnelle.

Mais comment fait-on pour détourner ainsi un argumentaire ?

Ca m'épate un max !
07 Oct 2006 08:55 #273

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

"Je me réfère uniquement qu'à la critique professionnelle. "

Merci de le repréciser clairement .

Je ne faisais que donner mon opinion sur la dégustation à l'aveugle. Je ne vois pas ou est le détournement argumentaire .
07 Oct 2006 09:16 #274

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Réponse de Nidal H sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

Voici quelques observations que je me permets de livrer en pêle-mêle:

- Notion de garde: selon quelle vertu, voulez vous que celle-ci soit occultée lors d'une dégustation à l'aveugle ? Un grand dégustateur est capable de déceler le potentiel d'un vin s’il suit le registre classique d'une procédure de dégustation. Parker met systématiquement la fourchette de garde d'un vin, le guide Hachette (où l'on goûte à l'aveugle) le fait systématiquement.

Chose qui n'apparaît pas souvent dans les commentaires des gens qui goûtent "étiquette dévoilée": Le Guide vert, Les Carnets de dégustation de J.M. Quarin ou celui de Gault Millau à l'époque où Bernard Burtschy en assurait le contrôle....etc..

Dans tous ces exemples, vous noterez deux petites nuances:

- Qu'il s'agit d'une démarche (approche) basé sur l'expérience d'une personne (sauf pour le guide Hachette, je me demande d'ailleurs comment font-ils...?

- Qu'il s'agit (pour tous) de dégustations accompagnées d'un commentaire plus ou moins étoffé...

Le Grand Jury Européen ne communique pas de commentaire avec sont classement. C'est dommage, mais comment pourrait-il le faire ?

Faire la synthèse de 4 lignes rédigées par 24 dégustateurs...!!

Il y aurait pourtant des choses à dire. La notion de garde propre à beaucoup de vins dégustés a souvent été évoquée par les membres du Jury lors des débriefings.

- Dégustation de groupe: je fus marqué par une réflexion de François Mauss adressée au jury en voyant un très grand dégustateur (membre permanent du Jury) passer complètement à côté d'un vin (grand ou pas, peu importe!). François Mauss, voyant que la quasi totalité des autres membres avaient plutôt donné des commentaires positifs, a mis alors le doigt sur l'avantage d'être plusieurs à "juger" un vin. Cela marche dans l'autre sens aussi ! (Vanter le mérite d'un vin alors que les autres le notent mal !...)

Au delà de toutes considérations professionnelles, je trouve que la dégustation à l'aveugle est un exercice sympathique et intéressant, y compris pour l'amateur.

Vous êtes vraiment seul face au Vin, seul lui aussi....

Pour une rencontre authentique, je ne vois pas d'autres formules !

(Voyez à ce sujet l'exemple de nos amis du cercle Parisien !).

Moi je le referai !

Nidal
07 Oct 2006 10:47 #275

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Réponse de satristim sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

François,

merci de ta réponse, j'en tente une dernière.

Ce que je ne comprends pas dans ta conception de la dégustation à l'aveugle, c'est le point suivant:
Pourquoi des considérations "psychologiques" (la soumission du goût à une côte historique) doivent oblitérer une facette de ce qui constitue selon moi l'acte de "déguster, goûter, appréhender" un vin. Cette facette ce serait quelque chose comme: l'histoire d'un vin fait partie aussi de son goût, peu ou prou. Il donne des informations et procure des sensations.

Je discute ce point car je perçois à chaque fois le même glissement conceptuel dans tes messages. En résumé:
1. Tu conçois dans un premier temps la pertinence de la "thèse de Bettane"
2. Tu invoques ensuite l'argument psychologique pour affirmer que la nature "mondaine" du dégustateur ne lui permet pas de "gérer" de manière satisfaisante ce paramètre.
3. Enfin, tu finis souvent par conclure qu'il vaut mieux, par souci d'objectivité, reléguer ce paramètre au rang de parasite tout court, comme s'il n'avait aucune valeur dans le plaisir et la compréhension. Tu invoques ainsi l'idée, pour reprendre ma comparaison, que ton plaisir dans la lecture du Parfum est supérieur du fait de ta non-connaissance de Sueskind et autres considérations littéraires ou historiques.

