Je n’ai jamais eu l’occasion de gouter un lièvre à la Royale et lorsque Éric à mis en ligne son compte rendu sur le restaurant
Pérégrinations à Buzançais (restaurant qui se trouve à ¾ d’heure de chez moi) j’ai sauté sur le téléphone pour savoir s’il était envisageable que le Chef puisse remettre la main sur un capucin ! L’animal se faisant de plus en rare dans les restaurants.
Réponse positive de
Franck Gatefin ! Y a plus qu’à trouver des candidats… Facile. C’est donc en compagnie de 2 acharnés et performants dégustateurs, appelons-les Patrice et Daniel, que nous nous rendons ce vendredi 07 janvier à Buzançais pour le déjeuner.
Avec l’accord de Séverine et du Chef, je me suis occupé des vins (j’ai des dettes envers mes 2 acolytes…).
Accueil de Séverine qui est également en salle, au bar, à la plonge, etc… !
Nous sommes partis sur le même menu que Eric, un poil remanié…Produits frais obligent !
Un petit échauffement avec 3 tartelettes
Suivi d’une purée de patate douce, endive caramélisée, réduction de jus d’orange, gingembre, citronnelle et coriandre.
La réduction est une merveille de complexité avec un savant équilibre entre les amers et l’acidité. La purée apportant le confort nécessaire pour rendre ce plat gourmand. Très joli plat, on a beaucoup aimé.
C’est 2 premiers plats ont été servis avec un champagne
Follet-Ramillon Terroirs : Dosage 6g/1 - Meunier, Chardonay et pinot au noir – Récolte 2013 – Dégorgé le 25 mars 2019
L’accord a bien fonctionné, champagne assez vineux, bulles fines. Amer, acidité, vinosité, ça matche bien.
Plat suivant, Espuma de pommes de terre, fausse frite et caviar de Sologne.
Un plat en demi-teinte ; l’espuma (très fin et aérien) fonctionnait très bien avec le caviar, mais la fausse frite (pomme de terre quand même !) s’imposait largement. A noter que le caviar tiédi parce que posé sur la frite chaude était divin.
Plat servi avec
Domaine du Collier Saumur blanc 2005.
J’avais hésité avec
La Charpentrie du même millésime, mais j’avais peur de la puissance du vin avec la délicatesse du plat. Bien m’en a pris. Cette cuvée Domaine a bien fonctionné, mais si c’était à refaire je partirai sur un chenin sans élevage bois. On chipotte là… le vin était très bon, l’élevage étant certes présent mais parfaitement intégré.
Plat suivant,
Foie gras, truffe, limequat, pommes rôties, cèpes.
Foie gras parfaitement réalisé, un régal. Elle a l’air de rien cette petite tartelette, mais cette bouchée vous colle un sacré uppercut ; espuma à la pomme sur un fond de tartelette uniquement composé de cèpe d’une puissance incroyable. Miam !
Plat servi avec Riesling Spätlese Trocken 2005
Reichsgraf von Kesselstatt.
Une belle découverte pour moi que cette bouteille que je gardais en cave depuis de nombreuses années dans l’attente de la bonne occasion. Bien que je l’imaginais un poil moins sucré, l’accord a bien fonctionné ; Le vin se révélant suffisamment tonique et présentant plutôt des arômes épicés que pétrolés.
Plat suivant,
Œuf bio soufflé, truffes, jus d’herbes aromatique
Mes amis…. Quel plat ! Je rejoins la remarque d’Eric sur le manque de croustillant, mais c’est vite oublié en ce qui me concerne tellement les saveurs, l’onctuosité du plat nous transportent.
Le jus d’herbes est magnifique et vient donner le peps nécessaire pour nettoyer le palais et donner l’envie d’y retourner. Du bonheur vous dis-je… du bonheur.
Plat servi avec un Chablis Grand Cru
Les Clos 2004 de chez
Vincent Dauvissat
Notes de pierres chaudes, bouche ample, agrumes, fleurs blanches, finale longue sur le beurre frais. Ce qu’il y a de bien, c’est que lorsque les planètes s’alignent ; un Dauvissat conciliant, un plat superbe et un gars qui a eu du bol sur le choix du vin, et bien on finit par passer un bon moment.
Plat suivant,
Filet de bar, déclinaison de carottes, sauce coco-gingembre et curry noir.
Très beau plat encore. J’aurai toutefois aimé une cuisson plus nacrée du poisson. La déclinaison de carottes était intéressante autant pour les textures que les goûts. La sauce était divine ! Le curry noir parfaitement dosé.
Plat servi avec un Pouilly-Fuissée du
domaine Ferret Cuvée
Hors Classe Tournant de Pouilly 2005.
Nous avons également bu ce vin avec le plat suivant. Et comme le Dauvissat n’arrêtait pas de s’améliorer, on a navigué avec l’un et l’autre au grès des envies.
Daniel a beaucoup aimé. J’aurai aimé un peu moins de puissance, mais je n’avais plus Ménétrières et j’avais envie d’un Ferret évolué. Des arômes pâtissiers ; brioches, pralin plutôt des arômes de verveine, tilleul en bouche. Bel accord avec la sauce curry noir.
Plat suivant (et donc servi avec les mêmes vins)
Saint Jacques, estragon, chou-fleur et brocolis, sauce curcuma, safran
Cuisson parfaite des Saint Jacques, chou-fleur en « crème brulée » à tomber (pas simple de magnifier le chou-fleur !). Encore un très beau plat avec des goûts et des équilibres bien maitrisés. On s’est régalé une fois de plus.
