Nous avons 6292 invités et 58 inscrits en ligne

Une semaine dans le Bordelais

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Une semaine dans le Bordelais a été créé par Eric B

Jour 1 : Cordeillan-Bages


Grâce à la magie d'internet, j'ai fait connaissance avec une joyeuse bande d'oenophiles belges, et nous avons concocté ensemble une semaine de visites dans le Bordelais, ponctuée de moments gastronomiques. Cordeillan-Bages paraissait incontournable sur Pauillac, et comme le restaurant était fermé le lundi et le mardi, nous y sommes rendus le dimanche soir. C'est ici que nous nous sommes donnés rendez-vous pour notre première rencontre dans le monde réel, excepté Didier que je connaissais déjà.
p1.storage.canalblog...

Nous fêtons le début de cette aventure avec un Champagne Drappier rosé, fin, frais, désaltérant après cette chaude journée. Je ne connais pas l'assemblage, mais il me semble plus Chardonnay que Pinot noir.

p9.storage.canalblog...
Arrivent trois mises en bouche ; des rillettes de maquereau, une mini-tartelette à l'avocat et un cromesquis au confit de canard.
L'oeuf de saumon transfiguré par le coucher de soleil.
Puis nous passons à table (assiettes inchangées depuis 9 ans)
La tradition des beurres persiste, si ce n'est qu'il n'y a plus de beurre de brebis (snifff...)
Une pré-entrée à base d'oeuf, et une crème très légère (à l'asperge ?)
Puis la vraie entrée :

Croustillant de tourteau et crabe royal en tempura.

Un ensemble fin, subtil, goûteux avec un beau jeu de textures et de températures


Puis un Moelleux de champignons, lait de poule aux noisettes torréfiées (délicieux !)

p4.storage.canalblog...

Et le plat : Filet de boeuf charolais aux herbes, gâteau de légumes printaniers. Cuisson évidemment parfaite, légumes légèrement croquants, sauce intense et corsée. Y a bon!

p1.storage.canalblog...

Détail sur le "gâteau"

p5.storage.canalblog...

Un pré-dessert à base de fraise et du sucre pétillant. Bon, sans plus.

p7.storage.canalblog...

Pour finir, un macaron aux agrumes, panacotta au safran et poivre de timut. Naïvement, je pensais que l'acidité des agrumes compenserait le sucre du macaron. Raté. C'est un peu trop pour moi. Dommage, car le reste du dessert est très bon.


Le chef Jean-Luc Rocha nous a rendu visite en fin de repas...

p6.storage.canalblog...

... et nous invité à visiter la cuisine, très bien équipée.

p0.storage.canalblog...

J'étais allé deux fois à ce restaurant à l'époque de Thierry Marx. La qualité du service et de la cuisine me semblent toujours à un très bon niveau. Il faut dire que le chef a longuement secondé son prédécesseur et qu'il est meilleur ouvrier de France. Cela se sent dans la précision de la cuisine.

Je savais que le style du blanc de Lynch-Bages avait évolué vers plus de finesse et de fraîcheur avec un boisé moins présent. Cela s'est confirmé avec ce vin, ample et aérien, déjà d'une belle complexité, qui n'a rien à envier à nombre de Pessac-Léognan.

Grand Puy Lacoste se buvait déjà parfaitement, alliant une belle maturité à des tannins soyeux et denses, et beaucoup de sève. L'accord avec le boeuf était très joli.

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 11:31 #1

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Nous démarrons notre premier jour de visite médocain par Rauzan-Ségla, 2nd GGC de Margaux, qui produit l'un des vins les plus fins de l'appellation.

Nous avons la chance d'être accueillis par Bénédicte Laborde, responsable technique du domaine, qui a su répondre à toutes nos questions avec didactisme.

Racheté par les propriétaires de Chanel en 1994, le domaine s'est donné les moyens pour produire un grand vin sans tomber dans l'ostentatoire. Les cuves sont remplies par gravité à l'aide d'un cuvon hissé par un élévateur.
L'élevage se fait dans la tradition médocaine avec des soutirages à l'esquive.
Grâce à des bondes parfaitement hermétiques il n'est plus besoin de pivoter les barriques en 2ème année.

Le Rauzan Ségla 2006 a des tannins soyeux, beaucoup de fraîcheur, et une aromatique associant les fruits noirs, les notes florales et épicées, avec une légère amorce de notes tertiaires (truffe, sous bois, cèdre). Il a ce qu'il faut pour tenir encore une vingtaine d'années.

Après le déjeuner à la Brasserie du Golf de Margaux, nous attaquons la deuxième visite de la journée au Château Palmer, voisin immédiat de Château Margaux (dont nous apercevons l'église) et la grande allée.

Après plusieurs années d'essais en bio et biodynamie, le domaine a démarré en janvier dernier sa conversion officielle (et si tout se passe bien, il aura le label AB en 2017)


Ces deux pieds de vigne ont plus d'un siècle.

p3.storage.canalblog...

Une trieuse optique dernière génération

p3.storage.canalblog...

Un cuvier adapté à des vinifications intra-parcellaires

p7.storage.canalblog...

Le chai de première année avec une oeuvre de Barbara Shroeder

p9.storage.canalblog...

Le chai de seconde année

p6.storage.canalblog...

Marqué dessus comme le Port Salut, mais plus classe :-)

p8.storage.canalblog...

Le nouveau jardin

p7.storage.canalblog...

Ambiance sereine

p1.storage.canalblog...

Le château, inhabité depuis plus d'un siècle

p4.storage.canalblog...

Le jardin de topiaires

p6.storage.canalblog...

Alter Ego 2013 : Nez sur la mûre fraîche, légèrement lacté. Bouche ronde, intense, avec un très joli fruit et une matière charnue. Finale savoureuse.

p4.storage.canalblog...

Palmer 2013 : nez également sur les fruits noirs, mais plus riche, intense, raffiné, épicé, boisé (santal). Bouche intense, avec une belle matière mûre et veloutée. Finale plus intense, avec une belle mâche. Après, est-ce que cela vaut le coup d'y mettre 175 € HT ? J'ai comme un doute...

Alter Ego 2008 : nez fin, frais, complexe, légèrement évolué. Bouche élancée, avec une matière veloutée gourmande. Finale persistante sur une fine mâche épicée. C'est très bon.

Palmer 2004 : nez élégant, profond, mêlant le fruit mûr aux notes truffées. Bouche très fraîche, ample, intense, avec des tannins soyeux très classe. Longue et riche finale, sans aucune dureté. Très très bon,voire un peu plus.

Nous finissons notre journée à Pontet-Canet, le seul grand cru médocainà être en biodynamie officielle (d'autres sont actuellement en conversion). En plus de cela, près de 40 % du vignoble ne voit passer aucun tracteur, que ce soit pour le travail du sol, les traitements phytosanitaires, les amendements, le carassonage, etc... mais uniquement le cheval grâce à des engins ingénieux conçus par le domaine.
On est très loin de la charrue moyen-âgeuse utilisée par certains...

Le cuvier est resté proche de celui conçu à la fin du XIXème par Skawinski (la structure d'origine est d'époque... mais pas les cuves). Il permet de placer les tables de tris au premier étage et de vider le raisin dans les cuves par gravité.


Le cuvier béton est l'un des plus beaux du genre, avec des cuves tronconiques de 80 hl.


Jean-Michel Comme explique sa vision de l'agriculture, défendant l'individualité de chaque pied (et il y en a 800 000 sur le domaine !) qui reçoit une taille et un amendement adapté, n'est pas rogné ni vendangé en vert. Il donne des grappes qui lui correspondent, sans rentrer dans un formatage imposé par l'Homme (je résume : il a très bien détaillé tout cela).

Cela explique son choix d'élever un tiers de la production en dolias (des amphores en béton de 900 litres, conçues par Jean-Michel) afin de préserver le plus possible le fruit et l'expression originelle du raisin. Si cela ne tenait qu'à lui, tout se ferait ainsi, mais on s'écarterait probablement un peu trop de ce que les gens attendent d'un grand cru de Bordeaux. Déjà que...

