Une verticale au Domaine des Epeneaux
(Domaine du Comte Armand)
Parce qu’il ne faut pas se figer dans ses goûts et que j’écoute mes camarades

, le tropisme de notre groupe s’étend un peu plus vers la Côte de Beaune depuis un à deux ans. Au moment de regarder les appellations pour lesquelles nous n’avions pas encore visité suffisamment de domaines, celle de Pommard ressortait. Un des noms régulièrement associés à ce village dans les sections Bourguignonnes des cavistes ou parfois sur la carte des vins des restaurants est celui du Comte Armand. Deuxième domaine surprise du séjour

Une surprise, Paul Zinetti va également nous en réserver une.
Il est 14h00, nous terminons notre déjeuner. Le ciel bleu immaculé, le vif soleil et la température plus qu’estivale appellent une sieste extérieure. Nous nous présentons néanmoins dans la cour du Domaine des Epeneaux au 7 rue de la Mairie à Pommard. Le régisseur des lieux nous rejoint au bout d’une poignée de minutes, lunettes de soleil vissées sur sa tête, et nous convie dans la bâtisse, direction la cave/le chai.
Le Clos des Epeneaux
- Le domaine appartient à la famille Armand depuis 1828. Il totalise 9ha. Le Clos des Epeneaux a été créé fin du XVIIIème, début du XIXème. La parcelle a été constituée par Nicolas Morey. C’est un monopole qui s’étend sur 5 ha 23. L’appellation a été déposée il y a 50 ans. Il y a une grande variété, tant dans les sols que l’âge des vignes. La partie basse est plutôt argileuse, sur 40 à 60 cm de profondeur. La partie haute est plus caillouteuse. Les jeunes ont 35 ans et les vieilles de 65 à 95 ans. Nous avons également du Volnay 1er cru les Fremiets, du Volnay village issus des Grands Champs et des Famines. De l’Auxey 1er cru (Bretterins et Duresses) et village. Et nous avons un peu de blancs. Ils représentent moins de 5% de la production.
- Quelle est-elle?
- 40 à 50 000 bouteilles.
- Quelle part est exportée?
- 85%. Essentiellement vers le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le reste de l’Europe.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole 2015
Le début de la trame est plutôt acide. La matière s’intensifie avec les secondes pour terminer sur une grande intensité de fruits noirs. L’avenir peut être envisagé sereinement.
B+
- Le vin a été vendangé à 13,8°.
- L’acidité est plutôt présente et bien intégrée en première partie de bouche.
- Le PH oscille entre 3,45 et 3,5.
- Vous éraflez la totalité?
- Nous gardons 10-15% de vendanges entières. Nous avons une belle qualité de jus pour en supporter un peu.
- Travaillez-vous en bio?
- Oui, avec un peu de biodynamie.
Une succession de millésimes à faibles volumes
- Vous avez du accueillir les rendements de 2017 avec un soulagement après 2014 et 2016.
- 2015 aussi a été grêlé.
- J’avais oublié 2015.
- En 2017 nous faisons 30hl sur le Clos et Volnay atteint 45hl.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole 2014
- Pour une première année, ce fut compliqué. La grêle a fait beaucoup de dégâts. Nous avons été sauvés par l’arrière saison.
- Vous avez du avoir des secondes pousses?
- Non, les grains touchés ne sont pas tombés.
L’entame est fluide. Les tanins sont marqués mais fins. L’accroche se prononce avec les secondes et devient un peu anguleuse. Il y a de beaux fruits néanmoins: de la groseille et de la mûre.
B+
Un élevage long
- Quels sont vos choix en terme d’élevage?
- Nous avons jusqu’à 30% de fûts neufs. Nous travaillons avec le tonnelier Berthomieu. Nous faisons quelques petits essais avec des rachats d’occasions.
- Pendant combien de temps y conservez-vous vos vins?
- L’élevage dure 22 mois. Nous le terminons par un élevage en masse de 2 mois en cuve.
- Quelle chauffe privilégiez-vous?
- Moyenne et légère. Les tonneaux ont séché pendant 48 mois.
- Les variations de rendement n’ont pas du faciliter la gestion de la futaille.
- Effectivement, nous avons eu des yoyos avec peu de vin en 2016 et beaucoup plus en 2017. Nous tâchons de garder les fûts le plus longtemps. Ils marquent moins avec le temps.
- Et en terme de protection?
- Un peu SO2 à l’entrée de la vendange. Puis au bout de 2 mois pour stabiliser le vin, 3g par hl.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole 2011
Le nez est marqué par un début d’évolution.
La bouche est plus fondue. Elle a une pointe saline et est bien plus contenue. C’est long. La finale adhère un peu.
B
- Le vin n’est pas filtré. Il pourrait l’être. Cela permet d’éliminer les micro-organismes et rend le vin plus brillant. Nous préférons garder l’entièreté du vin.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole 2008
On peut humer la rose, le pot pourri et la ronce. « Il n’y a pas de vendanges entières sur ce millésime. » Une belle droiture, la composition se fond encore plus que 2011. C’est friand, équilibré. Aucune sensation acide.
TB-
Les régisseurs du domaine
- Pouvez-vous nous parler de vous?
- Je travaille ici depuis 2010.
- Vous avez pris la succession de Benjamin Leroux il me semble.
- C’est bien cela. Il est parti vers d’autres projets en 2014.
- Avez-vous fait évoluer des choses en terme de vinification? On dit qu’il y a peut-être plus de finesse dans vos vins.
- La macération est un peu plus courte même si elle demeure assez longue. Et nous faisons plus de remontages que de pigeages. Nous avons plutôt de la chance que les propriétaires fassent confiance à des jeunes et qu’ils laissent une grande liberté.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole 2002
Ce millésime champignonne: pleurotes et morilles. Les fruits rouges sont nombreux, par grappes entières. Une longue acidité sert de colonne vertébrale où des tanins très justes viennent ponctuer de la matière.
TB+
- Benjamin a repris la suite de Pascal en 1999. Pascal a travaillé au domaine de 1985 à 1998. Il a mis en place beaucoup de choses. Il a arrêté la vente en vrac à la moitié des années 90.
Et pour parachever cette superbe verticale, Paul Zinetti nous laisse deviner l’année de génèse du dernier flacon.
Pommard 1er cru Clos des Epeneaux monopole millésime mystère
La robe est trouble. L’acidité donne un élan dynamique. De petits tanins continuent à se goûter. C’est un mélange de rose fanée et de poivre. L’iode conclut l’ensemble.
TB
« 1995, vous aurez ainsi pu goûter un vin de Pascal. »
Waouh! Que dire de plus, si ce n’est renouveler nos remerciements à Paul pour ce beau partage. En sortant, ami Nol nous dit « Moi qui n’ait pas toujours bien goûté les quelques fois où j’ai pu croiser une bouteille du domaine, mon avis a complètement changé. C’était très bon. » C’est quand même sympa la Bourgogne pour de tels moments