Non! Comment dire une chose pareille! Les connaissances ou l'érudition peuvent plomber un jugement, le travestir pour des raisons accidentelles, c'est vrai (et historiquement très souvent avéré), mais pas par nature. C'est pour ça que je parle de mythe de la transparence dans ta théorie. Bettane a raison sur le principe, dans l'idée d'une "théorie du goût".

Que nous sommes – professionnels ou amateurs ou béotiens, influençables –, c'est évident. Et je comprends que tu veuilles limiter cette influence en imposant la dégustation à l'aveugle, d'autant plus que c'est cela qui donne une identité au GJE, finalement. Et l'un des résultats est de bousculer une hiérarchie ou de mettre en avant des crus moins côtés. Et cela est très sain. Mais n'érigeons pas la dégustation à l'aveugle comme étalon.

En résumé:
Dire que finalement, les informations de l'origine ne font pas pertinentes dans le plaisir et la compréhension d'un vin, je ne le crois pas. Elles peuvent par contre "parasiter" la dégustation, tu as raison sur ce point. Et c'est une idée valeureuse de mettre en place protocole qui tente de neutraliser ce parasite. Le prix à payer de cette neutralisation, c'est de goûter un vin sans une de ses qualités, à savoir son histoire.
Le paramètre historique est plus ou moins pertinent, il est une des qualités de l'objet esthétique, livre, film, musique ou vin. Cela dépend de celui qui fait l'expérience et de son objet.

C'est donc un glissement conceptuel que j'épingle. En espérant être un peu plus clair (et une touche d'ironie en moins, j'ai bien noté ta protestation!).

Donc: pas de procès d'intention ni de stigmatisation. Je lis parfois les comptes-rendus du GJE avec curiosité.

C'est par souci de clarification conceptuelle que je fais ces remarques. Je ne veux ni changer le GJE, ni juger ton travail herculéen, ni te convaincre de quoi que ce soit.

Un bon week-end et cordialement
Frédéric

PS Je relis mon message et j'y vois deux ecueils possible: celui d'enfoncer des portes ouvertes et celui de considérer le vin comme un "objet esthétique" dont l'appréhension se rapproche de l'écoute, la lecture, etc.
07 Oct 2006 11:08 #276

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Bien, les choses sont claires, et j'espère une fois pour toutes.

a : dans tous mes commentaires, je me réfère uniquement au monde de la critique professionnelle. L'amateur seul dans sa cuisine, son jardin, sa cave, son salon, ou en famille ou avec amis, peut dire ce qu'il veut, cela n'engage aucunement ni sa réputation, ni ses finances, ni quoique ce soit.
Autrement dit, il peut rester honnête sans aucun problème.

Ce n'est naturellement pas le cas du critique, à part une petite poignée, au niveau mondial.

b : le GJE a parfaitement conscience que l'aveugle lui interdit des commentaires plus pointus que peut apporter une connaissance de l'environnement du vin, à savoir le nom du cru. C'est carrément une lapalissade.

c : cela ne veut pas dire qu'il ne s'attèle pas à la tâche et, comme le souligne Nidal, cela se fait, avec plus ou moins de bonheur, j'en conviens.

d : il n'empêche : je suis, comme vous, un simple amateur, rien d'autre. J'ai créé le GJE par passion, parce que justement, j'étais insatisfait, douteux, suspicieux vis à vis d'une critique où je sentais les copinages, les besoins publicitaires, les "politiquement corrects". En créant le GJE, en y intégrant des autres nationalités, des autres sensibilités au vin, en demandant une analyse statistique pointue, je voulais proposer, à qui avait les mêmes manques, une alternative aux notes individuelles.