Plat suivant,
Ah, le voilà le lièvre…
C’est beau comme un coulant au chocolat…
Le Chef est venu nous faire une brève présentation, retour promis après la dégustation.
Lièvre à la Royale, foie gras de canard-truffes de Bourgogne avec mousseline d’hélianthes aux truffes
C’est joli hein ? et en plus c’est bon.
Je ne vais vous décrire la recette, Eric l’a parfaitement fait, je lui pique son texte (merci Eric) :
« cuit 72 h à 63 °C. Cette basse température fait que la viande a encore beaucoup de mâche. Ce n'est pas une bouillie pour édentés. Franck n'aimant pas la peau, il a formé la ballotine sans celle-ci. C'est le foie gras de canard qui joue le rôle de liant. On n'en trouve pas de gros morceaux dans l'assiette, mais en fait, il est partout ;-) La sauce est divine, d'une intensité incroyable, avec une bonne acidité qui apporte un contrepoint indispensable au plat très riche. »
Je vous garanti que vous en prenez plein les naseaux ! Zé les papilles.
Daniel en chasseur spécialiste questionne le Chef sur le lièvre et la sauce, Franck Gatefin nous précisera que la sauce n’est que réduction ; Compter une 12aine de litres de vin, échalotte en quantité, cuire autant que le lièvre et on obtient ente 0.5 et 1 litre de sauce ! Pas de chocolat bien sûr.
Le plat est vraiment puissant, j’avais prévu 2 vins rouges
Les 2 vins ont été servis en même temps et à l’aveugle.
1er vin, un Aloxe Corton 1999,
Clos de Boulotte du
domaine André Nudant
J’avais ouvert les vins le matin (sauf les moelleux) pour vérifier que tous étaient aptes. Ce vin présentait au nez une odeur qui me gênait, sans que le bouchon ne soit bien marqué. En bouche je le trouvais sans défaut. Après 22 ans de bouteilles, il est légitime de lui laisser le temps de se mettre en place. Je décidais donc de le laisser à la carte.
Arrivé sur table, Patrice met le nez dedans : « il aurait bien un pet ton vin » Un coup d’œil du côté de Daniel, qui était déjà en train de grimacer… Effectivement, ça sent le bouchon. Et pourtant rien n’apparait en bouche. Erreur de casting. De toute façon il n’aurait pu faire face au plat. On la laissé de côté.
2ème vin,
Cornas 2005,
Les Chaillots de
Thierry Allemand,
robe foncée, impénétrable, nez sur l’olive, les fruits noirs, pointe d’épice. Bouche puissante, tanins intégrés. A mon goût, encore un peu jeune. L’accord est réussi, 2 poids lourds sur le ring mais on se régale.
Plat suivant, avec un prédessert rafraichissant…Pas pris de photo…
Pamplemousse – Monardes – Noix de coco / Crème de chocolat blanc infusée à l’hélichryse.
Je ne vais pas m’étendre sur ce plat qui pourtant était très bon (nettoyage du palais et en selle pour la finale !), parce que j’avais l’oreille occupé à écouter les anecdotes du Chef qui nous a rejoint après le lièvre.
Donc le dessert,
Mangue – Fruit de la passion – Gingembre, bergamotte et limequat
La performance vient qu’après un repas comme ça on arrive à apprécier pleinement ce dessert.
Le sucre, présent bien sûr, est en retrait ; L’acidité et les amers prenant les devants.
C’est très bon.
Le prédessert et le dessert ont été servi avec 2 vins, dans cet ordre :
1er vin,
Vouvray Moelleux 1989 de chez
Philippe Foreau
2ème vin,
Eiswein 2003 du
domaine Landauer
J’avais quelques craintes avec le Foreau. Les vins bouchonnés ne sont pas rares, mais cela n’a pas été le cas aujourd’hui.
Belle robe dorée encore bien brillante. Nez sur le coing, l’abricot sec, safran. Bouche sur les fruits confits, finale sur des amers d’agrumes.
Séverine à qui j’avais laissé les bouteilles s’est discrètement éclipsé en cuisine pour demander au Chef d’ouvrir la bouteille.
Il est revenu avec un verre à la main !
Et c’est en compagnie que l’on a dégusté cette petite merveille.
Les moelleux à maturités ,
Franck Gatefin les connait bien, il a été initié il a quelques années au 47 de chez Foreau avec Jean Bardet et Pierre Caslot ! Si avec ça vous ne tenez pas la route…
L’Eiswein, n’a pas démérité.
Avec ses 155grs de résiduels il a su se montrer aérien et a parfaitement collé au dessert.
Selon moi, ces 2 vins ont représenté le plus bel accord du repas.
Une photo des postulants à la sortie de cave :
Je ne suis pas encore tout à fait redescendu de mon nuage.
On est bien là-haut.
4 tables / 11 personnes ce midi, il est difficile d’imaginer le boulot abattu par Séverine et Franck. Ils ne sont que 2 et tout se fait en fluidité.
Nous leurs souhaitons le meilleur, ils le méritent.
Un grand merci à eux.
Et à Eric !
Pascal
Je n'y arriverai jamais avec ces photos... Je mets le pdf pour les plus curieux.
Et ben si ! Merci à Denis et Sylvain