Bertrand Le Guern a dit à propos de Montrose 2002:
" Nidal,"
" Tu devrais le goûter rapidement et donner ton avis avant que nous publions les résultats de notre dégustation de Bordeaux 2002 effectuée hier."
" Ce qui serait intéressant, c'est que tu publies ton avis avant nous, pour confronter nos avis, tu serais le septième juré... Tu as jusqu'à demain, le temps que je saisisse toutes les données. "
Fin de citation.
Ne pouvant pas refuser une invitation, que dis-je, une honneur pareille, je me suis incliné !!!!
Ça démarre bien la semaine !!!
Le seul problème comme je le disais ce matin, c’est que, du Saint-Estèphe, avec de la choucroute, plat que j’avais prévu de servir ce soir à ma petite famille…ce n’est pas vraiment étudié pour !!!
Je décide donc de laisser la choucroute à ma femme et au gosse. Pour moi, je fus contraint d’improviser un petit plat circonstancier : Un modeste filet de bœuf, façon Rossini, avec du foie gras poêlée, 2 ou 3 cèpes avec des petits oignons grossièrement hachées et quelques petites pommes de terre rissolées au beurre fermier à la fleur de sel de Guérande…
N.B. : Il ne faut pas prendre, à la lettre, tout ce que je dis…………...
Ils avaient l’air fin, ma femme et le gosse avec leurs saucisses de Frankfort, rose bonbon, et leurs choppes de bière…..avec la mousse, ça leur faisait une moustaches à cheque gorgée….
Montrose 2002
Je délivre le vin à 18 heures et je le mets à l’aise dans son écrin de verre en me servant une petite quantité dans un verre Riedel « Bordeaux Grand Cru ».
A ce moment, un petit nuage chargé de fragrance de fruits rouges, de rose, de beurre, de caramel et de moka fait le tour de la pièce.
Belle transition pour parler du nez, mais avant, il y a l’œil.
- L’œil : Robe rouge pourpre dense, reflets violines, bord de disque rubis/violine, selon la lumière. Brillant avec de la matière combinant richesse et densité.
- Le nez : nous voilà. Forte intensité, long, raffiné, élégant, aromatique, ample, fumé.
Des fruits mûrs, du frésia, mais aussi de la rose rouge très odorante (oui, de la rose !). Ensuite, Niniches (bonbons au caramel et au beurre salé), Babas au Rhum très odorant, caramel encore, Moka….
C’est très, très raffiné, ça promet !
L’analyse de l’œil et du nez m’a tellement subjugué que je m’y suis longuement attardé sans trop chercher à goûter le vin.
- La Bouche : ...................
Pas encore, il faut que je renifle quelques minutes encore ce nectar. Je ressens un nez sucré….( Je viens de faire un raccourci, peut être un grand écart !....mais je le ressens vraiment, alors tant pis, je le dis.)
La Bouche : Ah…je quitte un instant mon nuage embaumant pour redescendre quelques minutes sur la terre ferme. Je suis perplexe, je cherche mes repères. Je descends chercher les Carnets de dégustations de J.M. Quarin pour le millésime 2002 en fin d’élevage. Je ne trouve pas pareil que le maître. Si, sauf pour les performances aromatiques. Le reste pas du tout ; Bouche large, généreuse, pulpeuse,…il se met à fondre….etc.
Je remonte, cette fois-ci, chercher le commentaire de R.Parker. Je sais, je ne devrais pas le faire. Ce CR doit refléter mon expérience perso. Je m’en fous.
Ah ben voilà …..Le gourou, il pense comme moi….ou plutôt …je pense comme lui !
" Only 56% of the production made it into Montrose, a blend of 62% Cabernet Sauvignon, 32% Merlot, 4% Cabernet Franc, and 2% Petit Verdot. The color is a saturated ruby/purple, but the wine was revealing a monolithic personality, with a slightly pinched, hard, tannic finish. There are complex aromas as well as a sweet attack, but the sinewy aftertaste and abrupt, tannic finish may keep this 2002 from meriting an outstanding score. Anticipated maturity: 2010-2020 "
Apogée : 2010-2020
Et en plus je n’ai même pas besoin de finir mon CR. Robert le fait à ma place (sympa de ta part Robert !)
En fait c’est ça, quitte à décevoir certains, je dois déclarer que la bouche ne suit pas le nez.
Il y a d’abords, une certaine dureté. C’est très frais mais tannique (je comprends mieux pourquoi Quarin le comparait aux Saint-Julien pour sa puissance et sa rigidité.). Ca piquotte !
Le milieu de bouche est puissant, bon, raffiné mais il y a toujours ces tanins astringents, anguleux donnant une sensation de goût métallique.
Evaluation finale : Fin de bouche courte,astringente, chaude, immature. Le vin est encore jeune. Il pourrait évoluer favorablement.
Voilà. Il faut que j’aille manger maintenant.
Nidal
Ah, j’ai oublié de parler de l’accord musical.
A défaut de manger.( C’et très prenant un CR en direct et au pied levé ), j’écoutais de la musique japonaise :
Musique citadine de l’ère Edo (1603-1868) – Ensemble Hijiri-Kaï
Collection OCORA – Radio France
Si vous vous rappelez du film « l’Empire du Sens »….c’est ça.