Nous avons droit à une visite adaptée à notre groupe d'amateurs, car notre guide, responsable qualité du domaine est aussi compétente que sympathique. Nous avons passé deux heures enrichissantes et très agréables.
Maria Martinez Ojeda, mexicaine d'origine mais parlant parfaitement français, nous a longuement parlé des essais en bio du domaine (et du comparatif conventionnel/bio/biodynamique qu'ils prévoient de faire en 2015. Nous sommes ici au pied du plateau de Brane qui est le coeur du vignoble. Grâce à lui, les vins du domaine sont toujours d'une grande finesse.
Le domaine s'est équipé comme beaucoup du tri optique.
Trois types de cuves à Brane-Cantenac : inox, bois et béton.
Maria nous a expliqué que le domaine privilégiait les deux derniers matériaux, car l'inox n'était pas assez stable en température, ce qui nuisait à la complexité aromatique des vins.
Une barrique destinée à la vinification intégrale du Carmenère
Le chai en passe d'être transformé par l'arrivée ...
.... du système Oxoline (plus besoin de déplacer les barriques durant tout l'élevage)
Le château, où vit toujours Lucien Lurton, le patriarche.
Eh bien, on ne se moque pas du monde, à Brane-Cantenac !
Baron de Brane 2014 : nez sur la prunelle et la mûre, avec une pointe de poivre. Bouche très fruitée, ronde et fraîche, pulpeuse. Finale tonique marquée encore par le poivre. On sent que la maturité est là, mais juste, juste.
Brane-Cantenac 2014 : très beau nez sur les fruits rouges, le cèdre et les épices. Bouche très tendue enrobée d'une matière veloutée et fraîche. L'ensemble est dense et expressif. Finale explosive sur des notes de noyau. Très très joli !
Baron de Brane 2013 : nez fin sur la framboise et la cerise, souligné d'épices. Bouche très fraîche, tendue, avec des tannins soyeux, aériens et élégants, et surtout un très beau fruit. La finale est nette, entre fruits et épices. Miam !
Brane-Cantenac 2013 : nez plus complexe, marqué par un "élevage luxueux". Bouche longiligne à la matière dense et douce au grain très fin, d'une grande gourmandise. Finale fraîche et savoureuse, bien épicée. Très beau vin dans ce millésime pas évident.
Brane-Cantenac 2005 : nez fin et complexe sur la prune, le tabac, le lard fumé, les épices... Bouche qui trace net de l'attaque jusqu'en finale, avec une matière soyeuse et sensuelle. Finale suave et épicée. Je suis étonné lorsque Maria dit que le vin n'est pas encore prêt à boire. Je le trouve déjà très très bon, moi. Surtout, j'apprécie de voir un 2005 pas surextrait ni surmûr.
Brane-Cantenac 2001 : ben voilà, je comprends ce que voulait dire Maria. Celui-là, il est prêt, même s'il en a encore sous la pédale : nez plus complexe encore, avec les arômes du précédent, complété par le sous-bois, le cèdre, le cassis. Bouche d'une grande élégance, soyeuse, suave, soulignée par une acidité taillée au laser. Finale expressive, gourmande, très longue. Une petite merveille qui ferait aimer Bordeaux à un allergique aux vins de la région. Quand on pense que ça peut se trouver aujourd'hui aux alentours de 50 € (soit 5-6 fois moins que les forts de Latour 2008 et 24 fois moins que Latour 2003) on se dit que l'on marche sur la tête.
Carmenère 2011 (pas commercialisé !) : Henri Lurton a misé sur ce vieux cépage bordelais plus présent aujourd'hui au Chili qu'en France. Même s'il est planté sur le plateau de Brane, il a du mal à atteindre sa maturité optimale chaque année - si tant est qu'il n'ait pas été victime de coulure. En 2011, ce fut une grande réussite, d'où une mise en bouteille pour voir comment il évolue dans le temps. Il rentre de temps en temps dans l'assemblage du grand vin, jusqu'à 2 % (après, c'est too much). La robe de vin est très sombre. Le nez évoque la cerise noire, la myrtille, complété par des notes de fumée, de piment d'espelette, de poivre. La bouche est très dense, séveuse, marquée des notes goudronnées, avec une texture rappelant la peau de pêche. La finale est riche, expressive, sur le cacao et les épices. J'aime beaucoup !