Préambule dont l’étude est indispensable avant lecture du reste…
Tu es un adepte des vins 100% bios et natures ?
Tu détestes les vins techniquement irréprochables, concentrés, boisés ? et qui peuvent vieillir (sans tuer ton chien ! ) 50 ans ?
Le cabernet sauvignon te fait horreur, d’ailleurs tu ignorais jusqu'à ce que Steiner te le dise qu’on pouvait faire du vin avec du poivron.
Tu abhorres encore plus le Bordeaux, tu vomis sur les crus classés ?
Alors inscrits-toi vite à notre club, new LPV Paris, et nous tenterons de te désenvouter grâce à d’ancestrales techniques (telluriques et évidemment cosmiques) uniquement connues d’un petit cercle d’initiés dont tu seras (peut-être) digne un jour de faire partie.
Ensuite, lis ceci, résumé de notre amicale mensuelle ayant comme thème : PAUILLAC. Si tu n’es pas encore évanoui, tu peux encore être sauvé. La force est certes faible, mais elle est en toi.
Le mois dernier, nous sommes quelques-uns à proposer une soirée Bordeaux afin de voir un peu la réaction des autres membres. Curieusement elle est plutôt bonne et nous choisissons l’AOC PAUILLAC pour centrer les débats et voir un peu ce qui s’y passe.
La dégustation se déroule à l’aveugle pour l’ensemble des participants qui ne connaissent que leur propre apport, sauf en ce qui me concerne puisque je suis l’ordonnateur principal ce soir là…J’espère être le plus objectif possible, je lirai avec grand intérêt les commentaires qui suivront les miens
NB : La salle dans laquelle nous officions est assez sombre et l’éclairage peu favorable à l étude des robes, j’y passe donc assez vite pour l’ensemble des vins qui paraissent très foncés dans l’ensemble.
VINS 1 et 2
Les deux vins sont assez foncés. Peu de différence. V2 parait un peu plus trouble, plus dense.
V1 a un nez très axé sur le cassis, un boisé présent mais discret, bien géré. Bouche bien construite, mais encore des tanins virils qui doivent s’amadouer un peu. Note de tabac sur la finale. Vin correct mais un peu rustique par rapport à V2
V2 au nez comme en bouche présente une très jolie concentration, c’est son gros point fort. La structure du vin est idéale, avec une matière très présente mais doucement extraite. Belle longueur en finale avec une touche un peu mentholée, rafraichissante. Le vin est encore jeune, il doit vieillir mais le potentiel me semble excellent.
V1 :
Armailhac 2004
V2 :
Pontet Canet 2004[/b]
Belle série pour un démarrage ! Pontet Canet 2004 est très impressionnant je dois le dire. La grande majorité des dégustateurs ont pensé que les deux vins étaient plus jeunes.
VINS N° 3 et 4
Je présente cette série en précisant qu’elle présente un double piège , mais dont un très difficile à trouver.
V3 (en magnum) est un vin riche au nez, avec des belles nuances florales. La bouche est bien construite, avec des tannins qui commencent à s’arrondir. Belle finale assez complexe, avec encore beaucoup de fruits noirs, mais qui commence à se complexifier. J’aime beaucoup.
V4 est très convaincant lui aussi dans le verre : Concentré, riche il n’est pas venu faire de la figuration. Il délivre avec conviction un message puissant et direct de cassis souligné par un élevage présent mais discret. C’est clairement trop jeune, mais tres très bon.
Vin N°3 : Sociando Mallet 2004
VIN N° 4 : Pontet Canet 2004 !
Les deux vins sont dans l’ensemble fort appréciés. Personne n’a identifié le Sociando comme non-classé ou non Pauillac. Alors pour les ceussent qui prétendent reconnaître facilement S-M car « pas typique et surtout « chiant à boire » (je résume mais en gros c’est tout à fait ça..), merci de faire le point à l’aveugle, et on en reparle plus tard les mythos...
Seul Cedric, bien avisé laisse entendre que V4 lui semble avoir un cousinage évident avec V2 !
VINS N° 5 et 6
V5 est de robe foncée, et si le nez est selon certains un peu timide au départ, il développe à l’aération un superbe bouquet de tabac d’épices que confirme un fonds de verre superbe !
Très équilibré, il est de bonne corpulence et les tannins commencent à se fondre harmonieusement.
Très belle longueur en bouche, mon préféré à ce stade. De très grands noms sont cités..mais personne ne trouve le millésime d’ailleurs.
V6 est plus riche, plus solaire et aussi concentré mais délivre un message plus simple, moins complexe que le précèdent. L ’alcool est plus présent est on s’oriente assez rapidement vers un 2005 ou un 2003 comme millésime.
Vin N° 5 : Duhart-Milon 2000
VIN N° 6 Clerc-Milon 2003
Il me semble que Duhart Milon est à ce stade supérieur, mais que le Clerc-Milon , encore jeune, doit progresser avec l’âge.