Croyez bien que cette approche, si elle n'était pas justifiée quelque part, n'aurait jamais entraîné l'adhésion d'un Bettane, d'un Poussier, d'un Perrin, d'un Payne ou d'un Gentili. Ils ne sont pas payés, faut-il le répéter et ils prennent leur temps sur leur période de vacances. Faut-il bien que cela les intéresse, non ?

Si le GJE n'avait aucun sens, comme cela a été dit souvent, depuis des lustres ils ne seraient plus venus.

En fait, pourquoi ces réactions si souvent négatives en France, ce qui est loin d'être le cas ailleurs ? Parce que l'amateur a plus de sens critique chez nous qu'ailleurs ? Parce que voir Petrus en 40ème position enfonce un peu le clou pour ceux qui ont défoncé leur tirelire pour se payer un nom ?

La dégustation à l'aveugle est loin d'être parfaite, mais la réduire à rien simplement par cette imperfection, c'est simplement jouer le politiquement correct sur toute la ligne, et c'est triste.

Mais bon, on se répète, on se répète, comme à l'école.

Au moins un apport du GJE que j'adore : à la fin de chaque session, je fais mettre en magnums les restes de toutes les bouteilles ou les verres des postes de dégustation qui sont restés inoccupés (ça arrive). Et bien, je peux vous dire que ces bouteilles qu'on appelle "syndicales" sont des petits bijous de plaisir !
07 Oct 2006 11:17 #277

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Aie : je poste cela sans avoir eu le texte précédent. je vais donc le lire et corriger éventuellement ce dernier texte ci-dessus.
07 Oct 2006 11:19 #278

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

C'est dommage, mais comment pourrait-il le faire ?

Faire la synthèse de 4 lignes rédigées par 24 dégustateurs...!!


Jacques Luxey le faisait.

C'est un talent rare et à sa disparition aucun des membres de son Grand Jury ne s'est senti les capacités suffisantes pour prendre sa suite.

blg
07 Oct 2006 11:20 #279

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Réponse de BARRET Philippe sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

A titre personnel je suis enclin à privilégier la dégustation à l'aveugle. Elle donne une première approche assez objective du vin à un moment précis de sa vie et dans un contexte qui est celui de la dégustation.
D'où deux inconvénients non négligeables
- l'ordre de la dégustation influence le jugement (donc diminue en quelque sorte l'objectivité de l'aveugle)
- c'est un peu lié (mais en partie seulement), on peut aussi passer à côté d'un vin intéressant, au style particulier, qui ne s'insère pas bien dans la dégustation, qui déroute et qu'on finit par mal juger.
D'où l'intérêt de découvrir ensuite les bouteilles et de corrirer honnêtement son premier jugement. Si, par exemple, dans une dégustation de GCC de Pauillac, je note mal Latour alors que j'ai bien noté Mouton, Grand Puy-Lacoste, Pichon Contesse, etc, je ne vois pas pourquoi je corrigerais ma note. Par contre, si dans un dégustation de GCC de St Emilion, je note mal Bélair dans une série où il y aurait Pavie, Beauséjour-Bécot, Montbousquet, Angélus, etc, je ne trouve pas malhonnête de revenir sur mon appréciation de Bélair en tenant compte de son style plus fin, moins moderne, qui est forcémment mis à mal par les monstres qui l'ont précédé.

Philippe

Philippe
07 Oct 2006 11:23 #280

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

- l'ordre de la dégustation influence le jugement (donc diminue en quelque sorte l'objectivité de l'aveugle)

Dans une dégustation à l'aveugle digne de ce nom, comme celles du GJE, chacun a autant de verres que d'échantillons et peut ainsi revenir en arrière.