On déguste le 2013 : le nez oscille entre le fruit mûr et ce boisé dont Jean-Michel se débarrasserait volontiers. La bouche est fine, racée, éclatante, avec une grande droiture et des tannins soyeux qui évoquent plus Chambolle-Musigny que Pauillac. On peut comprendre pourquoi la critique semble partagée sur ce 2013, atypique pour la région. Perso, j'aime beaucoup !!!
Fin de la journée

Eric
Mon blog
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: GAET
04 Mai 2014 11:52 #2

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1757
  • Remerciements reçus 1166

Réponse de GAET sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Bonjour,

Merci pour ce très beau C.R.

Cordialement

Gaëtan
04 Mai 2014 12:19 #3

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Après le beau repas du jour 1 et l'échauffement du jour 2, nous démarrons le jour 3 en gravissant la butte de Saint-Estèphe où dominent les pagodes de Cos d'Estournel.

Ce château, qui est un chai et non une habitation, a été construit vers 1830 par Louis-Gaspard d'Estournel qui vendait son vin aux maharadjas et tenait à le faire savoir. Du marketing avant que le mot existe. Par contre la porte provenant de Malabar n'a été rajoutée qu'au milieu du XXème siècle, mais elle colle parfaitement au cadre "exotique" du lieu.

Durant tout le XXème siècle, l'architecture intérieure était plutôt classique, voir austère. C'est lorsque le domaine a été racheté par Michel Reybier que les choses ont évolué : l'homme d'affaires a fait appel à Jean-Michel Wilmotte et Jacques Garcia pour revisiter totalement le lieu. Avec un défi majeur : ne pas utiliser de pompes de l'arrivée du raisin jusqu'à la mise en bouteilles du vin.

Cela n'est possible que grâce à ces cuves mobiles que vous voyez-ci dessous (quatre en tout) qui montent et descendent selon les besoins

Le cuvier comprend 72 cuves de tailles variées correspondant aux différentes unités de terroirs identifiées lors de l'étude pédologique du domaine. Il n'existe qu'un chai à barriques, mais celui-ci est immense.

Comme cela se fait de plus en plus, le choix a été fait de créer une passerelle où le visiteur peut le voir parfaitement tout en ne perturbant pas les personnes qui y travaillent.
Au bout de cette passerelle, le chef d'oeuvre de Jacques Garcia...
... un caveau contenant les vieux millésimes du domaine.
Place à la dégustation...
Au programme, quatre bouteilles

On démarre par la Goulée rouge 2011, vignoble acheté par Michel Reybier en 2005 et situé à l'extrême nord du Médoc, à deux pas de l'océan Atlantique : le nez évoque le fruit noir frais, le graphite et les épices. La bouche est élancée, tonique, fraîche, avec une matière gourmande et veloutée. La finale est savoureuse, avec des notes salines prononcées. Y a bon !

Cos d'Estournel 2008 : nez très fin, raffiné, complexe.Bouche toute en longueur, avec une belle tension et une matière douce et charnue, sensuelle. Finale intense, sans aucune dureté. Un très beau vin !

Pagodes de Cos 2009 : dès le nez surmûr et épicé, on sent le millésime riche... La bouche est raccord, ample, riche, généreuse, mais un peu too much à mon goût. Le seul vin de la dégustation où l'on sent l'alcool en finale.

Goulée blanc 2012 : très bonne idée de le servir après, à la bourguignonne. Le nez est fin et gourmand, sur les fleurs et les agrumes, et une fine note toastée. La bouche est fraîche, éclatante, de belle intensité. Et l'on retrouve le sel en finale, comme dans le rouge. Une très belle découverte !


Nous voici maintenant en plein coeur de Saint-Julien...

p1.storage.canalblog...

Bienvenue à Léoville-Poyferré (qui a rénové ses extérieurs)

p5.storage.canalblog...

Cuvier assez classique situé de l'autre côte de la route

p1.storage.canalblog...

Chai de première année, tout aussi classique

p5.storage.canalblog...

... et chai de seconde année, plus moderne.

p6.storage.canalblog...

Les choses sérieuses démarrent...

Léoville Poyferré 2013 : nez mûr, intense, épicé, avec beaucoup de fraîcheur (menthol). Bouche ronde, fruitée, avec de l'allonge et une matière charnue. Ce s'affermit et s'assèche un peu en finale. Dommage.

Léoville Poyferré 1982 (non, il ne fait pas partie de la visite "standard" du domaine mais il a été acheté sur place – non sans mal –par l'un de nos généreux co-équipiers). La robe est évoluée, comme vous le voyez ci-dessus, mais loin d'être totalement tuilée.

Le nez est fin, intense et complexe : prune, cèdre, cigare, sous-bois, épices, poivron grillé.

La bouche est ample, aérienne, avec une fine acidité apportant de la tension et une matière soyeuse caressant le palais. Un vin à la fois très intense et très digeste. Ce que l'on appellerait bourguignon aujourd'hui mais qui était aussi bordelais il y a trente ans.

La finale est très pure et d'une grande élégance. Un grand vin, tout simplement.

Après avoir mangé chez Mémé (un restau, pas ma grand-mère), nous allons à Léoville Las Cases où nous découvrons les 7 vins de la galaxie Delon (Jean-Hubert, pas Alain). Bruno Rolland, le maître de chai, pensait que nous voulions juste déguster les échantillons de 2013. Il faut dire que les Primeurs s'étaient déroulés la semaine précédente.
Alors, quoi que t'en penses ? semble-t-il se demander...

Fugue de Nénin : nez sur très beau fruit, bien épicé. Bouche ronde, souple, friande avec un fruit intense. Finale douce, sans dureté. Je veux bien en faire mon vin de tous les jours.

Nénin : nez plus intense, avec beaucoup de fraîcheur. Très belle bouche veloutée, débordante de fruit. Une petite tuerie. Jolie mâche gourmande en finale. Fianalement, je vais prendre celui-là en vin de tous les jours.

Chapelle de Potensac : nez plus fin, moins fruité mais des épices à revendre. Bouche plus en longueur, avec une matière souple et fraîche, formant un ensemble harmonieux.

Potensac : nez plus riche, avec un fruit noir intense, rafraîchi par une petite touche végétale très sympa. Bouche classieuse, très médocaine, avec une droiture implacable, et en même temps une belle chair qui l'enrobe. Et puis un p... de fruit très intense et une belle mâche finale. Comme en 2010, Potensac me semble être une des grandes affaires du millésime.

Petit lion de Las Cases : nez plus mûr, limite fruit noir confit, plus des notes crémeuses, avec néamoins du peps et de la fraîcheur. Bouche à la fois ronde et tendue, avec une matière très gourmande, charnue. Belle persistance. On en boirait des litres !

Clos du Marquis : nez plus fin et élégant, avec beaucoup de charme. Bouche ample, presque aérienne, avec une matière douce, au fruit pur et intense, finissant toute en douceur avec une belle longueur. Très bon !

Léoville Las Cases : nez plus touffu, plus riche, plus foisonnant, plus profond aussi. Bouche racée, puissante, majestueuse, avec un fruit magnifique, et une p...de fraîcheur. La finale est d'une rare intensité, avec une mâche splendide. Oufti !!! Pour un certain nombres de critiques, c'est LE plus grand vin de la rive gauche dans ce millésime. Je n'en ai pas assez bu pour porter un jugement, mais je veux bien les croire.
Nous avons eu droit ensuite à une visite pendant laquelle Bruno Rolland a longuement expliqué son travail.

Mais il ne fallait pas trop traîner : nous étions attendus Pauillac par Christophe Congé, l'oenologue qui supervise les vinifcations à Lafite-Rothschild et Duhart-Milon, mais aussi la tonnellerie qui fabrique toutes les barriques utilisées par ces châteaux (+ Rieussec et l'Evangile).

Autant dire que la visite était loin d'être standard. Non seulement il a une réponse complète à toutes les questions posées, mais il a beaucoup d'humour. Nous avons donc passé un très bon moment.


Le cuvier traditionnel qui demande beaucoup de soin à l'entretien.

p5.storage.canalblog...

