Dégustation Clos de Morey.
Le mercredi 11 Novembre 2015, le cercle LPV 94 s'est réuni sur l'initiative de notre ami Fred, Master of Wine of Bourgogne.
Le thème des plus alléchants a motivé 11 membres du cercle, des plus éminents, bien entendu.
Il s'agissait de déguster en parallèle les vins de M. Castagnier, Clos de la Roche ( GC ) et Clos Saint Denis ( GC ) sur les millésimes 2006, 2007, 2008, 2009 et 2010.
Fred décidant que la dégustation se déroulerait par paire et servant les millésimes par rapport aux plats du restaurant. Aucun vin n'étant, exceptionnellement servi à l'aveugle ;
Pour commencer notre dégustation, bouteille apportée par Séverine,
Nez plutôt discret. Notes de bourgeon de cassis, de petits fruits rouges, de citron:cédrat.
Attaque fraîche, l' acidité, jolie, arrivant ensuite, citronnée. Fine matière. Bouche en demi-corps.
Petite finale sur une légère amertume, agréable, de cédrat.
Fred lance ensuite les hostilités et nous propose d'étalonner nos palais avec ce
Chambolle Musigny 2008 du domaine Castagnier.
Au nez, on note la présence d'un côté acétique qui gâche, malheureusement, l'ensemble.
Malgré tout, on trouve des notes de cerise noire/griottes, une touche végétale et florale ( rose ).
Très belle entrée, moelleuse, une acidité prend le relais avec un côté acidulé.
Le milieu de bouche est sur la finesse, jolie matière, soyeuse. Le côté acidulé vire un peu sur une petite aigreur en même temps que la bouche prend du volume.On retrouve du fruit en bouche, groseille, framboise, cerise.
La fin de bouche est un peu trop brute/aigre et gâche cette belle matière.
Petite note végétale en fin de bouche, agréable, fraîche.
On s'interroge si le côté acétique est du à l'effet millésime ou plutôt à un petit défaut sur la bouteille. ????
On passe ensuite à la première paire, sur le millésime 2008.
A ma gauche, Clos de la Roche 2008........
Au nez, petit côté acétique, effet millésime ?
Nez un peu en retrait qui laisse malgré tout apparaître de jolis arômes.
Notamment de magnifiques notes de cerises, pivoine, rose, des notes minérales comme le calcaire, côté rocheux, un côté fumé avec du paprika fumé.
Le nez annonce la classe du vin. A l'aération, apparition d'une petite note végétale et de truffe.
La bouche est grande. J'attendais beaucoup, je ne suis pas déçu.
Belle amplitude, avec de la largeur avec beaucoup de finesse et un touché de bouche assez stupéfiant.
C'est droit sans être strict, tendu, magnifique trame minérale sur les notes de calcaire, le caillou et le noyau de cerise. Notes de poivre. Jus fin, gourmand et poivré.
Belle longueur, fins amers sur une jolie finale légèrement poivré.
A ma droite, Clos Saint Denis 2008........
Robe plus claire, plus limpide, plus brillante que le Clos de la Roche.
Nez qui ne livre pas trop non plus. Petit côté acétique, léger, nettement moins présent que sur le chambolle.
Notes de bigarreau, florales, belles notes minérales ( roches salines ) mais également une petite note de bouchon.
Jolie entrée en bouche, sur la finesse, malheureusement toujours marqué par cette petite note de bouchon.
La bouche est suave, salivante, saline, les tanins sont très fins.
Belle structure, c'est droit et élégant.
Belle persistance en bouche sur le noyau de cerise.
Très belle finale, très belle longueur.
Le combat est un peu inégal car le petit goût de bouchon désavantage clairement le Clos Saint Denis, malgré beaucoup de finesse, une belle minéralité, un équilibre intéressant et une très belle longueur en finale.
Très beau Clos de la Roche, notamment la bouche et sa trame minérale, salivante, qui remporte mes suffrages.
Seconde paire sur le millésime 2007.
Clos Saint Denis 2007
Nez plus évolué, plus ouvert que les précédents.
Très beau fruit, belles notes de cerise, subtiles notes minérales, côté végétal apportant de la fraîcheur avec des queues de cerises et également des noyaux de cerise. On est en présence d'un grand échantillon de notes de cerises, toutes différentes et plus subtiles les unes que les autres.
Nez assez aérien. Épices, cannelle notamment.
Bel équilibre en bouche entre une entrée fine, soyeuse, une tension fine qui croît mais sans jamais tomber dans l’exubérance, puis débouche sur un très beau milieu de bouche.
Amplitude maîtrisé, avec beaucoup d'élégance.
C'est suave, gourmand, sur la fraise et un très joli poivre blanc.
Beau côté croquant du fruit, juteux et précis, finesse des épices/poivres et une pointe végétale qui apporte de la fraîcheur.
C'est très long en bouche. Grande longueur, avec beaucoup de finesse, sur le poivre blanc et gris.
Clos de Roche 2007
Nez totalement différent du Clos Saint Denis.
Le nez est avenant, complexe. Magnifique.
