Ce château du Haut-Médoc fait souvent l’objet de débats, tantôt encensé, tantôt décrié. Lorsque l’ami Claude nous convie à une verticale sur 12 millésimes (choisis parmi une petite vingtaine qu’il détient dans sa cave), nous sommes bien entendu partants, avec joie !
L’encépagement varie peu suivant les années, avec toujours une forte proportion de merlot (environ 40 %). Ouvertes quelques heures auparavant mais non épaulées, les bouteilles ont été carafées juste avant service.
Galettes de pomme de terre et gougères
En before, un Champagne :
Billecart Salmon – Cuvée Nicolas François Billecart – 1999 (en magnum)
Un assemblage 50 % pinot noir et 50 % chardonnay
La robe est d’un or pale et montre un superbe train de bulles très fines et généreuses.
Le nez est assez ouvert, au grillé dominant mais aussi de fleurs blanches, puis les fruits blancs apparaissent à l’aération.
La bouche est très tendue (le dosage serait-il très faible ?) et puissante à la fois. La longue finale présente de jolis amers salins.
Très Bien ++
Les Sociando-Mallet sont ensuite proposés par paires, étiquettes découvertes et dans un ordre qui va des plus jeunes aux plus anciens. Accompagnés par les petits plats de Solange, c’est un régal qui se prolongera plus de cinq heures… Mais cela a passé tellement vite, dans une ambiance bon enfant, voire potache, où la rigueur de la dégustation savait reprendre le dessus quand il le fallait.
Terrine de lapin et terrine de faisan farcie au foie gras
Sociando-Mallet 2008
La robe sombre laisse apparaître quelques notes d’évolution.
Le nez épanoui allie des arômes de sous-bois et d’autres de fruits noirs bien mûrs.
La bouche élégante et équilibrée possède une texture veloutée. Seul un trait végétal signe le millésime, mais il s’adoucit sur la terrine de lapin, avant une finale de longueur très honnête.
Très Bien
Sociando-Mallet 2009
La robe est sombre et dispose encore de reflets violine.
Tout d’abord assez timide, le nez s’ouvre peu à peu à l’aération et attire par ses arômes fumés, balsamiques, de fruits noirs (mûre et cassis).
La bouche est charpentée, très large, dotée d’une superbe matière dense et fruitée. De légers tanins très fins et une superbe longueur sont d’autres d’indices pour prédire un avenir radieux à ce vin.
Très Bien +(+) en l’état
Omelette aux cèpes (superbe !)
Sociando-Mallet 2006
La robe est sombre et relativement évoluée.
D’une belle intensité, le nez affiche également une certaine complexité, avec du café, des fruits presque confits et du tabac.
En bouche, on passe de l’autre côté du miroir, avec un côté rustique, des tanins assez grossiers et une verdeur sensible. Elle se comporte mieux sur les cèpes.
Bien seul,
Bien + pour le nez et l’accord.
Sociando-Mallet 2005
La robe est sombre et marque un tout début d’évolution.
Intense et surtout très profond, le nez développe des senteurs de fruits noirs très mûrs assortis de notes vanillées et de mine de crayon.
Ample et charnue, bâtie sur une matière solaire et à la belle étoffe, ne manquant pas de fraîcheur, la bouche est d’une magnifique élégance jusque dans sa longue finale sapide.
Très Bien ++ dès à présent, mais je parie pour Excellent dans dix ans.
Parmentier de confit de canard
Sociando-Mallet 2003
La robe est bien tuilée.
Assez intense, le nez propose de la confiture de cassis et des notes cacaotées, mais aussi une pointe de graphite qui le rééquilibre.
Certes c’est 2003 et la bouche possède elle aussi ces traces de la canicule : chair très fruitée, caractère capiteux indéniable, beau volume. Mais l’acidité est là elle aussi, ce qui permet au vin de se boire très bien. J’ai finalement été séduit par son côté séducteur et chaleureux.
Très Bien (+)
Sociando-Mallet 2000
La robe est assez évoluée.
Le nez est bien ouvert, sur le poivron rouge dominant, mais fort heureusement complété par du tabac et du sous-bois.
La bouche est d’une grande rigueur, presque aristocratique, plus longue que large, un peu ternie par une finale légèrement amère.
Très Bien
« Mange qu’on a » (navarin d’agneau)
Sociando-Mallet 1995
La robe est assez sombre, aux beaux reflets tuilés.
Bien ouvert, le nez classieux allie avec brio bois précieux, havane, sous-bois et un beau fruité secondaire.