Le chai à barriques de première année

p7.storage.canalblog...

Dans les entrailles de Lafite...

p9.storage.canalblog...

J'veux le même à la maison !

p0.storage.canalblog...

Collection de trésors

p9.storage.canalblog...

Ambiance vieux château...

p7.storage.canalblog...

Le chai circulaire dessiné par Ricardo Bofill, beaucoup plus ergonomique qu'un chai tout en longueur. Chaque année, les cavistes parcourent 300 kms de moins ! Normalement, la dégustation se fait ici, mais l'air était saturé de soufre (les barriques venaient d'être sulfitées). Nous ne nous sommes donc pas éternisés...
YES !

La robe grenat sombre de ce Lafite Rothschild 2001 ne montrait pas d'évolution particulière. Le nez présentait encore le fruit de sa jeunesse, tout en déclinant aussi des notes de cèdre, de graphite et de Havane. La bouche était longiligne avec des tanins soyeux, avec une race évidente et une grande intensité aromatique. La finale savoureuse n'épatait pas plus que ça, mais c'est quelques secondes plus tard que vous vous preniez une grosse baffe, avec une rétro incroyable qui n'en finissait pas. J'avais déjà eu cela sur Margaux 2009.
Quelques vieilles bouteilles conçues avant la standardisation...
Notre joyeux groupe devant l'entrée de Lafite :)

Eric
Mon blog
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: GAET
04 Mai 2014 12:26 #4

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Nous avons quitté le Médoc le matin-même pour rejoindre l'appellation Pessac-Léognan. Nous y retrouvons des graves pyrénéennes, avec des terres plus sableuses, et un sous-sol constitué de coquillages cimentés par une matrice argilo-sableuses. Ce falun est utilisé dans les constructions locales, donnant un cachet inimitable.

Le vignoble de 30 hectares est planté à la médocaine à 10.000 pieds/ha. Alors que beaucoup de domaines ont souvent autant de Merlot de que Cabernet Sauvignon, ce dernier est ici présent à 64 %, complété par 30 % de Merlot et 6 % de Cabernet-Franc. Cela explique certainement en partie la finesse et la race des vins de Haut-Bailly.

p3.storage.canalblog...

L'autre secret du domaine, c'est cette parcelle de vignes centenaires complantée de nombreux cépages (les "habituels", mais aussi du Petit Verdot, du Carmenère et du Malbec) dont les raisins entrent toujours dans le grand vin et lui apportent une signature spécifique. Vous remarquerez au passage que les sols sont travaillés mécaniquement.

Le cuvier béton est un un "vrai-faux" classique : récemment rénové, il a l'aspect de l'originel, mais avec des cuves de plus petite taille permettant de faire des vinifications parcellaires. Tout est bien sûr thermorégulé.

J'ai trouvé la scène assez cocasse. Alors que depuis deux jours, nous n'entendions que des mérites du soutirage à l'esquive, nous tombons sur un maître de chai qui nous raconte son bonheur d'avoir abandonné cette méthode ancestrale au profit d'une pompe télécommandée. Il va plus vite et peut travailler sans dépendre de quiconque. Il faut souligner que les pompes actuelles (péristaltiques) sont sacrément plus douces qu'auparavant.

Sinon, le chai est tout ce qu'il y a de simple et classique, ce qui n'empêche pas de produire un vin de haut-niveau, et rend un peu dérisoire les débauches luxueuses de certains (il faut bien justifier les prix devenus complétement surréalistes).

En guise de pré-apéro, nous dégustons les deux vins du domaine dans le millésime 2008.

Parde de Haut-Bailly : nez fin, frais, fruité et légèrement résineux. Bouche ample, élégante, avec une chair douce, et des arômes légèrement évolués. Finale très savoureuse. Miam !

Haut-Bailly : nez raffiné, légèrement fumé. Bouche plus ample, plus intense, avec un toucher de bouche superbe, et une grande inensité aromatique. Finale classe et gourmande à la fois. Vraiment le genre de vin qui me parle et rendrait même amoureux un bordophobe. 2008 est assurément un millésime qui offre déjà beaucoup de plaisir.

Nous allons ensuite sur la terrasse pour prendre le vrai apéro, accompagné d'une Extra Cuvée de réserve de Pol Roger ... qui est vraiment extra, comme son nom l'indique : notes de noisettes grillées, de brioche sortant du four, de pomme rôtie au beurre, avec une bouche à la fois nerveuse et vineuse, des bulles fines, une finale nette et rafraîchissante. Si j'en trouve, j'en achèterai, car cela se trouve à moins de 30 €. À ce moment précis du récit, je tiens à souligner que ce n'est pas parce que nous avons des têtes sympas que nous sommes invités, mais parce que nous avons payé pour cette prestation. En effet, le domaine fait "tables d'hôtes".


Feuilleté au caviar

p1.storage.canalblog...

Brick à l'asperge

p4.storage.canalblog...

Éclairs au foie gras et à la truffe

p4.storage.canalblog...

Thon cru fumé à l'instant

p2.storage.canalblog...

Sucettes au parmesan et à la noisette

p5.storage.canalblog...

La salle à manger

p6.storage.canalblog...

Ma place :)

p3.storage.canalblog...

Le menu

p0.storage.canalblog...

Pour les bigleux ;)

p7.storage.canalblog...

Nous commençons le repas avec des ravioles de champignons et beurre de truffe...

...servies avec un Haut-Bailly 2006. L'accord est absolument parfait avec le vin aux arômes de cèdre, de fumée et de truffe, et surtout à la texture douce, raffinée, en harmonie totale avec celle des ravioles. Pour éviter de tomber dans la mollesse, la brunoise de champignon est à peine cuite, apportant du "croquant". La finale intense du vin se mariant à la truffe, c'est juste GRAND.

Nous poursuivons avec un carré de veau et jeunes légumes de printemps, avec un Haut-Bailly 2004. Comme vous pouvez le voir, la cuisson de la viande est juste parfaite, et les légumes sont vraiment excellents (particulièrement les fèves). Le 2004 est plus corsé que son grand frère et aurait pu dominer la viande. C'était sans compter sur le jus servi en saucière, d'une rare intensité, qui a rétabli l'équilibre avec brio. Du coup, l'accord s'est révélé superbe, et nous nous sommes vraiment régalés.

Avec les fromages, joliment présentés, nous buvons successivement le 2002 et le 1990.

2002 : nez élégant, sur des notes de havane, de moka et de graphite. Bouche plus dense et austère que les vins précédents, qui se marie plutôt bien avec les fromages ( le Saint-Nectaire en particulier).

1990 (apporté par mes amis belges) : nez foisonnant et subtil, d'une grande complexité aromatique. On ne sait plus où donner du nez... La bouche est ample, aérienne, tout en étant intense et énergique, d'une droiture sensuelle et impitoyable. La finale sur des notes fumées et florales touche au sublime. Grand vin !


Les héroïnes du jour

p3.storage.canalblog...

Des madeleines encore toutes chaudes, moelleuses et croustillantes.

p2.storage.canalblog...

Et un dessert léger et gourmand, parfait pour ne pas s'endormir à la prochaine visite.

p0.storage.canalblog...

Thé ou café ?

p8.storage.canalblog...

Même les chocolats sont signés Haut-Bailly...

Nous avons vraiment passé un moment rare, où vins et mets se mariaient superbement, dans un cadre digne d'un salon privé d'un grand restaurant, tout en conservant une ambiance chaleureuse et bon enfant. Ce n'est pas particulièrement donné (compter 150 € par personne), mais cela me semble totalement justifié. J'en connais certains qui rêvent déjà d'y retourner...

A peine avons-nous quitté Haut-Bailly, des petites étoiles dans les yeux, que nous descendons un peu plus au sud vers l'un des châteaux les plus mythiques du Bordelais : Yquem. Ce n'est pas forcément le plus facile à trouver, car aucun panneau ne l'indique, y compris à l'entrée de la propriété.

