
Ce jeudi, c’était la virée annuelle à Chablis avec l’ami Tuukka (Podyak… et père), avec 4 domaines au programme : Picq, Fèvre (Nathalie et Gilles), Schaller (une première pour nous) et Droin. Nous démarrons notre journée sous la pluie, dès 9 h, avec Benoît Droin, pour découvrir le millésime 2019. Cette année il n’y a pas de Blanchot car la vigne a été entièrement arrachée et sera prochainement replantée. Il faudra donc attendre quelques années avant de regoûter ce grand cru. Si 2018 avait été très généreux en volume, cela n’a pas été le cas de 2019 avec des rendements inférieurs à une année « normale » en raison du froid du printemps mais aussi de la sécheresse de l’été. Il en est résulté une forte concentration des raisins et Benoît Droin évoque des acidités relativement élevées en dépit de la météo de l’été. La vendange a démarré le 11 septembre (25 août pour le millésime 2020). Comme les années précédentes, les notes qui suivent ne sont pas très développées car le rythme de dégustation est toujours assez élevé avec Benoît…
Petit chablis :
Nez ouvert et expressif, avec pas mal de fruit (poire). La bouche est gourmande, souple. C’est relativement tendu et salivant en finale, sans le côté « chaud » qui m’avait semblé marquer le 2018.
Chablis :
Nez sur le citron bien mûr, la poire et une note fumée. En bouche on trouve un bel équilibre entre la maturité du fruit et l’acidité. Davantage de tension et de volume que sur le petit chablis. Finale salivante.
Chablis 1er cru Vaucoupin :
C’est la première fois que je goûte ce 1er cru en dégustation au domaine. Nez un peu sur la réserve, mais fin et précis, sur la poire et le « caillou ». En bouche, c’est un vin longiligne (mais pas fluet) et frais, mais avec une jolie tension qui donne du dynamisme au vin.
Chablis 1er cru Vosgros :
Un nez plus large et plus ouvert que Vaucoupin, avec du citron très mûr et de fortes notes salines et iodées. La matière est assez volumineuse et dense, sans aucune note chaleureuse. Un vin qui m’a semblé plus puissant que sur les millésimes précédents (peut-être en raison du contraste avec Vaucoupin). Belle longueur en finale où l’on retrouve le côté salin. Décidément j’aime bien ce 1er cru.
Chablis 1er cru Vaillon :
Légère note de réduction avec au nez une sensation de forte maturité. On retrouve cette sensation en bouche, avec des notes de citron confit. C’est rond, gourmand, accessible, mais avec une sensation d’acidité moindre que sur Vaucoupin et Vosgros, même si, encore une fois, le vin ne tombe pas dans un côté lourd et chaleureux.
Chablis 1er cru Montmains :
Léger « grillé » au nez, avec des belles notes de fruits blancs et une pointe saline. Du volume et un bel équilibre maturité / fraicheur. Comme les années précédentes, c’est le cru qui pour moi évoque le plus la côte de Beaune.
Chablis 1er cru Mont de Milieu :
Aucune note d’élevage au nez, mais énormément de fruits : poire, pêche blanche. On le retrouve en bouche, très équilibrée, avec une belle persistance. Très sympa…
Chablis 1er cru Fourchaume :
Léger « grillé » au nez, relativement fermé par ailleurs. Pas mal de densité en bouche, avec une petite note d’élevage. Du citron très mûr, mais pas de lourdeur ni de note « beurrée » comme sur le 2018 et une finale relativement salivante.
Chablis 1er cru Vaulorent :
Toujours au top le Vaulorent… Nez un peu « pointu », très précis, sur le citron, le « fumé » et le « caillou ». En bouche, on retrouve les caractéristiques des millésimes précédents : un vin qui « avance », sur la longueur mais avec une matière dense et un superbe équilibre tension / maturité. Finale très persistante. Encore cette année ce sera mon préféré parmi les premiers crus.
Chablis 1er cru Montée de Tonnerre :
Nez plus fermé, avec un peu d’élevage et des notes fumées (presque lardées) assez présentes. L’attaque en bouche est large et puissante, avec un léger côté « crémeux », mais ensuite il y a moins de relance et de peps que sur Vaulorent.
Pas de Blanchot donc pour cette année.
Chablis GC Vaudésir :
Au nez, l’élevage est sensible ; c’est opulent, avec une sensation de forte maturité et quelques notes épicées. J’ai trouvé la bouche un peu en décalage : plus fraiche, avec un volume « modéré » (inférieur à MdT par exemple) et beaucoup de fruit : un bel équilibre et beaucoup d’élégance sur ce vin.
Chablis GC Valmur :
Nez très légèrement réduit, sur le citron mûr, la fumée, l’iode. La bouche est hyper dense et concentrée avec en même temps beaucoup d’énergie et de peps. Comme dirait l’autre, ça envoie du lourd ! On est impressionné par une telle puissance venant de vignes aussi jeunes. Très belle finale salivante qui claque bien. Top !
Chablis GC Grenouille :
L’élevage est un petit peu plus sensible au nez, où l’on retrouve comme sur Valmur le citron et la fumée, avec peut-être une sensation de maturité un peu plus élevée. L’attaque est large, c’est plus rond et moins « minéral » que Valmur. Là encore, aucun côté chaleureux ou « mou » et une belle longueur.
Chablis GC Les Clos :
Nez fin, profond et complexe, d’abord sur le couple citron / caillou, puis arrivent les fruits blancs et une note saline. Grosse tension en bouche, mais avec moins de volume et de puissance que sur Valmur (moins « sauvage »). Beaucoup d’élégance, de fraicheur et une finale hyper salivante. Un Clos qui semble déjà prêt à boire !
Au final, et comme les années précédentes, le V de la victoire pour Vaulorent et Valmur (selon mes goûts). Et un beau millésime 2019, qui ne m’a pas du tout semblé marqué par la chaleur de l’été, avec de la densité et de l’acidité (davantage que 2018, donc peut-être davantage de garde que ce dernier). Si je devais classer les 3 derniers millésimes, ce serait 2017 (pour moi un très grand millésime), 2019 et 2018. On peut noter également que, malgré les différences entre les millésimes, les profils et caractéristiques de chacune des cuvées restent assez proches d'une année sur l'autre.
Mais comme toujours avec Benoît Droin, la dégustation s’achève par une petite remontée dans le temps. Même si selon lui c’est encore trop tôt pour la plupart des crus, notre choix s’oriente sur 2007 et ce sera donc Mont de Milieu.
Chablis 1er cru Mont de Milieu 2007 :
A l’ouverture, le nez présente des notes d’évolution sur le sous-bois, le mousseron, la fougère. A l’aération, et après un bon « secouage » du verre recommandé par Benoît Droin, ces notes auront tendance à s’atténuer pour faire passer au premier le citron et l’iode. La bouche est également très légèrement évoluée, mais surtout bien tendue avec une acidité assez haute. On retrouve le citron, un peu d’amande fraiche, mais en revanche pas de notes miellées qui ne sont pas ma tasse de thé. L’ensemble fait effectivement encore assez jeune, mais c'est tout à fait abordable et bien agréable.
Un grand merci à Benoît Droin pour son accueil, sa passion et son enthousiasme. Et promis, nous ferons des efforts pour laisser vieillie quelques unes de nos bouteilles.
Paul