Le millésime 2020 au domaine Jean-Marc Burgaud
Beaujolais Villages
Robe violacée. Nez gourmand, sur la mûre, la réglisse.
Bouche juteuse, souple mais avec déjà pas mal de fond, sur un corps rond et charnu très agréable. Vin ouvert, immédiat, très agréable.
Très bien.
Régnié (un vin qui sortira de la gamme du domaine suite à une fin de fermage)
Robe violacée identique au Villages. Nez plus serré, moins expressif.
Bouche délicieuse, avec la même rondeur gourmande mais plus déliée, nerveuse grâce à une pointe d’acidité qui apporte un rythme supplémentaire.
Goûts de gelée de fruits noirs bien mûrs.
Très joli vin de plaisir.
Morgon Charmes
Nez sur une petite réduction cassissée.
Bouche immédiatement plus dense et corpulente, avec un surcroit de concentration mais moins facile à lire. Les éléments sont là, une belle matière sans dureté mais l’harmonie, pas encore. Aromatique agréable, toujours sur les fruits noirs mentholés.
Finale serrée.
A revoir sereinement.
Prélevés sur cuves
Morgon Grand Cras
Nez agréable, franc, sur les fruits noirs épicés.
Bouche juteuse, sur un très bel équilibre, à la fois riche par une grande maturité et tout en allonge par une trame acide très agréable. Goûts épicés délicieux.
Finale racée et gourmande, très attirante par son équilibre riche mais tout en tonus et en relance.
Très joli vin.
Pour le futur
Morgon Côte du Py, dégustation des parcelles avant assemblage vendangées à partir du 24 août.
Le bas
Robe sombre. Nez très nettement réglissé.
Bouche dense, pleine de chair, sur un volume plein et rond à la fois par une sensation de grosse maturité.
Goûts francs, sur un beau fruit pur (myrtille, fruits noirs) enroulé dans un végétal mentholé.Finale avec du nerf.
Très bien
Pente sud
Nez baroque qui me rappelle furieusement le génial 2003, sur la confiture de myrtille, des notes exotiques entre l’abricot et la mangue, toujours cette belle touche épicée.
Bouche magnifique, plus puissante que le bas, sur un équilibre délicieux entre une matière à la douceur confite sans aucune lourdeur de sucrosité grâce à une très belle trame acide.
Je retrouve l’équilibre fou du 2003 qui m’avait tant plu avec Alain !
Quel charme !
Plateau
Expression aromatique plus serrée, moins immédiate et expressive.
Mais bouche magnifique d’immédiateté, plus élancée, avec un gain de relance et donc de classe, sur des tanins superbes qui portent l’ensemble en lui donnant une allonge remarquable.
Excellent.
Plateau - Est
Nez ultra épicé, sur une expression délicieuse car très présente et à la fois très élégante.
Bouche concentrée, puissante à cœur, sur une grande trame et des tannins bien présents.
Goûts délicieux, toujours avec ce marqueur épicé assez génial, qui transcende toute expression de primaire de fruits pourtant bien là.
Finale sérieuse, toute en densité mais sans aucune dureté ni morsure tannique.
La Gaine - Ouest
Petite pointe de volatile au nez qui chatouille un ensemble classieux, toujours sur cet équilibre fruits noirs épicés.
Surcroit de classe immédiatement perceptible en bouche, avec un équilibre brillant, sur une matière crémeuse aux tanins remarquables et une allonge toute en fraîcheur.
Magnifique !
Rien à dire, il y a un truc en plus sur ce vin au point qu’on discutera de l’intérêt de l’isoler comme les Desvignes l’ont fait avec la cuvée Les Impénitents !
Ni une ni deux, Jean-Marc part chercher de quoi tester la cuvée assemblée classique et la même sans La Gaine
Côte du Py
Très bel aromatique fraîche, sur les fruits noirs, le menthol, des notes épicées moins dominantes mais plus complexes que sur les vins précédents.
Bouche racée, juteuse et nerveuse à la fois, sur une maturité haute mais sans lourdeur ni confit de fruit, sur un point d’équilibre à la chair pleine mobilisée par de beaux tannins.
Rien à dire, c’est remarquablement attirant et prometteur.
Le même assemblage sans La Gaine prendra de la charge tannique, avec un petit moins de classe et de qualité de toucher de bouche.
Comme quoi, les super cuvées, c’est un sport à risque dont les armes sont à manier avec précaution.
Javernières
Nez incroyablement épicé, sur le tabac, le poivre.
Bouche droite, dense, sur une acidité saillante qui lance une matière concentrée plus caréné que Py, avec une puissance mais sans dureté tannique.
En l’état, je préfère l’équilibre de Py mais le vin est très bien né et semble doté d’un potentiel certain.