Pour le coup, le terme château n'est pas usurpé. On pourrait même parler de château fort, avec ses remparts crénelés, et sa vue panoramique sur les environs pour voir arriver de loin les forces ennemies. Ca ne marche pas à tous les coups, ceci dit : Alexandre de Lur Saluces n'a pas vu venir Bernard Arnault s'approcher des différents co-propriétaires du domaine avec des valises de billet, réussissant à s'emparer de la forteresse Yquem en 1999 en devenant l'actionnaire majoritaire de la société fermière.

Le vignoble de 113 hectares recouvre une grande partie de la butte dominant l'appellation, offrant une multitude de sols participant à la complexité finale du vin. La proximité du Ciron, un affluent de la Garonne, favorise la formation de brumes matinales indispensables au développement de la pourriture noble (botrytis cinerea) à condition qu'elles soient suivies d'après-midi ensoleillés. Sinon, elle devient beaucoup moins noble...

Les vendangeurs doivent être bien formés pour savoir ce qu'ils doivent ramasser ou jeter. Le meilleur outil pour en juger étant encore le palais. Si c'est bon, tu mets la grappe (ou la portion de grappe pourrie) dans le panier. C'est si c'est pô bon, zou, par terre. Cela explique pourquoi les rendements sont faibles : les vendangeurs mangent la moitié des raisins ;-)

L'objectif est de ramasser des raisins à une moyenne de 20 ° potentiel, ce qui donnera un vin à 12 ° + 120-140 g de sucres résiduels. Cela implique de repasser plusieurs fois pour ne ramasser que les grains les plus "rôtis" (bon, ça, c'est la jolie histoire que l'on vous raconte, car si l'on ne ramassait que les grains rôtis à Yquem, ce vin serait liquoreux comme une cuvée Madame de Tirecul la Gravière, et aurait 250 g de sucres résiduels...)


Un tracteur écologique

p4.storage.canalblog...

Un employé très à l'aise...


Une fois vendangé, les raisins sont pressurés et le jus entonné en barriques neuves pour y démarrer la fermentation. Vu le taux élevé de sucres, cela peut durer jusqu'à six semaines. Elles resteront là jusqu'au printemps. Chaque barrique sera dégustée pour décider de son futur sort : Yquem or not Yquem. Les élues seront assemblées et redescendront en barriques dans le chai souterrain.
L'élevage s'y poursuivra durant 36 mois.

Là, ce sont les cuves du blanc "sec", Y d'Yquem, fabriquées en Italie, dont nous rencontrerons des soeurettes au château la Gaffelière à Saint-Émilion. Les photos ont du mal à exprimer toute leur beauté, les appareils photos étant beaucoup plus bourrins que les yeux humains.


Nous allons déguster... Comme le disait Clémenceau, le meilleur moment, c'est la montée de l'escalier.

p8.storage.canalblog...

Here we are...

p8.storage.canalblog...

5-4-3-2-1...

p6.storage.canalblog...

C'est parti !


C'est du Yquem 2011, donc. La robe fait songer à de l'or liquide. Le nez très expressif évoque l'ananas rôti au beurre, l'abricot, l'écorce d'orange confite, avec une touche de vanille et de safran. La bouche est ample, avec une matière onctueuse mais pas pesante. Il y a même une belle acidité qui apporte beaucoup de fraîcheur et qui le rend digeste. Y a pas, c'est bon, c'est bien fait. Après, le prix (350 €), comment dire ?... On ira voir ailleurs pour se faire plaisir à beaucoup moins cher.

Eric
Mon blog
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: GAET
04 Mai 2014 13:09 #5

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Après la superbe journée de la veille à Haut-Bailly et à Yquem, il était difficile de croire que nous pourrions faire mieux. Et pourtant, ce jour 5 fut peut-être encore plus mémorable que le précédent. Mais n'allons pas trop vite...

Avant d'attaquer la première visite, j'ai pris beaucoup de plaisir à me balader dans le superbe village de Saint-Émilion, à la fraîche, sans touriste ni vendeur qui vient te faire de la retape.


Bienvenue à Angelus nouvelle version. L'ancienne était en effet plus sobre.


J'avais pris cette photo en juillet 2006. C'est sûr que ça prêtait moins au rêve, donnait moins dans le prestige, mais se fondait assurément mieux dans le décor, avec cette toiture typique de la région.

Là, on a l'impression d'être à Disneyland ou devant l'un de ces néo-châteaux construit par un milliardaire chinois. Vous me direz que c'est pas un hasard : il a été manifestement rénové pour plaire à une clientèle asiatique.

Notre guide du jour, Laurent Benoit, nous fait le topo sur le domaine, de l'arrivée des de Boüard à la fin du XVIIIème siècle jusqu'en 2012 où il est devenu 1er Grand Cru Classé "A". Et évoque la rénovation du château et la décision de construire un carillon. La cloche étant depuis un siècle le symbole du domaine, il était logique qu'il y en ait au moins une. Et puis pourquoi pas plusieurs, qui sonneraient les hymnes nationaux des visiteurs ? Au départ, c'était plutôt une plaisanterie. Mais ils l'ont vraiment fait... Et nous avons donc eu droit à l'hymne belge (:D

Nous sommes ici dans la nef, destinée aux réceptions, mais pas que. Située à côte des chais, elle a aussi des fonctions techniques (embouteillage étiquetage...) Sa toiture est en forme de "coque de bateau inversée" que l'on trouve souvent dans les églises en bord de mer où c'était souvent les même architectes qui concevaient les bâteaux et les bâtiments.

Le cuvier est très éclectique : bois, inox, béton... qui ont chacun leur utilité en fonction des cépages et des millésimes. La nouveauté, ce sont les cuves tronconiques inversées mises au point par Hubert de Boüard et le fabricant Lejeune, qui permettent d'extraire en douceur lors des délestages (on vide la cuve de son moût pour quelques heures avant de le reverser sur le marc).

Tant qu'à rénover, autant refaire aussi le chai à barriques. S'il occupe la même place que l'ancien, celui-ci est plus moderne, avec une climatisation plus performante et moins gourmande, mais aussi une meilleure hygrométrie.


Le patio existait déjà, mais a eu le droit aussi à un coup de neuf...

p8.storage.canalblog...

La nouvelle salle de dégustation

p1.storage.canalblog...

Les deux vins présentés (Didier en arrière-plan)

Bellevue 2007 est un bien joli vin, fin et tendu, avec des tannins soyeux, de la fraîcheur et de la digestibilité. On sent la patte Thienpont/Suire ;-)

Angélus 2007 : allez, je suis déçu en bien. Il est bien beau, cet Angélus, avec une matière plus charnue et sensuelle que le vin précédent sans tomber jamais dans le too much. Il y a vraiment un bel équlibre, avec un boisé discret et des arômes d'évolution qui pointent leur nez. J'avoue : j'aime !

Nous montons juste en haut du plateau pour arriver à Beau-Séjour Bécot. Le vignoble repose sur uniquement sur 30 cm de terre. En dessous, il y a plus de 10 mètres de calcaires à astéries, percé de nombreuses galeries souterraines. Je trouvais intéressant que l'on visite deux types de galeries dans la même journée : les traditionnelles où ne sont stockées que les bouteilles – comme ici – et les modernes qui servent de chai à barriques (comme le voisin Beauséjour hDL).
On retrouve des tronconiques inversées. Cela donne des tannins plus doux, nous explique-t-on.

Le chai d'élevage est assez classique, si ce n'est les quelques grosses barriques du fond, destinées à la vinification intégrale (mais ça représente tout de même un faible pourcentage de l'ensemble.


La carrière aux allures de chapelle

p0.storage.canalblog...

p0.storage.canalblog...

Trésors...

p4.storage.canalblog...

En attente d'être étiquetées...

p5.storage.canalblog...

Bon, on commence à se déshydrater, là...