Anecdote sur DM 2000 : j’ai un ami qui en avait en cave, acheté à l’époque 20 ou 25 Euros. Cette bouteille a fait l’objet d’une spéculation Chinoise incroyable il y a quelques années, comme le grand frère Lafite. Il les a revendues plus de 200 je crois !
VINS N° 7 et 8
Les deux vins sont visuellement plus évolués que ceux des séries précédentes, avec des franges de disques oranges, même si les robes demeurent très foncées dois-je ajouter.
V7 affiche un bouquet très concentré de fumée, de fruits noirs mais aussi d’épices très puissant. La bouche est de très grande carrure, avec des tanins juteux mais bien extraits. Finale de grande complexité, nous commençons a faire dans le très haut de gamme à maturité je pense (je précise qu’il s’agit de mon apport toutefois pour être honnête).
V8 est aussi un très bel échantillon, et à ma grande surprise se tient très bien face à V7 !! (ah le saligaud !). Moins puissant, il compense ce point par une finesse de (très ) bonne facture, avec un message harmonieux à base de fumée, de fruits noirs et un je ne sais quoi de très terrien , mais vraiment bien foutu !!
VIN N° 7 : Pontet- Canet 1995
VIN N° 8 : Duhart Milon 1995
Deux vins de très bonne tenue. J’ai été assez surpris du Duhart- Milon car le ne lui donnais pas une chance face à Pontet Canet. Il se défend très bien, même si un chouilla de structure en plus ne lui aurait pas nui.
VINS 9 et 10
Les deux vins sont assez similaires, les robes sont un peu brunies sur les bords, mais restent opaques, foncées.
V9 est un véritable régal au nez, d’une complexité que seuls les grands vins à parfaite maturité peuvent apporter : on a toujours du fruits noirs, mais des touches complexes d’épices, de vanille, de fumée.
L’attaque en bouche est encore franche, le vin est riche et « gras », avec une structure tannique exemplaire.
Longue finale complexe et changeante. Très très beau. A la hauteur de son rang.
V10 est également de toute beauté, avec les mêmes critères d’ailleurs. Je connais très bien ce vin et il a toujours été excellentissime, même jeune.
Il a un bouquet devenue d’une très grande complexité, mais il reste du fruit, il ne me semble pas avoir noté de parfums franchement tertiaires.
Bouche fabuleuse par son équilibre entre la puissance et la douceur, ce qui est l’apanage des très grandes bouteilles on en conviendra bien.
Vin N° 9 : Pichon Longueville Baron 1986
Vin N° 10 Lynch Bages 1990
Deux bouteilles assez fascinantes je crois. Que peut-on reprocher à Bordeaux en buvant de tels élixirs, si l’on est de bonne foi ???
Nous avons été trahi par un
Grand Puy Lacoste 1978 bouchonné
VIN 11
Évidemment avec Vivien, un repas sans liquoreux n’est pas vraiment fini donc dernier passage en rase-motte du terrain (mais en vol sur le dos..) avec deux demi-bouteilles de liquoreux « surprises » et surtout assez piégeuses..
Le vin est assez clair de robe (jaune assez soutenu mais pas du tout paille/or).
Le nez est assez distingué, sur le miel, une touche d’agrume. Je ne perçois pas par contre de grand botrytis, ce que confirme une bouche bien équilibrée, assez légère et plus passerillée que rôtie.
La finale est fraiche, rafraichissante, le vin se montre à l’aise avec le dessert.
Nous pensons à un Barsac bien jeune, d’un millésime sans trop de botrytis (2014 ?)
Ce vin est une rareté, et d’ailleurs non commercialisé. C’est un «
Sauternes » non millésimé, produit par Yquem, et cédé au personnel de l’exploitation pour un prix modique.
C’est une bouteille de bonne qualité, mais ne pas confondre avec Yquem c’est absolument certain. J’aimerai le regouter sur un assemblage de bons millésimes de liquoreux, la musique doit changer c’est certain.
En conclusion, une fort belle soirée que ce thème Pauillac ! Il est vrai que la plus jeune des bouteilles goûtées ce soir là avait déjà 14 ans au compteur, et que la moralité de l’histoire est quand même bien connue : Bordeaux en grand millésime c’est 20 ans minimum, avec réellement un plateau 25-35 ans au top .
Ensuite c’est affaire de gout personnel j’en conviens .
En second lieu, on n’est pas obligé de boire un premier grand cru pour tutoyer les sommets, certains flacons bus l’ont montré surtout Lynch Bages et Pichon Baron pour des crus âgés. Et pour les plus jeunes, je suis quasiment certain qu’une horizontale de 2004 à l’aveugle avec Pontet Canet verrait de grandes surprises..(je peux citer d’autre noms que Pontet Canet d’ailleurs).
YR
NB pour Vivien et Vaudésir ; demain j'enlève le bas et je mets des photos.J'ai un vrai boulot dans la vie moi..