Les 2017 chez Amiot-Servelle
C'est désormais une habitude, nous passons récupérer les vins du millésime lors d'une journée "événement privé" réservée aux clients.
Sauf qu'habituellement nous commençons la journée chez eux. Nous trouvions d'ailleurs que c'était assez calme.
Nous pouvions discuter facilement avec les différents membres de ce domaine familial.
Cette fois ci nous finissons la journée chez eux.
Avec déjà 4 visites de domaines dans la musette et un repas au Soufflot, nous ne sommes plus frais comme des gardons au moment de commencer la dégustation.
Et nous ne sommes pas les seuls
, il y a beaucoup de monde et il est donc un peu plus compliqué pour discuter avec les vignerons qui font au mieux.
A ce moment de la journée, cela fait plus salon des vins que visite particulière. Nous le saurons pour l'année prochaine et nous essayerons d'organiser notre itinéraire pour y être avant la foule.
Mes notes sont plus succinctes.
On commence par 2 vins blancs.
Un
Bourgogne et un
Puligny-Montrachet qui se montrent à la hauteur de ce grand millésime pour le chardonnay.
C'est rond sans être lourd avec de l'acidité qui donne de la relance.
Une jolie complexité pour des vins plaisants à boire
On n'était pas venu chez eux pour goûter du chardonnay mais on voit qu'ils aiment ce cépage parce qu'ils réalisent des cuvées qui n'ont pas à rougir vis à vis de leurs collègues de l'autre Côte.
On passe à la longue série de pinots noirs pour une dégustation qui va confirmer certains points de vues mais également bousculer des aprioris.
Bourgogne
Du fruit mais un léger déficit de concentration surtout par rapport à leur sublime 2015
La marche est très importante avec le Chambolle village.
Morey Saint Denis
Un vin dans un style assez rude surtout par rapport au suivant.
C'est un peu austère. Cette cuvée ne nous séduit jamais lorsqu'elle est jeune.
A revoir après qqs années de garde
Chambolle-Musigny
Là c'est bon, on est rassuré.
On retrouve les qualités que l'on vient chercher dans ce village.
C'est rond, soyeux, délicieusement complexe sans aucun creux.
L'amplitude n'est pas au niveau des crus mais c'est vraiment un très bon village.
Nous arrivons sur les 1ers crus qui sont désormais 7
Feusselottes
100% vendange entière, c'est peut-être ça qui nous a bloqué mais c'est le cru que nous avons le moins bien goûté.
L'impression qu'il est en sous-maturité.
Comme nous nous partageons un carton de 6, nous aurons l'occasion de vérifier plus tard comment il va évoluer mais si nous n'avions pas acheté en primeur, je ne crois pas que nous en aurions pris.
C'est une cuvée que j'ai souvent aimée donc mes craintes sont modérées mais ce fut intriguant de la goûter comme ça.
Les Plantes
Et bien habituellement nous la goûtons assez mal alors que là ce sera la surprise des 1ers crus.
Les canons de Chambolle sont au rendez-vous avec la délicatesse en bouche et la fine complexité au nez.
Et m**de on n'en avait pas réservé !
Les Fuées
J'avais adoré sur 14 et 15, 17 sera dans la continuité.
Un nez sur la cerise noire, un peu d'épices et une structure plus puissante en bouche.
On n'est pas à l'aveugle mais on imagine bien qu'on se dirige vers le secteur des Bonnes-Mares.
D'ailleurs on pourrait rebaptiser le lieu " Les petites Bonnes-Mares"
Les Charmes
Ce cru ne se goûte pas toujours bien étant jeune.
Est-ce l'effet millésime, toujours est-il que cette fois la cuvée se laissera approcher sans retenue.
Un nez bien ouvert et complexe suivi par une bouche gourmande.
Encore un 2017 qui ne demandera pas une longue garde.
Les Borniques
C'est leur nouvelle cuvée qui avait fait le buzz sur Bourgogne Aujourd'hui.
Disons que nous sommes tous les 3 passés à coté.
Nous l'avons trouvé un peu fluet et nous ne sommes pas parvenus à percevoir une complexité particulière.
On va dire que nous étions fatigués parce qu'avec les Feusselottes, c'est le seul cru qui ne nous a pas emballé.
Derrière la Grange
Plus de structure que le précédent mais j'ai trouvé le vin très légèrement inférieur aux Fuées.
Note à moi même : Ouvrir les Fuées et Derrière la Grange en parallèle dans 5 à 7 ans
Les Amoureuses
On monte clairement en gamme mais le vin nous semble inférieur à 15 et 16
Il y a une belle variété d'arômes, une structure dense et soyeuse avec une belle finale mais je pense qu'il sera risqué d'ouvrir cette cuvée avec ses ainées car la comparaison risque d'être plus compliquée à assumer.
Il y a tout de même un léger déficit de matière dû au millésime.
Immanquablement je repense au domaine précédent et aux Grands-Echezeaux 17 qui furent dominés par un Echezeaux 14
Je ne vais pas tirer de conclusions hâtives mais je me dis que Gérard n'était pas loin de la vérité quand il me parlait de ce millésime en 2017 en direct depuis les vendanges.
Charmes Chambertin
Un vin classiquement plus puissant que les amoureuses mais plus large et moins long.
C'est très gourmand en bouche mais je préfère la subtilité des Amoureuses.
Clos St Denis
Comme en 2016, c'est pour moi le meilleur vin du domaine.
Un vin droit et puissant mais sans aucune rugosité.
Une forme d'austérité jouissive. Il n'y a pas la petite étincelle de folie qui va déclencher un coup de coeur comme sur les Amoureuses 2015 par exemple mais c'est sans défaut.
C'est terriblement efficace et ça doit quand même sacrément bien accompagner une pièce de viande.
Pour finir cette année, nous n'avons pas une verticale d'une cuvée mais une mini horizontale du millésime
2007
Les Plantes
Un nez de pinot évolué. Gaétan dira qu'il est temps de la boire mais ça goûte vraiment bien.
Des fleurs séchées, de la griotte un peu vieillie et une bouche bien agréable sans excès d'acidité ni trace de bois.
Gérard sera d'autant plus surpris qu'il était passé au domaine en 2009 et avait trouvé que les 2007 étaient des vrais jus de planche.
Il est resté impressionné par l'évolution favorable du vin qui a totalement intégré son élevage.
Derrière la Grange
Un nez similaire mais une bouche plus massive.
La montée gamme se vérifie également après 10 ans sous verre.
Sur cette bouteille comme sur la précédente, l'élevage est totalement intégré.
Cette expérience donne elle aussi envie de laisser un peu de temps aux pinots que j'achète.
Je pense qu'il faut tout de même une petite éducation personnelle au goût parce que je connais des gens dans mon entourage à qui il est préférable de servir un générique 2015 plutôt qu'un 1er cru de plus de 10 ans. Mais quand on commence à aimer les pinots à maturité, qu'est-ce que c'est bon.
Ainsi se termine notre seconde virée printanière en Bourgogne.
Nous avons dégusté 57 vins sur la journée, c'est à notre niveau un chiffre qu'il ne serait pas judicieux de dépasser.
Comme nous l'a dit Antoine Amiot pour plaisanter, on félicite toujours ceux qui courent mais déguster toute une journée, c'est aussi un marathon