Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe - Mini verticale 1990/2019/2020
Un déjeuner dominical et familial, un fabuleux gigot d'agneau, accompagné d'un gratin dauphinois, était prétexte à ouvrir deux bouteilles.
D'abord, ce Haut-Marbuzet 90, bouteille que j'ai dégoté sur internet à très bon prix.
Puis, pour compléter, nous nous sommes laissés tenter par son petit frère, le 2020 dont M. Duboscq nous a dit que c'était la plus grande réussite du cru depuis le début de ce siècle (
oui, encore un, je sais...).
Nous avions envie d'en prendre le pouls après avoir reçu une caisse bien fournie.
Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe, 1990
Ouvert pour décanter 4h avant le repas mais le bouchon s'est cassé en 2. Obligé de le passer en carafe.
La bouteille est semble-t-il saine et sauve et j’en suis heureux : j’ai dégoté cette bouteille sur internet sans être assuré de la conservation ; le niveau me paraissait un peu (très légèrement) bas, et le bouchon bien imbibé.
La bouteille est sauve donc, et le nez déploie des arômes intenses et bien définis. C'est un superbe nez avec une grosse persistance de café, de cuir, et qui commençait même à truffer. Les fruits noirs sont encore bien présents. L'ensemble est marqué par une jolie profondeur.
En somme, c'est un nez marqué d'une certaine certaine rusticité, on ne peut pas parler d'un nez élégant, mais c'est un nez splendide et complexe, dans un registre différent, bien sûr, du
Montrose
du même millésime bu il y a quelques mois.
La bouche se caractérise par un toucher velours, avec des tanins soyeux, une grosse persistance moka et une très longue finale entre le cuir et le chêne.
Grande bouteille !
Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe, 2020
Dégustée en amont du 90, cette bouteille a été dégagée à l'épaule la veille pour le lendemain, sans grande trace d'évolution (tout de suite ouvert).
Un nez moyennement expressif mais très beau dans le peu qu’il exprime : fruits noirs gourmands, beau boisé élégant et bien dosé, quelques notes de moka.
Belle bouche, assez fine, avec un léger creux en milieux de bouche mais qui finit superbement entre le chêne et le cassis.
C’est très élégant : on n’est pas du tout dans le fruit cuit ni dans l’énorme concentration. C'est un vin assez souple en bouche, et un modèle d’équilibre et de gourmandise à ce stade.
J'ai beaucoup aimé.
Château Haut-Marbuzet - Saint-Estèphe, 2019
Un vin sur lequel je lorgnais depuis un moment, non seulement pour prendre la température sur
ce millésime
largement encavé, et aussi pour prendre du plaisir, tout simplement, avec ce château que j'affectionne particulièrement -
cette mini verticale n'aura d'ailleurs fait que renforcer cette affection.
J'ai bu ce vin 2 jours après la dégustation des 2 autres ; mini verticale légèrement différée, donc. Il aura été dégusté sur 2 jours, principalement avec un accord simple mais efficace, une entrecôte et quelques haricots verts avec de l'ail.
Un nez plus robuste, concentré, plus viril sans doute que le 2020. C’est une autre expression, mais une expression réellement plaisante.
Un nez bien défini de cassis, de bois noble bien dosé, de vanille. A l’aération, très légères notes lointaines de café, qui tire sur le cacao, et de terre. A 6h d’ouverture, le vin s’arrondit et propose des arômes plus posés, sur la réglisse notamment. C'est une expression plus typique de ce que je pouvais attendre d'un Haut-Marbuzet que le 2020.
Bouche encore astringente, mais qui s’assagit avec de l’ouverture.
Comme le nez, elle s’arrondit, devient plus voluptueuse. C'est une belle bouche, concentrée, corsée, ample et longue qui caractérise ce vin.
Belle fenêtre de dégustation : je pense qu’il était temps de le goûter, à mon avis l’année prochaine il se sera refermé.
Dégustation délicieuse et très intéressante : goûter au 1990 me permet de me projeter plus facilement sur ce que pourrait donner ce 2019 : les arômes soulignés dans le 90 sont présents, mais encore subtils, dans lee 2019. Je l'imagine bien évoluer tranquillement dans ce sens, avec de notes très puissantes de café, de cuir, dans un registre rustique. Je serai bien en peine, toutefois, de me projeter sur ce que va donner ce 2020, qui me paraît proposer un profil un peu différent à ce stade.
Verdict dans 30 ans.