La semaine dernière j’ai déjeuné chez Assa à Blois. Ce une étoile au Michelin et trois toques au Gault & Millau propose une cuisine précise, subtile et influencée par le Japon (la femme du chef en est originaire). Le menu est secret en ce sens que les convives sont invités à choisir entre des qualificatifs pour faire leur choix, comme par exemple « cérémonie inattendue » et « douceur subtile et gourmande » pour les desserts. Il est bien entendu possible de demander ce qui se cache derrière ces descriptions. Mes amis et moi-même étant amusés par cet aspect ludique, nous avons donc plongé dans l’inconnu et même choisi l’accord mets et vins qui s’est révélé excellent grâce à un sommelier sympa et compétent – une pierre dans le jardin du chroniqueur du Point (lire la discussion LPV ici) . Tout en profitant d’une belle vue sur la Loire, nous avons vécu un superbe voyage gustatif.

Entrée n° 1 : Courgette-fleurs, mulet, goya
Un plat tout en délicatesse, délicatement relevé par l’amertume du goya.
Vin : Florian Roblin – Côteaux du Giennois Champ Gibault 2018
Je connais un peu la région de Gien mais je ne me doutais pas qu’on y produisait d’aussi bons pinards ! On a un beau nez fruité et délicat sur les agrumes, agrumes qu’on retrouve en bouche avec une pointe de pomme verte et une acidité bienvenue. Ce vin est à des lieux des sauvignons sur les fruits exotiques et sa (relative) austérité s’est mariée à merveille avec la délicatesse du plat.

Entrée n°2 : Foie gras, shiitake, bambou
Belle progression avec ce met plus goûtu, qui joue moins sur la fraîcheur que la première entrée et tapisse la bouche avec subtilité.
Vin : Domaine Laureau – vin de France Les Raisins de l’Amitié 2017
Un assemblage de chenin issu de deux terroirs en Anjou. Robe dorée et nez superbe ! A la fois fruité, floral, minéral, avec de la pierre à fusil. La bouche est moins démonstrative mais ample et charnue avec un petit côté fumé et des fruits blancs. Mon vin préféré du repas surtout à cause du nez que j’ai adoré.

Plat : Bœuf, basilic, gingembre
Cuisson parfaite, viande tendre à souhait et saveurs stimulées par le basilic et le gingembre comme un bouvier qui pîque ses bœufs.
Vin : Domaine La Tour Vieille – Collioure Puig Oriol 2018
Une majorité de syrah et un tantinet de grenache pour cette cuvée d’un domaine un peu oublié sur LPV bien qu’il ait eu droit à un post de blog il y a quinze ans. Robe foncée, nez sur les fruits rouges et bouche puissante mais polie : malgré le millésime récent et le soleil évident dans ce vin, la finesse des tannins est indéniable, c’est velouté avec quelques épices en finale. Une fort bonne surprise et le vin préféré de l’ami qui m’accompagnait.

Fromage : Chèvre, tamari, pain soufflé
Pas de plateau chez Assa mais des fromages travaillés comme cet excellent chèvre auquel le pain soufflé apporte un croquant bienvenu.
Vin : Domaine des Terres Blanches – vin de France Blet* Tendre
Un chenin vinifié en demi-sec. Belle robe d’un doré léger, nez peu expressif mais bouche délicate, essentiellement sur les fruits blancs avec un peu de coing. La sucrosité est vraiment peu marquée et permet au vin de fort bien se marier avec le fromage.
*Ceci n’est pas une fôte d’Hortograf mais un jeu de mot sur le nom des viticulteurs, Céline et Benoît Blet.

Dessert : Nectarine, serpolet, sancho
Excellent dessert fin et délicat relevé par le goût de citronnelle du sancho.
Vin : Domaine Philippe Delesveaux – Côteaux du Layon Les Clos 2017
Un Layon très réussi et tout à fait abordable malgré son jeune âge avec ses arômes de pomme, de miel, du floral (tilleul) et une acidité qui relance la bouche. Très bien.