Les 2007 des Domaines familiaux de tradition de Bourgogne

Chaque année, la dégustation des vins des « Domaines familiaux de tradition » de Bourgogne est un événement extrêmement important, car on y retrouve les propriétaires des plus beaux domaines de Bourgogne présentant leurs vins. Cette année, ce sont les 2007 qui sont sur les minis stands de chaque domaine au Pavillon Ledoyen.

Je commence par serrer les mains des vignerons et des visiteurs que je connais, et mon premier contact est le Corton Charlemagne Domaine de Montille 2007. Autant dire que j’ai commencé par le meilleur, car ce Corton Charlemagne est d’une précision et d’un charme particuliers. Juste après lui, je déguste le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2007 que j’ai trouvé plus fermé et moins vibrant. Il faut dire que ces vins sont servis deux ans et quelques mois après leurs vendanges, aussi certains sont-ils encore dans des phases ingrates.

Mon intention n’étant pas de délivrer des jugements définitifs, mais plutôt des flashes du moment, voici des impressions du butinage.

En blancs, j’ai beaucoup aimé le Beaune Clos des Mouches Domaine Joseph Drouhin 2007 car j’aime le style de ce terroir. Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants domaine Dujac 2007 est une curiosité particulièrement intéressante, car je suis plutôt sans repère pour ce vin. Les trois vins du domaine Lafon sont bien ciselés et goûteux, sans trompette tonitruante, et j’avoue que j’ai un faible pour 2007, car cette année mezzo voce fait ressortir encore plus le talent de ceux qui font bien. Le Meursault Clos de la barre Domaine Comtes Lafon 2007 est un vin solide et élégant.

Les vins du domaine Leflaive m’ont séduit parce qu’ils jouent sur un registre calme tout en montrant l’expertise du domaine. J’ai préféré le Puligny-Montrachet Les Clavoillon Domaine Leflaive 2007 au Puligny-Montrachet les Pucelles Domaine Leflaive 2007. Mais les deux vins sont remarquables.

Les vins du domaine Raveneau sont des plaisirs qui devraient être défendus tant ils rendent dépendants comme des drogues dures. J’ai paradoxalement préféré le Chablis premier cru Butteaux domaine Raveneau 2007 au Chablis grand cru Blanchot domaine Raveneau 2007 même si le potentiel à long terme est évidemment en faveur du Grand Cru.

Les blancs que j’ai bus m’ont séduit. L’année 2007 est en demi-teinte, mais les vignerons améliorant leurs méthodes année après année ont produit des vins élégants et intéressants.

Au moment où l’on peut grignoter les excellents fromages de la maison Loiseau, un Beaune Clos des Mouches Domaine Joseph Drouhin 2005, un Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2005 et un Chablis premier cru Montée de Tonnerre domaine Raveneau 2005 montrent, s’il en était besoin, que 2005 est une immense année, beaucoup plus riche, mais qui ne porte pas d’ombre aux vins subtils de 2007.

Cette affirmation est encore plus vraie pour les rouges, car c’est un festival de finesse, de délicatesse et d’élégance, malgré le jeune âge.

J’ai été très intéressé par un Latricière-Chambertin domaine Simon Bize 2007, d’une maison que je ne connaissais pas. Le Chambertin Grand Cru domaine Trapet 2007 est très convaincant. Le Corton rouge Bonneau du Martray 2007, vin que j’adore habituellement m’a laissé un peu dubitatif, alors que le Corton Domaine Méo-Camuzet 2007 est absolument splendide.

C’est amusant de voir le poids de la mémoire. Car j’ai eu la chance d’acheter de vieux Pommard Epenots Michel Gaunoux. Et le Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 2007 a allumé mille bougies de réminiscence qui m’ont fait adorer ce vin, alors que le Corton renardes Michel Gaunoux 2007 le vaut au moins. Le Clos de la Roche domaine Dujac 2007 est solide et dans la logique de son terroir, le Volnay Taillepieds domaine de Montille 2007 est charmant et romantique, et le cousinage est évident avec la remarquable subtilité des vins de Jacques-Frédéric Mugnier, sachant que j’ai préféré à ce stade de leurs vies le Clos de la Maréchale au célèbre Musigny domaine Jacques-Frédéric Mugnier 2007 qui est dans une phase refermée.

