Passage au Domaine Bachelet & Fils
Une récente bouteille de ce domaine bue au
Soufflot
, m’avait donné envie d’aller rendre visite au domaine, et en parlant avec Cédric, celui-ci était également tenté. Il est 17h20 et il fait nuit lorsque nous arrivons au domaine Bachelet & Fils, au hameau Gamay, à Saint Aubin. Il s’agit du dernier domaine de cette très belle journée commencée en Beaujolais
(
Château Thivin
), puis poursuivie en Mâconnais
(
Domaine Guerrin & Fils
) et Côte de Beaune
(
Domaine Joseph Voillot
). Nous descendons immédiatement rejoindre Benoît Bachelet qui nous attend autour du tonneau, en compagnie de 2 jeunes dégustateurs, dont un poursuit ces études dans le but d’obtenir le DNO.
Benoît nous présente succinctement le domaine, repris avec son frère lors de la retraite de leur père. A l’heure actuelle, il s’étend sur 10 ha environ, dont 75% planté en blancs et 25% de vignes de Pinot Noir. Le domaine s’inscrit pleinement dans une démarche respectueuse de la vigne, orienté biodynamie et Agriculture Biologique sans pour autant les revendiquer totalement. De gros efforts sont entrepris à la vigne pour la maîtriser. Les rendements sur le millésime 2017 sont d’environ 40 hL/ha. Tous les vins sont egrappés, ils passent globalement deux hivers en fût, pour un élevage global d’environ 18 mois, dans une cuverie récente
(2010) un peu plus bas dans le village. Enfin, un soin particulier est pris pour le bouchage, avec 2 à 3 bouchonniers différents, marquage et suivi des lots, et désormais cirage intégral au domaine
(Le coût total du bouchage est d’environ 60-70 centimes/bouteille, et même supérieur à 1 euro/bouteille pour Blanchot-Dessus et Bienvenues Bâtard Montrachet).
Benoît va nous faire déguster un large panel de la gamme sur le millésime 2017…ainsi que quelques belles surprises à l’aveugle à la fin !
(Notes pas forcément dans l’ordre de dégustation, sauf pour les vins mystère).
Bourgogne Chardonnay 2017 :
Mise en bouteille début août, filtration lenticulaire. 21a10ca de vignes sur Chassagne Montrachet, plantée en 1999, exposé Sud Sud Ouest, sur un sol argilo-calcaire.
On a un nez grillé, sur la noisette, complété de tilleul et de citron. La bouche est fluide, souple, sur le citron, et reste fraîche et tendue. Très belle entrée en matière.
TB+
Saint Aubin 1er Cru Les Frionnes 2017 :
20 ares, vignes de 30 ans.
On a un nez de poire et de tilleul. La bouche est souple, onctueuse, assez ronde, de demi-volume, mais un peu simple.
B-TB et un cru que j’ai goûté de façon assez similaire chez
Thibault Morey
.
Saint Aubin 1er Cru Les Champlots 2017 :
Vignes de 50-60, sols marneux.
On a un nez beurré et de tilleul. La bouche est ronde, assez puissante et riche et délivre un vin ouvert, d’une parfaite lisibilité, assez charnu et déjà très long, et qui se conclue sur de belles notes de pétard.
E
Saint Aubin 1er Cru Le Charmois 2017 :
1 ha, exposé Est, vignes de 30-35 ans sur calcaire et riche mère de marnes rouge.
Le nez est fermé. La bouche est plus fraîche, mentholée et sur la chlorophylle. L’aération révèle un peu d’agrumes en compagnie d’un long acidulé type bonbon harlequin. L’ensemble est assez dense et dur et se conclue sur de fins amers de pétard grillé.
E
Saint Aubin 1er Cru En Remilly 2017 :
jeunes vignes de 15 ans exposées Sud, sur un sol dur, caillouteux et de terres blanches.
Le nez est initialement fermé, l’aération révèle de timides notes de citron vert. La bouche est ronde, assez volumineuse, de jolie maturité. La matière est un peu plus fluide et moins dure que le précédent et est assez long.
TB-E
Saint Aubin 1er Cru Les Murgers des Dents de Chien 2017 :
0,27a70ca acheté en 2004, vignes plantées en 1957 et 2016, exposées Sud Est sur un sol calcaire, à la limite des Champs Gains de Puligny Montrachet.
On a un nez de citron vert, exotique avec un retour sur le gravier humide. La bouche est assez nerveuse, ou l’on retrouve du tilleul de la menthe et de la chlorophylle, complété par un joli poivre blanc. La finale est longue, sèche sur le pétard.