La bouche fait preuve d’un beau raffinement et d’un équilibre sur l’élégance. Fondue et d’une bonne persistance, elle est à son apogée, mais pas nécessairement pour longtemps. Certains lui ont reproché un manque de structure, mais je pense que ce n’est qu’en regard du 1998, magnifique sur ce plan.
L’accord s’est révélé superbe, autant en saveurs qu’en texture et en finesse avec le navarin.
Très Bien +
Sociando-Mallet 1998
La robe est sombre, ni jeune ni évoluée.
Le nez intense est très fruité, principalement la mûre, agrémenté d’une touche de poivron et de jolies notes poivrées.
La bouche est démonstrative, corsée, charpentée, sur un fruité encore primaire qui impacte, racée mais de mi-longueur.
L’accord était également bon, mais pas dans une rencontre d’égal à égal.
Très Bien +(+) en pensant à son potentiel.
Fromages : Camembert, Langres, Maroilles
Sociando-Mallet 1991
La robe est sombre et étonne par son évolution limitée.
Intense, le nez est en revanche clairement sur de beaux arômes tertiaires, avec également une petite touche de poivron.
La bouche n’est pas au niveau du nez ; elle manque de chair, le végétal prend le dessus et une certaine rusticité est présente.
L’accord est, à ma surprise, assez bon sur le camembert mais les deux autres fromages font ressortir des arômes métalliques.
Bien
Sociando-Mallet 1990
Assez sombre, la robe brille d’un bel éclat et ne présente que de rares reflets d’évolution.
D’abord d’intensité moyenne, le nez gagne en amplitude et en profondeur à l’aération. C’est alors un festival d’arômes de grande classe : fruité très pur, cuir anglais, tabac, notes animales, fumées et de graphite.
Enorme : c’est le qualificatif pour cette bouche hors norme ! Encore riche et jeune, une belle charpente habillée d’une chair douce, serrée et fruitée, d’une vivacité énergisante, et d’une persistance exceptionnelle. Un vin abouti !
C’est un vin dont j’avais acquis douze bouteilles en primeurs, malheureusement toutes déjà bues, et qui m’avait toujours donné cette impression de plénitude et de jeunesse à la fois. Merci à Claude d’avoir pu me permettre de confirmer qu’il est toujours au top !
Je n’ai même pas essayé de l’associer à l’un des fromages (excellents par ailleurs) et d’après les avis de mes compagnons de dégustation, j’ai bien fait.
Excellent
Bûche à la châtaigne et au chocolat
Sociando-Mallet 1988
La robe est encore sombre et présente des reflets tuilés.
Le nez est sur des arômes tertiaires intenses, avec notamment du sous-bois et du tabac.
La bouche est charpentée, encore assez jeune, mais rigoureuse et manquant un peu d’élégance, par ses tanins bien présents et un peu rustiques.
L’accord, difficile, fait ressortir de l’acidité.
Bien +
Sociando-Mallet 1989
La robe est identique à celle du 1988 et c’est simple puisqu’il suffit de comparer !
Le nez est superbe d’intensité et de complexité : les arômes de fruits compotés se marient à ceux de bois précieux et de tabac.
Mais si le nez est superbe, la bouche est somptueuse ! Etoffée, large et longue, dense, au toucher de velours.
L’accord est très moyen, la châtaigne rendant le vin plus rustique.
Une question difficile : quel est le meilleur entre le 1989 et le 1990 ?
Je ne trancherai pas :
Excellent
En after, un :
Rivesaltes - Château Mossé - 1945
Il s’agit d’un assemblage des trois grenaches, de malvoisie et de macabeu, la mise en bouteille datant de 2011.
La robe est claire et acajou.
Le nez est puissant, généreux et très complexe : noix, épices, abricots secs, vanille, fleurs, orange confite, cigare… Chaque plongée dans le verre fait apparaître un nouvel arôme !
La bouche est riche, au sucre encore bien prégnant (un poil trop ?), aux formidables arômes de fruits secs , à la belle acidité structurante et à la persistance phénoménale.
L’accord avec le dessert est cette fois-ci réussi.
Très Bien ++ / Excellent
Je garderai un grand souvenir de cette verticale car les vins (millésimes parfaitement choisis) se sont révélés tous différents, et surtout parfaitement représentatifs de ce que l’on attend de leur millésime. C’est au point qu’on a l’impression qu’à l’aveugle on aurait trouvé tous les millésimes, avec peut-être des erreurs entre 2009 et 2010, 2000 et 2002, 1998 et 1996, 1991 et 1992, 1988 et 1986…
Mon classement des meilleurs : 1990 et 1989 puis 2005, 1998, 2009 et 1995.
zupimages.net/up/16/...
Un énorme merci à Claude et Solange !
Jean-Loup