J’ai eu une particulière surprise. Car c’est la première fois que je goûtais un rouge du domaine de Bouzeron d’Aubert et Paméla de Villaine. Le Mercurey les Montots domaine A et P de Villaine 2007 est absolument charmant et structuré. C’est un vin de plaisir.

Je ne suis pas un familier des vins de Georges Roumier, que je n’achète jamais car l’occasion ne s’est pas présentée. Mais c’est une grande leçon de rigueur que donnent ses vins, le Bonnes-Mares Grand Cru domaine Georges Mounier étant une réussite certaine.

La grande interrogation a été pour moi le domaine Rousseau dont j’ai bu les quatre vins présentés, Gevrey-Chambertin villages, Ruchottes-Chambertin Clos des Ruchottes, Clos Saint-Jacques et Chambertin. Alors que tous les autres domaines jouent sur un registre délicat, j’ai trouvé une affirmation qui dépasse celle de l’année. Je m’en suis ouvert à Eric Rousseau qui a souri et qui m’a dit qu’il préfère les vins qu’il a faits en 2007 à ceux de 2006, pourtant plus encensés par la critique. Je les ai donc goûtés à nouveau quelques heures plus tard, après m’être rendu à un autre rendez-vous, et si j’ai toujours la surprise de la puissance de ces vins pour l’année, force m’est de constater que les vins d’Armand Rousseau font partie de mes chéris, et le Chambertin Armand Rousseau 2007, quand il aura grandi, sera un vin de belle élégance.

Ayant le palais attiré par les vins anciens il est certain que je me sens à l’aise avec les vins de 2007 qui jouent sur la délicatesse et l’élégance.

Si je devais citer les chouchous de ce jour, il y a le Corton Charlemagne de Montille, le Chablis Butteaux Raveneau, le Corton Méo-Camuzet, le Pommard Michel Gaunoux, le Clos de la Maréchale JF Mugnier, le Bonnes Mares Roumier, le Chambertin Rousseau et la belle surprise du Mercurey de Villaine.

Comme disait Jean Gabin en s’adressant (je pense) à la Bourgogne : « t’as de beaux vins, tu sais ».

Après une bonne semaine de repos aux sports d’hiver, quoi de plus agréable que de reprendre par une des plus belles dégustations Parisiennes pour les amoureux de la Bourgogne ?

Il s’agissait de goûter le millésime 2007. Des bouteilles de 2005 ont été ouvertes à midi pour accompagner les fromages affinés de la Fromagerie Loiseau.

Il y avait beaucoup trop de vins à déguster pour que j’en publie l’exhaustivité. Je me limite donc à sélectionner les bouteilles que j’ai appréciées.

1 Les Blancs :

Les 2007 :

Sans surprise, les blancs sont purs, tendus et ciselés, avec de magnifiques acidités qui leur donnent un tranchant superbe et une buvabilité remarquable. J’aime vraiment beaucoup ce millésime.

Mes coups de cœurs (sans ordre):
Puligny Pucelles Leflaive (superbe)
Puligny Clavoillon Leflaive (étonnement ouvert)
Corton Charlemagne Bonneau du Martray (dense, long et complexe)
Corton Charlemagne de Montille (belle pureté)
Puligny Cailleret de Montille (tendu et long)
Meursault Charmes Comtes Lafon (un très beau vin qui gagne en pureté chaque année)
Meursault Clos de la Barre Comtes Lafon
Chablis Blanchots Raveneau
Chablis Butteaux Raveneau

Très bons :
Meursault Terre Blanche P Morey (beau potentiel mais sur la réserve)
Meursault Tessons P Morey
Morey Monts Luisants Dujac
Beaune Clos des Mouches Drouhin (à revoir car servi un peu chaud)
Chablis Foret Raveneau

Parmi les déceptions je mentionnerai simplement le Corton Charlemagne de Faiveley qui présentait des odeurs suspectes et peu engageantes. Je penche pour un problème de bouteille. Dommage car le 2006 était un de mes coups de cœur l’an dernier.