Moi j'y ajoute une bonne huile d'olive (ce sont les petites camarades italiennes de François Mauss qui m'ont enseigné ça), il n'y a rien de tel pour se refaire le palais après un vin trop astringent. Evidemment dans une dégustation de Cahors ou de Madiran, je consomme autant d'huile que de vins!

blg
07 Oct 2006 11:33 #281

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Frédéric :

Bravo d'abord pour le ton. Mille merci, cela fait du bien.

Si je me relis, je remarque avoir bien dit quelque part, qu'il est nécessaire de différencier la dégustation faite dans un but d'analyse critique, et la convivialité d'un vin débouché entre amis. ce sont deux choses différentes, et je suis bien le premier à dire que là, à table, il est fondamental d'avoir une histoire à connaître, à dire au sujet du vin : c'est, pour moi, d'une évidence redoutable. Une soirée serait bien triste sans cela et très vite, on serait totalement insatisfait de ne pas savoir que ce vin est un Poyferré ou un Pontet-Canet.

200 % raison là-dessus.

Le GJE se place au niveau de la critique qui publie, qui dicte, qui en tire un revenu. Là est ma suspicion pour la plupart, d'autant plus que je l'ai vu fonctionner, et c'était redoutable d'amateurisme et d'approximation.

Je le redis : en tant qu'amateur, pouvez vous sérieusement vous contenter d'un point de vue "étiquette ouverte" ??? Moi, non.

Dernier point : Si Michel Bettane me dit - très gentillement et amicalement - les limites au système GJE, que j'accepte par ailleurs, il reste le premier à supporter ce que nous faisons.

Et je repose la question : si Parker ne dégustait pas à l'aveugle, aurait-il la même influence ?

Pour revenir à nos comparaisons.

Je mets, très naturellement, l'opéra au-dessus du vin, comme une grande partie de la musique classique. C'est un autre niveau. Mais, quand on est jeune, quand dans les années 70 on entendait des diffusions, j'étais loin de connaître les noms des compositeurs, et à fortiori des interprètes. Et pourtant, cela ne limitait en rien, mais strictement en rien mes émotions. je faillis dire : au contraire !

Bien sûr, après coup, quand on en sait un peu plus, ce sont d'autres plaisirs, d'autres émotions, celles des cognoscenti, moins innocentes probablement, mais dont je reconnais la puissance et la valeur.

En conclusion, que ce soit le GJE ou un autre organisme, oui, fondamentalement, je serai profondément insatisfait si personne ne dégustait à l'aveugle. C'est d'ailleurs pour cela que j'étais enthousiaste par l'approche de Luxey, l'homme pour lequel j'ai voulu rappeler son oeuvre en créant le GJE.

Relisez ses livres, c'est simplement remarquable.
07 Oct 2006 11:35 #282

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Mais qu'avez vous aujourd'hui pour écrire szi vite ? pas le temps de finir que voilà de nouvelles interventions !

Mr Barret :

Au GJE, je demande aux dégustateurs, deux choses :

a : ils doivent commencer par le n° du verre qui est le même que le n° de leur table : donc chacun commence par un vin différent

b : les tables pair doivent déguster dans le sens des aiguilles d'une montre, les tables impair dans l'autre sens.

Vous comprenez bein que cela est imparfait, certes, mais réduit le problème des influences.

L'idéal serait de servir chaque dégustateur dans un ordre au hasard. Mais bonjour l'organisation et les possibilités d'erreur !
07 Oct 2006 11:42 #283

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Mr Barret :

Reparlons de ce problème fascinant de Belair.

Vous trouvez ce vin remarquable, c'est parfaitement compréhensible, et beaucoup d'anglo-saxons pensent comme vous. Ce sont les mêmes d'ailleurs qui n'aiment pas Pavie.

Disant cela, tout le monde aura compris que ni vous, ni eux, ne se font piéger : vous êtes parfaitement capable de "localiser" cette finesse que vous aimez et rejetter du coup ces puissances que vous aimez moins.