Nous commençons par le Castillon de Juliette Bécot, Joanin Bécot 2011 : c'est bien mûr, velouté, charnu, gourmand, avec un boisé plutôt discret. C'est déjà bon aujourd'hui et tiendra sans problème une dizaine d'années. Puis nous poursuivons avec le troisième 2007 de la journée (et c'est pas le dernier) : Beau-Séjour Bécot 2007. Plus fin que l'Angélus, plus dense que Bellevue, il est très élégant, avec une matière douce aux tannins fondus. Un début d'évolution lui donne beaucoup de charme : on se régale :-)

Puis nous passons aux choses sérieuses, avec Beau-Séjour 1990, acquis sur place par Ludovic (merci à lui !). Si la robe ne fait pas son âge, son nez dominé par les notes tertiaires (cuir, tabac, humus) le trahit. La bouche, quant à elle, déborde de jeunesse : vive, élancée, très aérienne, elle offre une matière d'une soie délicate que l'on aurait presque peur de déchirer. La finale est longue, expressive, pleine de fraîcheur. Dommage que l'aromatique ne soit pas tout à fait à la hauteur, car on serait face à un grand vin. Il est juste ici très très bon.


Le même, sur la terrasse.

p0.storage.canalblog...

La même terrasse, avec deux Belges qui se remettent de leurs émotions


Nous avons un peu traîné à Beau-Séjour. Du coup, nous sommes un peu à la bourre au restaurant où nous mangeons au lance-pierre. Nous n'arrivons qu'avec un quart d'heure de retard à notre rendez-vous suivant. Mais où est-on ? Indices : mon nom indique que je suis situé sur une ancienne léproserie. Mon vignoble se situe juste en dessous d'Ausone et de Bel Air, et pile en face de Pavie.


Je viens de rénover mon cuvier de fond en comble...

p6.storage.canalblog...

Mon chai souterrain en béton fut le premier de la rive droite...

p4.storage.canalblog...

Je suis... château la Gaffelière !

Et voici notre quatrième 2007 de la journée. Et il s'avère le meilleur de tous : beaucoup de finesse et d'élégance, une belle matière au toucher soyeux, une aromatique complexe. Vraiment très bon.

Commence alors un voyage au coeur de la galaxie Thienpont qui va nous emmener jusqu'à tard dans la nuit. Nous avons d'abord rendez-vous au domaine historique de la famille, acheté il y a presque un siècle, Vieux Château Certan à Pomerol. C'est actuellement Alexandre Thienpont qui le dirige (il fut directeur technique de la Gaffelière dans les années 80), secondé par son fils Guillaume qui nous sert de guide aujourd'hui.

Le vignoble de 14 ha d'un seul tenant est entouré de voisins prestigieux : Petrus, Lafleur, la Conseillante, L'Evangile, Petit Village. Les sols sont d'une part argileux (la fameuse "boutonnière" d'argile bleue de Petrus), d'autre part sablo-graveleux. Sur les premiers poussent principalement du Merlot (60 %) tandis que le Cabernet Franc (30 %) et le Cabernet Sauvignon (10 %) trouve leur bonheur dans les sols plus chauds.

Les vinifications se font en cuves en bois à température relativement élevée (30-32 °) uniquement avec les levures indigènes, puis l'élevage se poursuit en barriques de 18 à 22 mois selon les millésimes.

Nous démarrons avec le 2013, qui est absolument superbe : un fruit d'une rare intensité, une grande tension, des tannins raffinés, un équilibre parfait sensuel et gourmand. Premier coup de coeur !

Puis nous passons au 2004 : waoh, rien que le nez sur la truffe et les fruits noirs est une tuerie. Et en bouche, c'est du taffetas frais et touffu, d'une rare élégance. J'adore ! Deuxième coup de coeur !

Puis Guillaume nous ouvre un 2002 : exit la truffe, bonjour la violette ! La bouche est encore plus délicate, c'est une caresse soyeuse sur le palais d'un raffinement extrême, digne d'un Musigny bourguignon. Je super adore ! Troisième coup de coeur !

Il nous achève avec un 2010 : le nez est magnifique de complexité. Et en bouche, il a l'élégance des vins précédents avec beaucoup plus de densité et de sève. Une méga-tuerie. J'adore ultra +. Quatrième coup de coeur. Guillaume m'a tuer...

Nous allons alors sur l'un des domaines dirigés par Nicolas Thienpont, Beauséjour-héritiers Duffau-Lagarosse, où nous attend David Suire, son directeur technique. L'idée n'est pas de nous faire une visite approfondie, mais plutôt de nous montrer la situation géographique du vignoble, histoire de pouvoir le comparer aux autres domaines que nous verrons ensuite. Signalons au passage que vous avez sur cette photo le vignoble de Berliquet, également géré par Nicolas et son fils, Cyrille (à gauche la butte avec les cyprès très toscans).

Et voici les carrières réaménagées en chai à barriques. Cela permet une maturation plus lente que dans chai classique, avec moins de "consume" (pas besoin d'ouiller).
Bref passage à Larcis-Ducasse, histoire là-aussi de voir à quoi cela ressemble.

p0.storage.canalblog...

Et enfin, arrivée à Pavie-Macquin (avec à droite l'un des fameux chênes)

p7.storage.canalblog...

Le chai d'origine, considérablement agrandi ensuite.

p9.storage.canalblog...

Les cuves ciment, ayant toutes un prénom féminin

p6.storage.canalblog...

Pour démarrer la soirée, une série de 2011 "made by Thienpont"

Puyguéraud (Côtes de Francs, domaine historique de la famille) : joli nez sur les fruits noirs et la fraie, avec une touche mentholée. Bouche longue, tendue, avec une belle matière veloutée. Finale tonique, limite mordante, sur des notes de cassis.

La Prade (Côtes de Francs) : nez plus mûr, presque confit. Bouche plus élégante, bien fraîche, avec une matière dense et douce. Finale sur une mâche savoureuse. Miam !

Alcée (Côtes de Castillon à la frontière de Francs, sols totalement différents, toute petite production) : nez plus discret, mais plus fine et profond. Bouche longue, élancée, avec une très belle matière, soyeuse et onctueuse. Finale très savoureuse. Grande découverte... mais tout est parti en Angleterre sur ce millésime.

Trimoulet (Saint-Emilion, repris par Thienpont dans ce millésime): nez fin, mûr, aérien. Bouche ronde, harmonieuse, avec une belle énergie. Belle mâche finale.

Berliquet (Saint-Emilion GCC) : nez très subtil, dominé par les notes florales. Bouche pure, éclatante, avec des tannins soyeux et un fruit très expressif. Mâche finale super gourmande. J'ai bôôôcoup !

Larcis-Ducasse (Saint-Emilion GCC, 1er GCC depuis 2012) : nez intense, radieux, sur les fruits noirs fraîchement cueillis. Bouche élancée avec une matière douce et sensuelle, tout en restant droite et fraîche. Longue finale persistante. Que du bonheur !

Pavie-Macquin (Saint-Emilion 1er GCC) : nez plus riche sur la crème de fruits noirs, le cèdre, les épices. Bouche ample, riche, suave, avec une matière d'un velours très dense. Finale riche et expressive, très intense. Pffiou, ça déménage. Plus impressionné qu'amoureux.

Beauséjour-hDL (Saint-Emilion 1er GCC) : nez très mûr, solaire. Bouche ample, pure, d'une grande droiture, mais qui se resserre à partir du milieu de bouche et devient trop dure à mon goût. Clairement dans une phase de fermeture. A revoir.


La table de la soirée

p7.storage.canalblog...

Le menu personnalisé

p1.storage.canalblog...

Blandine Giambasi (responsable communication) et Nicolas Thienpont

p1.storage.canalblog...

David Suire

p3.storage.canalblog...

Guillaume et Cyrille Thienpont

p8.storage.canalblog...

Toasts de pain de seigle aux fèves : simple, mais une tuerie !

p0.storage.canalblog...

Tomates cerises au wasabi et .... au parmesan

p2.storage.canalblog...

Cromesquis de foie gras

Avec les différentes mises en bouche, nous avons bu quatre millésimes du blanc de Charmes Godard, une autre propriété des Thienpont.

2011 : nez marqué par le Sauvignon, sur les agrumes et le fruit de la passion. Bouche pure, fraîche, bien équilibrée. Finale presque tannique, persistant sur l'écorce de pomelo.

2012 : nez plus confit. Bouche plus ample, avec une matière plus riche. Finale moins dure, savoureuse, avec une belle amertume.