Parmi les 2005 servis, j’ai particulièrement aimé le Puligny Folatières Leflaive qui montrait une belle fraîcheur (malgré sa richesse) et une belle longueur. Le Corton Charlemagne de Bonneau du Martray était aussi suberbe et se livrait déjà fort bien. Dans un style un peu plus démonstratif mais moins précis, le Beaune Clos des Mouches a aussi bien tiré son épingle du jeu ainsi que le Meursault des Comtes Lafon. Les bouteilles (3) de Chablis Montée de Tonnerre de Raveneau ont par contre été un peu moins expressives (belle densité mais vin assez compact).

2 Les Rouges :

Les 2007 :

Il ne fallait pas s’attendre à des monstres de concentration. Nous sommes, par contre, en présence d’un millésime qui permet de différencier clairement les terroirs, mais aussi les styles de vinifications des domaines présents. Les boisés marqués n’étaient pas les bienvenus ! Et la vendange entière à manipuler avec précaution (quelques traces de végétal pas forcément très noble étaient parfois sensibles).

Les meilleurs ont produits des vins élégants, soyeux et plutôt gourmands.

Mes coups de cœur (sans ordre) :
Chambertin Rousseau (au sommet !)
Gevrey Clos St Jacques Rousseau (profond, soyeux)
Ruchottes-Chambertin Rousseau
Musigny Mugnier (une beauté incrachable)
Bonnes Mares Roumier (une bombe fruitée)
Chambolle Les Cras Roumier (superbe chambolle hédoniste)
Volnay Taillepieds de Montille (des vins de plus en plus accessibles jeunes ! gourmand !)

Très bon :
Volnay Clos des Ducs d’Angerville (dense et juteux)
Volnay Mitans de Montille
Pommard Rugiens de Montille
Latricières-Chambertin Simon Bize (style plutôt évanescent)
Corton Bonneau du Martray
Clos de la Roche Dujac (belle finesse, trait de vert)
Clos Vougeot Méo Camuzet (le Corton était un peu trop rustique à mon goût)
Volnay Santenots Comte Lafon (dans un style profond et austère)
Corton Bressandes Tollot Beaut
Chambertin Trapet (le reste de la gamme m’a moins convaincu)
Nuits Les St Georges Gouges (un style qui a tendance à s’assouplir)
Mazis Chambertin Faiveley (très joli jus !)

J’ai volontairement omis certains domaines dont le style de vinification est un peu trop dur et austère pour moi.

Les 2005 servis ont confirmé le potentiel du millésime, mais aussi et surtout le fait qu’il vaut mieux éviter d’y toucher en ce moment.

Sans surprise un magnifique Gevrey Lavaux St Jacques Rouseau, un beau Chambolle de Roumier, plus dense et profond que le Chambolle de Mugnier (plus aérien). Le Volnay Clos des Ducs d’Angerville m’est apparu dense & structuré et d’une austérité de bon aloi. Austérité qu’on retrouve dans le Nuits Les Pruliers de Gouges et le Vosne Bossières de Grivot. J’ai finalement été plutôt agréablement surpris par le Gevrey Clos Prieur de Trapet le le Corton Clos des Cortons de Faiveley.

Christophe

A te lire je regrette de n'avoir pas pu m'y rendre cette année.
Je confirme pour le Musigny de chez Mugnier à la fois terre et fruit, magnifique de profondeur et de race. Je ne l'avais d'ailleurs pas recracher au domaine

Une petite fusion ?

lapassionduvin.com/p...

Une petite fusion ?

Olivier, il suffisait de le demander

Amitiés,
Thierry

Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants domaine Dujac 2007 est une curiosité particulièrement intéressante, car je suis plutôt sans repère pour ce vin

Normal : j'ai lu l'autre jour sur le forum d'en face (pas frapper !) que la parcelle était principalement planté du cépage aligoté (dixit Patrick E. , grand maître du site).

C'est intéressant que par rapport à Christophe, j'ai préféré les vins sur l'élégance et la délicatesse, par rapport aux vins immenses qui même en année moyenne ont un coffre énorme comme les vins de Rousseau.
Et pour le Musigny Mugnier, apparemment, j'ai eu une bouteille plutôt fermée et Frédéric Mugnier l'a confirmé.