Alors, de quoi avez vous peur ? Peur que mes zozos ne soient pas capables d'une telle analyse ? Peur qu'ils ne soient pas capables de reconnaître élégance et finesse, contre force et puissance ?

Mais justement, toute une partie du travail de Burtschy est de dégager les amateurs des deux écoles, et cela est frappant sur ses graphes.

La vraie question n'est donc pas dans cette reconnaissance,Pas toujours facile et identifiable, je le reconnais.
La vraie question est : comment allez vous convaincre les amateurs de Pavie que Belair n'est pas ce vin fluet qu'ils critiquent ?
Comment allez vous convaincre les amateurs de Belair que les vins de Gérard Perse ne sont pas des confitures mais, enfin, des vins à base de raisins mûrs et de rendement réduit ?

Voilà où sont les vrais problèmes. Et cela, c'est toute la magie de la Bourgogne. On a le droit d'aimer les luxures de Charlopin, les mesures de Rousseau,les finesses de Leroy ou de la DRC. Je froncerai les sourcils si quelqu'un vient me dire que je n'y connais rien : j'aime les 3 styles, mais à des moments différents.

C'est pour cela que je comprendrai toujours les amateurs de Belair, mais, de là à attaquer les Monbousquet, Pavie-Decesse et autres, pas si vite !

Dernier point : oui, j'étudie toujours la possibilité de faire des notes de synthèse, et c'est pour cela que j'ai introduit dans les feuilles de saisie, les deux colonnes : aspects positifs et aspects négatifs. Maintenant, attendons que les dégustateurs s'y plient, ce qui n'est pas évident !
07 Oct 2006 11:51 #284

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Réponse de BARRET Philippe sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

Belle réponse Monsieur Mauss. Vous m'avez démasqué : j'aime bien Belair, même après Pavie !!!
Beau débat en général aussi. comme quoi on peut aussi échanger sans s'invectiver…

Philippe

Philippe
07 Oct 2006 12:36 #285

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

"Luc : je ne pense pas tout à fait qu'un groupe de 15 amateurs arrive aux mêmes conclusions"

François,

Certes, les conditions ne sont pas les mêmes, le nombre de vins présentés est très différent, mais en relisant les résultats obtenus lors d'une dégustation chez BLG (je n'y étais pas), je vois tout de même beaucoup de similitudes avec le classement obtenu par le GJE.
A voir ici : Bordeaux 2002

Luc
07 Oct 2006 13:24 #286

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Réponse de Thémistocle. sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

Difficile de trouver un thème existant collant au sujet de ce post. Certainement encombrant et quelque peu vaniteux que d'en créer un juste pour cela, c'est pourquoi je glisse ici ce courrier qui a confusément un lien avec les échanges passés sous cette rubrique.

Je vous livre ce court extrait du Mahler par Adorno Ed de minuit 1988 p 41:
" Le maniérisme mahlérien de l'alternance majeur/mineur a pour fonction de saborder au moyen de tournures dialectales un langage musical trop bien rodé. Le ton mahlérien est sapide, au sens où l'on dit des raisins de Riesling, en Autriche, qu'ils sont schmeckert.(1) Son arôme, à la fois corsé et fugitif, concourt par son évanescence à la spiritualisation."

(1) L'adjectif schmeckert, qui appartient au dialecte autrichien, est formé à partir du mot allemand schmecken, qui signifie"avoir du goût"; il traduit par sa sonorité quelque chose du mordant des raisins du Riesling.

Une raison de plus, s'il en fallait, pour persévérer et dans le travail de l'écoute et dans celui de la dégustation.

Lionel.

L. VAN DER GUCHT.
23 Oct 2006 23:29 #287

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

Corsés et fugitifs, c'est tout à fait ainsi - en raccourci - que se présentent aussi certains rieslings de la Nahe du domaine Dönnhoff.

