Dans le cadre de mon club de dégustation, petit tour d'horizon hier soir des vins de Charlopin dans le millésime 1999, avec 5 vins d'appellation Villages.
Domaine Philippe Charlopin - Marsannay En Montchenevoy 1999 : La robe est brillante, de belle intensité, aux reflets violets. Le nez est très expressif, assez exubérant même, sur les fruits noirs très mûrs, la cerise, le cuir, les épices et des notes empyreumatiques. En bouche, l'attaque est fraîche, mais l'acidité est supplantée en fin de bouche par une finale un peu chaleureuse. Cela devrait s'améliorer et se fondre d'ici un an ou deux. La longueur est moyenne. Ce vin devrait bien évoluer dans les cinq ans qui viennent s'il parvient à dompter son alcool. Bon rapport qualité-prix. (7,8-7,9/10)
Domaine Philippe Charlopin - Chambolle-Musigny 1999 : La robe est similaire au précédent, un peu moins soutenue tout de même. Le nez est magnifique, moins exubérant que le précédant mais tout en finesse. La violette est très présente, avec les fruits rouges (fraise et framboise), la cerise, le cuir, des notes empyreumatiques légères et un boisé un peu plus présent mais bien intégré sur la poudre de riz. En bouche, l'impression de finesse se confirme avec une merveilleuse texture de tannins, un équilibre superbe et plus fondu que le précédent, une très belle longueur. Superbe vin, le meilleur de la soirée pour moi, en tous cas le plus fin. Il a 5 à 10 ans devant lui et se situe à un niveau exceptionnel pour une appellation villages. (8,7-8,5/10)
Domaine Philippe Charlopin - Morey-Saint-Denis 1999 : La robe est similaire à celle du Marsannay. Très beau nez bien mûr, ouvert et complexe, un peu sanguin, sur la mûre, la cerise, la prune, la violette, la réglisse, la poudre de riz, les notes empyreumatiques et minérales. Belle fraîcheur en attaque de bouche, tannins un peu plus présents, malheureusement un peu chaleureux en finale à mon sens, mais cela ne gêne pas la plupart des autres dégustateurs. Belle longueur également pour ce vin qui a encore un beau potentiel de garde. (7,8-8,1/10)
Domaine Philippe Charlopin - Vosne-Romanée 1999 : La robe est la plus soutenue et la plus jeune de la soirée. Très beau nez sur les fruits rouges (fraise), la cerise, la pivoine, des notes minérales plus présentes de même qu'un boisé légèrement plus prononcé apportant des arômes vanillés qui restent néanmoins assez discrets, laissant le fruit à l'avant-plan. En bouche, l'alcool se montre plus discret, les tannins dictant encore leur loi à ce stade. On retrouve en même temps la finesse au nez du Chambolle et une puissance considérable en bouche. Superbe longueur pour un vin qui mérite d'être attendu quelques années pour que les tannins se fondent et qui a sans doute le plus gros potentiel de garde de la soirée. (8,4-8,5/10)
Domaine Philippe Charlopin - Gevrey-Chambertin Vieilles Vignes 1999 : Robe un peu moins soutenue que le précédent, mais tout aussi jeune. Le nez est encore un peu sur la réserve, offrant des arômes sanguins, des fruits rouges (framboise), des notes de champignons et d'épices, avec un boisé plus discret que les deux précédents. En bouche, le vin montre un volume impressionnant, un très bel équilibre avec des tannins un peu plus sages que le précédent et une très belle longueur. Vin splendide, qui a au moins dix ans devant lui, au même niveau qualitatif élevé que le Chambolle-Musigny et le Vosne-Romanée, niveau qu'on aimerait plus souvent rencontrer dans les vins d'appellation villages. (8,5-8,5/10)
Tous ces vins possèdent indéniablement un style commun, à savoir qu'ils sont très mûrs, assez extraits, avec des robes d'une belle intensité, assez inhabituelles dans la région. J'avais la crainte que ce style prenne le pas sur le terroir et qu'on se retrouve avec cinq vins similaires. Manifestement, il n'en est rien, et même si on retrouve la "patte" Charlopin dans tous les vins, la typicité de chaque village me semble bien respectée et ne fera sans doute que s'accentuer au vieillissement. Personnellement, des vins de cette qualité et de ce niveau de maturité, j'en redemande, surtout qu'il s'agissait ici de 5 vins du niveau d'appellation Villages. Pour information, un Nuits-Saint-Georges Villages 1999 de Gouges (qui n'est tout de même pas le premier venu...) servi par la suite ne s'est pas montré du tout à son avantage, étant nettement plus acide, vert et dilué en comparaison avec les vins de Charlopin. Un style plus classique sans doute, mais à mon avis nettement moins agréable en dégustation.
Luc