Pour les blancs, je suis d'accord avec Christophe, sauf sur le CC Bonneau du Martray qui est bon, mais ne m'a pas fait fantasmer.

C'était de toute façon très convaincant.

Mes impressions sont très proches de celles de Xtof...

En blancs, mes coups de coeur sont :

- Corton Charlemagne Bonneau du Martray (quelle élégance ! m'a beaucoup plus plu que le 2006)
- Les Puligny Leflaive, dès le Village
- Corton Charlemagne de Montille
- Les Meursault Comtes Lafon (le plus ouvert étant sans conteste le Village)
- Les Chablis de Raveneau (une petite préférence personnelle pour Forest, le plus tendu)

Le Beaune Clos des Mouches Drouhin, dans un style un peu bling-bling sur la réduction, arrive juste derrière.

Globalement, je trouve le niveau des blancs très élevé en 2007.

Du côté des quelques 2005 proposés, le Puligny Folatières de Leflaive était absolument superbe. La Montée de Tonnerre de Raveneau semblait un peu fermée, et souffrait de la comparaison avec le Puligny. Le Beaune Clos des Mouches de Drouhin m'a bien plu également, très ouvert, riche et flatteur.

Chez les rouges, j'ai été enchanté par Roumier. Tout est bon, très bon... (surtout les Cras et le Bonnes Mares ;-))
Le top du salon pour moi, avec Rousseau (à partir du Ruchottes ; le Gevrey Village étant un bon cran en dessous) et Mugnier. Je place également le Corton de Bonneau du Martray, éminemment floral et élégant, dans ce beau peloton de tête.

Mais ceux là ne sont pas des surprises... contrairement aux Volnay de Marquis d'Angerville, qui m'ont bluffé, ainsi que les vins de Simon Bize (une vraie belle découverte ; un Latricières de très haut niveau). J'ai également adoré la pureté des vins du domaine De Montille, avec des terroirs très lisibles.
Trapet, qui passait ensuite, en a souffert... Je suis moyennement convaincu par leur vins, excepté le Chambertin. Le Latricière et le Chapelle manquent de fruit et de gras à mon sens. Mais peut-être est-ce parce que les autres ont mis la barre très haut...

Florian

Quelques avis convergents ou divergents avec ce qui précède (petit rappel, ce ne sont que des 2007) :

En blanc

Mes préférés (sans ordre) :
- Joseph Drouhin Beaune Clos des Mouches (grosse matière, corpulence mais équilibre)
- Joseph Drouin Chablis Grand Cru Les Clos (finesse, élégance, tension sans excès)
- Bonneau du Martray Corton Charlemagne (jolie tension minérale, une austérité élégante, à attendre !)
- Ravenneau Chablis Forest (matière pleine, jolie tension sans excès)
- De Montille Puligny-Montrachet Caillerets (puissance élégante, jolie maturité de fruit)

Mes déceptions (relatives)
- Ravenneau Butteaux et Blanchots (matière un peu décharnée, une forme de fluidité)
- A et P de Villaine Bouzeron (une réputation que je ne comprends pas, j'ai dégusté un peu partout en Bourgogne des aligotés bien meilleurs)

En rouge

Mes préférés (sans ordre)
- l'ensemble des Volnay de Marquis d'Angerville (style fin, délicat, sans boisé sensible avec une mention particulière pour Les Champans)
- Domaine Lafarge Clos des Chêne (j'aime ce style tendu, un peu austère, mais pur et fait pour la table)
- l'ensemble des Nuits Saint-Georges de Gouges (à part le village que j'ai trouvé trop juste en maturité)
- Joseph Drouhin Beaune Le Clos des Mouches (riche mais tendu, puissant, un rien austère)
- Michel Gaunoux Corton Renardes (style traditionnel, vin dense, minéral, une jolie évolution prévisible)
- De Montille Volnay Les Mitans (mon préféré pour sa finesse et son fruité très pur et gourmand dans une gamme de rouges de très bon niveau)

Mes déceptions (relatives)
- les vins de Mugnier se goûtaient mal, très "carrés", un peu austères, fermés
- les Clos Vougeot du Château de La Tour (le "normal" et le "vieilles vignes") que j'ai trouvés en retrait par rapport à d'habitude, moins fins, moins délicats, plus "grossiers".

