Petit post pour illustrer la soirée du 19/03/08 avec le Quinté Sens Club de Bordeaux (QSCB…) club fraichement inauguré et composé en outre de quelques LPViens bien connus.
Première sortie pour quelques membres… Dommage que tout le monde n’ai pu être présent.
Rendez-vous à 18h au château Leoville Poyferre en compagnie de Didier Thomann maître de chai de la propriété.
Premier enseignement : 18h c’est résolument trop tôt pour quelques membres (hum hum…).
Deuxième enseignement : Mr Baud a eu raison de quelques dégustateurs de LPV33 avec sa cuisine, sur la dégustation la veille. Donc trop de dégustation tue la dégustation.
Après une petite balade sur les méandres de la D2 nous arrivons en partie à l’heure.Nous sommes accueillis et la poignée de main chaleureuse de Didier tend à réchauffer l’âme de passionnés, dont le froid médocain à fusiller par sa vigueur.
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Petit passage dans la cour, avec un petit cours d’histoire pour nous narrer l’histoire d’un des plus grands domaines (Leoville) qui comptait avant sa division plus de 200 hectares. Cette division et encore implicitement perceptible en ces lieux quand deux inscriptions au préfixe commun, gravées dans la pierre trahissent le secret des lieux. A ma gauche Las Cases, à ma droite Poyferré. Aussi subtil que la couleur des volets où le nuancier a décalé d’une mesure la vivacité de la couleur pour que l’œil avisé fasse le distinguo des propriétaires et quadrille la bâtisse.
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Nous entrons alors dans le cuvier et première surprise, la première salle est en fait un chai à barrique. On peut d’or et déjà remarquer une proportion moindre de bois neufs. L’explication ne tarde pas à arriver. Il s’agit en fait, de la partie réservée à l’élevage des vins de presse. Deuxième surprise. L’on découvre alors tout le soin qui est apporté à ces raisins triés par cépages et par parcelles, puis passés légèrement en presse horizontale. S’en suit alors un élevage traditionnel en barrique : houillage, collage, soutirage…
Les deux salles suivantes nous dressent alors devant la cuverie inox thermo régulée classique dans les GCC. Didier nous apporte une multitude d’explication sur sa façon de concevoir le vin de Poyferre et souligne à chaque fois qu’il le peut la manière « traditionnelle » qui régie son travail : des remontages programmés sur de courtes périodes, des transferts mécaniques de cuves pour débourber, au vu de l’installation le remplissage ne se fait pas par gravité mais peut-être n’ai-je pas bien vu.
Au fil des échanges nous découvrons que l’encépagement y est, comme à Palmer par exemple, orienté pour mettre en valeur le « Mr plus » petit verdot avec une part de 8% minimum. Je découvre avec joie l’intérêt porté par le château sur la notion de terroir. Un petit exemple illustre en partie cette philosophie au sein même d’une parcelle de ce fameux petit verdot : deux rangs ont étaient historiquement repérés pour la qualité de leur raisin et sont donc ramassés et vinifié séparément. De plus, notre hôte rend aussi hommage à ses paires et nous précisant la richesse de données dont le château dispose depuis des décennies grâce à l’implantation lointaine, d’outils de mesures du niveau des eaux et de leurs qualité en sous sols. Ainsi croisé avec les relevés sur pieds et sur les mouts, c’est une véritable base de données précise qui enrichit la connaissance du vignoble. On découvre également que parallèlement à l’arrachage de certaines parcelles moins qualitatives, un travail sur les sols est à l’heure actuelle entrepris pour tenter de revaloriser certaines terres viticoles affaiblies.
Je me surprends à me dire : Bigre alors, de la sélection dans la parcelle, du travail du sol, de l’enherbement sélectif… Il n’y aurait pas qu’en Bourgogne qu’existe le terroir ???? On m’aurait menti ???
Une dernière salle de barriques dédiées à la réalisation du second vin complète ce bâtiment et nous oblige à revenir sur nos pas pour continuer la visite. Nous retraversons la D2, puis d’un pas vif, fuyant le froid nous nous ruons vers le chai à barriques (le vrai). Une décoration sobre et un alignement au cordeau nous suggère la rigueur du travail en ces lieux. Les salles en enfilade laissent courir le regard vers l’infini des coffres de chênes aux tannins envoutants.
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Nous sortons enfin de ce lieu de culte sous des voiles de vapeurs pour traverser la cour et ainsi se rappeler à notre bon souvenir que la vigne se nourrit en ce moment même de températures en baisse et de vent vigoureux. Nos foulées impulsées par ces conditions nous conduisent avec précipitation vers un troisième bâtiment, siège du clou de la visite. Au bout du couloir, demeure massivement une salle qui accueille en son sein une multitude de barriques (encore et encore) qui me ramène à cette ivresse des tonneaux qui était mienne lors de ma première visite à Lafite Rotschild.
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Je suis surpris du nombre de barriques que j’ai pu voir sur cette propriété. Quelques petits chiffres tout de même : 11 maisons de tonnellerie fournissent les 80% de bois neufs qui sont renouvelés tous les ans et pas moins de 8 personnes travaillent à plein temps sur la partie élevage.
www.pleax.com/galeri...
Petit détour par le caveau où notre guide de luxe nous fait saliver sur ses expériences de reconditionnement sur des Lafite 18.., 1928, 1929… du temps où il travaillait à Clarke.
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Puis vient le temps de la dégustation. Au programme 2007 dans un style très surprenant (et avant BOB nahhhh !!!!), 2006 dans un style soyeux plein de légèreté et 2003 un peu en trait de ce que j’avais dégusté l’an dernier.
Les échanges je succède et de manière très didactique notre hôte nous amène un peu plus de réponses sur notre soif de savoir alternant la technique et le bon sens, le vécu et l’analyse (une longue discussion sur l’influence des degrés de collage sur le vin et l’évocation de ce point de décrochage des tannins par un collage trop poussé que nous expérimenterons la prochaine fois d’ailleurs).
Ces deux heures passés en sa compagnie me rassure sur le fait qu’il y a encore des gens simples et compétents dans un monde où souvent celui qui fait en oublie qu’il est à disposition de la vigne aussi plurielle qu’elle soit et non l’inverse (la singularité revenant à l’homme qui tente de faire bien avec ce que la vigne donne de ce qu’elle a de meilleur). Il est déjà 20h le restaurant (La Salamandre à Pauillac sur les quais, qui par ailleurs mérite une rubrique dans le forum de « bonnes adresses ») nous attend.
Voici venir le moment de libérer celui qui nous aura appris tant sur le travail qui se cache dernière cette étiquette connue de tous…
Un grand merci à lui.
La suite de cette soirée dans la rubrique « dégustations électriques » pour la dégustation faite au restaurant.
@+.
Syl20