2010 : nez fin, frais, mentholé et bourgeon de cassis. Bouche pure, intense, tonique, avec une matière généreuse. Très beau.

2013 : nez très floral, mais aussi sur l'agrume confit, les fruits exotiques. Bouche à la fois ample et tendue, avec une matière ciselée, précise. Finale très intense. Superbe.


Le soleil se couche sur Saint-Emilion

p1.storage.canalblog...

Kisméou ?

p6.storage.canalblog...

Ludovic cerné par la famille Thienpont (je suis juste en face)

p8.storage.canalblog...

Velouté de petits pois, mousse de chèvre et pata negra

dégusté avec le dernier vin blanc

p6.storage.canalblog...

Lotte rôtie, carbonara de courgettes

avec


Berliquet 2008 : nez à tomber, fin, floral, complexe, évoquant un parfum de luxe. Bouche douce, élancée, soyeuse, avec une finale savoureuse. Si l'accord avec le poisson semblait improbable, cela fonctionne remarquablement bien.

et Larcis-Ducasse 2006 : nez étonnant sur les fruits confits et le caramel au beurre, les épices. Bouche plus dense, fraîche, avec une matière fruitée et veloutée. Belle mâche finale.
Ris de veau, carottes nouvelles

avec


Larcis Ducasse 2004 : nez fin et complexe, sur les fruits noirs, les épices et une touche de fumée. Bouche tendue, fraîche, avec une matière douce, savoureuse, très gourmande. Grande persistance. J'avais adoré ce vin en 2005. Je l'aime toujours autant.

et Pavie-Macquin 2000 : nez évolué, sur les fruits noirs compotés et la truffe. Bouche ample, très mûre, avec une matière veloutée s'affermissant en finale.
Boeuf grillé, Noirmoutier comme un risotto

avec


Pavie-Macquin 1998 : nez sur le cassis, la truffe et la fumée. Bouche d'une grande densite, avec de la fraîcheur et de la tonicité. Finale très savoureuse, jouissive. L'accord avec le risotto de pomme de terre aux truffes est carrément divin ! Ce plat simple est l'un des plus marquants de mon existence.

et Beauséjour-hDL 2011 : nez sur les fruits noirs très mûrs et la fumée. Bouche ample et mûre, avec une matière dense et veloutée. Se goûte beaucoup mieux que l'autre bouteille. Est-ce vraiment une phase de fermeture ou un problème de bouchon ?


Tomme de brebis et gelée à la cerise

avec


Vieux Château Certan 2006 (magnum) : nez fin, légèrement truffé et épicé. Bouche ample, douce, soyeuse, avec de la tension et de la fraîcheur. Longue finale, sans dureté. 2006 me semble plus un peu plus solaire que 2002 et 2004 bus dans l'après-midi.
Juste avant le dessert, bus pour eux-mêmes :

Beauséjour-hDL 1988 : nez superbe, très complexe, toujours sur les fruits rouges et noirs, des arômes tertiaires et une touche mentholée. Bouche droite, fraîche, élégante, d'une grande jeunesse. Finale longue et tonique sur le tabac et les épices. Grand vin.

et Larcis-Ducasse 1959 : nez rien moins que sublime, fin et d'une complexité folle, dominé par les notes empyreumatiques (moka, entre autres). Bouche intense, séveuse, à la matière soyeuse, caressante. Finale interminable. Juste énorme.


Cheesecake au cassis, framboises et gariguettes

p5.storage.canalblog...

La tablée

p7.storage.canalblog...

Nicolas a encore soif. On ouvre deux dernières bouteilles...


George 2003 (100 % Malbec de Puyguéraud) : nez bien mûr. Bouche douce, riche, intense, épicée, aux tannins denses mais bien fondus. Finale un peu chaude.

Pavie-Macquin 2009 (non photographiée): nez super concentré, riche. Bouche charnue, intense, d'une grande puissance, avec une looongue finale.


Nicolas et le chef Jean-Baptiste Depons, longuement applaudi.

Merci à la Thienpont team pour cette soirée exceptionnelle !

Eric
Mon blog
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: GAET
04 Mai 2014 14:13 #6

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 3117
  • Remerciements reçus 6
Merci pour ces reportages impressionnants! (tu)

Didier
04 Mai 2014 14:18 #7

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Voilà, c'est déjà la dernière journée bordelaise avec mon groupe d'amis belges. Vu les visites et repas exceptionnels de la veille et de l'avant-veille, on pouvait se demander s'il était encore possible de faire mieux. Ne risquait-on pas de trop redescendre sur terre ? Eh bien, même pas. Il y eut vraiment des moments magnifiques dans cette journée, qui surpassèrent même tout le reste.

Les amateurs de Bordeaux auront reconnu les lieux. Cette sixième journée commence dans l'un des plus chais de Saint-Emilion : celui de Cheval Blanc. Dessiné par Christian de Porzamparc, ll a la beauté simple d'un église cistercienne, laissant une belle place à la lumière naturelle. Les cuves en béton, évoquant les flacons de parfums, ont des volumes adaptés aux différentes parcelles du domaine afin de les vinifiers séparément. Elle sont bien sûr thermorégulées, mais aucun tuyau n'est apparent : tout est caché dans la masse du béton.

Parmi les visiteurs du jour, un certain Jean-Claude Bérouet, vinificateur durant 40 ans du presque voisin Petrus. Non ce n'est pas lorsqu'il a appris que nous venions qu'il s'est décidé à nous rejoindre. En fait, des siens amis souhaitaient visiter Cheval blanc. Et comme madame Bérouet ne l'avait pas encore vu, c'était l'occaze.

Je sais pas ce que vous en pensez, mais pour moi, ce sont les plus beaux dessus de cuve que je n'ai jamais vus. Et non, ils ne sont pas flambant neufs. Ils ont déjà servi durant quatre millésimes.

Le très beau chai à barriques, avec les murs façon moucharabieh masquant le système sophistiqué de régulation de température et d'hygrométrie.


Allez, j'en prends une, discrètement...

p7.storage.canalblog...

La salle de dégustation

p5.storage.canalblog...

Zénitude...


La présence de Jean-Claude Bérouet m'aurait laissé croire que la maison nous ferait une verticale remontant jusqu'au mythique 1947. Faut croire que ça ne les émeut pas plus que ça, puisque nous n'eûmes droit qu'au Cheval blanc 2006. Pour en lire tout le bien que j'en pense, vous pouvez aller ICI . Car là, il ne se goûtait pas vraiment bien. C'était bon, hein, mais vraiment pas au niveau. Même notre guide dût l'admettre (mais elle n'est pas allé chercher une autre bouteille, la bougresse). Pour elle, c'était dû au changement de pression atmosphérique. Comme quoi, l'argument ne sert pas qu'aux vignerons nature ;-)


Kestenpense, Jean-Claude ?

p5.storage.canalblog...

'tain, c'est beau, quand même !

p5.storage.canalblog...

Le toit du chai, dit "la colline inspirée".

p5.storage.canalblog...

Vue sur (de g. à d.) la Conseillante, l'Evangile et Petrus

p3.storage.canalblog...

Mes 8 belges préférés :-)


Nous nous déplacons de quelques centaines de mètres pour nous restaurer au château la Dominique. Ici, c'est Jean Nouvel qui a dessiné le chai. Le propriétaire Jean-Claude Fayat, entrepreneur de travaux publics, avait déjà collaboré avec lui pour le Musée des arts premiers. Pour le revêtement extérieur couleur "Bordeaux", Jean Nouvel s'est inspiré des miroirs inversés d'Amish Kapoor.


Belle montée d'escalier

p9.storage.canalblog...

Splendide panorama

p0.storage.canalblog...

Vue sur Cheval blanc


L'idée de faire ici un restaurant était osée, car nous ne sommes pas dans la zone touristique de Saint-Emilion. Je ne sais pas si le pari est gagné, mais vingt minutes après notre arrivée, c'était bondé ! Tout ce que nous avons mangé ici était de qualité, et à un prix tout à fait correct (le lieu est géré par l'expérimentée Brasserie bordelaise).