Je n'ai pas goûté les vins de Rousseau et de Roumier car j'avais fait une visite aux domaines il y a quelques semaines.

Philippe

Philippe,

J'ai nettement préféré la gamme de Montille à celle du Marquis d'Angerville.

Le Volnay Clos des Chênes de Lafarge était effectivement intéressant. Cependant, je te rejoins sur le fait que ce style de vinification appelle impérativement la table pour adoucir une austérité que je trouve parfois un peu trop marquée (quelque soit le millésime).

Je te rejoins sur le Chambolle de Mugnier. J'ai par contre eu la chance de goûter la première bouteille de Musigny qui était (je crois) plus ouverte. Je suis aussi en ligne avec toi pour les vins du Ch de la Tour.

Par contre ta conversion récente pour les vins de Drouhin m'étonne autant que ton silence concernant les Leflaive. J'ai certes bien aimé le Clos des Mouches blanc, mais il fut (à mon sens) un cran au dessous du Clavoillon (qui n'est pourtant pas mon préféré de la gamme).

Christophe

Philippe était dans un jour feuille, faut l'excuser.

Christophe, sur les Leflaive, je n'ai été ni déçu, ni surpris. D'où mon absence de commentaire. Je n'ai jamais été fan, malgré le positionnement très biodynamiste du domaine. Je suis rarement ému par le chardonnay de la Côte d'Or, Leflaive n'échappe pas à mon ressenti. En plus je trouvais les vins beaucoup trop boisés ce qui ne m'a pas semblé être le cas pour ces 2007 que j'ai préféré aux 2006, sans être enthousiasmé.

Pour Drouhin, tu as raison, ma "conversion" est récente... En fait je ne goûtais pas ces vins, les rangeant un peu trop vite dans le tout venant du gros négoce beaunois. Or, la semaine dernière, j'ai eu l'occasion de goûter leurs chablis pour la première fois. J'ai été très séduit par leur style et découvert en même temps la qualité incroyable de la viticulture du domaine. Tout à ma découverte je concède que je suis peut-être un peu indulgent pour le moment , mais je vais suivre leurs vins, ça m'intéresse.

Quant à Montille/Angerville, je trouve que, qualitativement, c'est assez proche, mais j'ai été un peu plus sensible au charme des vins d'Angerville ce jour-là (et pourtant Alix de Montille n'est pas dénuée d'un charme discret mais réel... )

Philippe

Xtof

content que l'on parle un peu des vins des Lafarge, vignerons attachants et trop discrets. les vins chez eux sont durs et effectivement appellent la table. Toutefois au vieillissement prolongé ils sont excellents, j'en ai fait l'expérience chez eux à table où Fred est remonté jusqu'en 64. Je serais bien intéressé de goûter d'autres Volnay aussi vieux pour voir si ils tiennent si bien.

CR:Quelques impressions sur cette très belle dégustation (sans avoir lu les commentaires ci-dessus).

Pour ce qui est des rouges, il y a une tête qui dépasse à mon goût dans cette dégustation... Je ne vais pas être très original, mais j'ai été vraiment très impressioné par les quatre vins présentés par le domaine Armand Rousseau - à tel point qu'il me paraît hasardeux de les décrire. Ce qui ressort est une suavité exceptionnelle, des tannins qui sont la définition
même du soyeux, et un équilibre souverain. Le Clos Saint-Jacques m'a semblé le plus avenant hier, le Chambertin semblant un peu plus renfrogné. Une impression de plénitude ressort de ces vins, qui rappelle ce que ce brevage a de magique.

Beaucoup apprécié également le caractère aérien du Volnay Clos des Ducs du domaine d'Angerville, et (bien que dans un style très différent) le Clos de la Roche de Dujac, assez atypique avec son aromatique épicée, "chaude" et sa bouche ronde, grasse. En vrac, j'ai également pris beaucoup de plaisir avec le Latricières de Simon Bize, le Vosne-Romanée PC "Les Beaux Monts" de Jean Grivot, et le Corton-Bressandes de Tollot-Beaut.