E
Chassagne Montrachet Les Encégnières 2017 :
Situé à la limite de Puligny Montrachet, sous le Bâtard. 37a02ca, planté en 1964, 1969 et 1973, exposé Est-Sud Est, sur un sol argilo-calcaire.
On a un nez sur l’orange, les agrumes, la mandarine…La bouche est plus fluide, avec moins de matière que les Murgers des Dents de Chien. On retrouve de la menthe et de la chlorophylle, tendu par l’acidulé du bonbon harlequin. La finale est fraîche, posée sur une fine impression de silex frotté.
TB
Chassagne Montrachet 1er Cru Les Macherelles 2017 :
Sol argilo-calcaire.
Le nez est assez neutre. La bouche est plus dense, assez pierreuse, sur le gravier humide. La matière paraît assez mûre et tendue, avec une finale sur le pétard.
TB
Chassagne Montrachet 1er Cru La Boudriotte 2017 :
Vignes de 70 ans plantées sur des Marnes un peu grasses, sur l’entité « Morgeot ».
On a un nez de fruits jaunes charnus et mûrs. La bouche est riche, mûre, de gros volume et dense. La longueur est conséquente, et se termine par une finale marquée par des amers de zests de citron vert. Un style qui fera évoquer le domaine Droin par Cédric, et je le rejoins totalement.
E
Chassagne Montrachet 1er Cru Blanchot Dessus 2017 :
12a42ca, planté en 1927 (la plus vieille du domaine), exposé Sud, sur un sol argilo-calcaire. Situé sous le Montrachet du Comte Lafon, entre les vignes des domaines Vincent Girardin et Morey Coffinet.
On a un nez de pétard et de céréales, de silex frotté et d’agrumes. La bouche est superbe d’équilibre, dense, tendue, sur le citron le silex et le gravier humide…tout en restant finement grasse, rendant la finale d’une immense longueur, un peu riche. Match dans la catégorie Grand Cru indéniablement.
E+++
Puligny Montrachet Les Aubues 2017 :
A la limite de Chassagne, mitoyen des Encégnières.
On a un nez de tilleul, complété d’une grande floralité
(jasmin…). La bouche est marquée par l’empreinte de fruits jaunes mûrs, tout en restant tendue grâce à une belle acidité motrice. On retrouve en complément du tilleul, de menthol et de la chlorophylle, qui tendent à étirer et rafraîchir le vin. La finale est marquée par des amers un peu imposants.
TB
Puligny Montrachet 1er Cru Sous le Puits 2017 :
23a15ca, vignes de 1951, exposé Est, sur un sol argilo-calcaire.
On a un nez plus neutre, sur le gravier humide. La bouche est tendue, assez effilée, toujours empreinte de floralité, qui la rend très délicate et aérienne. C’est long, tendu, propulsé par une juste acidité. Un cru très féminin, en dentelle.
E
Bienvenues Bâtard Montrachet Grand Cru 2017 : On a un nez plus floral, fait de fleurs blanches et de menthe, mais de façon plus discrète globalement que Blanchot Dessus, goûté juste avant. On retrouve une bouche vive, tendue et citronnée et mentholée, dense, tannique, très longue, finement crémeuse. La finale est légèrement chaleureuse.
E+
Bourgogne Pinot Noir 2017 :
52a16ca, vignes plantées en 1964 et 1967 sur Chassagne Montrachet, exposées Sud-Sud Ouest, sur un sol argilo-calcaire.
On a un nez de fraise et de bonbon kréma. La bouche est acidulée, avec un très beau fruité assez pur et frais. C’est simple, souple et gourmand. Assez proche de celui de Thibault Morey dans l’esprit et dans les goûts.
TB
Saint Aubin 1er Cru Derrière la Tour 2017 : On a un nez épicé, de griotte, de framboise et finement végétal. La bouche est fluide, avec des tanins nombreux et fins. L’ensemble est de demi-corps, sur les baies rouges, avec une finale un peu végétale et rêche.
AB-B
Chassagne Montrachet Vieilles Vignes 2017 : On a un nez très réduit. La bouche est plus volumineuse et grasse. Les tanins sont fins et plus élégants que le Saint Aubin, et se présente également de façon un peu plus longue. C’est facile, assez gourmand quoiqu’un peu serré.
B-TB
Chassagne Montrachet 1er Cru La Boudriotte 2017 : On a un nez vineux, sur le raisin frais, la myrtille et un peu sauvage. La bouche est pleine et dense, avec une jolie matière accompagnée de tanins fins et plus ronds que sur les vins précédents. Le toucher de bouche est beau, la longueur est belle.
TB-E
La gamme a été passée en revue…c’est fini ? Et bien non ! Benoît s’absente 5 minutes et reviens les bras chargés de bouteilles non étiquettées…a nous les joies de l’aveugle !!!