Très bien
James
Nez de fruits noirs très réglissé.
Bouche corpulente, grasse, sur un jus dense et concentré, encore une fois sans rudesse.
Ensemble moins lisible que les Morgon précédents, avec un sensation de mécanique encore rodage.
En l’état, je préfère l’évidence tactile du Py classique
Morgon Les Charmes
Robe plus claire que les 2020. Nez net, sur les fruits noirs frais, le menthol.
Bouche plus fluide mais sans creux ni rusticité, pleine d’allant.
Longueur moyenne.
Morgon Grand Cras
Superbe nez complexe et pur, très floral, sur la pivoine, des notes finement poivrées.
Bouche délicieuse, juteuse et élancée, d’une grande fraîcheur de trame et de pureté de goûts, avec de l’allonge qui ne sacrifie rien à sa buvabilité.
Aucune raideur tannique en vue, ce n’est que du plaisir.
Miam !
Morgon Côte de Py
Beau nez pur, sur le floral et des notes de thé noir.
Bouche plus dotée et sérieuse que Charmes, avec plus de volume et de concentration toute en conservant ce bel équilibre frais et nerveux au point de maturité très agréable.
Sensations de droiture sans agressivité avec toujours ces beaux tanins francs.
Devrait très bien vieillir
Très bien.
Très intéressant de passer ensuite sur
Javernières et
James, deux cuvées à l’élevage sous bois.
Car j’ai très souvent trouvé que la prise de bois qui réussit si bien au pinot qui me semble prendre à la fois volume chair et ampleur aromatique au contact d’un bois bien né pesait sur les gamay plus que de raison.
Et sur les 2019 au point d’équilibre réussi, cela m’a semblé encore plus évident.
Quand sur les millésimes précédents, le surcroit de chair apporté par le bois, sa sucrosité, son premier élimage des tanins créait un effet de volume, là, en jeunesse et sans évidemment insulter l’avenir, aucun doute que je préfère la légèreté de Py au poids aromatique comme de structure sur Javernières et James.
Comme si l’évidence d’une fluidité esthétique immédiatement perceptible s’alourdissait d’une mécanique encore trop visible en l’état.
Passionnant moment de lecture du vin et de connaissance de soi qui donne tout son sens à la dégustation régulière au domaine.
Cette rubrique témoigne combien j’ai pu vivre certains moments de solitude en terres beaujoloises depuis plus d’une décennie, alimentant ma réputation de pdf qui ne comprenait rien aux plaisirs acérés ni à la virilité des tanins en vendange entière du gamay bien vinifié, générant lazzis et quolibets affectueux de la part de ma bande de punks à chien.
Les CRs à quatre mains écrits avec l’Enzo où les grands écarts entre nos perceptions auraient fait péter même les adducteurs de Jean Claude Vandamme sont sur LPV pour en témoigner.
Pas une grimace en vue, pas un chouinement de douleur, que du bonheur et de la félicité ?!
Damned, il fallait que j’en ai le cœur net et la conscience rassérénée !
Jean-Marc, stp, faut que sache ?
Tu sais combien je n’ai pas toujours été fan des vins du domaine… et ce alors que j’aurais tant aimé les aimer vu comme j’aime la famille qui les produit.
C’est moi qui suis enfin prêt comme me l’annonçaient les z’affreux depuis une décennie et demi en mode « tu comprendras un jour ! » ?
Ce sont les millésimes chauds sacrément favorables de ces dernières années qui murissent en même temps que moi les raisins ? Le souvenir jouissif du Py 2003 ne m’avait jamais quitté… et ce n’est pas l’anecdote devenu mythique de notre Al’ se faisant tout autant botter les fesses que moi sur ce même vin qui m’avait fait changer d’avis.
Ou as-tu changé quelque chose ?
Ce qui est bien avec les vignerons qui mettent leur personnalité dans leur travail, leurs vignes et leurs bouteilles et pas seulement leur gros ego bouffi, ces faiseurs qui s’intéressent au vin, aux vins d’ailleurs, aux ressentis, aux diversités de palais et de lectures, c’est qu’on ose parler franc.
Jean-Marc me confirme avoir réduit la durée de ses cuvaisons :!
Allié à la qualité des derniers millésimes ("le gamay, c’est jamais assez mûr" comme dit Fabien Duperray), les vins en sortent dotés d’une évidence gourmande et d’un équilibre sans dureté qui révolutionnent ma lecture de la production du domaine.
Merci à Christine et Jean Marc Burgaud pour leur accueil génial de générosité et de simplicité.
Vivement de se revoir très vite pour récupérer les 2020 !
Car cette fois, j’en veuuuuuuuuux !
Amitiés
Oliv