J'ai également beaucoup aimé la gamme des vins du domaine Trapet, avec à chaque fois une trame acide très présente, sans aucune sous-maturité toutefois à mon goût. Le Chambertin chapeaute le tout avec grâce et un supplément de longueur et de complexité.

Petit coup de coeur enfin pour le Chambolle (village) de Mugnier, dont la bouche, aérienne, est une caresse, toute en velours et à l'aromatique déjà épanouie (moins convaincu par le NSG Clos de la Maréchale, plus "carré", et présentant des arômes moins séduisants).

Toujours en rouge, certains vins m'ont laissé plus dubitatif.

Les vins du domaine Lafarge m'ont semblé tout à fait à part, dans un style rigide, assis sur une structure tannique qui tranche avec l'architecture plus souples de nombre de vins dégustés hier. Le Volnay Clos des Chênes était toutefois un peu plus avenant que ses camarades de cave, offrant également une aromatique distinguée.

Le Musigny de Mugnier m'a interpellé, présentant une aromatique extraordinaire et des tannins d'une douceur irréprochable, mais sans que la bouche me convainque tout à fait. Pas la peine de s'appesantir toutefois, tant ces impressions sont fugaces.

Un peu passé à côté des vins présentés par Méo-Camuzet, sans reproche, mais sans avoir vraiment été accroché.

Un peu de perplexité également quant aux vins goûtés chez Bruno Clair hier, qui présentaient des tannins assez vigoureux dans le contexte du millésime, qui m'ont un peu géné. De beaux vins toutefois, qui m'auraient sans doute plus convaincus goûtés à part. Contraste saisissant entre les voisins Gevrey PC Cazetiers et Clos Saint-Jacques, à la fois en terme d'aromatique et de structure, le second présentant des tannins nettement plus serrés, dans une bouche très compacte.

Quelques déceptions enfin (bien entendu à relativiser - tout comme les satisfactions, d'ailleurs - s'agissant de goûter des vins dans leur prime jeunesse) avec le Corton de Bonneau du Martray, marqué à mon goût par une certaine rudesse et des tannins un peu durs, les Clos de Vougeot du domaine de la Tour, ou les NSG de Gouges, qui m'ont globalement assez peu convaincu (à l'exception peut-être du 1er cru Les Saint-Georges), avec des tannins souples, mais une acidité trop présente à mon goût.

Le tableau m'a semblé plus homogène en blanc - très peu de déceptions et des vins globalement particulièrement réussis.

Quelques coups de coeur, pour le Meursault Charmes des Comtes Lafon, à la fois très minéral et très gras, qui prend un volume formidable en bouche, sur une grande longueur. Coup de coeur également pour le Meursault Tessons du domaine Pierre Morey, à l'équilibre souverain, où l'aromatique semble très fondue, un vin qui semble déjà abouti.

Le 1er cru Forêt de Raveneau, très expressif, présentait un nez superbe quoiqu'un peu déroutant, en contraste avec une bouche qui ramène d'emblée à Chablis, dans ce qu'il a de plus beau. De manière plus générale, les trois vins présentés par le domaine apparaissaient très prometteurs, mais le Butteaux se livrait moins, et le Blanchot, très mûr et à l'acidité moins présente, semblait lui aussi un peu en retrait.

Beaucoup aimé également les Corton-Charlemagne de Bonneau du Martray et du domaine de Montille, pour lesquels la parenté semble évidente, le premier toutefois dans un style un peu plus avenant, le second tout en rectitude.

Avec le buffet, un superbe Clos des Mouches (blanc) 2005 de Drouhin, ainsi qu'un très beau Chambolle 1er cru Les Feusselottes 2005 de Méo-Camuzet m'ont marqué, le Gevrey Lavaux-Saint-Jacques (2005 également) de Rousseau un peu moins. De manière générale, la comparaison entre ces 2005 et les 2007 (en rouge) est assez cruelle, même compte tenu du fait que les premiers ont deux ans de plus - ce qui n'est une surprise pour personne.