On y retrouve un côté minéral caractéristique de ce grand cru, sur le calcaire, les cailloux, un petit côté charbon de bois, de magnifiques notes, très pures mais subtiles, de caramel, café au lait froid. Beaucoup de fleurs comme la pivoine, les fleurs séchées, des épices. Le second nez sera plus sur les fruits comme la cerise, la fraise, la framboise et un côté végétal apportant de la fraîcheur.
Très très beau nez.
Très belle entrée de bouche, classe, sur la soie qui laisse place à une magnifique trame qui s'articule autour de la minéralité, du poivre et du noyau de cerise. Triptyque envoûtant.
Belle amplitude, bouche très pure, saline/minérale avec un côté salivant qui trace la bouche.
Mes papilles s'affolent littéralement.
La matière caressante, tapisse la bouche harmonieusement, avec le poivre blanc et la craie calcaire.
Grain très fin, tanins voluptueux.
Jolie finale. Même si la finale du Clos Saint Denis fut plus persistante......
Difficile de donner un vainqueur tant on est face à deux très grands vins.
Pour être honnête, j'étais un peu inquiet avant la dégustation de cette paire, par rapport au millésime.
J'ai pris une grosse claque.
Ma préférence va une nouvelle fois vers le Clos de la Roche. Mais j'avoue être très sensible, à cette trame minérale, cette tension salivante, sur le noyau de cerise et la finesse des tanins.
Malgré tout, le Clos Saint Denis, sur ce millésime, a démontré un très bel équilibre, avec une texture en bouche à tomber à la renverse. Et que dire de cette finale, démoniaque.......
Troisième paire sur le millésime 2010......
Combat particulier dans le sens où sur ce millésime 2010, le Clos de la Roche sera opposé à Morey Saint Denis et non pas un Clos Saint Denis. Erreur de notre ami Fred, sûrement du au stress.
On le pardonne bien évidemment tant cette soirée fut
ENORMISSIME.
Au final, cette erreur est assez bienvenue tant elle permet de constater que le Morey Saint Denis, s'en est sorti avec les honneurs.....
Morey Saint Denis 2010.
Joli nez. Très belles notes de cerise, petite note minérale, une subtile note de cuir. Petite note acétique.
Mais surtout un côté floral très développé, très aérien. Très beau. Beaux fruits également.
La bouche n'a rien à envier au nez. Elle présente un bel équilibre, qui plus est dotée d'une belle tension.
La matière est gourmande, sur la griotte, le poivre et un côté minéral.
Les tanins, jolis, agréables, ne présentent malgré tout pas la même finesse que les grands crus.
Le fruit malgré son joli côté gourmand montre moins de précision.
Belle largeur en bouche, la bouche est tapissée d'un joli poivre.
Légère astringence, pas désagréable.
Jolie finale, la persistance en bouche étant moindre que sur les Grands Crus.
Très beau vin malgré tout. Un poil de tension en plus et c'était TOP.
Clos de la Roche 2010.
Nez précis, complexe, fin et aérien. Le nez annonce la couleur......
Cerises évidemment, dans toute sa splendeur et sur une palette très large ( griottes, bonbon à la cerise,j'en passe et des......).
De magnifiques notes de queues de cerises, feuilles de cerises, apportant un trait végétal, une fraîcheur bienvenue.
Notes minérales, jolies, complexes et qu'il m'est difficile d'identifier avec précision.
Cassis, fraise.
Le nez est envoûtant. Je n'ose me risquer à le déguster, de peur d'être déçu.
Allez, je me lance......
OUAOUHHHHHH
La bouche est juste ENORME . Gourmandise du fruit, précision et finesse.
L'entrée est fine, soyeuse, puis le vin délivre une belle trame acide, qui trace la bouche.
Ce n'est pas l'autoroute A6 à fond, n'est ce pas Gilles;) mais un voyage pour l'espace, un saut dans l'inconnu.
Mes papilles sont du voyage et ne le regrettent aucunement......
C'est droit, tendu mais ça soutient magnifiquement une matière caressante, un jus envoûtant.
Sensation d'une plume venant se poser délicatement en bouche. Structure de dingue.
Les poivres gris et blanc se disputent à un magnifique fruit pour un touché de bouche angélique.
De la rose, de la pivoine également.
Belle amplitude façon main de fer dans un gant de velours. Juste comme il faut.
EQUILIBRE REDOUTABLE.
Très belle finale sur le noyau de cerise, la feuille de cerise, le bigarreau.
Longue persistance, sur la finesse mais très très longue.......
J'en dirais pas plus. Vin monumental. J'imagine même pas ce vin dans quelques années......
Les paires précédentes l'avaient déjà mis en évidence, il semblerait que les dieux du vins se soient penchés sur le berceau du jeune Jérôme Castagnier, il y a quelques années.
Ajouté à cela, une convergence positive de tous les éléments de la nature, du terroir, de l'ensemble des éléments et vous obtiendrez un très grand vin.
Si vous souhaitez vous débarrasser de vos 2010, je suis preneur......
Quatrième paire sur le millésime 2009......