Vin Mystère 1 :
Echantillon 1 : bouchon !
Echantillon 2 : Robe jaune claire à reflets gris. Le nez est beurré, avec un fin grillé/noisette et de tilleul, très beaunois. La bouche est tonique, avec pas mal de peps, très légèrement enrobé par une petite pellicule de gras. C’est très élancé et tendu, avec une jolie matière fuselée. Il s’agit d’un
Chassagne Montrachet 1er Cru La Boudriotte 2014.
E (j’étais sur Saint Aubin 1er Cru Les Champlots…)
Vin Mystère 2 :
Robe qui se dore légèrement. Le nez est sur la poire, le tilleul, le foin, complété par un très léger voile d’humus et de champignon. C’est assez complexe et commence à évoluer tranquillement. La bouche est tonique, riche, un peu crayeuse, avec une grosse matière presque huileuse, dense et profonde, complété par un léger mousseron. La finale est puissante et s’étire sur un fin côté pétard. Il s’agit du
Saint Aubin 1er Cru Le Charmois 2010.
E (j’étais sur Chassagne Montrachet Les Macherelles…)
Vin Mystère 3 :
La robe est or pâle à reflets gris. Le nez est sur les fleurs blanches. La bouche est effilée, fluide et ronde, avec une aromatique sur le chewing gum Hollywood, très florale, dont la matière est enrobée par un léger voile beurré. C’est génial de longueur et d’équilibre, avec une finale longue, fraîche et mentholée. Il s’agit d’un
Saint Aubin 1er Cru Les Murgers des Dents de Chien 2007 E+
(j’étais sur Puligny Montrachet 1er Cru Sous le Puits…)
Vin Mystère 4 :
La robe est d’or. On a un nez boisé, de grillé et de tilleul. La bouche est ronde, sphérique et mentholée, de grosse densité, impactante, avec des notes importantes de verveine. Il y a une très belle longueur, mais je le trouve à ce stade un peu moins complexe que le précédent, il finit très long et frais lui aussi. Il s’agit d’un
Bienvenues Bâtard Montrachet 2005.
E (j’étais sur un Chassagne Montrachet 1er Cru Blanchot Dessus)
Vin Mystère 5 :
Bouchon. Il s’agissait d’un
Saint Aubin 1er Cru Le Charmois 2002
Vin Mystère 6 :
La robe est or. On a un nez fumé, avec un fin caramel. La bouche est grasse, ronde et riche, mûre, avec un toucher de bouche velouté et enveloppant mais en gardant une sacrée tension. La longueur est belle. L’ensemble est superbe, très équilibré et à maturité, mais avec un potentiel de garde encore certain. Un Grand blanc. Il s’agit d’un
Puligny Montrachet 1er Cru Sous le Puits 1996.
E++
Au total…quel niveau mes amis !!! Des vins d’une construction redoutable, très tendus, présentant chacun de belles acidités et des matières toutes très denses. On sent des vins avec pas mal de réduction, et des élevages bien maitrisés, faisant d’eux de vrais vins explosifs en bouche. Ils confirment mes impressions récentes ressenties sur les 2014
(
Puligny Montrachet 1er Cru Sous le Puits
et
Chassagne Montrachet 1er Cru Blanchot Dessus
) et tout l’attrait que j’ai pour ces vins-là. Autant le dire tout de suite, je crois que je n’ai jamais goûté en même temps une gamme aussi homogène et avec un niveau qualitatif aussi élevé, car Oui, les vins blancs du Domaine sont de Grands Vins !
(et pour une fois, on ne pourra pas me reprocher de ne pas être d’accord avec JL M…)
. Par ailleurs, l'expérience a montré que ces vins la, en plus d'être déjà à minima excellents en jeunesse, avaient une capacité de garde conséquente!
Concernant les rouges, se sont tout de même d’excellents représentants de Chassagne Montrachet, même s’ils n’atteignent pas tout à fait le niveau des chardonnays.
Quant à l’accueil…que dire, si ce n’est qu’il a été magistral et empreint d’une grande générosité. Le temps que nous a accordé Benoît est passé à la vitesse de la Lumière, avec toujours cette volonté d’expliquer de façon simple, claire et franche, les différentes composantes des parcelles, du métier de vigneron, des méthodes culturales…Bref, j’ai eu l’impression d’être pendant ce laps de temps à l’Université du Vin !!! On aurait aimé que le temps s’arrête…Mais c’est promis, on reviendra !!!
Il est grand temps de décoller du domaine après plus de 3h30 en cave, car je crois que nous sommes attendus quelques kilomètres plus loin pour une belle soirée en perspective, et que l’on commence à s’impatienter…
Benoît, Merci pour tout…et à l’an prochain !!!