Le Bistrot du Sommelier organisait vendredi un déjeuner "table d'hôte" en présence de Fabien Tetjen, le vinificateur de SHL, son épouse et Philippe Faure Brac. Le cadre est sympa et nous ne sommes qu'une petite dizaine autour de la table, ce qui facilite les discussions.
Nous sommes acceuillis avec un verre des Hauts de Smith Blanc 2004, très frais et très variétal.
Une fois installés à table, nous nous voyons servir un verre des hauts de Smith rouge 2003. Le nez présente tout d'abord des arômes confiturés et caramélisés qui sont, à mon goût, à la limite de l'écoeurant. je le laisse de coté et le regouterai plus tard. Entre temps, il se sera débarassé de ce caramel et le fruit reprendra un peu de terrain. Au finish, c'est un vin plaisant et gourmand mais qui porte bien la marque de son millésime. A carafé impérativement 1 heure au moins.
Nous passons ensuite aux choses sérieurses.
Pour accompagner des Aiguillettes de saumon façon hareng fumé servi avec une émincée de pommes de terre vinaigrette, deux vins sont servis. Le SHL blanc 2004 et le SHL blanc 1995 (en magnum).
Le 2004 se présente sous une robe or pale très brillante. Le nez fin est dominé par le pamplemousse et dans une moindre mesure par la mandarine. la bouche est très belle, élégante, fruitée, fraiche, grasse et longue.
Avec le 1995, on a un autre calibre. La robe est or bien profond avec des reflets paille et brillants. Le nez n'est dans un premier temps plus variétal. On est sur des aromes de cire d'abeille et de zest confits. Quand je regouterai ce vin sur la fin du repas, ces aromes se seront estompés (mais n'auront pas disparu) et le pamplemousse s'invitera au bal et s'integrera parfaitement. Belle complexité!! La bouche se montre fraiche, élégante et voluptueuse, sous-tendue par une minéralité très agréable. Assurément un très beau vin
Pour clore sur ces deux blancs de très belle facture, Philippe faure Brac dira que, selon lui, le 2004 devrait être assez proche du 95 dans le futur.
On nous sert ensuite un suprême de pintade farci au foie gras, fricassé de champignons et cerfeuil tubéreux (excellent, ressemble à de très petites pommes de terre extrêmement fondantes), jus de viande infusés aux morilles. Deux SHL rouges sont prévus, le 2001 et le 1995 (en magnum).
Le 2001 se pare d'une robe rubis très profonde, opaque et très brillante. le nez est très profond et joue sur la gamme des fruits rouges (et en particulier sur la framboise) et la vanille qui révèle un élevage sous bois bien intégré. En bouche, on retrouve également ces arômes de même qu'une belle fraicheur et une longueur très satisfaisante. Les tanins, bien que présents, sont bien intégrés.
Le 95 se présente dans le verre sous un jour rubis opaque, presque noir. La robe est moyennement brillante mais ne présente pas de signe d'évolution évident. En revanche, le nez a évolué, la vanille du 2001 à fait place au sous bois. On peut regreter que le vin n'ait pas été carafé, il aurait alors gagné en expressivité. En bouche, on décèle une grosse matière et une fraicheur juvénile. Les tanins sont quand même en train de se fondre. Le vin, excellent au demeurant, n'est pas à mon sens à son apogée. Le format n'y est certainement pas étranger.
Par delà les qualités purement gustatives des vins dégustés, je retiendrai que les SHL accompagnent magnifiquement la cuisine de qualité.
Pour terminer, il est intererssant de voir que ce domaine est conseillé par Michel Rolland (MR) et Stéphane Derenoncourt (SD), ce qui est étonnant quand on lit dans la presse que les styles sont opposés. Selon Fabien Tetjen (FT), les consultants prodiguent leurs conseils différemment : MR passe de temps en temps alors que SD accompagne plus - au jour le jour - le domaine dans les phases périlleuses. FT conserve toujours le dernier mot sur la direction à suivre. A la discussion, on perçoit (ça n'engage que moi) que FT est plus proche stylistiquement de SD que de MR. Il y a donc fort à parier que le style change dans les millésimes à venir.
Cheers
Nicolas