Clos de la Roche 2009.
Robe plus marquée, plus sombre que sur les vins précédents.
Au nez, c'est un panier de fruits mûrs, noirs, sur la mure, le cassis, la fraise des bois ( jolie ), la cerise noire.
Des fleurs, petites notes minérales et un petit côté balsamique.
La bouche est plutôt jolie sur une matière mûre, sur la fraise écrasée, le coulis de fraise.
Le tout est porté par une tension mais plus développée que sur le Clos Saint Denis.
Belle trame minérale, un poil brute mais qui ne me dérange pas tant elle supporte la densité, le côté mûre de la matière.
En bouche, on retrouve les épices et les poivres que l'on trouvait sur les Clos de la Roche des autres millésimes, sans pour autant qu'ils soient aussi subtils et fins. Du cuir, de la rose et tout petit côté animal.
La finale, plus riche que précédemment, est assez longue sur le poivre, presque sur l'orange sanguine, avec de jolis amers.
Clos Saint Denis 2009.
Robe sombre, marquée.
Fruits très mûrs au nez. De la fraise, framboise, un côté fruits des bois ( fraise des bois notamment ), cerise.
Petite note d'élevage, vanille, très subtile. Tabac, cuir.
Bouche très riche, dense. On retrouve le côté solaire. La matière est jolie mais puissante ( un peu trop ), moins fine, plus concentrée. La trame est moins marquée. Il n'y a pas la droiture, la structure des vins précédents ce qui augmente le côté riche de la texture.
Il manque une tension pour soutenir l'ensemble d'après moi. La bouche fatigue davantage.
Qui plus est le passage après le millésime 2010 ne l'aide guère.
Petite finale.
Millésime particulier, solaire, ou l'on s'éloigne quelque peu, selon moi, de ce qui fait la force de ces grands vins, c'est à dire bel équilibre, grande trame minérale/acidulée, matière fine, ciselée, tanins caressants.
Le Clos de la Roche s'en sort mieux, notamment grâce à une tension plus présente.
A voir, à l'avenir, une fois que le couple matière/tanins se sera « apaisé », fondu , ce que donneront ces vins.
Cinquième paire, pour finir sur le millésime 2006......
Clos de la Roche 2006.
Nez plus épanoui que les précédents, présentant un côté tertiaire assez développé.
Notes de sous bois, champignons, humus accompagnent un fruit très « classe ». Note minérale de calcaire ainsi qu'un côté salin, que l'on détecte sur le nez. Sinon, on trouve également du café, du caramel, du tabac et toujours le couple poivres/épices. Des fleurs.
Note de truffe sur le second nez, joli ainsi qu'un côté tomate confite.
La bouche est sur un profil tendu, très minérale, très salin, sur le caillou. On retrouve une matière, fine, poivrée et florale ( fleurs fanées/séchées ).
On retrouve la finesse de la matière, quelque peu perdue avec le millésime 2009.
ça se resserre un peu après le milieu de bouche, donnant l'impression de rompre un peu la magie obtenue sur d'autres millésimes.
Même si c'est joli, on a pas le même équilibre, la structure habituelle. Le vin semble un peu endormi, entre deux eaux. Cela donne la sensation que les tanins sont un peu moins fins que sur les millésimes dégustés avant ( excepté 2009 ).
Sensation sans doute trompeuse. A regoûter.
Finale moyenne, fine, sur le poivre blanc.
Clos saint Denis 2006.
Joli nez, avenant, sur la prunelle, prunelle de Troyes ( liqueur ), la mure, les cerises, le cassis, des fleurs dont la pivoine. Sous bois, humus, côté boisé.
Note de tomate également.
Là encore, le nez semble plus évolué. Il commence à se patiner un peu.
La bouche présente un équilibre plus précaire que sur le Clos de la Roche.
Entre une matière un peu stricte, qui resserre la bouche,un petit côté aigre et un côté très salin, l'harmonie manque un peu à l'appel.
Côté minéral.
Les tanins sont également moins fins que ceux que l'on a pu avoir au préalable, un peu plus rêche.
Au final, il manque, comme pour le 2009, d'une jolie trame pour porter le vin, une colonne vertébrale qui soutiendrait l'ensemble.
La finale rattrape quelque peu l'ensemble général avec une belle persistance.
Le millésime 2006 semble pour le moment dans une phase de semi conscience, qui ne lui permet pas de délivrer tous ses atouts. A regoûter.
Bilan
2010 Énorme.
2007 Étonnant, très bien en ce moment.
2008 n'a pas livré tout son potentiel. Effet millésime, manque d'aération ?
2006 semble endormi
2009 un peu trop dense, à revoir
Même si le Clos Saint Denis est un grand vin, avec une texture fine, un très bel équilibre, le Clos de la Roche m'aura totalement conquis, par son amplitude, sa finesse de tanins, sa trame minérale et sa matière juteuse et poivrée.
Une grande soirée, un grand vigneron, un spécialiste de la Bourgogne pour nous orchestrer cette soirée et vous avez une soirée qui restera dans les mémoires.
Merci Fred.