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
24 Oct 2006 07:30 #288

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Charles,

Fugitif veut-il dire bref, court ?
24 Oct 2006 11:41 #289

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: Les problèmes de la dégustation à l'aveugle

Non, plutôt dans l'acception d'évasion par leur quasi-immatérialité.

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
24 Oct 2006 14:00 #290

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Evanescence, donc !

Je comprends bien ce sens là !

A bientôt
24 Oct 2006 14:20 #291

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Réponse de charlesv sur le sujet Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Je sers très récemment 2 blancs à l'aveugle à un ami amateur. Je lui donne comme seul indice que les 2 bouteilles sont du même millésime.

Il commence par donner le millésime 2001.

Il donne ensuite l'identité précise des 2 vins : Meursault Perrières et PM Pucelles.

Il se trompera sur les deux propriétaires : M. Bouzereau et J. Boillot.

Le lendemain, je sers à cet ami, décidément en forme olympique, 2 vins très proches à l'aveugle : Chablis Les Clos 1997 Dauvissat et Raveneau. Il trouve les 2 propriétaires ! A mon sens le millésime était impossible à trouver car les 2 vins étaient d'une fraîcheur juvénile.

Une très belle réussite. Bravo.

Ces trop brefs moments de gloire au milieu d'un océan d'approximations ou d'erreurs (pour certaines des fausses bonnes réponses) méritent d'être racontés.

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
07 Jan 2007 16:30 #292

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Charles,

Oui bravo! Impressionnant !

Etait ce le jour de la sole ?
07 Jan 2007 18:25 #293

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Charles,

Je t'avais pourtant demandé de rester discret...:D

Luc
07 Jan 2007 18:38 #294

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Raymond,

Délicieuse terrine de foie gras pour le Perrières.

Sole superbe juste poêlée pour ne pas effaroucher les Pucelles.

En fin de repas, une demi-bouteille de Riesling Hermannshöle Auslese Dönnhoff 2005 : un vin qui adresse son message oecuménique aussi bien à l'amateur qu'au béotien.

Luc,

Je suis délateur dans l'âme...

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
07 Jan 2007 19:13 #295

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Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Luc,

Comment dire ?
Je suis béat d'admiration :D

Olivier
07 Jan 2007 19:27 #296

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Charles,
j'en connais également un qui nous a reconnu un Chambertin de chez Trapet et un Cos d'estournel à l'aveugle très très récemment !
;)

"Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur ". O.Wilde
07 Jan 2007 20:19 #297

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Réponse de milleret sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

se méfier toutefois des petits malins qui se glissent dans l'office .....et soulèvent discrètement le cache-bouteille .
07 Jan 2007 20:38 #298

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Réponse de charlesv sur le sujet Re: Humilité, vanité : la dégustation à l'aveugle.

Jean-Luc,

J'aurais eu exactement la même réaction.

Il était matériellement impossible pour les 2 premiers blancs de jouer au petit malin dans le style du connaisseur de Roald Dahl !

De plus, j'ai une confiance comment dirais-je... aveugle dans mon ami.

" Je n'écris pas pour une petite élite dont je n'ai cure, ni pour une entité platonique adulée qu'on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J'écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. " Jorge Luis Borges
07 Jan 2007 20:56 #299

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Je pense que pour tricher il faut avoir quelque chose à prouver , et pour les personnes concernées cela fait belle lurette qu'il n'y a plus rien à démontrer ! Le fait que ces performances soient mises en avant c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de "déchets" lors des dégustations à l'aveugle , et c'est juste sous forme de clin d'oeil qu'il faut prendre ce genre d'échange , et certainement pas comme un effet de valorisation individuelle à deux balles (dans le cas présent en tout les cas).
:)-DCeci dit Milleret ta remarque n'est pas hors sujet , puisque effectivement c'est du "déja vu" !

"Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur ". O.Wilde
07 Jan 2007 21:24 #300

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