Encore un saut de puce, et nous voilà pile en face de la Dominique, mais dans une autre appellation. Bienvenue à Pomerol au château la Conseillante. Le vignoble de 12 ha d'un seul tenant n'a pas varié depuis 1871, année de l'achat de la propriété par Louis Nicolas. Ce sont ses descendants aujourd'hui (5ème génération) qui dirigent le domaine avec l'aide de Jean-Michel Laporte.

Un peu comme au Vieux Château Certan, les sols argileux sont dédiés au Merlot (80 %) tandis que les graves accueillent le Cabernet Franc (20 %). Et non, pas de Cabernet Sauvignon ici...

Le cuvier vient d'être refait. 22 cuves de béton plus petites qu'auparavant, et plus larges que hautes pour une plus grand surface d'échange entre moût et marc. La vendange est amené dans les cuves avec des tapis convoyeurs. Les trappes sont larges pour faciliter les remontages. Cette pièce est aussi dédiée aux réceptions hors période de vinification.
L'attention au moindre détail


Le chai à barrriques est, lui, inchangé.

p3.storage.canalblog...

Chic, on avait soif !...


Nous avons dégusté d'abord le 2013. Très bon, avec beaucoup de fruit et de finesse, mais pas au niveau de Vieux Certan bu hier. Puis nous sommes (de mémoire, car pas pris de note) passés au 2012. Très bon, mais là aussi, pas de grand choc. C'est là que je commence à me demander si nos papilles ne seraient pas fatiguées... En fait, non.

Avant-dernière étape de notre magic tour : les yeux affutés auront reconnu à cette taille en cordon très basse le seul domaine qui la pratique ainsi à Saint-Émilion : Tertre-Toteboeuf.

Il est en forme, l'ami François Mitjavile. À peine arrivés, nos Belges ont droit à : "heureux de voir des amateurs ! Ils ont une curiosité et une ouverture d'esprit que les professionnels ont souvent perdus." Et de les décourager à poursuivre les cours d'oenologie qui vont les formater.

Nous avons droit à une petite conférence sur la terrasse dominant le vignoble, où François déconstruit méthodiquement tout ce qui a été expliqué cette semaine à notre petite bande. Classements, sélections parcellaires, vinifications, élevages, primeurs... Ici, tout est vendangé le même jour (Cabernet Franc comme Merlot), vinifié en cuve béton à température élevée, tout est assemblé sans sélection, presses comprises, puis élevé dans un seul type de barrique d'un unique tonnelier : la Blend de Radoux. Les températures du chai à barriques sont également élevées : 20 ° en hiver, 25-30 °en été. Un élevage de 18 mois équivalent à trois ans, d'après François.

L'idée est de ne surtout pas préserver le fruit d'origine, mais d'obtenir déjà un bouquet complexe en fin d'élévage. "Le faire vérer", comme il dit. Bref, une vision qui va totalement à l'encontre de l'oenologie moderne. J'ai senti certains de mes amis un peu perplexes face à ce discours si différent. À quoi allaient pouvoir ressembler ces vins produits autrement ?

Une première réponse est donnée avec le Domaine de Cambes 2013 (les parcelles déclassées en Bordeaux de Roc de Cambes) : le plus beau nez qu'il nous ait été donné de déguster sur ce millésime. On dirait un parfum "haute-couture". Mûr, suave, floral, au boisé exotique. Magnifique. Et la bouche ne démérite pas : fine, fraîche, au fruit intense et au toucher sensuel. La baffe dès le "petit Bordeaux de base".

On continue avec Tertre Roteboeuf 2013 prélevé directement à la barrique. Eh bien, c'est notre vin précédent puissance 3 ou 4. Un nez de folie, et une bouche déjà très complexe pour un si jeune vin. On sent une très grande maturité, et en même temps, c'est d'une fraîcheur et une vivacité incroyable. THE équilibre.

Il nous achève avec le Tertre Roteboeuf 2012, toujours en barrique. On sent l'année d'élevage en plus : le vin a effecivement "véré". On a déjà un très grand bouquet comme on peut l'avoir sur un vin d'une dizaine d'années, tout en ayant encore la fougue de la jeunesse. Un grand vin.

Allez, le Tertre Roteboeuf 1993 pour finir. Le nez, truffé et sous-bois, fait son âge. Par contre, la bouche, nondidiou, est d'une jeunesse insolente, avec une vivacité et un fruit incroyables, se concluant sur une finale très fraîche, nous permettant de croire que ce vin peut encore tenir au moins une décennie.

Nous avons ensuite deux heures de battement avant le repas du soir. Je me repose un peu dans ma chambre située dans les bâtiments en bas de cette pente (fô trouver le domaine, rien à gagner si ce n'est mon estime), avant d'attaquer l'ascension pour rejoindre le lieu de nos dernières festivités (snif).


Oui, c'est là-bas que ça se passe : à Troplong-Mondot, qui fait chambres et table d'hôtes.

p9.storage.canalblog...

Qui dit Mondot, dit aussi Mondotte...

p7.storage.canalblog...

Nous y voilà :)

p0.storage.canalblog...

J'y retrouve mes huit belges avec bonheur autour d'une bouteille de champagne rosé...

p9.storage.canalblog...

et des mises en bouche (dont une version différente d'hier du cromesquis de foie gras)

p3.storage.canalblog...

La pizza soufflée façon Jean-François Piège

p7.storage.canalblog...

Le menu

p8.storage.canalblog...

La salle, digne d'un grand restaurant

p0.storage.canalblog...

Notre tablée

p3.storage.canalblog...

Un premier plat non prévu au programme...

p8.storage.canalblog...

du poisson finement fumé, des "pickles" délicieux, un oeuf parfait, une sauce extra. Excellent début !

p3.storage.canalblog...

Filet de vive fumé par nos soins, asperges blanches des Landes glacées au bouillon,

Hollandaise légère au yuzu et quelques herbes


Les photos ont du mal à rendre la beauté de ce plat, sans parler du goût. C'est tout simplement magique. Le poisson est génial, la sauce à mourir, et les asperges coupées en fine julienne une superbe idée. Avec un vin à la hauteur, on aurait pu atteindre des sommet (le blanc que nous avons choisi sur la carte m'a laissé sur ma faim).

Dans la série "les 2007 se goûtent super bien en ce moment", ce Troplong-Mondot 2007 est peut-être le vainqueur final, juste au-dessus de la Gaffelière, dans un style plus dense, mais pas dénué d'élégance.


Agneau de lait des Pyrénées rôti en tournedos, condiment poivron-gingembre,

Asperge verte au lard Colonatta et jus de viande

Comme cela, cela parait assez simple, mais c'est une tuerie absolue. Le condiment au poivron t'explose en bouche, la viande a une tendreté divine, le jus de viande est diabolique, et le sommet est atteint par le petit tas informe situé à droite, fait apparemment des abats de la bête : c'est d'une puissance gustative impressionnante, et c'est surtout hypra-bon. Tout simplement l'une des meilleures choses mangées de mon existence. L'accord avec le Troplong est juste parfait. J'exulte.
Avec les fromages, on passe au 1999. J'aime beaucoup moins.

Le sommet dans cette assiette est atteint avec la Scamorza, appelée aussi "couille du pape", une sorte de mozarella plus dense, fumée et légèrement séchée. Une belle découverte (j'en avais mangé de l'industrielle, c'était nettement moins bon).


Crémeux chocolat Guanaja 70 % et fruits de la passion en crème brûlée,

Tuiles chocolat, mousse légère coco et spoom agrumes

C'est pas un scoop que agrumes et chocolat se marient très bien, le fruit de la passion aussi, mais là aussi, on atteint de sommets. Les desserts sont souvent le point faible des restaurants. Pas ici. Je vis encore un moment magique, et je pleure lorsque j'entâme ma dernière bouchée de crème brûlée. Trop déchirant. Le "spoom agrume" marqué par le pomelo, apporte une super fraîcheur à l'ensemble. Vraiment génial.

Ce n'est pas le plus réputé des Sauternes, mais le millésime 2001 fait des merveilles. Ce Sigalas Rabaud est un régal, liquoreux mais très frais, avec des notes d'oranges confites, de safran et de truffe. L'accord avec le plat se fait à merveille.