Si les blancs 2007 m'ont paru globalement très accomplis, les rouges m'ont semblé plus souvent sur la corde raide, et si certains semblent avoir réussi toutes leurs cuvées (ah, Rousseau...), il y a quelques ratés deci-delà qui rappellent que malgré les nombreuses satisfactions qu'offre le millésime, il semble avoir réclamé dans un certain nombre de cas des numéros d'équilibriste aux vignerons.

Mathieu

Philippe,

J'ai en cave quelques Clos des Mouches blancs 2001 qui semblent te donner raison. Je reste par contre à convaincre pour ce qui concerne le Chablis.

Comme tu le sais, les vins de Leflaive acquièrent leur plénitude après un certain temps en cave. Il n'est pas illogique de les trouver un peu marqués par l'élevage à ce stade. Ils ont cependant une énergie et une pureté d'expression qui forcent le respect (à mon humble avis). Surtout en 2007.

Quant à Alix .. un style entier, sans concession, qui n'est pas pour me déplaire

Rachid,

J'ai une affection toute particulière pour les terroirs de Volnay. Je suis régulièrement le domaine Lafarge, mais je dois avouer être encore à la recherche de LA bouteille de Clos des Chênes à maturité qui m'arrachera des frissons, au delà du bon accord à table. Je ne désespère pas de la croiser un jour.

Je me sens cependant plus proche des Volnay d'Henri Boillot (Chevret, Cailleret), de Roblet-Monnot (Taillepieds, Brouillards) ou PC de JFCD pour un style fin, délicat et soyeux.

Les Santenots du Milieu des Comtes Lafon sont aussi des vins très intéressants, mais qui demandent aussi un très long vieillissement. Le 2005 goûté en magnum lors de la dégustation de lundi était très prometteur. Un 1991 ouvert il y a 6 mois paraissait encore trop jeune (!).

Mathieu,

Je partage votre perplexité concernant les vins de Bruno Clair. Les 1989 et 1990 qui me restent en cave disposent encore de ces tannins...

Christophe

Il y a 3 ans, je crois, Drouhin avait présenté son Bonnes Mares 2001 en accompagnement des fromages de Bernard Anthony (c'était autre chose que le "fournisseur" actuel). Ce vin avait une "vibration" assez extraordinaire, très proche du style Roumier et s'était révélé pour moi le meilleur de toute la dégustation des Domaines Familiaux. Comme quoi, il y a Négoce et négoce !

Si l'un de vous n'est pas dispo l'an prochain, je suis preneur d'une invitation

Blague à part merci pour les commentaires!

Gautier

Grand merci messieurs, de ces compte rendu de dégustations Parisiennes et prestigieuses, auxquelles nous, pauvres provinciaux éloignés,
ne pouvons prétendre ...
Cela me rassure sur mes bons achats 2007...

Merci à tous pour ces commentaires

Une petite réflexion me trotte dans la tête. En voyant la liste des vignerons et connaissant le prix moyen de la bouteille, je me dis que LPV n'est pas fait pour n'importe qui !
Excusez moi , c'est mon quart d'heure NPA

Claude;)

La réunion de ces vignerons n'était pas uniquement faite pour des gens qui devaient obligatoirement être LPViens

Claude écrit: Merci à tous pour ces commentaires

Une petite réflexion m trotte dans la tête. En voyant la liste des vignerons et connaissant le prix moyen de la bouteille, je me dis que LPV n''est pas fait pour n'importe qui ! angry smiley
Excusez moi , c'est mon quart d'heure NPA

Claudewinking smiley

je ne suis pas sûr d'avoir compris la remarque, mais ce n'était pas une dégustation payante...

Mathieu

Comment se faire inviter a ces degusations ? Merci ()

Faut coucher !

Avec Monsieur ou Madame ?

Un très beau reportage sur cette journée sur www.wineterroirs.com...

Oliv

Merci, Olivier, c'est un excellent complément.

Amitiés,
Thierry

Oliv, le roi du lien perdu qui change tout.
Merci en tout cas, ce super CR me conforte dans l'idee que je ne me suis pas trompé sur 2007 en en prenant assez massivement.

Probablement une des plus belles dégustations professionnelles à Paris. Les domaines présents :

D'Angerville, Bize, Bonneau du Martray, Chandon de Briailles, Bruno Clair, J. Drouhin, Dujac, Faiveley, Gaunoux, Ch de Chorey, Gouges, Grivot, Ch de la Tour, Lafarge, Comtes Lafon, Leflaive, Méo-Camuzet, de Montille, P. Morey, JF Mugnier, Raveneau, Roumier, Rousseau, Senard, Surremain, Tollot-Beaut, Trapet, de Villaine.

Il y a eu énormément de monde et ce dès l'ouverture. Le millésime présenté était le 2008, avec service du 2006 sur le plateau des fromages (Fromagerie Loiseau).

Voici un compte rendu de mes perceptions de la journée :

Sans surprise les blancs se sont révélés, dans leur grande majorité, être d'un excellent niveau, avec une fraîcheur, une énergie et une tension remarquables. La pureté et la tension des 2007 avec plus de matière, d'acidité et de fond. Ce millésime en blanc est décidément parfaitement à mon goût!

Mes favoris :
Meursault Tessons Morey (gamme superbe)
Puligny Les Pucelles Leflaive (gamme superbe)
Corton Charlemagne Bonneau du Martray
Corton charlemagne & Puligny Cailleret de Montille
Corton charlemagne & Bienvenues Bâtard Montrachet Faiveley
Meursault Charmes Comtes Lafon (gamme superbe)
Nuits St Georges La Perrière Gouges
Raveneau : La gamme s'est présentée de façon plus austère (pas vraiment en place) mais on sent un grand potentiel (surtout quand on connait l'évolution habituelle de ces vins).

En comparaison, les blancs 2006 servis sur les fromages me sont apparus plutôt ternes à l'exception du Tessons de Morey et du Corton Charlemagne de Bonneau du martray. Je n'ai pas eu l'occasion de goûter le Pucelles 2006 de Leflaive. Je ne suis, à contrario, pas un grand fan de 2006 en Bgn blanc.

La dégustation des rouges m'a offert un panorama beaucoup plus contrasté, marquant une vraie différence entre les domaines présents. Les meilleurs offrent une trame très classique caractérisée par une jolie qualité de fruit, une belle fraîcheur et indéniablement plus de fond que les 2007. A ce jeu, les grands gagnants ont été Roumier, Rousseau et Dujac, même si les Mugnier, Trapet, Méo-Camuzet et autres de Montille ont offert une belle résistance.

Sans surprise, coup de coeur pour toute la gamme Roumier (Bonnes-Mares et Chambolle Cras d'un fruité et d'une densité exceptionnels) ainsi que la gamme Rousseau (Clos St Jacques et Clos de Bèze irresistibles de gourmandise et de suavité). Les vins de Dujac se goutaient tous de façon très gourmande, du simple Morey village au Clos de la Roche en passant par le Vosne Malconsorts. Des Trapet d'excellentes facture (Latricières superbe et Chambertin classique), un très beau Clos Vougeot de Méo et un Musigny de Mugnier d'une finesse et d'une persistance remarquables.

Les vins de Bruno Clair et de Michel Lafarge présentaient un profil un peu plus austère, offrant une pointe tannique un peu plus marquée, avec, comme d'habitude, une préférence pour le Clos de Bèze (long dense et persistant) et le Volnay Clos des Chênes (dense et structuré). J'aurai habituellement classé les vins de de Montille dans cette catégorie mais je dois dire que je les ai perçu avec un profil beaucoup plus fruité & évanescent que d'habitude.

Ce fut une belle dégustation, même si l'affluence record a conduit à la rupture de stock de certains domaines dès le milieu d'après-midi.

Dois-je vous dire lesquels?

Christophe

Deux rajouts : le simple Gevrey de Rousseau, autrement plus séduisant que son Charmes et le NSG Maréchale blanc (sic) de Mugnier qui devrait être commercialisé cette année pour la première fois. Par ailleurs, la gamme de Faiveley est vraiment de très haut niveau, en blanc comme en rouge... Enfin, si des gabarits impressionants ne s'étaient pas amassés autour de vins proposés autour des fromages, les autres auraient peut-être pu les goûter de façon plus approfondie -D

Tout à fait d'accord avec toi : un Gevrey village d'une gourmandise diabolique!

Christophe