Les friandises (dont des crocos à base de vin de Troplong...)

Même si les lumières sont très tamisées, voyons cette image comme le bouquet final de cette semaine. Le vrai, je ne l'ai pas pris en photo, car il faisait encore plus sombre sur ce parking de Troplong-Mondot. Huit belges qui entâment en choeur "Ce n'est qu'un au revoir", je peux vous dire que c'est autre chose que la Brabançonne carillonnée à l'Angélus. J'en ai encore la larme à l'oeil, quand j'y repense. Je vous passe les embrassades émues, les promesses de libations prochaines... et surtout la descente dans le noir vers Larcis Ducasse (m... je l'ai dit) ma chambre pour une nuit de repos bien méritée :)

Eric
Mon blog
Les utilisateur(s) suivant ont remercié: GAET
04 Mai 2014 14:51 #8

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 9194
  • Remerciements reçus 1018
Bravo Eric ! Voilà une semaine qui redonne une envie de Bordeaux .:)
04 Mai 2014 15:04 #9

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2953
  • Remerciements reçus 4

Réponse de arnaudm sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

(tu)(tu)(tu)
:)-D

"Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur ". O.Wilde
04 Mai 2014 15:06 #10

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 3440
  • Remerciements reçus 1648
Magnifique reportage en effet! :)

julien
04 Mai 2014 15:08 #11

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 2347
  • Remerciements reçus 3094

Réponse de sideway sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Quels qualificatifs employer ? Je trouve pas ...

Bravo ! (tu)

Frèdè
04 Mai 2014 15:44 #12

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Very good !!
Et quel boulot (plaisir) ...(tu)
Au sujet des vins de Mr Delon, en te lisant, une lueur vient de me traverser l esprit tout d un coup, comme une évidence, est ce que ils ont une seul fois fait un mauvais vin ....
J aime beaucoup leurs vins, et je n en ai jamais bu un seul de mauvais !
sans être un grand spécialiste, je pense qu il s agit d un des rares domaines dont la production depuis des décennies est sans faille, presque une référence, une garantie estampillée "sans déception" !
et si Leoville 2013 pouvait sortir a un prix acceptable (quoique ce n est pas le plus cher de la région) je pense que je me laisserai bien tenter !B)
04 Mai 2014 16:57 #13

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 466
  • Remerciements reçus 2

Réponse de Vinophile sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Effectivement je me suis laissé embarquer aussi. Très beau reportage en effet, avec un temps magnifique qui n'a rien dû gâcher j'imagine.

François
04 Mai 2014 17:24 #14

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Oui, on a du bol, question temps, alors que souvent la "semaine sainte" n'est pas terrible ;)

Je n'ai pas fait trop technique, pour une fois. C'était déjà assez long à rédiger comme ça. Pour ceux qui veulent en savoir plus, il y a des livres très bien faits sur le sujet (:D

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 17:30 #15

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Merci pour vos retours, of course (tu)

Ols, Léoville Las Cases est sorti à 89 € (prix chez Millésima), ce qui ne me parait pas abusif au vu de la qualité. Je ne serais pas loin de me laisser tenter aussi, car je ne sais pas si on le trouvera après à ce prix.

Je crois que je vais voir aussi du côté de Mitjavile ce que je peux commander...

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 17:37 #16

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Eric B écrivait:
> Merci pour vos retours, of course (tu)
>
> Ols, Léoville Las Cases est sorti à 89 € (prix
> chez Millésima), ce qui ne me parait pas abusif au
> vu de la qualité. Je ne serais pas loin de me
> laisser tenter aussi, car je ne sais pas si on le
> trouvera après à ce prix.
>
> Je crois que je vais voir aussi du côté de
> Mitjavile ce que je peux commander...

89€, c est raisonnable c est en primeur je présume ?
04 Mai 2014 17:39 #17

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

89€, c est raisonnable c est en primeur je présume ?

oui, c'est HT, hélas 8-)

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 17:47 #18

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Hélas ... je me disais aussi :(
Bahhh, au diable le prix si la qualité reste !(:D je vais me concerter avec mon " banquier" ;)
04 Mai 2014 17:58 #19

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6368
  • Remerciements reçus 12558

Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Impressionnant Éric !
Superbe compte rendu d'ambiance. :)
Moi qui ne suis pas spécialement bordeauphile, ça me ferait virer ma cuti !
Oufti, di dju ! B)

(tu)

Olivier
04 Mai 2014 17:58 #20

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Olivier Mottard écrivait:
> Impressionnant Éric !
> Superbe compte rendu d'ambiance. :)
> Moi qui ne suis pas spécialement
> bordeauphile, ça me ferait virer ma cuti !
> Oufti, di dju ! B)
>
> (tu)
>
> Olivier

A mon avis il vient de se découvrir une âme de "missionnaire" :D
04 Mai 2014 18:00 #21

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1565
  • Remerciements reçus 60

Réponse de crossbow sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Superbe, belles photos, description et présentation au top (tu)
Les pomerol m'ont attirés, m'attirent et c'est pas ce beau CR qui me fera les oubliés
04 Mai 2014 18:06 #22

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6368
  • Remerciements reçus 12558

Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

A mon avis il vient de se découvrir une âme de "missionnaire" :D

C'est vrai, je pourrais encore me faire baptiser. :P

Olivier
04 Mai 2014 18:09 #23

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

C est di-vin !!
04 Mai 2014 18:11 #24

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Je précise que j'ai organisé ce séjour de façon entièrement bénévole, et que j'ai payé mes divers repas aux restaurants comme tout le monde (par contre, j'étais logé "chez l'habitant", c'est vrai). Mon seul cadeau est la dernière soirée à Troplong pour services rendus ;)

Dans les châteaux visités, il n'y en a que deux où l'accès est réservé normalement aux professionnels : Las Cases et Cheval blanc. Les autres sont accessibles aux particuliers en s'y prenant à l'avance.

C'est pas pour vous inciter à y aller absolument, mais les compte-rendus sont beaucoup plus jolis sur le blog (tu)

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 18:18 #25

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 4275
  • Remerciements reçus 72

Réponse de o_g sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Epoustouflant, merci Eric !!

O.
04 Mai 2014 18:21 #26

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 5070
  • Remerciements reçus 324

Réponse de ols sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Tu n as pas a te justifier, et si certains proprios t invite de bonne grace c est tant mieux pour toi !
En tout cas ce CR de LPV est déjà très étoffé, alors sur ton blog je crois pour le lire il va falloir que je prenne des vivres et une bonne bouteille pour tenir jusqu a la fin B)-
04 Mai 2014 18:27 #27

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Eric B
  • Portrait de Eric B Auteur du sujet
  • Hors Ligne
  • Utilisateur
  • Enregistré
  • Messages : 20634
  • Remerciements reçus 7691

Réponse de Eric B sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

En tout cas ce CR de LPV est déjà très étoffé, alors sur ton blog je crois pour le lire il va falloir que je prenne des vivres et une bonne bouteille pour tenir jusqu a la fin

Il n'est pas plus étoffé sur le blog, mais les photos sont plus grandes sans avoir besoin de cliquer dessus.

Eric
Mon blog
04 Mai 2014 18:30 #28

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 1392
  • Remerciements reçus 3

Réponse de guillaumeflesch sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

Eric, c'est le plus beau reportage qu'il m'ait été donné de lire sur LPV. Au top ! Merci ! (tu):)-D
04 Mai 2014 18:32 #29

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

  • Messages : 6368
  • Remerciements reçus 12558

Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Re: Une semaine dans le Bordelais

C'est pas pour vous inciter à y aller absolument, mais les compte-rendus sont beaucoup plus jolis sur le blog (tu)

Hum, et les photos des plats, pfiouuuuu ! ... Fichtre, j'ai les crocs [size=x-small](enfin, déjà même avant les comptes-rendus du Bordelais)[/size] :)o :P

Olivier
04 Mai 2014 18:33 #30

Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.

Modérateurs: GildasPBAESMartinezCédric42120Vougeotjean-luc javauxstarbuck